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lundi 21 décembre 2020

La sélection des images 2020

 





Malgré les deux grands confinements inouïs provoqués par l'épidémie de Coronavirus qui frappe toute la planète - bienvenue dans l'avenir - malgré les contraintes fortes qui y sont liées, une sélection acceptable a pu être assemblée, s'organisant autour de grandes "virées" vers le sud, au sud-ouest et au sud-est, avec les inévitables étapes sur le trajet.

Mais l'étranger est absent, par la force des choses. Ce doit être la première fois.

Cette quasi-obligation de rester à l'intérieur des frontières nationales a permis toutefois quelques visites inscrites il y a longtemps sans pouvoir les réaliser jusqu'ici - toujours essayer de transformer les inconvénients en avantages, non ?

On verra donc de nombreux hauts lieux de Picardie : La Fère, Noyon, Belleau, Saint Michel en Thiérache, Hirson, Noircourt, Chauny, Tergnier et la partie ouest du Chemin des Dames. Tout ça, c'est fait ! 😀

De même, côté champardennais, quelques lacunes impardonnables proches ont été comblées : Le Massif de Saint Thierry, Orbais l'Abbaye, Mondement, Sézanne, Cormicy, la vénérable et bien nommée Abbaye Notre Dame du Reclus à Talus Saint Prix dans la Marne, puis  Fumay, Revin, Givet dans les Ardennes françaises.

Idem sur les grands trajets : les étapes que sont le très beau Musée des Beaux-Arts d'Orléans et la Maison de George Sand à Nohant ont enfin trouvé leur place dans l'agenda.

Pour le reste, de nouveaux lieux ont été découverts : Périgueux, Bergerac en Dordogne, et Agen, Villeneuve sur Lot, Penne d'Agenais dans le Lot et Garonne en notant la belle et ancienne entreprise Latour-Marliac au Temple sur Lot, une référence mondiale pour la production et la commercialisation de fleurs aquatiques. Les nymphéas de Monet y sont nés.

Dans la même façon, on a visité quelques hauts lieux des Cévennes : Marvejols en Lozère, Le Musée du Désert à Mialet et la Maison rouge à Saint Jean du Gard dans le Gard.

Deux mentions particulières pour ces deux musées qui valent largement le temps et l'éloignement, témoignant du cœur de l'identité cévenole : le protestantisme pour le Musée du Désert - le bien nommé aussi - et la production de soie pour la Maison rouge, ancien bâtiment industriel dédié à l'activité, transformé magnifiquement en Musée des Vallées cévenoles par le Département. 

On a retrouvé Bordeaux et la magnifique Nîmes, qui n'en finit pas de se reconstruire sur elle-même et de proposer au visiteur de formidables expériences dans des genres très différents. D'un côté le nouveau Musée de la Romanité, qui présente enfin l'héritage romain de la ville à la hauteur de sa richesse, et de l'autre côté, les innombrables fresques murales du quartier Gambetta. Quelle belle et inédite surprise, que la culture "Underground" puisse afficher ici ses couleurs sur tant de mètres carrés ! 

On a retrouvé enfin Collobrières : un endroit connu qu'on avait noté de réinscrire sur le carnet de voyage, au cœur du Massif des Maures. On y a retrouvé une vie méditerranéenne assez crédible et relativement paisible, côté forêt. C'était aussi la possibilité de revoir Toulon tout proche, en ajoutant cette fois sur la liste des visites le Musée national de la Marine, un must du genre, situé au cœur de la Capitainerie avec vue sur le porte avion Charles de Gaulle et les grands ferrys. 

Autant de passeports virtuels pour l'ailleurs, mais pour l'heure trop souvent à quai. 

Vers les images




dimanche 13 décembre 2020

Sur la Playlist : Gottfried Finger, ou Godfrey Finger




Finger est quasi-inconnu en France, même s'il s'agit d'un authentique européen à la sauce du XVIII° siècle. On est toujours frappant par les voyages et séjours différents de ces musiciens de l'époque baroque parcourant l'Europe dans tous les sens, à l'époque où seuls le cheval ou le bateau pouvaient transporter les voyageurs.

