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samedi 11 novembre 2023

Séries de l'été : Babylon Berlin, 1883, 1923, La Fortuna, Un Conte parfait, Maid, Surface, Wilderness, Maid, The Crowded Room, The Patient

 Belle moisson d'été, en quantité et en qualité.

D'abord la découverte de deux univers très différents, pas tout à fait récents, mais qui valent le temps : Babylon Berlin, série allemande, et les préquelles de Yellowstone : 1883 et 1923, signés par Paramount, tout comme la série originale.

Après l'allemand et l'anglais, on a entendu un peu d'espagnol (cette langue est terriblement télégénique !)  dans les séries la Fortuna et Un cuento perfecto (Un conte parfait)

Et on ajoutera, pour faire bonne mesure, les autres séries issues de l'univers anglophone aussi : Maid, , Wilderness, SurfaceThe Crowded Rooma et The Patient. Ouf !



Babylon Berlin est une grande série, qui compte déjà quatre saisons. Les moyens mis à disposition sont énormes : le spectateur est transporté directement dans le Berlin des années vingt-trente et on oublie vite ce qu'il faut mettre en œuvre pour reconstituer la ville à l'époque.

Et si on commence à regarder dans le détail, on est bluffé : la palette graphique ne suffit pas pour mettre en images par exemple l'Alexanderplatz avec ce réalisme. Et ainsi de suite, rue par rue : innombrables véhicules d'époque, fils électriques et mobilier urbain modernes dissimulés, purge des façades de tous leurs éléments modernes etc. Voici pour l'énorme boulot des décorateurs.

Sur l'intrigue proprement dit, elle mêle chronique policière et vie nocturne berlinoise - foisonnante à l'époque comme il se doit : nous sommes dans les années folles, et dans une capitale folle, comme on l'a souvent dépeinte.

C'est que l'ambiance de Berlin était tout à fait spéciale, qu'on ne retrouvera jamais historiquement : libérale de mœurs, marquée par les forts antagonismes des partis extrêmes dans une société qui paye au prix fort la défaite de 1918 financièrement mais aussi culturellement et socialement...

Les quatre saisons (2017 à 2022, 10 épisodes par saison) nous en mettent plein les yeux, même si les fils narratifs  des troisième et quatrième saisons ne paraissent pas toujours cohérents. 

Ainsi les tribulations de la pègre berlinoise font souvent digression, ne semblant pas se rattacher aux personnages principaux. 

Dommage. Mais c'est un détail, qui n'enlève pas beaucoup à la série. On la reverra, car elle le mérite.




La série Yellowstone avait été laissée de côté : encore une série américaine... évidemment à la gloriole des Etat Unis, s'était-on dit... Et elle n'est toujours pas visionnée, mais cela ne saurait tarder.. 

Elle fait partie de ses grandes séries qu'on laisse murir dans un coin, comme ce fut le cas pour Babylon Berlin d'ailleurs.

Mais on s'était intéressé à 1883, car la période est plus motivante : il s'agit de celle du peuplement de la côte ouest à partir de la côte est, donc essentiellement par des populations migrantes venant d'Europe.

1883 fait un effort historique tout particulier : on suit le convoi d'un groupe d'immigrés venant d'Allemagne dont la destination est la côte nord Pacifique. On traverse des immensités naturelles, dangereuses comme la mort, quelle soit causée par les éléments naturels ou par la violence humaine. 

On note au passe que la série décrit surtout la violence des immigrants entre eux plutôt que celle des populations indigènes.

Et tout le long des épisodes, une question : que va-t-on chercher, si loin de chez soi ?

1923 se trouve dans le même univers, mais ne quitte pas le Montana, où les personnages principaux se sont fixés depuis quarante ans, sur la route de 1883

Bonne réalisation, excellents acteurs - on retrouve Harrison Ford en patriarche très crédible. Mais il en a l'âge désormais.

Paramount a mis à disposition de grands moyens pour attirer les foules, au moment où la plate-forme tente de faire sa place dans le paysage médiatique français.

