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jeudi 27 juillet 2023

Sur la Playlist de l'été : Josef Mysliveček

 Plaque et buste de Mysliveček à Prague

Mys-live-ček (prononcer ček comme tchek)... On finit par mémoriser son nom, et on finit enfin par écouter sa belle musique.

C'est à l'occasion de la sortie d'un film retraçant sa vie que l'on découvre ce compositeur. Et c'est une belle découverte.

Le film, titré Il Boemo et sorti le 21 juin dernier en France, donne à la musique une grande importance, et c'est tant mieux. 

Outre les éléments biographiques, on y trouve beaucoup d'indications très crédibles sur l'organisation institutionnelle, technique, humaine et même économique de la production de musique au XVIII° siècle en Italie, ce qui est fort intéressant car ces œuvres magnifiques ne sont pas sorties par miracle du cerveau du compositeur. Ce compositeur est un homme de sang et de chair : on le voit d'ailleurs parfaitement quand la maladie commence à le défigurer.

Mysliveček est né à Prague, mais il a fui à l'âge de 27 ans après ses premières symphonies, d'ailleurs bien appréciées en Bohème. L'Empire austro-hongrois était dessus-dessous par la guerre de sept ans et celui-ci voulait plutôt faire de la musique plutôt que faire la guerre.

Et à l'époque, il y avait en Italie assez de souverains, d'Etats, de goût, d'argent et de public : c'est donc là qu'il fit carrière et on l'a appelé assez vite Il divino Boemo (le divin Tchèque).

Mort à 43 ans, sans doute de la syphilis, il a quand même laissé une trentaine d'opéras, une dizaine d'oratorios, une centaine de symphonies et de concertos - notamment pour violon, et en y ajoutant de la musique de chambre. 

Il fut enterré immédiatement dans une des plus anciennes et prestigieuses basiliques de Rome, ce qui marque l'estime qu'on lui accordait dans sa patrie d'adoption. 

Et puis l'on l'a oublié, sans trop savoir pourquoi.

Toute sa musique n'est pas encore enregistrée, mais cela viendra, car elle le mérite sans aucun doute. 

C'est d'ailleurs le jugement de Mozart, qui lui a emprunté des motifs musicaux ici et là, sans que cela n'ait posé de problème. Certaines œuvres ont été attribuées à l'un puis à l'autre par les musicologues, indice de la proximité de leur sensibilité et de leur oreille.

Mysliveček a d'ailleurs rencontré Mozart quand ce dernier avait 14 ans, son cadet de vingt ans.

Contemporain de Haydn,  à peine plus vieux que Boccherini, Mysliveček a contribué à clore la longue période baroque pour créer la grande musique classique, préparant l'époque mozartienne, juste avant la grande vague romantique. 

La musique de Mysliveček est ensoleillée, joyeuse, accessible... Certains grincheux de l'époque lui ont d'ailleurs reproché une certaine facilité. Tant pis pour eux. Les arias des opéras utilisés dans le film et repris ci-dessous sont parmi des plus émouvants du genre lyrique. 

Pour rattraper le temps, le monde n'a pas fini d'écouter Il divino Boemo dans l'avenir. Il était temps.

On trouve malgré tout pas mal de traces sur internet. Pour commencer et se donner l'idée de sa musique de chambre et instrumentale, en voici deux :



Côté opéra, voici trois extraits du film Il Boemo, qui s'appuient sur une interprétation excellente et qui donnent une idée assez exacte, sonore et visuelle, de ce qu'était un opéra au XVIII° siècle :




On notera aussi que la totalité de la bande originale du film est accessible gratuitement à ce lien.

Et pour les fondus d'opéra, on a trouvé même des œuvres lyriques intégrales de Josef Mysliveček. Par exemple Il Bellerofonte (près de 3 heures) et Motezuma (plus de 2 heures)


dimanche 22 janvier 2023

Lieux singuliers (13) : L'ermitage orthodoxe russe de Tous-les-Saints-de-Russie, Saint Hilaire le Grand



Ce petit morceau de Russie au beau milieu de la plaine agricole en Champagne a beaucoup de choses à raconter sur la grande histoire et ses replis.

