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mercredi 3 juin 2020

Un tour au Musée : cela faisait longtemps




Premier musée visité auprès le grand confinement : quel plaisir !  Musée savouré tout seul, avec toute possibilité d'échanger avec les agents présents, contents de retrouver une visite, et avec toute facilité d'accessibilité offerte par la petite ville, La Fère.

Le Musée Jeanne d'Aboville abrite des trésors inattendus, propriété d'une commune de moins de 3 000 habitants.  On tremble pour garantir la sécurité et assurer autant de pièces remarquables, d'autant que les moyens font évidemment défaut pour les mettre en valeur comme elles le méritent.

Il est étonnant que ce petit musée ne soit pas adossé à une intercommunalité qui lui permettrait plus de mieux rayonner.

Au fil de la visite, on s'arrête sur les noms : Emmanuel de Witte, Salomon Rhuysdael,  De Heem,  Abraham Willemsens,  Bon Boullogne,  Elisabeth Vigée-Lebrun. Mais les noms inconnus méritent aussi de s'arrêter : il n'y a rien à jeter dans cette collection.





mardi 13 novembre 2012

Un tour du côté des Grands Lacs (5) : Toledo, Museum of Arts



Etape sur le long parcours entre Illinois et Pennsylvanie, Toledo, Ohio. Et visite avec un connaisseur de ce magnifique musée, dont la qualité des collections est étonnante. Toledo est une des capitales du travail du verre aux Etats Unis, dans ce secteur industriel du pays. Certes, cette industrie n'est plus ce qu'elle fut, mais les richesses accumulées ont au moins permis, au fil du temps, de constituer une formidable collection d'art européen formidablement conservée. 

Mais cette collection continue de s'agrandir puisque le musée venait d'acquérir les deux petits Chardin du 8° rang de photos ci-dessous. OOups, un musée capable d'acheter deux Chardin !!? Et bien oui, c'est bien à Toledo, Ohio...





samedi 10 novembre 2012

Un tour du côté des Grands Lacs (4) : l'Art Institute of Chicago




C'était une des raisons majeures de visiter Chicago : le célébrissime et cultissime Art Institute y regorge de richesses picturales. On y trouve notamment une collection d'impressionnistes qui n'a d'égale que celle du Musée d'Orsay. D'ailleurs, si on fréquente un peu les nombreux musées du nouveau monde, on ne peut qu'être frappé par la quantité e tableaux impressionnistes qu'on y trouve, même dans les plus petits établissements.

C'est qu'à l'époque où les peintres impressionnistes peignaient et peinaient tant à vendre leurs tableaux aux Européens, alors bien plus portés sur les peintres pompiers ou néo-classiques, les riches américains visitant l'Europe leur achetaient des toiles à tour de bras et sans compter. Ce n'était pas si cher.

Plus grande ouverture à la nouveauté ? Moindre sensibilité au poids des traditions picturales ? Sans doute. Toujours est-il que le résultat est là : aux USA on croise partout Van Gogh, Renoir, Monet, et tant d'autres. 

Alors pour Chicago, évidemment, on imagine sans peine ce que les magnats de l'industrie en goguette à Paris ont pu rafler à l'époque. 

Mais on trouve aussi à l'Art Institute une grande collection d'oeuvres américaines contemporaines : Hopper, O'Keefe, Wharhol... et un magnifique ensemble surréaliste et cubiste, sans même parler des tableaux européens anciens et de la collection d'art amérindien. Vermeer, Chardin, De Witt sont aussi présents, et très bien représentés.

Petit mot supplémentaire : toutes les toiles sont  impeccables, comme neuves, magnifiquement conservées et restaurées, à l'évidence.

