Et voici les vœux personnels officiels pour l'année 2025
mardi 31 décembre 2024
Vœux personnels officiels pour l'année 2025
dimanche 8 décembre 2024
Les meilleures séries de l'automne : Rivals, La Loi de Livia Poet, La Mesias et quelques autres
Hourra : le palmarès de cet automne (qui n'est pas fini !!) est 100% européen ! C'est la première fois. C'est que sans doute il se passe quelque chose dans le monde des médias européens... et qu'il se passe aussi dans le monde des médias américains.
On a le sentiment que les séries américaines rognent toujours leurs mêmes os : drogue, violence, sexe...
Cette livraison principale est italienne, anglaise, espagnole.
La fine fleur des acteurs anglais s'est donné rendez-vous dans Rivals... Personnages complexes, situations étonnantes, dialogues magnifiques...
Et même la bande musicale originale est excellente : elle ressemble à celle du White Lotus. Peut-être le même compositeur. On n'a pas trouvé les moyens de le confirmer mais on aime.
Et avec un zeste de Downton Abbey, et on est comblé.
Rivals a été créée par Disney, qui continue d'investir dans l'excellence.
La série se passe dans le monde des médias anglais. Et on se doutait que ce monde était impitoyable. Mais on ne savait pas qu'il créait des séries de haute qualité.
Enfin une série italienne : La Legge de Lidia Poët ! Oui, on peut critiquer pas mal de choses, sans entrer dans le détail, mais on peut aussi ne pas bouder son plaisir : magnifiques décors, costumes parfaits, extérieurs somptueusement reconstitués ou numérisés dans le Turin du XIX° siècle et récit historiquement fondé.
La série met en lumière la première avocate italienne, inscrite au barreau de Turin le 9 août 1883, puis radiée quelques mois après, le procureur du Roi - nous sommes à l'époque en monarchie constitutionnelle - s'y opposant.
Les inepties misogynes usuelles mille fois entendues au XIX° siècle en Europe sont largement développées dans la série et historiquement documentés. Au moins montre-t-elle quelle était la force des préjugés de l'époque contre les femmes et leur accès aux responsabilités professionnelles et sociales.
Dans la réalité et dans la série, Lidia Poët n'a pu exercer finalement son métier que par procuration, sous le mandat de son frère, avocat lui aussi. Elle ne put accéder au barreau qu'en 1920 : elle avait 65 ans.
De quoi alimenter quelques belles saisons supplémentaires. Pour l'instant, la série compte 2 saisons de chacune 6 épisodes.
Quant à l'actrice principale, Matilda De Angelis, on sera content de la revoir dans le prochain Dracula de Luc Besson (Dracula: A Love Tale), qui sortira en 2025.
Ooups, quelle série ! Ecriture parfaite, quasiment cinématographique, récit captivant, acteurs excellents et sujet important, autour de l'emprise sectaire mêlant atmosphère pensante et mysticisme revisité 2.0
De plus, c'est en Catalogne et en partie en catalan, ajoutant une dimension culturelle supplémentaire : la culture dans la culture en quelque sorte, alors que les deux réalisateurs sont bien espagnols.
Ne pas se laisser décourager par les premiers épisodes, le comportement de la mère, personnage principal, étant particulièrement irritant si on a une once d'empathie pour les deux enfants concernés, et que l'on voit grandir avec un certain soulagement au final.
7 épisodes très longs (60 à 77 mn !) permettent de comprendre dans le détail ces trajectoires, et jusqu'au bout. Grand spectacle, qui souligne la force des (bonnes) séries : le souci du détail et de l'explicitation des motifs, le cinéma étant beaucoup plus elliptique par la force des choses.
Javier Ambrossi et Javier Calvo, les deux réalisateurs et scénaristes, sont acteurs à la base, et ils sont encore jeunes : on suivra leur travail car on pourra sans doute y trouver quelques pépites à venir.