L'ermitage orthodoxe russe de Tous-les-Saints-de-Russie à Saint Hilaire le Grand surveille et conserve la mémoire des sépultures de 916 hommes dont l'histoire n'est pas banale. Nés sous l'Empire russe, ils sont morts soviétiques sans être revenus en Russie.

Ils faisaient tous partie du Corps expéditionnaire russe en France dont les 45 000 soldats avaient été échangés en 1916 contre de l'armement français au terme d'une négociation peu reluisante entre le Tsar Nicolas II et le sénateur Paul Doumer, futur président de la République. L'histoire retiendra que 450 000 fusils ont été donnés en échange. 1 pour 10.

C'est que la France avait besoin de tant de vies à sacrifier devant les vies allemandes. Quelle époque, où les vies comptaient si peu pour les généraux.

Arrivés via Arkhangelsk ou par Vladivostok (!), ces hommes ont été jetés dans la tourmente de la Grande Guerre, sous leur drapeau à l'aigle à double tête - l'une tournée vers l'Asie, l'autre vers l'Europe, mais avec l'équipement français. 

Une moitié des effectifs fut directement dirigée vers Salonique, où l'on combattait contre l'Empire Ottoman. L'autre est arrivée en France par Marseille et Brest, puis affectée au front de Champagne début 1917 pour se faire massacrer, comme tous les autres, quelque part entre le Nord de Reims et le Chemin des Dames.

A titre d'illustration sinistre, en avril 1917, lors de l’offensive « Nivelle »,  6 000 soldats russes sont tués aux côtés de 270 000 soldats français.

Mais même avec retard, ces soldats apprennent  que la révolution bolchévique est en route, le Tsar abdiquant le 15 mars. Cette guerre n'est plus la leur, d'autant qu'une grande partie d'entre eux sont communistes. Qu'en faire ?

16 000 soldats, 300 officiers et leurs 1 700 chevaux furent au final regroupés dans un camp en Creuse, le Camp de La Courtine, tant on craignait la contagion révolutionnaire. Le premier camp militaire français autogéré par un Soviet !

Evidemment, l'Etat Major et les Russes restés fidèles à la Russie impériale ne pouvaient pas laisser les choses en l'état. Le camp reçut 800 obus en trois jours, du 16 au 18 août 1917.

La répression de la mutinerie du Camp de la Courtine est une de ces pages noires de l'armée française - une de plus - qui déclara sans sourciller 9 morts chez les mutins. On est prié de la croire.

Le titre d'un documentaire de 1999dédié à cette histoire est très évocateur : 20 000 moujiks sans importance

Quelques arpents russes à Saint Hilaire le Grand. Mais il pèsent leur pesant de péripéties historiques.

La mutinerie des soldats russes sur le sol français en 1917 a ainsi écrit une de plus belles pages de l’histoire du pacifisme, de l’antimilitarisme et de l’internationalisme des peuples. La constitution en janvier 2014 de l’association « La Courtine 1917 », poursuit l’objectif de rendre à ces mutins l’hommage qu’ils méritent et de faire connaître et vivre leur grandiose épopée.

Jean-Paul Gady, Adhérent de l’association « La Courtine 1917 »

Les images de l'Ermitage


mercredi 19 janvier 2022

Les séries de l'hiver (1) : American Rust, Mytho, Shtisel, Le serviteur du peuple

Cette première sélection de l'hiver est plutôt éclectique, puisqu'elle ne traite que d'une seule série US, à côté d'une série française, israélienne et ukrainienne, et qu'elles sont toutes différentes dans leur genre.