Bref, l'Art Institute est un univers complet à soi tout seul, but de voyage majeur qu'il faut prendre le temps de parcourir et déguster, comme la disposition des espaces, les services offerts, la qualité des lieux, l'ambiance détendue et aimable qui y règne (par contraste avec la Ville environnante) y invitent très volontiers. Un Must.






mardi 21 juin 2011

Belles visites : Chaalis et Ermenonville



Tout près de Chantilly et de Senlis, l'Abbaye de Chaalis et le parc Jean-Jacques Rousseau d'Ermenonville sont de beaux lieux gorgés d'histoire que l'amateur de belles choses et de promenades romantiques ne manqueront pas. Malheureusement, l'interdiction de photographier dans le logis de l'Abbaye ne permet pas ici de rendre compte de l'immense collection de meubles, d'objets de décoration et d'objets précieux amassés par le couple Jacquemard-André. Leur immense fortune leur a permis, pendant des années, d'acheter en moyenne deux objets précieux ou historiques par jour, avec une prédilection pour l'art italien. Chaalis fut acheté par eux, puis transformé en annexe de leur hôtel particulier du boulevard Haussman. Le corps de logis de l'Abbaye fut aménagé comme un gigantesque appartement, sur deux niveaux. Curieusement, la profusion des objets ne donne pas une impression d'accumulation ni de désordre. Nélie André, peintre de son état, avait l'oeil et savait parfaitement disposer les objets relativement les uns aux autres pour inspirer au visiteur un sentiment d'harmonie, d'accord, de confort. Les autres éléments du site, dont une roseraie de premier ordre,valorisent encore magnifiquement la promenade.



Quant au Parc Jean-Jacques Rousseau d'Ermenonville, qu'on ne s'attende pas à y trouver parterres impeccables et broderie végétale. Il est comme le grand Jean-Jacques qui le fréquentait beaucoup dans ses dernières années : naturel, authentique, et comme on pourrait oser dire "dans son jus". Et les jardiniers, manifestement, s'ingénient à y effacer toute trace de leur interaction avec la nature. Résultat étonnant, en pleine Ile de France, si raffinée habituellement, un espace vert comme livré à lui même, sauvageon, revêche, indompté. Loin, très loin de la tradition des Parcs à la Française... Manifestement hanté par un grand esprit plutôt frondeur.

mercredi 29 décembre 2010

Les femmes qui peignent sont-elles dangereuses (4) : Elisabeth Vigée-Lebrun

Auto-portrait à l'âge de 27 ans
(National Gallery, Londres)

Le message précédent donne le prétexte à poursuivre notre petit cycle "femmes qui peignent" en parlant d'Elisabeth Vigée-Lebrun, redécouverte à l'occasion de la visite du Musée Jacquemard-André, où trône un de ses somptueux portraits de femmes, reproduit et commenté en bas du message.

Elisabeth Vigée-Lebrun n'était bien sûr pas dangereuse, mais elle devait avoir un sacré caractère. Partie de peu de choses - un père modeste pastelliste , mort alors qu'elle avait douze ans, éloignée de sa famille très tôt comme c'était la pratique habituelle des gens habitant en ville à l'époque, elle est arrivée au zénith en peu de temps : portraitiste de la haute noblesse et de la reine Marie-Antoinette elle-même, puis de la cour de Russie, de la grande et courageuse Louise de Prusse ensuite, si peu connue en France, peut-être parce qu'elle combattit Napoléon de toutes ses forces, et enfin, de la noblesse d'Empire, en traversant la Révolution Française, le premier Empire, la Restauration, jusqu'à la monarchie de Juillet. Ouf. 

Elle fait partie de ces personnages qui en ont vu des vertes et des pas mûres, de Louis XV, dont elle a connu les fameuses filles, à Louis-Philippe. Du coeur de l'ancien Régime le plus strict aux prémisses de la Révolution industrielle, ces vies-là ont duré des siècles, dans une accélération de l'histoire phénoménale.

Portrait de Marie-Antoinette d'Autriche
(Château de Versailles)

Madame Molé-Raymond, actrice à la Comédie Italienne
(Musée du Louvre)

On sait par ses autoportraits - elle prenait le temps d'en faire, alors que personne ne les lui commandait évidemment - qu'elle était très belle, mais cela ne suffit certainement pas à expliquer sa fulgurante ascension. Sans aucun doute le talent était là, et il fut reconnu, et vite.