Ainsi de Finger, né en Moravie - actuellement République tchèque : on trouve sa trace ensuite à Munich, Londres, Breslau - l'actuelle Wroclaw en Pologne - Vienne, Berlin, Innsbruck, Heidelberg, Mannheim, là où il est mort. 

On trouvait dans toutes ces villes assez de Cours royales ou princières à distraire et à cultiver. Finger a été accueilli notamment à celle de Jacques II, roi d'Angleterre, le dernier des Stuart qui dut fuir en France sous l'aile de Louis XIV, mais Finger de l'a pas suivi. Il y avait sans doute beaucoup trop de concurrence autour de Versailles, ou trop de courbettes à présenter au grand et infernal Jean-Baptiste (Lully), chef de la musique en France de l'époque. 

Ces beaux albums récents se trouvent en totalité sur YouTube. Etonnant, mais tant mieux ! La musique de Finger est limpide, instruite et altière mais toute aussi légère et gaie. Rien à voir avec les lourdeurs et solennelles pompes lullistes. 

Un régal pour l'oreille et l'esprit, si loin des horreurs et de la morosité de l'époque... au final, celles de toutes les époques. Parfait pour une sortie de confinement.



dimanche 25 octobre 2020

Les séries d'octobre : The Killing, Hinterland, Rebellion

Trois belles séries européennes bien enracinées dans leur terroir européen et produites dans les trois cas par le service public de télévision respectif de chaque pays concerné - est-ce un hasard ? - pour octobre : Copenhague, Dublin et le Pays de Galles.

Produite par DR1première chaîne danoiseThe Killing (Forbrydelsen, littéralement « le crime », en danois) présente 40 épisodes sur 3 saisons, la première comportant 20 épisodes de 55 minutes, pas moins. 

Cela laisse le temps de fouiller l'intrigue, de présenter les personnages principaux et d'enraciner la narration dans une réalité crédible, celle de la société sociale et politique du Danemark actuel. L'ensemble est réussi, et les spectateurs danois, anglais et français ont adhéré à cette série pourtant sans effets extraordinaires : près de 600 000 spectateurs en aout 2012 sur Arte lors de sa première diffusion. Pas mal.

On ne détaillera pas les récits, car il s'agit d'une série policière dont il importe de ne pas entamer le suspens. 

Mais un peu souligner deux points principaux au moins pour expliquer le succès : l'actrice principale (Sofie Gråbøl) et l'aller et retour permanent entre le milieu politique et les avancées des enquêtes.

Principal personnage, Sarah Lund, porte sur ses épaules les enquêtes quoi qu'il en coûte et tout y passe : vie familiale (mais c'est très souvent dans les thrillers), amitiés professionnelles et personnelles, promotion professionnelle et même garde-robe et coiffeur... C'est le cas pour d'autres personnages d'autres séries, comme par exemple le Capitaine Laure Berthaud (Caroline Proust) dans Engrenages.

Mais nous sommes au Danemark et non en France ni aux Etats Unis : l'héroïne est taiseuse et souvent impénétrable. Les mots ne l'aident pas : elle préfère agir, imperturbablement, laissant souvent en plan ses collègues, ses interlocuteurs, ses chefs.. entrainant avec elle le spectateur dans son monde et celui-ci la suit, d'autant que ses intuitions sont évidemment les bonnes. On aime.

D'autre part, les enquêtes croisent vite les gouvernants de la capitale danoise et ceux du pays - c'est un petit pays. et nous retrouvons le jeu compliqué des coalitions politiques des différents partis politiques qui forment un gouvernement, municipal ou national, parfaitement inconnu en monarchie élective comme est bien la France. Sur ce plan, on pense inévitablement à Borgen.

Il est pourtant presque étonnant de trouver dans cette démocratie exemplaire le mensonge, la dissimulation, la trahison, le souci de bien communiquer comme partout où les êtres humains exercent un pouvoir sur les autres. Une démonstration de Realpolitik au passage. On en demandait pas autant, mais on accepte le divertissement. 