A propos d'American Rust, on ne peut pas penser à Mare of Easttown, citée au printemps 2021 : même ambiance, même type de narration, même genre (thriller), et même secteur géographique : la Pennsylvanie ouvrière, dont fait partie la ceinture de rouille, Belt Rust. La Belt Rust désigne cette énorme région industrielle autour des Grands Lacs, au nord-ouest des Etats Unis. On lui doit son énorme richesse, hélas passée. En effet, nous sommes très éloignés des Etats du soleil qui maintenant attirent tant de capitaux, laissant ailleurs le chômage, le déclin social et économique, les maux de la vie quotidienne.

On n'entrera pas dans les intrigues de la mini-série, à base de drogue cheap, de corruption miteuse et de vraie désespérance. Ce sont bien les personnages, tous tragiques, essayant de survivre dans un environnement si corrosif, qui fascinent. Et du coup, aussi, les magnifiques acteurs qui les incarnent.

C'est peut-être dans cette comédie humaine affligeante, totalement oubliée de la modernité, que l'on trouve peut-être une des clefs essentielles du trumpisme triomphant, qui prépare en ce moment ces futures victoires, réelles comme virtuelles.

C'est là aussi que l'on voit là le plus clairement l'empreinte cynique d'un capitalisme dévastateur, n'ayant laissé qu'un peu de rouille aux populations restées sur place par la force des choses.

American Rust se découpe en neuf épisodes et une deuxième saison n'est pas attendue.  La série est issue d'un roman signé Philipp Meyer, l’un des plus grands auteurs américains contemporains. Ceci peut sans aucun doute expliquer sa grande qualité et sa pertinence dans les Etats Unis d'aujourd'hui.

Mytho est une série produite par Arte pour deux saisons pour l'instant et ce fut un succès tant auprès du public qu'auprès des critiques. Il est largement mérité. 

La performance de l'actrice  Marina Hands et de l'auteur de la série est remarquable : en effet, il n'est pas facile d'intéresser à la vie de tout le monde en banlieue pavillonnaire, entre vie scolaire, vie conjugale et supermarché. 

Le personnage d'Elvira est la clef de voûte de la série : à la fois mère de famille un peu décalée, assaillie par le quotidien, épouse dépréciée et agent d'assurance pourtant plutôt douée mais exploitée. Dans les trois cas, rien ne va plus et tout craque. Les deux saisons détaillent le méga-pétage de plomb.

Marina Hands est sociétaire de la Comédie française : en l'occurrence, cela signifie quelque chose pour la série. Bravo.


Il n'est pas possible de trouver série plus israélienne que Shtisel, côté comédie. Car côté dramatique, on trouve Unorthodox, série dont il a été question en septembre dernier, et dont une actrice, personnage féminin principal dans les deux cas, est partagée entre les deux séries (Shira Haas)

L'ensemble des 33 épisodes, répartis sur trois saisons, tourne autour d'une famille juive ultra-orthodoxe de Jérusalem. 

L'objectif de la série semble être avant tout de rendre sympathique cette population tout à fait spécifique, que l'on trouve d'abord à Jerusalem, mais aussi à New York et dans quelques autres grandes villes européennes. On la reconnaît immédiatement : hommes en habits noirs, avec papillotes - à partir de l'âge de trois ans, tête toujours couverte, et femmes aux talons plats et aux cheveux cachés en totalité, soit par un bonnet ample, soit par une perruque. 

Mais ces caractéristiques ne sont qu'une infime partie visible des interdits et prescriptions religieuses qui règlent la vie entière de ces familles, et jusque dans les moindres détails.

Il est d'ailleurs étonnant que la série ne présente pas plus clairement l'ensemble des interdits en présence. Sans doute à dessein, car il est si rare dans les sociétés occidentales d'avoir affaire à une population aussi soumise en permanence à des rites millénaires que le spectateur moderne peu croyant pourrait évidemment en serait fortement incommodé.

S'agissant d'une comédie, les traits les plus risibles sont accentués : mariages arrangés - d'où des quiproquos, conflits entre générations, conflits entre vie moderne et observance religieuse... 