Mais peut-on avoir idée de la somme de préjugés, de méchancetés, de médisances et de mesquineries qu'elle a du rencontrer en chemin de la part de ses bons collègues masculins, que la proximité du pouvoir devait rendre particulièrement hargneux ?

Autoportrait à l'âge de 27 ans également
(Musée Kimbel de Fort Worth, Texas)

Il reste une oeuvre magnifique, des tableaux d'une fraîcheur, d'une finesse et d'un piqué éblouissants. L'art du portrait à l'égal de Quentin de la Tour. On trouve ici le répertoire des tableaux qui se trouvent en France. Les occasions d'aller visiter Elisabeth Vigée-Lebrun ne manquent donc pas.

Catherine Skavronskaia,
Dame d'honneur de Catherine de Russie

Et voici le portrait qui se trouve au Musée Jacquemard-André. Il faut absolument en écouter le commentaire sur l'audioguide du musée, reproduit ci-dessous : il est très éclairant sur la manière dont Vigée-Lebrun pouvait être sacrément... vacharde !


Commentaire du tableau


samedi 19 septembre 2009

Les femmes qui peignent sont-elles dangereuses (3) : Séraphine de Senlis


Un film récent vient de ressusciter Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis, femme de ménage et peintre. Avant ce film, une fiction de France Culture diffusée en décembre 2007 avait permis de découvrir cette personnalité hors norme, qui fait exploser à elle toute seule toutes les idées préconçues sur la nature de la création artistique.

Est-ce un hasard que cette émergence d'un personnage féminin longtemps oublié ? Et si l'apparition de Séraphine au grand jour était le symptôme d'une société qui révise enfin, fût-ce de manière souterraine, ses fondamentaux quant à la place qu'elle fait à chacun des deux sexes ?

On trouve des oeuvres de Séraphine Louis au Musée Maillol à Paris ainsi qu'au Musée d'art et d'archéologie de Senlis (en rénovation jusqu'au printemps 2010)


samedi 15 août 2009

Les femmes qui peignent sont-elle dangereuses ? (2) : Frida Kahlo

Un seul mot s'impose à l'esprit à la vue de la peinture de Frida Kahlo : douleur, douleur et encore douleur. Mais pas une douleur intellectuelle, abstraite, douce, complaisante, s'apitoyant sur elle même : une douleur réelle, incarnée, factuellement figurée, vécue de bout en bout... Pas de tricherie ni de faux semblant et encore moins de fausse élégance, nous sommes dans un ordre esthétique tout à fait spécial et difficile à pénétrer : la beauté du malheur.


La vie de Frida Kahlo a été assez racontée pour qu'on ne s'y appesantisse pas : un vrai roman où l'on croise le Mexique en révolution permanente et "institutionnelle" aussi bien que Léon Trostky en personne juste avant son assassinat, sa majesté André Breton, mais aussi Picasso, Kandinsky, Tanguy, Duchamp... Ce qui s'appelle avoir de l'entregent.

Cependant, ce qu’elle écrit des surréalistes vaut le détour. Sa correspondance a été publiée, et même en livre de poche, mais nous empruntons cette citation littérale sur cet excellent blog littéraire (message du 27 avril 2009) :

