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dimanche 28 juillet 2013

Remonter la Marne : bien vu, Monsieur Kauffmann.


Mais quelle mouche a piqué Jean-Paul Kauffmann - le même qui fut otage au Liban avec Jean-Louis Normandin ? Remonter la Marne à pied, de Charenton au plateau de Langres, au gré des villes et villages de ce proche orient français, de ses habitants, de ses paysages. Y auriez vous pensé ? 

Il s'en explique longuement dans le livre, alors que la Marne n'est même pas un fleuve, et que l'intéressé n'est pas du tout Champenois d'origine, ni Francilien, à la rigueur, 

Alors pour une fois qu'il est question de ces régions si floues pour la mémoire collective nationale, mais qui sont les nôtres, on se régale.

Et surtout, on s'y retrouve : dans la description des lieux et des gens, cachés dans l'épaisseur des marges de ce "Désert entre la Lorraine et la Région parisienne", comme un jour un géographe a qualifié la Champagne-Ardenne.

Bien vu, tout cela, Monsieur Kauffmann. 

Jusque dans la manière dont il qualifie nombre de personnages rencontrées, les "Conjurateurs". Des Conjurateurs, j'en connais mille ici. 

Insensibles aux modes, vivant de peu, ils tournent le dos à la société telle qu'elle nous est présentée par les grands médias, telle qu'elle est fantasmée par les marchés. Planqués dans l'angle mort du modernisme et de la société de consommation à outrance, totalement ignorés des décideurs et gens d'influence, ils vivent pourtant ici, au bord de la Marne comme partout ailleurs, et ont surtout la sagesse de vivre selon leurs prescriptions, d'ignorer la pression de conformité de la machine consumériste et politico-médiatique. 

Les Conjurateurs témoignent de réalités sociales et politiques très profondes qu'il faudra un jour penser : la déconnexion totale des élites, le rejet d'un modèle de société technocratisant et déshumanisant, la conjuration de toutes les modes, le rejet de toute pensée unique.

Vivent les conjurateurs.