On sourit aussi facilement quand les personnages - pourtant pieux par définition - mentent effrontément en cherchant en permanence une bonne raison de le faire, évidemment compatible avec les prescriptions religieuses.

La "bulle" ultra-orthodoxe reconstituée par la série protège la narration des problèmes importants d'Israël, notamment l'occupation des territoires palestiniens et la coexistence problématique avec les autres communautés non juives.

On notera quand même au passage le traditionnel et paradoxal anti-sionisme viscéral des ultra-orthodoxes, de même que leur antipathie toute aussi foncière vis à vis des séfarades bien trop libéraux de mœurs - juifs originaires de la méditerranée, par opposition aux ashkénazes, originaires de l'Europe centrale. A chaque communauté ses détracteurs.

Les acteurs - tous excellents - sont israéliens, mais non ultra-orthodoxes évidemment. On retrouvera notamment Michael Aloni dans le personnage principal, un des acteurs les plus connus en Israël, dont le jeu est parfait, entre respect de la tradition et ouverture à la modernité, ce qui correspond d'ailleurs à sa filmographie extrêmement diversifiée.

Shtisel est une série singulière et intéressante, mais à la condition de ne pas oublier que les extrêmes de toute religion confinent vite à la violence, contre les individus et contre les communautés. 

Dans la vraie vie, on essayera par exemple de ne pas traverser en voiture les quartiers orthodoxes un jour du shabbat, sauf à retrouver une pierre sur son pare-brise.


Serviteur du peuple, série diffusée par une des principales chaînes ukrainiennes, est proposée en ce moment par Arte et elle présente une singularité exceptionnelle. 

Non pas pour sa forme, qui est plutôt traditionnelle, et même un peu répétitive au bout des 23 épisodes de la première saison, les autres saisons n'étant pas encore disponibles en France.

C'est que Volodymyr Zelensky, ci-devant acteur et humoriste, principal acteur de la série, est bien devenu entre temps le vrai Président de l'Ukraine en date du 20 mai 2019. Quelle affaire !

Encore mieux : le parti politique qui l'a propulsé à la tête de l'Ukraine a pris le même nom que la série : Слуга народу (Serviteur du peuple).

La première saison de la série raconte l'accession d'un modeste professeur d'histoire à la tête du pays, à la faveur de la corruption et de la médiocrité du personnel politique en place.

Dans la vraie vie,  Volodymyr Zelensky l’a emporté de manière inattendue face au chef de l'État sortant, Petro Porochenko, avec 73,2 % des voix au second tour. élu sur un programme anti-corruption, pro-européen, atlantiste et populiste, tout comme son alter ego fictionnel.

Qu'en penser, alors que la réalité est préfigurée par la fiction ? 

Faut-il considérer que la série, genre désormais et apparemment noble, est capable de prévoir l'avenir avec tant de justesse ? Ou faut-il considérer que la vie politique en Europe soit si avilie qu'un scénario de série puisse lui tenir lieu de programme politique dans la vraie vie ?

Dans les deux cas, l'affaire est un peu effrayante. D'autant qu'une partie du pays est déjà sous domination russe et que la menace armée est parfaitement crédible aux frontières. On ajoutera que la série a été interrompue en Russie après le troisième épisode, ce qui n'est pas anodin bien sûr.

Attention aussi à ceux qui s'intéressent à la politique de l'Europe de l'Est : une fois la série regardée, on est toujours un peu perplexe de voir l'humoriste ukrainien jouer le rôle de Président. J'espère que ses interlocuteurs internationaux, avant de lui parler, peuvent se défaire rapidement de cette représentation un peu risible, car la situation du pays ne l'est pas du tout.

samedi 11 septembre 2021

Visite du Camp de Royallieu à Compiègne : n'oublier rien


Cela faisait longtemps qu'il fallait le visiter (le mémorial a été créé en 2008... seulement). 