La série est produite par Movistar+, la principale chaîne payante d'Espagne et diffusée en France par Arte, qui creuse son sillon comme plate-forme de fiction devenue majeure en France, l'air de rien. La diffusion en France de séries européennes de qualité y aide évidemment.
Après ces trois monuments du moment, quelques autres réalisations peuvent être signalées
Kaos est américaine, produite par Netflix, mais son propos est original : reprendre les personnages et les récits de la mythologie grecque et les assaisonner à la sauce contemporaine. C'est bien réalisé et on y apprend des choses.
Il y manque cependant beaucoup de dieux et on aurait aimé de revoir à l'occasion par exemple Artémis/Diane ou Hermès/Mercure : on attend donc une deuxième saison (au moins !)
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Kleo, série allemande, est aussi proposée par Netflix en deux saisons pour l'instant de 7 épisodes. Kleo ressemble à un pastiche d'une série d'espionnage, mais elle fait le lien entre l'avant et l'après chute du mur, ce qui est intéressant en soi. Et on y trouve de féroces remarques sur l'histoire récente de l'Allemagne.
Le personnage principal, Kleo, espionne formée à l'Est, compose un rôle savoureux, nourrie au communisme, qu'elle tente ensuite de transposer à la société capitaliste de l'ouest, puis de l'ensemble de l'Allemagne.
Beaucoup de clins d'œil donc, et tant pis pour la crédibilité de l'ensemble. Les germanophones apprécieront aussi les dialogues, entre mots de l'est et de l'ouest... car les deux Allemagne ne parlaient pas tout à fait la même langue...
Enfin, un naufrage, bien français : Philharmonia, série produite par France 2. Le vrai et seul personnage crédible de la mini-série est bien le bâtiment de la Philharmonie de Paris, qui aura très bientôt 10 années : les prises de vue le valorisent bien, et c'est tant mieux.
Pour le reste, rien ne va : intrigue bancale, personnages outrés, dénouement risible...
Comme souvent, je suis totalement d'accord avec le Monde (Renaud Machart), qui est féroce : Philharmonia procure au moins une consolation : à mesure que les épisodes progressent et que le niveau s’effondre, on s’esclaffe devant ce colossal ratage (qui contamine le jeu de presque tous les acteurs). Au point qu’il ferait prendre le feuilleton Plus belle la vie, sur France 3 chaque soir depuis quatorze saisons, pour un chef-d’œuvre hautain et exigeant.
On ne pourrait pas mieux écrire.
mardi 1 octobre 2024
Lieux singuliers (18) : le Buffet de la Gare de St Quentin
Salvator Dali a indiqué dans les années 1960 que le centre du monde se trouvait à la gare de Perpignan. Peut-être, depuis, le centre du monde s'est-il déplacé au Buffet de la Gare de Saint Quentin (Aisne) ?
Bien sûr les gares sont-elles forcément des espaces particuliers, entre non-lieux et lieux perdus... sauf à Saint Quentin, où une convergence de talents a créé ce formidable Buffet de la Gare de Saint Quentin, concentré pur d'Art Déco.
Comme un peu partout dans le Nord de la France après la première guerre mondiale, il ne restait rien. Comme partout, il a fallu reconstruire la Gare à Saint Quentin à la mesure de l'importance du chemin de fer pour la ville.
Et puis tout est parti de travers, comme un peu partout. La gare est devenue une coquille vide, bien trop grande pour un trafic devenu fantomatique, à mesure que la désindustrialisation s'avançait. Son buffet et son quartier, lui-même aussi totalement voué à l'Art déco, se sont vidés : il n'y a plus rien à voir, rentrez chez vous !
Mais si, il y a beaucoup de choses à voir au final.
Le quartier et la gare ont été complètement rénovés il y a quelques années et enfin le Buffet de la Gare a été réouvert à la visite cet été.