On peut regarder l'ensemble, de préférence sur un grand écran car les cadrages et les paysages le valent.




Les deux séries suivants doivent être écoutées en espagnol. Elles partagent le même acteur principal, Álvaro Mel

Ce nom doit être mémorisé car après ces deux séries, il ne sera pas loin d'Hollywood, et on le verra partout bientôt s'il ne se fait pas manger par les crocodiles d'ici là, car son jeu est parfait, surtout dans le contre-rôle que lui donne la série La Fortuna, petit fonctionnaire débutant du service espagnol à la protection du patrimoine.

La Fortuna est particulièrement intéressante : il s'agit de sauver d'une épave - celle du galion La Fortuna - de l'avidité d'un chasseur de trésor peu scrupuleux, très américain évidemment. 

La réalisation de la série a été confiée à Alejandro Amenábar, seule série qu'il ait tournée jusqu'ici. Cela se sent : bonne intrigue, bons acteurs, bonne réalisation.

C'est une coproduction américo-espagnole financée par Movistar+(le Canal+ espagnol) et par le réseau américain AMC.

Beaucoup plus intimiste est Un conte parfaitcomédie romantique un peu sirupeuse, dont l'argument a été vu mille fois : le garçon sans le sou capte l'héritière très riche. 

Vite vue, vite oubliée peut-être, comme Netflix en produit maintenant à la chaine. Elle ne se justifie ici que pour avoir une autre idée des qualités d'Alvaro Mel, dans un tout autre rôle en l'occurrence.

Elle permet aussi d'entendre encore un peu d'espagnol, ce qui est toujours un grand plaisir quand on s'intéresse un peu aux langues latines.


Maid est une mini-série de la veine hyperréaliste américaine. Tout comme il existe aux Etats Unis une peinture hyperréaliste. Et on se souvient à l'occasion de la phrase bien connue de Coluche dans sa période "sociale" : Cela sert à quoi de vivre dans un pays riche si tout le monde y est pauvre (citation approximative).

Belle série, qui a été remarquée par beaucoup de monde.

Maid met en scène une invisible, comme on dit maintenant, qui essaye de se sortir d'une situation que connait beaucoup de monde dans nos pays, celle des travailleurs pauvres. 

Constat mille fois souligné par les sociologues et les économistes : à ce point d'accumulation et de manque de répartition de la richesse, une partie des travailleurs ne peuvent pas vivre de leur travail.

Et la charité toute relative d'une partie de la société, individuellement ou collectivement, n'y change rien : les riches deviennent mécaniquement plus riches, et les pauvres s'appauvrissent à mesure. 

Dans le pays du capitalisme triomphant, la série en est une fable contemporaine, parfaitement incarnée par de très bons acteurs, servis par une excellente réalisation.

Alors, qu'en penser, puisque rien ne semble contrarier cette situation ? Sommes nous vraiment au bout du bout d'un système ? 

Pas sûr... Et une deuxième saison serait désespérante. Elle n'est pas prévue et on se demande bien pourquoi.



Pour continuer, deux mini-séries bien sombres autour sur la vie de couple.

Surface, série d'Apple plus, ne doit pas être confondue avec une autre série Surface, mais dans le genre fantastique et proposée par NBC sur la vie aquatique. 

Notre série Surface d'aujourd'hui tourne autour de l'amnésie d'une jeune femme, permettant d'envisager mille hypothèses pour elle, et, avec elle, le spectateur, sur son récent passé. Elle est tombée à l'eau d'un bateau : suicide ou tentative d'homicide ?

Ce doute permanent finit par ronger les personnages : idylle ou enfer conjugal ? Fidélité sans faille ou trahison permanente ? Confiance mutuelle ou sinistre comédie ? Faites votre choix...

On retrouve le même acteur britannique dans le rôle du mari dans la mini-série WildernessOliver Jackson-Cohen, ce qui n'est pas bon signe pour l'intrigue de cette deuxième série, peinte en noir profond aussi. 

