Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


vendredi 12 février 2010

Cycle Utopies réelles (7) : le Birobidjan, ou l'autre Israël


Décidemment, les utopies réelles ont du mal à survivre en ce monde : ainsi du Birobidjan, naguère Région autonome juive créée par Staline au bout du monde en 1934, fusionnée en 2008 avec la grande région russe voisine du Kraï de Khabarovsk, tout en bas à droite sur la carte de la grande Russie, partageant une large frontière avec la Chine.


J'ai du goût pour ces zones frontières quasi oubliées, nichées dans les replis de la géographie politique. Et là, on est servi en matière d'isolement : nous sommes littéralement au bout du monde. A vol d'oiseau, 6 000 km de Moscou, 8 000 km d'Israël mais à peine plus de 1 500 km de Tokyo et de Pékin. Bref, l'extrême orient russe, terre asiatique peuplée d'européens, zone parfaitement inconnue de nous autres, occidentaux.

C'est pourtant là que Staline avait décidé d'offrir une patrie aux juifs, alors qu'Israël n'existait bien sûr pas encore, et que ceux-ci étaient devenus persona non grata un peu partout en Europe. Les arrières pensées du petit père des peuples étaient manifestement aussi vastes que la distance à parcourir - 7 jours complets de transibérien - pour arriver là bas.

Pourtant, le Birobidjan fut bien terre juive, par l'accueil d'environ 30 000 juifs. Désormais, sur un peu moins de 200 000 habitants, la population se réclamant de la religion juive n'est plus que de 1% et quelques...


C'est que la chute de l'URSS et l'ouverture des frontières a permis aux juifs du Birobidjan de partir pour Israël. Début 1991, 2 000 juifs russes arrivaient par jour à l'aéroport Ben Gourion, en Israël, en manteau de fourrure, chapska, bottes... pour une température extérieure de 10 à 15°. Et on les logeait dans des villages entier de mobil-home, dans les territoires occupés ou dans le Neguev, où il faisait encore plus chaud, car Israël n'avait ni le temps ni le droit de construire en dur dans des zones qui officiellement ne lui appartenaient pas.

La région juive autonome du Birobidjan, utopie réelle qui n'aura pas dépassé ses 75 ans, s'est vidée de ses habitants, qui l'ont fuit alors qu'elle avait été créée spécialement pour eux.



(diffusé en février 2008)


mardi 9 février 2010

Paradis cartographique



Dans la série "J'aime les cartes", le blog ne peut manquer de mentionner cette stupéfiante découverte : 16 000 cartes historiques, pas moins, à portée de clic, tout gratuitement... et en plus avec des outils pour zoomer, déplacer, éditer... et même pour commander des reproductions. Vive internet ! Et en prime, des plans et des gravures anciennes.

C'est la réalisation - en allemand ou en anglais, il faudra s'en contenter - de l'université de Bern : avoir mis en ligne la collection complète du géographe né dans la même ville, Johann Friedrich Ryhiner. Sans doute la collection la plus complète du monde.

La collection Ryhiner en ligne se trouve ici.



jeudi 4 février 2010

Monument télévisuel


Comme le blog l'a déjà illustré, son auteur a une petite histoire avec le Pacifique sud. Alors quel plaisir, au creux de notre hiver européen gris et humide, de regarder cette magnifique série de six reportages de la BBC sur le Pacifique.

Le meilleur du meilleur de ce que la BBC sait faire en matière de documentaire, et elle seule : images magnifiques et rares, immense variété des lieux de tournage, recherche fine des milieux à illustrer, des êtres vivants à décrire...

Un véritable monument télévisuel, dont voici un extrait ci-dessous. Les plus aficionados de l'internet pourront télécharger sans problème la série complète avec leur méthode favorite. L'auteur du message pourra donner au besoin quelques conseils. Tous les autres pourront, sans problème également, trouver ici de vastes extraits.

Sur le fond, cette série illustre parfaitement cette impression que donnent ces espaces hors normes pour l'européen quand celui-ci s'y retrouve : la nature y domine tout, y inclus l'être humain. Et elle est prête à n'en faire qu'une bouchée de pain s'il ne s'entoure pas de l'expérience de ses semblables pour faire face à nombre de dangers inconnus dans notre vieille Europe : soleil brulant la peau laissée sans protection en quelques minutes, animaux marins fort peu fréquentables dans les lagons, absence de repères - chemins, traces humaines - qui conduisent assez souvent à se perdre dans les espaces naturels, végétaux piquants, toxiques, urticants et j'en passe... Pas exactement le paradis de carte postale qu'on s'imagine, même si plages et cocotiers existent bel et bien quand même.

Et encore ne parlera-t-on pas du sort réservé aux populations autochtones et de la violence faite à leurs cultures, de l'isolement extrême de certaines îles, des difficultés d'approvisionnement, de communication et des distances immenses à franchir pour se soigner, ou tout simplement se former ou se cultiver...

Comme le dit au début de la série le commentaire : entre le Pacifique et l'homme, ce sont à peine deux milliers d'années d'histoire commune, contre plusieurs dizaines de milliers partout ailleurs sur terre. Cela fait une différence. Le Pacifique est donc une leçon d'humilité. Il nous ramène à notre juste place, celle que l'homme n'aurait jamais du quitter : minuscule, précaire, contingente, fragile, et bien forcée de respecter son environnement, sauf à être écrasée par lui en moins de deux !