Mais il y reste encore y prendre un café ou un repas entre deux trains, comme dans les années folles, car le lieu est encore vide d'activité, hélas.
lundi 26 août 2024
Sur la Playlist de l'été : Bach reconstructed
Vérifions et posons la question suivante à ChatGPT, juste pour voir : A combien d'enregistrements peut-on estimer des concertos brandebourgeois de JS Bach à ce jour ?
Réponse :
Les concertos brandebourgeois de Johann Sebastian Bach, composés au début du 18ème siècle, figurent parmi les œuvres les plus célèbres du répertoire baroque, et ils ont été enregistrés de nombreuses fois. À ce jour, on estime qu'il existe plus de **200** enregistrements différents des concertos brandebourgeois.
### Pourquoi tant d'enregistrements ?
Plusieurs facteurs expliquent ce nombre élevé d'enregistrements :
1. **Popularité** : Les concertos brandebourgeois sont très populaires, tant parmi les musiciens que les auditeurs. Leur virtuosité, leur diversité instrumentale, et leur richesse musicale en font des œuvres régulièrement interprétées.
2. **Variété d'interprétations** : Ces œuvres offrent une grande liberté d'interprétation, notamment en ce qui concerne les choix d'instruments, de tempi, et de style (moderne ou historiquement informé).
3. **Évolution de la pratique musicale** : Au fil du temps, les interprétations ont évolué, passant des versions orchestrales massives du début du 20ème siècle à des versions plus légères et historiquement informées, ce qui a encouragé de nombreux ensembles et chefs d'orchestre à proposer leur propre lecture de ces œuvres.
### Conclusion :
Avec plus de 200 enregistrements, les concertos brandebourgeois continuent d'inspirer les interprètes du monde entier, chaque nouvelle version apportant sa propre nuance et son propre éclairage sur ces chefs-d'œuvre intemporels de la musique baroque.
Pas mal, non ? (à condition de faire confiance à ChatGPT, qui ne cite jamais ses sources...)
Mais on trouve dans les nouveautés 2024 cet album Bach reconstructed proposant - et oui ! - trois nouveaux concertos brandebourgeois, écoutés et réécoutés cent fois cet été.
Christoph Harer, violoncelliste allemand, musicologue, s'est en effet amusé - si on peut dire - à recomposer ces trois nouveaux concertos brandebourgeois à partir de motifs musicaux trouvés ailleurs dans la musique de Bach et réarrangés en forme de concertos.
L'ensemble est étonnant : familier à l'oreille de l'amateur de la musique de JS Bach, mais quand même inouï.
Bref, cette musique n'existe pas, mais pourtant elle existe puisqu'on l'entend.
Et évidemment, on ne peut que penser aux surprises que l'intelligence artificielle nous offrira bientôt en matière de musique, concoctées par un Christoph Harer informatique : une dixième symphonie de Beethoven ? une cinquième saison de Vivaldi ? un autre boléro de Ravel ?
Et en matière d'opéra, le champ est immense : le divorce de Figaro ? Une suite à Don Juan, ayant échappé finalement des flammes de l'enfer ? Et tuttti quanti.
En attendant, on peut d'ores et déjà écouter facilement ci-dessous les Nouveaux Concertos brandebourgeois.
lundi 5 août 2024
Séries de l'été : The Hour, Shogun, Baby Reindeer et quelques autres
Trois séries marquent la première partie de 2024, trois classiques, déjà.
D'abord The Hour, Arte relayant l'excellence de la BBC mais après plus de dix ans, hélas. La série a été diffusée dans les années 2011-2012 et propose deux saisons seulement, soit douze épisodes d'une heure.
The Hour relate la mise en place en 1956, puis le développement de la principale émission politique de l'époque. Et on observe, comme in vivo, le laborieux travail d'indépendance du média télévisuel vis à vis du pouvoir politique, à l'époque où, en France, un Ministre de l'Information exerçait une tutelle directe et totale sur l'ORTF.