Mais on regardera aussi tout particulièrement le principal personnage féminin. Son jeu est magnifique, tout en nuances, jouant en même temps la tendresse conjugale et le calcul froid de la rancœur. 

Comme époux, on n'aimerait pas se retrouver face à ce personnage insondable. Mais le spectateur sait qu'il a bien mérité ce qu'il lui arrive..

L'actrice est Jenna Coleman, britannique aussi. Elle avait déjà été remarquée dans la série britannique (ITV) Victoria (2016-2019). A 37 ans, il est surprenant qu'elle ne soit pas plus connue des productions internationales, mais cela va changer bientôt sans aucun doute.

La série est produite par Amazon et n'appelle pas de deuxième saison, et on comprend pourquoi.



Last but not least, deux séries qui traitent de la maladie mentale avec les ressources d'une série, c'est à dire permettant de s'attarder sur les détails des personnages, sur leurs origines et sur leur environnement. C'est même la grande différence entre long métrage et série.

L'amateur de série pourrait trouver les films de cinéma beaucoup trop elliptiques sur certains sujets : la maladie mentale en fait manifestement partie.

La composition de Tom Holland dans The Crowded Room est formidable et étonnante pour ce jeune acteur britannique, bien plus connu pour ses rôles dans les grandes productions de super-héros. 

Sans fard, sans simagrées, sans même sourire, il montre là qu'il est un vrai acteur : son jeu n'a aucun besoin des gros mécanismes des superproductions pour faire face à la caméra. Tant mieux pour lui : l'âge venant, on peut l'attendre donc dans des films plus dramatiques.

Produite par Amazon Video, la série The Patient n'a sans doute pas la même complexité que la précédente, mais son succès auprès du public n'est pas usurpé. Difficile d'en dévoiler les ressorts tragiques ici, sauf à gâcher l'envie du lecteur. 

Que celui-ci s'y laisse entraîner, mais il n'est pas sûr qu'il en ressorte intact. Mais c'est le jeu des images animées.

dimanche 4 juin 2023

Les séries du printemps : Billy The Kid, The Old Man, Extrapolations, Machos Alpha, Hello Tomorrow

La sélection du printemps est d'abord américaine, sans qu'aucune série ne se détache nettement : pas de coup de cœur, pas trop d'enthousiasme, de conseil assuré, mais quand même quelques moments intéressants.

Billy The Kid ouvre la sélection, car c'est une bonne série : le personnage titre est attachant et moralement complexe. Son aspiration foncière au bien, à l'honnêteté, à la droiture finit au fossé de manière implacable. Mais on savait que le personnage de Billy The Kid n'était pas une référence en matière de comportement.

C'est un western, ce qui est exceptionnel car on ne connait peu de série dans le genre. On oubliera à cet égard Westworld, puisqu'il y s'agit d'un Far West reconstitué.  Mais cette page internet permet de se mettre à jour sur la question du Far West dans les séries.

Billy The Kid n'a qu'une seule saison, mais on attendrait une deuxième, car c'est une réussite (encore une) pour Apple TV, qui (encore une fois) a mis des moyens importants pour reconstituer de manière crédible le Far West, et non seulement en matière de décors, mais aussi en matière de références historiques et de mentalité de l'époque.

The Old Man est une série d'espionnage très classique, mais version troisième âge : les personnages reprennent du service contre leur gré après tant de temps. Et on se laisse embarquer dans une intrigue complexe, comme les scénaristes américains savent en concocter.

Le décalage d'âge avec les personnages habituels des séries d'espionnage est parfaitement et totalement exploité par la série. On a même droit à une bagarre assez pesante et pas mal de réflexions sur la vivacité du passé et sur l'âge comme facteur de lucidité.

La série ne compte pour l'heure que d'une seule saison. Elle a été produite par Disney via sa plate-forme adulte Hulu, qui se distingue assez souvent par l'originalité des thèmes traités par ses séries produites.

Extrapolations est une série formidablement attractive : elle est au cœur de l'actualité du climat. Pas de fil narratif direct entre les huit épisodes, chacun d'entre eux porte sa propre histoire, ses propres personnages et sa propre problématique liée au réchauffement.

