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dimanche 10 août 2025

Les meilleures séries du début 2025

Six mois de séries, cela fait beaucoup à traiter… D’autant que nombre d’entre elles attirent l’attention et suscitent l’intérêt. On notera tout de même un intérêt décroissant pour les séries américaines, de plus en plus violentes, saturées de sang, de drogue et de sexe.

Mais on en sauvera trois, reléguées à la fin de cette publication.

L'adaptation de grands romans fait l'ouverture :  Guerre et Paix, Cent ans de solitude et Le Guépard. Rien que ça !

Et dans les trois cas, on n’est pas trop déçu — étonnant. Car souvent, on peut toujours craindre le pire en matière de passage de la littérature à la télévision. Mais le produit télévisuel n’a rien à voir avec le produit romanesque.

Guerre et Paix, présenté par Arte (évidemment), est une production BBC One. Tant mieux : on a échappé aux scénaristes de Netflix, dont la qualité baisse dramatiquement à mesure que le nombre d’abonnés augmente, à quelques exceptions que l'on verra plus bas.

La BBC, en l’occurrence, s’est donné les moyens de reconstituer la grande Russie de l’époque napoléonienne au fil de six grands épisodes (60 minutes chacun). On en redemande, et les différents sites internet dédiés attribuent de très bonnes notes de la part des téléspectateurs.

Le casting a été manifestement très soigné : pas mal d’acteurs de la nouvelle et talentueuse génération anglaise (Lily James, James Norton, Aneurin Barnard, Jack Lowden, Callum Turner : autant de noms à garder en mémoire), la production ayant manifestement choisi de rajeunir les personnages principaux du roman. 

On notera aussi un Napoléon incarné par… Mathieu Kassovitz, ce qui paraît être une bonne idée malgré tout. On y retrouve également Gillian Anderson, l’immortelle égérie des X-Files, et l'écossais Brian Cox — inoubliable patriarche de Succession — dans un Général Koutouzov parfaitement crédible.

On craignait aussi pour le traitement télévisuel de Cent ans de solitude après ce que l’on dit de Netflix, qui a produit cette adaptation. Nous sommes donc dans le registre de l’exception, au fil de huit grands épisodes (59–68 minutes). Là aussi, les notes des spectateurs sont bonnes, y compris chez ceux qui ont vraiment bien lu le roman, ce qui est une gageure : les lecteurs du roman semblent s'y retrouver dans la série. Alléluia.

Oui, on retrouve bien dans la série le souffle de l’épopée et des destins individuels et familiaux, dans une version simplifiée mais crédible, par la force des choses.

Cette coproduction américano-colombienne a manifestement bénéficié de très gros budgets. Le tournage, entièrement réalisé en Colombie — et c’est mieux ainsi — a nécessité l’aménagement de 52 hectares pour bâtir quatre versions de Macondo (le village fictif de référence) à différentes époques.

Rien à redire sur le casting, exclusivement colombien — ce qui est également préférable. Trois étoiles pour l’ensemble. 


Deuxième exception : Le Guépard, série produite par Netflix aussi, qui compte huit grands épisodes, présentés au public début 2025.

Cette fois, la gageure était double : d’abord reprendre le roman de 1958 de Giuseppe Tomasi, prince de Lampedusa, duc de Palma, baron de Montechiaro et de la Torretta (et j’en passe !) ; ensuite, souffrir la comparaison avec le film de Visconti de 1963, grand classique du cinéma mondial, incarné par des monstres sacrés.

Concernant la série, la reconstitution est parfaite — tout comme dans le film d'ailleurs — : intérieurs, extérieurs, costumes… on se régale. La Sicile semble, dans tous les cas, un magnifique plateau de tournage.

Côté récit, on regrettera beaucoup que la série surévalue les intrigues sentimentales, alors qu’il s’agit d’abord d’un récit politique : celui de l’unification complexe de l’Italie. Les zigzags politiques de Tancrède sont peu exploités par exemple, alors qu’ils sont essentiels. Dommage.

Le casting, entièrement italien, déçoit un peu pour les trois personnages centraux… Mais qui peut lutter contre Alain Delon, Claudia Cardinale et Burt Lancaster, de plus dirigés par Visconti ?

Après ces trois monuments de narration, beaucoup d’autres séries de la période méritent d’être mentionnées.

Côté Australie, on regardera sur Arte Top of the Lake, dont la deuxième saison est arrivée récemment. Elisabeth Moss est toujours là, bien australienne, après avoir joué en première ligne dans de grandes séries américaines (Mad Men et The Handmaid’s Tale, rien que ça !). La participation dans cette saison de Nicole Kidman est aussi notable — elle aussi australienne.