Deux modèles différents, deux niveaux de tolérance différents, mais dans les deux cas, rien n'était facile, ni acquis, ni évident : chaque mot était pesé quand il s'agissait d'actualité sensible pour le Royaume.
Comme souvent à la BBC, tout est excellent : décors, intrigues, acteurs (Dominic West et Ben Whishaw).
Ensuite, l'énorme Shogun, produit par Disney, inspiré du best-seller éponyme de James Clavel, publié il y a déjà...50 ans. Et la série des années 80 bien connue l'avait popularisé déjà.
Le Shogun de 2024 est somptueux en matière de décors et costumes. Au point même d'oublier tout le reste : l'intrigue, le jeu des acteurs, le contexte historique... Bref, il faudra revoir l'ensemble de la mini-série tant il reste à voir, même si l'ensemble peut paraître un peu lent. Mais nous sommes au Japon au XVII° siècle !
Aux premiers temps du XVII° siècle, le Japon développe une société particulièrement raffinée, mais aussi isolée et minée par les guerres intestines. Aller au Japon à l'époque, c'était comme aller sur la planète Mars aujourd'hui. Seuls les Jésuites ont droit de cité grâce à leur habileté diplomatique, culturelle et linguistique : les Jésuites étaient capables d'apprendre d'importe quelle langue si c'est nécessaire.
L'arrivée d'un navigateur écossais perturbe le tableau et constitue l'essentiel du ressort narratif.
Une mention tout particulière pour l'acteur Hiroyuki Sanada, qui joue le personnage du futur Shogun, hiératique et marmoréen : less is more, peut-on dire de son jeu. Cet acteur a une filmographie énorme, et dans tous les genres : donc, forcément, vous l'avez déjà vu quelque part.
Enfin, la mini-série Baby Reindeer : encore une bonne pioche pour HBO, mais c'est presque toujours le cas. Elle s'inspire directement d'un fait divers : le harcèlement cauchemardesque de Richard Gadd, humoriste écossais par une groupie entre 2015 et 2017.
C'est Richard Gadd qui joue d'ailleurs son propre personnage dans la série, ce qui lui donne une dimension supplémentaire, que Netflix a d'ailleurs bien aperçue en la produisant.
La vraie harceleuse est maintenant devant les tribunaux, mais cette fois comme plaignante, s'estimant diffamée par son personnage dans la série.
Mais le grand intérêt de la mini-série est d'abord de parfaitement décrire les ressorts du harcèlement tout au long des sept épisodes. L'écriture du récit est juste, précise, parfaitement crédible...
Si le harcèlement n'est pas vraiment nouveau, les nouveaux moyens de communication ont permis d'en décupler les effets sans pouvoir être équilibrés par d'autres outils, restant à inventer. Mais Baby Reindeer nous donne déjà un bon diagnostic sur cette perversion contemporaine devenue si fréquente.
Comme la dernière publication sur les séries avait souligné les portraits de trois personnages féminins, les séries de l'été nous apportent cette fois quatre portraits de personnages masculins intéressants.
Lawmen Bass Reeves (en français : Lawmen : L'Histoire de Bass Reeves), série de l'univers Yellowstone/Paramount. Il s'agit d'un sherif noir ayant réellement existé, Bass Reeves. On s'attache rapidement à ce personnage intègre.. et on imagine sans peine quelle force de caractère il devait avoir pour exercer son métier à la fin du XIX° siècle.
Dans la réalité, il a arrêté quelques 3 000 malfrats - quand même. On notera qu'il a dû en tuer 14 pour protéger sa propre vie.
Becoming Karl : il est étonnant que Disney ait pu produire ce biopic et on était très sceptique, flairant l'hagiographie pasteurisée. La soupçon fut vite balayé, car la mini-série n'épargne pas les aspects les plus sombres de la période choisie, pas plus que les aspects les plus matériels - voire triviaux - de la vie de Karl Lagerfeld. Et on est même intéressé aussi par les débats internes à la La Fédération de la Haute Couture et de la Mode.