Il nous replonge directement dans une histoire sombre, où les assassins et les crapules en col blanc étaient au pouvoir. Ces documents glacent le sang. 

Ce camp a accueilli surtout des prisonniers de guerre, puis des prisonniers politiques, les communistes au premier chef dès que le pacte soviéto-germanique a été dénoncé dans les faits. Les juifs étaient dirigés vers Drancy, mais on en trouva aussi à Compiègne. 

Il y a eu environ 45 000 prisonniers sur l'ensemble de la période, dont 39 564 sont partis dans les camps de concentration. Les autres sont morts sur place ou ailleurs ou finalement libérés (les chiffres de Wikipédia ne correspondent pas aux chiffres donnés sur place). N'oublier rien.























vendredi 23 avril 2021

Sur la Playlist du printemps : Boccherini, dernier compositeur baroque

Luigi Boccherini est un géant de la musique de chambre - on compte environ 250 oeuvres dans son catalogue. Peut-être est-il le dernier des compositeurs baroques ? Mort au XIX° siècle, en 1805 exactement, son dernier mécène était quand même Lucien Bonaparte, Prince italien à l'époque à l'époque, deuxième frère brouillé de Napoléon.

Né dans une République disparue comme lui, en 1805 - la République de Lucques - Boccherini a beaucoup voyagé entre Italie, Autriche, Espagne, France, dans une Europe en total bouleversement, au diapason de la Révolution française, puis à celui des conquêtes napoléoniennes. Il n'était sans doute pas facile du tout de jouer de la musique dans un tel capharnaüm.

La musique de Boccherini est riche et haute en couleur - les tonalités espagnoles y étant particulièrement notables. Mais surtout, elle est singulière. Est-ce donc l'époque particulière qui la rend si reconnaissable ? Peut-être, car la musique de Boccherini tombe immédiatement dans l'oreille.

Cette musique est inséparable du film Master and Commander, un chef d'oeuvre dédié à la marine de guerre à la voile. Ironie du temps, ce sont les officiers anglais du bord, à la poursuite des Français, qui jouent la musique de Boccherini lors des longues soirées des traversées. On notera que l'action du film se tient en 1805 aussi, l'année de la mort de Boccherini, alors sa musique était déjà célèbre.

Enfin, pour l'anecdote, le corps de Boccherini fut étudié de manière approfondie par une équipe médicale à la fin du XX° siècle. On sait tout de ses petits et gros bobos, mais aussi de la malformation acquise de sa main gauche liée sa pratique intense de la viole de gambe. 

Après ces deux clips du film, on trouvera, de manière plus substantiellement, plus de trois heures de musique de Boccherini.





samedi 16 janvier 2021

Les séries de la fin d'année 2020 : The Crown, Hutafim, La Valla, Unbelievable


Si la série espagnole - la Valla (L'Autre Côté) - est une nouveauté, les trois autres séries de la fin d'année 2020 relèvent de la liste de course trainée de mois en mois, puis enfin mises sur l'agenda réel.

The Crown a occupé l'actualité récente pour la sortie de sa saison quatre, d'où il est question principalement des affaires de cœur de Charles. Evidemment, c'est la saison la moins intéressante, car les trois premières sont assez captivantes de manière surprenante.

On attendait une chronique de l'actualité heureuse ou malheureuse des têtes couronnées, à lâcher dès le premier épisode si l'on s'y occupait essentiellement de la vie sentimentale les membres de la famille royale britannique. 

Or, The Crown s'alimente en fait des grandes affaires historiques du Royaume-Uni : dislocation de l'Empire, abdication d'Edward VIII - autant pour cause de mauvais mariage que de sympathies nazies -, décrépitude de Churchill, situation particulière du Pays de Galles, crise de Suez, relations complexes avec les Kennedy, grandes grèves des mineurs des années 70, personnalité des Premiers Ministres successifs etc. On ajoutera la curiosité à regarder comment fonctionne le couple monarque/premier ministre aux yeux français et très républicains.