Autre série australienne peu citée dans les médias francophones - son titre n'est n'ailleurs pas traduit en français à ce jour - mais qui vaut le coup d’œil : The Narrow Road to the Deep North, produite par MGM/MAX/HBO, souvent gage de grande qualité. On peut la voir également sur Amazon Prime. 

Cette mini-série adapte un roman relatant la captivité de soldats australiens dans la péninsule indochinoise, occupée par les Japonais. Épisode réel de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, il était resté totalement inaperçu en Europe. De manière inattendue, le personnage principal est incarné par Jacob Elordi, lui aussi australien, qu’on n’attendait guère dans ce type de rôle dramatique mais qui s’avère parfaitement crédible en médecin militaire.


Côté géopolitique, deux séries du Nord retiennent l’attention : Conflict et Soviet Jeans.

Conflict est une série finlandaise — et c’est important. Ces six épisodes présentent beaucoup de défauts : lenteur, lourdeur des dialogues, redondances… Mais elle est crédible sur un point essentiel : l'invasion possible de la Finlande par les Russes… Désinformation, utilisation de mercenaires, dissimulation des objectifs, fabrication d’une réalité « alternative », incertitude et division des élus politiques occidentaux Cela fait un peu peur. On peut la voir sur Canal+.


Beaucoup plus légère, Soviet Jeans est proposée par Arte. Mini-série lettone, elle raconte comment on a réellement fabriqué et distribué des jeans en URSS à la barbe des autorités soviétiques à la fin des années 1970. 

Entre charge anti-totalitaire et système D, les Lettons en connaissent un rayon sur les perversités du système soviétique. Au final, il est réjouissant, dans le contexte actuel, que cette histoire ait pu voir le jour, comme un pied de nez au système... quel qu'il soit, soviétique ou post-soviétique.

Enfin, on mentionnera pour mémoire l’excellente troisième saison de la série des séries : The White Lotus, toujours estampillée HBO, en espérant qu’elle sera suivie de beaucoup d’autres saisons, continuant impitoyablement de dépeindre les travers du tourisme haut de gamme, présomptueux et infatué.


Comme indiqué, on sauvera finalement deux séries américaines : Dexter: Original Sin et Masters of the Air.

Dexter: Original Sin est un préquel de Dexter (les Québécois disent une « présuite » — c’est drôle, non ?). Malgré son fond très contestable, Dexter reste une magnifique série, complexe, inventive et habile. Mais on peut ne pas aimer, évidemment.

Dexter: Original Sin aurait pu être totalement ratée, à force de tirer sur le filon « tueur en série ». Dans les faits, c’est un succès, retraçant les premières années professionnelles de Dexter.

L’acteur choisi pour incarner le jeune Dexter est pourtant assez éloigné physiquement du Dexter adulte. Mais le jeu et la finesse du scénario permettent d’oublier cet écart. Le nom de Patrick Gibson mérite d’être retenu. Il n’est pas si jeune (né en 1995) et sa filmographie est déjà solide. Et c’est un Irlandais ! Alors que Michael C. Hall, qui joue Dexter adulte dans les huit saisons (déjà) de la série originale, est bien américain.

On sauvera aussi Masters of the Air, série déjà un peu ancienne produite par Apple TV+, que l’on avait laissée en attente. Comme souvent, Apple TV+ n’a pas lésiné sur les moyens, reconstituant entièrement une base aérienne américaine de 1943 installée en Angleterre, dont la mission principale est de participer aux bombardements sur l’Allemagne nazie, déjà sur le déclin.

Les deux noms de Tom Hanks et Steven Spielberg apparaissent comme coproducteurs : autant dire que la qualité était au rendez-vous. C’est le cas.

dimanche 5 juin 2022

Les séries de la fin du printemps : Firefly, Continuum, L'Echappée

 Sélection inhabituelle pour cette fin de printemps : deux séries de science fiction déjà anciennes, mais qui valent le détour et une saga québécoise longue comme le Saint Laurent.


Firefly a été diffusée par le réseau Fox en 2002 pour une seule série de 14 épisodes de 45 minutes... Pourtant, vingt ans après, le monde des séries s'en souvient encore : signe que la série est représentative de quelque chose.

Firefly (La luciole) désigne le modèle du vaisseau spatial, Serenity, vedette de la série.

On y retrouve tous les ingrédients à la fois du Space Opera et du Western. Les amateurs se réjouiront des balades de planète en planète, des bidouillages sur les vaisseaux spatiaux et des stratagèmes pour échapper aux représentants de la loi du moment.

Pour autant, nous sommes très très loin de l'univers de Starwars. C'est que les passagers du Serenity ne sont pas des Chevaliers Jedi en puissance, ni des Princesses dont le trône a été usurpé : ce sont des êtres humains, tels qu'on les connait ici et aujourd'hui, avec beaucoup de qualités, mais aussi au moins autant de défauts.