La série nous offre un casting percutant : Daniel Brühl (on l'avait repéré déjà dans Good Bye, Lenin il y a... vingt ans, Théodore Pellerin (que la série permet de mieux repérer, lui, canadien bien francophone qu'il faudra suivre), Alex Lutz (souvent excellent dans ses rôles sérieux), Arnaud Valois (composition intéressante, car les comparaisons sont faciles en matière de clones cinématographiques d'Yves Saint Laurent) et...Agnès Jaoui - quand même.
HBO, encore, propose la mini-série The Sympathizer, construite aussi autour d'un personnage masculin, métis vietnamien-américain, maîtrisant les codes des deux cultures. L'acteur, Hoa Xuande, est australien dans les faits, et il faudra aussi le suivre.
Les passionnés de l'interculturel trouveront beaucoup de stimulation intellectuelle dans le récit : ainsi, par exemple, les grossières erreurs relevées dans un film US sur la guerre du Vietnam sont-elles hilarantes...
La mini-série est inspirée d'un roman de Viet Thanh Nguyen, qui a collectionné les prix : prix Edgar-Allan-Poe du meilleur premier roman, prix Pulitzer de la fiction et prix du Meilleur Livre étranger en 2017 en France.
On attendrait vivement la deuxième saison, hélas totalement hypothétique.
Enfin,, la série Willy Trent propose un personnage de policier atypique dans la série du même nom sur Disney, complexe et très attachant.
Pour mémoire, il est aussi possible de mentionner les productions suivantes :
- Citoyens clandestins, sur Arte, mini-série d'espionnage quasi-complotiste avec le meilleur des acteurs français : Raphaël Quenard, Pierre Arditi, Nicolas Devauchelle, Frédéric Pierrot... Quatre épisodes seulement à ce jour : on espère qu'elle aura une suite. Le ton rappelle celui à certains moments du Bureau des Légendes : cynique, réaliste, ambivalent
- Elsbeth : la série est un spin-off fantaisiste de The Good Fight, lui même issu de la grande série juridique The Good Wife l'ensemble étant produit par CBS.
Quand on aime l'univers de The Good Fight - un des meilleures séries actuelles sur les Etats Unis - on aimera Elsbeth : nous sommes à New-York et non plus à Chicago, et sur le terrain direct du crime, et non pas dans les hautes stratégies d'avocat de la défense.
A la fin des fins, l'immense déception par le dernier péplum d'Amazon, Those about to die doit être mentionnée.
Que de moyens ! Et on convoque Anthony Hopkins pour faire venir le bon peuple...
Pitié, donnez ces moyens à HBO pour que cette chaîne nous donne enfin une suite à Rome, série indépassable sur l'antiquité romaine, plutôt que de les gâcher dans des effets spéciaux complètement à côté de la plaque, des séquences racoleuses et des acteurs bien mal utilisés.
dimanche 21 juillet 2024
400 000
On surveillait le compteur. Il vient de passer la 400 000° visite !
Le blog a été ouvert le juillet 2007, il y a donc 17 ans, quasi jour pour jour. Cela donne un peu le tournis, et l'on attendra 500 000 avant de faire un bilan de l'ensemble de ces nombreuses années de vie numérique. Bonnes visites d'ici !
mardi 2 juillet 2024
Lieux singuliers (17) : la Villa Laurens à Agde : l'Art nouveau, au Sud
1871 : après la défaite de Sedan, l'Alsace et une bonne partie du Nord de la Lorraine deviennent allemandes, dont Metz. Du coup, Nancy devient une ville quasi frontalière : elle est à 30 km de la nouvelle frontière et toute la géographie politique, administrative et humaine de la région en est bouleversée, avec son cortège de réfugiés fuyant les bouleversements induits.