...voici ce qu’elle écrit des surréalistes le seize février mil neuf cent trente-neuf à Nickolas Muray, l’un de ses amants (elle est à Paris où André Breton, qui a compris ce que vaut sa peinture, organise sa première exposition européenne) : Quand je suis arrivée, les tableaux étaient encore à la douane, parce que ce f. de p. de Breton n’avait pas pris la peine de les en sortir. Il n’a jamais reçu les photos que tu lui as envoyées il y a des lustres, ou du moins c’est ce qu‘il prétend ; la galerie n’était pas du tout prête pour l’exposition, d’ailleurs ça fait belle lurette que Breton n’a plus de galerie à lui. Bref, j’ai dû attendre pendant des jours et des jours comme une idiote, jusqu’à ce que je fasse connaissance de Marcel Duchamp (un peintre merveilleux), le seul qui ait les pieds sur terre parmi ce tas de fils de pute de surréalistes. Lui, il a tout de suite récupéré mes tableaux et essayé de trouver une galerie. Finalement, une galerie qui s’appelle « Pierre Colle » a accepté cette maudite exposition. Et voilà que maintenant Breton veut exposer à côté de mes tableaux, quatorze portraits du dix-neuvième siècle (mexicains), ainsi que trente-deux photos d’Alvarez Bravo et plein d’objets populaires qu’il a achetés sur les marchés du Mexique, un bric-à-brac de vieilleries, qu’est-ce que tu dis de ça ?

(…)

Bon, il y quelques jours, une fois que tout était plus ou moins réglé, comme je te l’ai expliqué, j’ai appris par Breton que l’associé de Pierre Colle, un vieux bâtard et fils de pute, avait vu mes tableaux et considéré qu’il ne pourrait en exposer que deux, parce que les autres sont trop « choquants » pour le public !! J’aurais voulu tuer ce gars et le bouffer ensuite, mais je suis tellement malade et fatiguée de toute cette affaire que j’ai décidé de tout envoyer au diable et de me tirer de ce foutu Paris avant de perdre la boule. Tu n’as pas idée du genre de salauds que sont ces gens. Ils me donnent envie de vomir. Je ne peux plus supporter ces maudits « intellectuels » de mes deux. C’est vraiment au-dessus de mes forces. Je préfèrerais m’asseoir par terre pour vendre des tortillas au marché de Toluca plutôt que de devoir m’associer à ces putains d’ « artistes » parisiens. Ils passent des heures à réchauffer leurs précieuses fesses aux tables des « cafés », parlent sans discontinuer de la « culture », de « l’art », de la « révolution » et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde, en rêvant de choses plus absurdes les unes que les autres et en infectant l’atmosphère avec des théories et encore des théories qui ne deviennent jamais réalité.


Cela ne l'empêchera quand même pas d'être hébergée chez André Breton lors de son voyage à Paris en 1937, et de lui rendre la pareille à Mexico quand celui-ci ira y présenter des conférences un an plus tard.

Il semble qu'aucun tableau de Frida Kahlo ne se trouve en Europe de manière permanente : ceux-ci se distribuent entre le Musée Frida Kahlo, installé dans la Maison bleue de Mexico City où elle vécut et divers musées nord-américains : New-York (MoMA), San Francisco, Washington. On pourra aussi consulter ce beau site créé à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance, en 2007.


mercredi 5 août 2009

Les femmes qui peignent sont-elles dangereuses ? (1) : Georgia O'Keeffe


Évidemment la question est une pure provocation en forme de parodie d'un beau livre de Laure Adler qu'il faudra prochainement regarder d'un peu plus près.

A l'époque où Georgia O'Keeffe, que l'on vient de découvrir, peignait, la question a du traverser l'esprit d'un bon nombre de ses interlocuteurs. Femme de caractère, passionnée, elle laisse une œuvre colorée, fascinante, presque abstraite à force de simplifier le trait pour n'imposer au visiteur de ses tableaux que des formes épurées, une impression esthétique globale ne s'encombrant pas du réalisme des détails et pourtant très travaillée. Aux avant-postes de la modernité, qui, cinquante ans plus tard, adoptera ce goût et reproduira ces tableaux à des millions d'exemplaires, l'esthétique de Georgia O'Keeffe est l'illustration parfaite de ce paradoxe parfait : la simplicité, en art comme ailleurs, est terriblement difficile à atteindre...

Un musée entier lui est dédié à Santa Fé, dans ce Nouveau Mexique où elle avait fini par se retirer, absorbée qu'elle y fut par la beauté, l'immensité et le dépouillement de ses paysages naturels.