Produite par la BBC Cymru WalesHinterland/Y Gwyll partage beaucoup de points communs avec The Killing : principaux personnages taciturnes, narrations très élaborées issues souvent d'un passé humain douloureux individuel ou collectif, pressions hiérarchiques sur les enquêtes... 

Mais nous sommes cette fois à la campagne XXL : les magnifiques paysages côtiers et venteux du Comté de Ceredigion au Pays de Galles ne peuvent pas en cacher l'extrême dénuement, territoire vidé d'habitants, de services, d'économie, d'avenir.

Mais au moins une culture millénaire est-elle présente : la langue galloise - cousine du breton, pour dire vite - est partout. Elle est utilisée encore par 20% de la population, et les acteurs de la série - gallois - savent prononcer justement les noms de lieu ou de personnes, si étrangers aux oreilles des locuteurs des langues latines ou anglo-saxonnes. 

Cet environnement compte beaucoup dans l'intérêt de la série, qui a d'ailleurs été diffusée en son temps par toutes les chaînes TV locales en Bretagne et... en breton.

Attention, nous sommes sur un format inhabituel : 1 h 30 par épisode. La série en compte 13 épisodes répartis en 3 saisons. Tout comme The Killing, le format permet de fouiller partout dans tous les aspects des enquêtes, même si on en sait beaucoup moins sur la vie des policiers que sur leurs suspects, même si des éléments arrivent au fil des saisons.

Les deux inspecteurs, principaux personnages, forment un couple étonnant - Tom Mathias (Richard Harrington) et Mared Rhys (Mali Harries)  dont le jeu est tout en non-dit, chacun essayant d'apprivoiser l'autre, même si les enquêtes l'emportent toujours au final.

Produite par le service public de radiodiffusion et télévision en Irlande, RTE, Rebellion nous fait traverser la mer d'Irlande. La Rebellion, c'est en fait la guerre d'indépendance de l'Irlande, si mal connue ici. 

Comme dans la vraie histoire, la première saison met en scène la grande insurrection de Pâques 1916début de cette vraie guerre de libération, alors que l'Europe est évidemment occupée à d'autres choses sur le continent.

La mini-série - deux saisons de 5 épisodes - endosse évidemment le point de vue irlandais, et dépeint assez les horreurs d'une guerre anticolonialiste et multiséculaire en étant apparemment fidèle aux faits et aux mentalités de l'époque, et la reconstitution historique est réussie. 

Un personnage de la série, anglais, déclare Vous allez donner un pays qui était le nôtre depuis 1014 à un instituteur ? L'Irlande était rattachée à la couronne britannique depuis cette date : c'est dire le ressentiment, l'animosité, les rancœurs accumulés à surmonter.

C'est l'occasion de se donner en effet quelques repères sur l'histoire de l'Irlande, qui ne fut certainement pas un long fleuve tranquille, l'Angleterre remplissant parfaitement son rôle de superpuissance hégémonique et impitoyable.

Et, dès qu'on prend pied dans cette histoire, on est submergé par une énorme admiration : les personnages qui ont guidé la guerre jusqu'à l'indépendance étaient remarquables - dont certains sont morts dans les années 70 du XX° siècle - ce n'est pas si loin dans le temps. Ils ont préparé et organisé cette révolution clandestinement, comme en territoire ennemi - qui était pourtant le leur. La série leur donne visage et hommage. Elle permet aussi de se poser concrètement une question pratique et importante : comment construire secrètement un nouveau pays à partir de zéro tout en préparant une guerre ? Bon courage.

Pour finir, on signale la tout nouvelle série allemande Barbares, qui traite de l'occupation romaine en Germanie, et notamment de la bataille de Teutobourg qui fut un désastre pour les légions, et qui a marqué l'arrêt de la conquête romaine au nord de l'Allemagne actuelle. 

Compte tenu de l'époque lointaine, on s'attendait à une série folklorisante et remplie d'anachronismes : mais que nenni ! Les Romains y parlent vraiment un beau latin, la reconstitution de l'époque est convaincante et les personnages semblent crédibles dans leur rôle. A suivre.