Et parmi eux, de nombreux artistes et artisans de haute volée qui trouvent dans la bonne ville de Stanislas un abri propice. Cette concentration inattendue de talents, confrontée directement à une esthétique prussienne - plutôt rigoriste - mise en œuvre à Metz ou à Strasbourg, explique la naissance et l'essor de l'Art nouveau, fondant l'Ecole de Nancy.
Architecture, verrerie, cristallerie, vitrail, ferronnerie, ébénisterie, papier peint, typographie, imprimerie, reliure d'art, orfèvrerie, dessin, estampe, affiche publicitaire, photographie (notamment) sont mis à contribution dans une approche esthétique globale, opposant ses courbes, ses éléments végétaux, sa légèreté à une approche plus teutonne.
De ce fait, l'Art Nouveau s'est développé à partir du Nord-Est de la France et de la Belgique.
Or, à Agde, la Villa Laurens fait exception, comme lieu singulier. On l'appelle aussi Château Laurens, mais on préfèrerait garder le vocable de Villa, tout comme on parle de la Villa Majorelle à Nancy, ou la Villa Demoiselle à Reims, de la même époque.
L'architecture extérieure elle-même de la Villa est plutôt de style Palladien, assez éloigné des canons de l'Art nouveau. Mais l'essentiel des intérieurs est purement Art nouveau, comme les images le montrent.
L'histoire mouvementée du domaine de Belle Isle, où se trouve la Villa, peut se lire ici. On distinguera surtout le personnage d'Emmanuel Laurens, héritier par hasard d'une fortune colossale, initiateur des travaux effectués pour donner à la Villa sa forme actuelle. Ici aussi, et encore une fois, l'argent n'achète pas le bon goût et l'aptitude à réunir les compétences nécessaires. Cet héritier a manifestement bien utilisé sa fortune !
Après moultes vicissitudes, le domaine et la villa très dégradés sont enfin achetés par la Commune d'Agde en 1994 et le public y est accueilli depuis 2023, comme élément magnifique du présent et du futur de son rayonnement. Vive l'argent public, non ?
lundi 3 juin 2024
Sélection des images 2023
C'est bien tard, mais il a fallu trier, trier et encore trier pour enfin arriver à ces 459 clichés, instantanés d'une année complète très bien remplie, comme on verra.
Que de lieux enfin visités, appréciés, admirés, après les avoir laissés si longtemps sur la liste d'attente : le Musée de Picardie tout rénové, les grands Mémoriaux du Commonwealth du Nord de la France, la si belle et si agréable ville flamande d'Arras, les grandes et riches Abbayes nichées dans les boucles de la Seine, en Normandie, le séculaire et munificent Monastère royal de Brou - qui vaut une visite à lui-même -, le flamboyant parc du Château du Champ de Bataille, l'antique Trésor de Vix et le Musée qui le présente magnifiquement, l'extraordinaire ville baroque qu'est Dresde, et Leipzig, en plein festival Bach, et enfin l'Abbaye royale de Fontevraud... que l'on rêvait d'arpenter depuis si longtemps, au milieu des tombes si prestigieuses qui l'inspirent encore.
Et puis de belles surprises, bien plus agréables que l'on aurait pensé : les Eglises fortifiées de Thiérache, les passages couverts de Paris, les Invalides, les Musées parisiens moins connus (Cernuschi, Nissim de Camondon), le nouveau quartier des Batignolles et de la nouvelle cité judiciaire de Paris, Tours et ses trésors ligériens, sans oublier la toute neuve Cité internationale de la langue française à Villers Cotterêts.
Ajoutons encore le beau Musée des Beaux Arts de Dijon, digne enfin des Ducs, les somptueux vitraux de Grüber dans l'Abbatiale St Yved de Braine et les beaux endroits du Royans, aux portes du Vercors...mais il en reste encore à voir dans cette sélection !
"Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ?" (Marguerite Yourcenar, l'Œuvre au Noir)
Et 2024, bien entamée, sera également bien riche, soyez en sûrs !
dimanche 14 avril 2024
Sur la Playlist de la fin de l'hiver : JS Bach, Actus tragicus
Quel chef d'œuvre que cette cantate de Jean-Sébastien Bach, numérotée BWV 106 dans le répertoire général de ses œuvres !
C'est une œuvre de jeunesse de Bach : il l'a écrite à 22 ans, comme organiste de Église Saint-Blaise de Mühlhausen dans les années 1707-1708.
Est-ce de l'ambiance noire de cette ville, qui a connut deux siècles plus tôt une théocratie radicale et violemment égalitaire instaurée par un disciple de Luther, Thomas Müntzer, qui a inspiré l'Actus tragicus, nom donné à cette cantate et on verra pourquoi.
Mystique, spiritualiste, apocalyptique, révolutionnaire, Thomas Müntzer fut célébré à l'époque de la RDA - nous sommes en Thuringe, ex-RDA - comme précurseur du communisme.
Les paroles de la troisième partie de l'Actus tragicus résument très bien l'argument :
que nous devons mourir
pour que nous devenions sage.
daß wir sterben müssen,
auf daß wir klug werden.
Nous sommes donc dans les pages les plus sombres de la théologie protestante, célébrée par cette musique savante et sobre.
L'instrumentation de la cantate correspond au dénuement de son thème : deux flutes à bec, deux violes de gambe et un orgue, en ajoutant bien sûr les solistes et un chœur. Par contraste, les douces mélodies de l'œuvre donnent un sentiment d'humilité devant la mort, ordonnée par l'autorité divine à l'heure qu'elle choisit (En lui nous mourrons au bon moment, quand il le veut/In ihm sterben wir zur rechten Zeit, wenn er will dit le chœur initial)
Du coup, nous pensons tout de suite aux paroles que Jean-Sébastien Bach aurait prononcées sur son lit de mort quarante-deux années plus tard : Ne pleurez pas pour moi, je vais là où la musique est née
Pas mal.
Voici quelques interprétations de référence de l'Actus tragicus, mais l'internet en publie beaucoup d'autres.
vendredi 1 mars 2024
Séries de l'hiver : Yellowstone, This is England, The Durrells, The Restaurant et autres
Que de grands monuments vidéos cet hiver. On s'est régalé !
Yellowstone, la grande saga US de Paramount est enfin visionnée...à l'exception bien sûr du dernier épisode de sa dernière saison (épisode 9, saison 5) que personne n'a encore vu. Il n'est peut-être pas sûr qu'il existe encore d'ailleurs, car il devait être tourné alors que la grève des scénaristes, en mai 2023 faisait rage, laissant en plan pas mal de séries qui ont eu du mal à continuer ou à se terminer.
La grève est finie, mais on ne voit rien arriver. Une brouille professionnelle serait en cause entre Kevin Coster, acteur principal et producteur et le reste de la production. Nous aurions donc ici une série inachevée, comme c'était le cas de certaines symphonies... Pourquoi pas. Et on se rappelle au passage que le divertissement vidéo aux Etat Unis est une vraie industrie, comme toutes les autres.
Entre temps, Yellowstone est devenue une vraie "marque" Paramount avec ses séries dérivées, dont on a parlé ici et son esthétique bien reconnaissable, à base de grands espaces naturels vides filmés en panoramique.
Nous sommes dans le Montana, et de nos jours : il faut le préciser car nous avons affaire à une activité déjà ancienne, dont les derniers représentants occupent la série : l'élevage extensif bovin. Bref, nous sommes dans l'autre pays des cow-boys, le premier étant le Texas.
Mais un pays extra-ordinaire : l'Etat du Montana compte un million d'habitants sur une superficie de deux tiers de la France. La densité de population y est de moins de 2,5 habitant par km². Mais on y compte 2,5 millions de bovins... Oups, c'est l'Etat le moins dense des Etats Unis après le Wyoming, son voisin, avec lequel il partage le grand parc national du même nom, Yellowstone.