Du coup, on se projette beaucoup mieux en l'année de 2517. Mais il est vrai que la saga Starwars se situe est dans une époque bien plus éloignée, si l'on en croit les vrais scientifiques qui ont essayé de la dater. 

En clair, Firefly est une série spatiale de proximité. et elle tente de répondre à cette question : que sera l'être humain du XXVI° siècle ? Il n'est pas sûr que les réponses soient toutes crédibles, mais au moins sont-elles accessibles et abordables.


Plus récente (2012-2015),  comptant 42 épisodes, répartis sur 4 saisons, Continuum est pourtant déjà ancienne dans cet univers des fictions télévisuelles, où une nouveauté recouvre toutes les autres à toute vitesse. Série canadienne anglophone - la narration et le tournage se passent à Vancouver - elle n'a jamais été diffusée en France, sauf en DVD.

Etonnant, car cette série addictive pouvait sans doute intéresser au moins les geeks du voyage dans le temps et ses paradoxes. 

C'est d'ailleurs son intérêt principal : un agent de police de l'année 2077 se retrouve projeté contre son gré dans l'année 2012. Et la cinquantaine d'années séparant les deux périodes concernées permet de se faire rencontrer les personnages avec eux-mêmes au début et à la fin de leur vie, d'où une infinité de situations plutôt étranges.

Un autre intérêt est de comparer les techniques et procédures entre les deux périodes, qui sont forcément très différentes, partant du principe que le progrès scientifique s'est considérablement accéléré en cinquante ans. 

Les spectateurs apprécieront, surtout pour ceux qui ont commencé leur vie professionnelle sans informatique et sans internet ! Mais comment faisions nous donc avant ?


Quand on aime, on ne compte pas : 6 saisons chacune de 24 épisodes de 43 minutes. Et une septième saisons est en commande. 

Nous sommes toujours au Canada, mais à notre époque et dans la belle Province : l'ensemble est tourné en français. Mais avec ce parler et ce vocabulaire particuliers hérités de notre histoire commune. 

Ainsi, à longueur d'épisode, on fréquente des Chums (copains) et des Blondes (petites amies), on paye avec des Piastres (argent), on fait des Niaiseries et on balance des Menteries. Et on chauffe le Char (on conduit la voiture). Ainsi de suite.

Après un petit temps, on finit par s'y habituer. Et cela nous décale : la langue française n'est vraiment pas qu'une affaire française. En revanche, on ne peut pas s'empêcher de sourire tout au long des saisons. Il faudrait savoir exactement pourquoi.

La série se passe à Ste Alice de Rimouski, sur la rive droite du St Laurent, et le fleuve est omniprésent dans les prises de vue. Si le Saint Laurent est bien réel, Sainte Alice de Rimouski n'existe pas. Mais peu importe. 

Nous sommes de toute façon quelque part entre la ville de Québec et Gaspé - 4 heures de route de chaque côté, donc loin de tout. Et tout demande du temps à cet endroit : notamment les décisions de la Province et la mise en place des moyens attribué au territoire.

C'est que les intrigues se nouent autour d'un foyer d'accueil public (L'Echappée) pour les mineurs, d'une auberge - centre de la vie sociale - et le bureau de la police provinciale. On ne voit pratiquement rien d'autre, sauf bien sûr les abords du fleuve et les intérieurs, et pour l'essentiel les cuisines.

Mais ce foyer d'accueil nous place au centre des dysfonctionnements de la société  - au Québec comme ailleurs. Tout y passe : violence intrafamiliale, addictions de toute nature, inceste etc. Mais ce foyer nous place aussi au cœur des solutions possibles, toujours insuffisantes évidemment, mais pas toujours inopérantes. 

A cet égard, la série montre une facette du travail social plutôt positive : c'est déjà quelque chose, car on connaît peu de fictions approchant ainsi de manière approfondie le secteur de la prévention et de la probation.

Mais la partie la plus intéressante est le traitement humain des récits proposés. On y retrouve cette proximité interhumaine que l'on constate au Québec, à commencer le tutoiement facile. Peut-être un héritage des premiers pionniers, qui devaient se serrer les coudes dans l'immensité naturelle souvent hostile.

Par ailleurs, le nombre de personnages - autant d'acteurs - est important : une bonne partie du gotha artistique québécois est convoqué. Et c'est tant mieux, car on voit que trop rarement ici les acteurs de là-bas.

Il n'est bien sûr pas possible d'entrer dans le détail des récits intriqués qui émaillent les 144 épisodes - quand même - et cela n'est pas souhaitable car les rebondissements sont nombreux et quelquefois bien acrobatiques. Passons. On attendra sans problème la septième saison.