Ces éléments authentiques permettent de supporter assez bien l'autre versant de la série, c'est à dire les historiettes des membres de la famille royale. Malheureusement, cet équilibre est rompu pour la quatrième saison, complètement déstabilisée par l'arrivée de Diana. Ceci correspond peut-être à une partie de la réalité, mais elle est parfaitement anecdotique au regard de l'histoire récente du Royaume-Uni. Dommage, et on s'ennuie, forcément, car on sait comment cela se termine.

Par ailleurs, sur l'ensemble des épisodes, on trouve très peu d'éléments sur les relations avec l'Irlande (Sud et Nord) et aucun sur l'Ecosse en dehors des paysages entourant Balmoral. Etonnant, non ?

Le reste est parfait : les gros moyens disponibles permettent de reconstituer les différentes époques avec beaucoup de minutie, les acteurs sont formidables (nous sommes en Angleterre, la patrie du théâtre !)... 

En pleine conclusion du Brexit, la série devient une espère d'hommage à l'attention de la perfide Albion.

Hutafim nous renvoie en Israël, les autres séries israéliennes vues récemment - Fauda, When Heroes Fly et Our Boys - ayant attiré l'intérêt. Ce fut encore le cas cette fois, avec les mêmes ingrédients : exiguïté des territoires, proximité des conflits armés, société occidentale confrontée à la violence armée extrême.

Le ressort essentiel d'Hutafim ("les kidnappés") est simple : que se passe-t-il quand des soldats d'Israël sortent d'une détention de 17 ans en Syrie. Les deux saisons explorent de manière quasi-systématique les conséquences psychologiques, familiales, politiques du kidnapping et ses corollaires, notamment l'échange de prisonniers qui est à l'origine de l'intrigue, très contesté. 

Nous avons affaire à de passionnants tableaux psychologiques, très fouillés et servis par les meilleurs acteurs. Nous avons aussi affaire à une chronique très réaliste de la vie quotidienne en Israël, qui, par sa complexité géopolitique, suffit sans doute à nourrir bien d'autres séries de qualité à l'avenir.  

Une précision : ces évènements n'ont pas existé, mais des faits réels peuvent les rendre crédibles sans problème au regard du spectateur.


La Valla (L'Autre Côté), série espagnole, accumule d'énormes défauts : jeu d'acteurs approximatif, récit bancal, intrigue remplie d'invraisemblances, au point de gêner le spectateur de manière récurrente. Mais l'intérêt de la série est ailleurs. 

Nous nous trouvons dans une Espagne future et dystopique, gouvernée par une dictature impitoyable. Tout au long des treize épisodes d'une première saison, on ne peut pas ne pas penser à ce qui se passait dans le pays entre 1936 et 1975. A ce titre, on retiendra le souci oppressant et meurtrier du détail engendré par toute utopie, au final toujours despotique.

Pour finir, on note Unbelievable, une mini-série américaine de huit épisodes retraçant une enquête réelle de police contre un violeur en série : c'est le meilleur de la fiction télévisuelle US, servie par de formidables actrices. Ne pas manquer.

dimanche 13 décembre 2020

Sur la Playlist : Gottfried Finger, ou Godfrey Finger




Finger est quasi-inconnu en France, même s'il s'agit d'un authentique européen à la sauce du XVIII° siècle. On est toujours frappant par les voyages et séjours différents de ces musiciens de l'époque baroque parcourant l'Europe dans tous les sens, à l'époque où seuls le cheval ou le bateau pouvaient transporter les voyageurs.

Ainsi de Finger, né en Moravie - actuellement République tchèque : on trouve sa trace ensuite à Munich, Londres, Breslau - l'actuelle Wroclaw en Pologne - Vienne, Berlin, Innsbruck, Heidelberg, Mannheim, là où il est mort. 