Autrement dit, le Montana est une espèce de conservatoire naturel et humain, tout juste sorti du XIX° siècle, donc du Far West. Voici pour le cadre, survolé d'ailleurs par un hélicoptère siglé du ranch Dutton.
Le récit s'organise autour de la vie d'un ranch XXXL. On parle de 3 200 km² par recoupement, car cette superficie n'est pas mentionnée directement dans la série, soit l'équivalent d'une demie Corse quand même. De quoi aiguiser les envies et les convoitises, et à l'échelle de ce domaine hors du commun.
Tout au long des 47 épisodes (autour de 45 mn, avec des variations jusque 92 mn), on a son compte de fusillades, de meurtres, de vol de bétail, d'intrigues, de règlements de compte... avec quelquefois l'impression de répétition, soulignant les déficiences scénaristiques. Dommage.
La famille Dullon, celle du patriarche incarné par Kevin Costner n'en finit pas non plus de s'entredéchirer - quelquefois même au sens propre... L'hôpital est souvent visité, quoique situé assez loin si on a bien compris. Pas question ici de détailler l'ensemble bien sûr.
On est renseigné aussi avec intérêt le fonctionnement institutionnel de l'Etat, entre Gouverneur, Procureur général et Comté dominé par les éleveurs bovins.
On est aussi intrigué par le fonctionnement de la communauté amérindienne : nous sommes sur territoire Crows. Là aussi, l'histoire de ce peuple n'a pas été vraiment paisible après l'arrivée des européens, comme on s'imagine.
Mais elle dispose des terres, des prérogatives reconnues par les lois américaines et sa propre gouvernance, que montre de manière détaillée la série. Comme un peu partout aux Etats Unis, les privilèges fiscaux accordés aux premiers habitants leur permettent un certain développement, notamment autour des énormes casinos situés dans les réserves indiennes qui sont de géantes machines à cash. Malheureusement, l'argent ne rachète pas une culture dévastée, avec leurs séquelles sociales et sanitaires.
Au moins Yellowstone permet il aux spectateur européen de mieux comprendre ce qui se joue là.
A ce titre, Yellowstone reste une série exceptionnelle malgré ses défauts. On attendra donc son dernier épisode.
mardi 30 janvier 2024
Lieux singuliers (16) : le Cimetière des Oubliés à Cadillac
Cadillac sur Garonne (c'est le nom complet de la commune) dispose d'une longue tradition d'accueil d'aliénés. Elle remonte au début du XVII° siècle, moment où le Duc de Gascogne y a fait construire un hospice moderne, selon les critères de l'époque. Il en était voisin, puisque le Château de Cadillac - magnifiquement rénové et confié au centre national des monuments historiques - était une de de ses résidences principales.
Mais c'est la Révolution qui a fondé ici en 1790 un véritable asile d'aliénés, devenu entre temps établissement public de santé, spécialisé dans la prise en charge de la maladie mentale et l'accompagnement des souffrances psychiques, tel que le projet d'établissement le désigne.
Il accueille aussi une des dix Unités pour malades difficiles (UMD) en France, désignation claire et simple, qui - par miracle - n'a pas été remplacée par un vocable abscons, euphémisant ou technocratique.
Ironie du sort ou signe du destin, un de ses murs extérieurs, vieux de plus de 200 ans, s'est écroulé dans la nuit du dimanche 22 janvier à lundi 23 janvier 2023, heureusement sans faire de victime.
Le Cimetière des Oubliés, tout près de l'hôpital, représente un grand morceau de l'histoire de la ville, et, partant, de l'histoire du pays. Il est réconfortant malgré tout qu'il ait été réhabilité il y a peu, compte tenu de l'immensité des souffrances humaines qu'il a recueillies.
lundi 1 janvier 2024
Vœux personnels officiels pour l'année 2024
Et voici les vœux personnels officiels pour l'année 2024