On trouvait dans toutes ces villes assez de Cours royales ou princières à distraire et à cultiver. Finger a été accueilli notamment à celle de Jacques II, roi d'Angleterre, le dernier des Stuart qui dut fuir en France sous l'aile de Louis XIV, mais Finger de l'a pas suivi. Il y avait sans doute beaucoup trop de concurrence autour de Versailles, ou trop de courbettes à présenter au grand et infernal Jean-Baptiste (Lully), chef de la musique en France de l'époque. 

Ces beaux albums récents se trouvent en totalité sur YouTube. Etonnant, mais tant mieux ! La musique de Finger est limpide, instruite et altière mais toute aussi légère et gaie. Rien à voir avec les lourdeurs et solennelles pompes lullistes. 

Un régal pour l'oreille et l'esprit, si loin des horreurs et de la morosité de l'époque... au final, celles de toutes les époques. Parfait pour une sortie de confinement.



samedi 15 décembre 2018

Bouclage de la sélection des images 2018





La première sélection 2018 était très volumineuse au final... mais les lieux le méritaient, à commencer par le Mont Saint Michel, visité dans un temps polaire, donc visitable dans de bonnes conditions !

Et puis la magnifique Abbaye d'Auberive, lieu cistercien éminent, devenu centre culturel du bout du monde. On y a retrouvé Louise Michel, qui y fut détenue. Coulommiers et sa commanderie templière rarissime valaient une belle journée, fromage en plus. 

De même que les traces des protestants à Wassy, qui se repend encore du massacre du 1562 alors que tant d'autres lieux ne se souviennent plus des forfaits qu'ils ont connus il y a plus de 400 ans. Braves Wasseyens.

Et, comme souvent, de l'eau, et même beaucoup d'eau sur certains clichés de janvier.

La deuxième partie de l'année nous arrête en Allemagne prochaine - un reportage y est consacrée et devant les splendeurs des rues et des musées de Bruges et de Bruxelles, jamais approfondies. C'était l'occasion.

Une mention particulière sur Boulogne sur Mer, dont la fabuleuse histoire n'était pas encore aperçue, entre l'héritage napoléonien - rêve d'invasion de l'Angleterre oblige - et  le musée-chateau, devenu notamment par les hasards du temps  le conservatoire permanent de la civilisation Giinaquq, la culture d'origine du sud de l'Alaska. Effarant et fascinant : tout ce qu'il reste de cette culture se trouve quasiment dans ses quelques petites salles... Ce trésor ethnologique vaut à lui-seul le séjour.

Paris donne quelques clichés de carte postale, même s'ils sont devenus très rares compte tenu du développement exponentiel du tourisme dans la capitale.





dimanche 26 août 2018

Douce Allemagne





Nous sommes loin de l'austère Prusse. Ce proche Palatinat est d'abord rococo, léger, riche et plein de fantaisie. 

Cette Allemagne est aussi celle du vignoble et des familles princières mécènes qui avaient, depuis des siècles,  particulièrement bon goût et qui préféraient les beaux arts à l'art de la guerre. 

Il reste un foisonnement de châteaux, de musées, de villes commerçantes, de façades, d’œuvres d'art...

Avec une mention particulière à "Liselotte von dem Pfalz", mieux connue ici sous le nom de Princesse Palatine,  épouse de Philippe, frère du Grand Louis, qui laisse une correspondance notable sur les mœurs de Versailles sans fioritures et sans hypocrisie. Salutaire Princesse, qui n'a jamais renoncé à son bon sens un peu campagnard mais si rare et si précieux à la cour de France.

Ce n'a pas empêché Louis XIV de faire massacrer la population du Palatinat, sa famille régnante étant parti rechercher d'autres alliances.... Quelle idée ? Le Soleil était trop proche.

On trouvera la magnifique Vallée de la Moselle, Trèves la romaine, Coblence la puissante, la trop touristique Vallée du Rhin, Heibelberg l'intellectuelle, Schwetzingen la résidente, Wissembourg la française et Zweibrücken/Deux Ponts... entre les frontières.