L'ensemble, assez crédible, hélas, est situé dans un prochain avenir, et que beaucoup d'entre nous connaitrons.

Encore plus malin, outre une bonne réalisation, la production convoque de nombreuses têtes d'affiche au fil des huit longs épisodes, d'où une forte identification recherchée du spectateur. 

Et encore une fois, Apple TV donne des moyens importants pour cette production, mais nous ne sommes pas tout à fait au niveau d'un Back Mirror écolo. Dommage. On aimerait une deuxième saison pour voir mieux.

Il reste qu'Apple TV veut marquer manifestement l'univers des séries, ce qui n'est plus toujours le cas pour les autres plateformes, et notamment de Netflix, dont la qualité des productions semble baisser considérablement.


Parlons de Netflix, justement. A côté de la relative médiocrité des nouvelles propositions, on a quand même trouvé cette petite pépite drôle et roborative. 

Tous les comportements masculins misogynes ou machistes y sont radiographiés sans pitié et sans trop de complaisance en dix épisodes courts de 30 minutes. C'est assez bien vu, c'est espagnol, c'est latin.


Hello Tomorrow : encore Apple TV, une petite série décalée qui reconstitue une uchronie qui mélange l'ambiance des années 50 et la science fiction telle qu'on la voyait à cette époque.

Bien faits, les décors et accessoires sont magnifiques, ingénieux et surprenants.

Hélas, l'histoire est rapidement épuisée, donc redondante. Dommage : les scénaristes ne sont pas à la hauteur des accessoiristes. Cette première saison de dix petits épisodes (30 mn) n'en appelle pas une autre. Mais qui sait, si les scénaristes étoffent un peu le propos.

dimanche 7 mai 2023

Lieux singuliers (14) : les Eglises fortifiées de Thiérache



 A quoi sert une église ? 

En Thiérache, l'église sert à se protéger. C'est d'ailleurs pour cela qu'on les a fortifiées pendant les périodes agitées.

Entre 1530 et 1700 environ, la Thiérache est traversée par les conflits incessants de trois puissances ennemies européennes : le Royaume de France au sud, le Saint Empire romain germanique des Habsbourg et l'Espagne, qui occupe tout le sud des Pays-Bas. Et la Belgique comme Etat tampon n'a été créée à cette fin qu'en 1830. 

Toutes ces armées, piétinant le pays dans tous les sens, vivaient bien sûr sur la population en pillant allégrement tout ce qu'ils pouvaient trouver. Autant dire que la population n'était pas en sécurité.

Partout ailleurs dans les autres provinces, on se réfugiait au château. C'était quand même le devoir de la noblesse, de protéger la population. Ne pas payer d'impôts n'avait pas que des avantages.

Mais la Thiérache est très éloignée des centres de pouvoir de l'époque : la petite noblesse du pays a fui ou ne peut pas faire face. 

Alors la population et son clergé rajoutent des fortifications à leur églises paroissiales, qui existent depuis le moyen-âge : tourelles, portails, échauguettes, escaliers étroits et dérobés, salles de refuge en hauteur dans les clochers... 

Ces éléments ajoutés sont en brique et en bois, car il fallait faire vite et pas cher. Impossible donc d'aller chercher des vraies pierres onéreuses loin de là : la Thiérache est un pays d'argile donc humide et sylvestre, pas un pays de carrières.

Entre Aisne, Ardennes et Belgique actuelle, une soixante d'édifices répondent à ces nouvelles fonctions. Ils sont très différents l'un de l'autre, mais ils répondent tous à ce besoin séculaire et essentiel des populations : la sécurité.

Les églises représentées dans l'album sont celles d'Autreppes, Burelles, Chaourse, Englancourt, Gronard, Lerzy, Marly Gomont, Montcornet, Noircourt, Parfondeval, Plomion et Saint Algis, toutes situées dans le département de l'Aisne.

Voir les images

mercredi 12 avril 2023

Sur la Playlist du Printemps : les Folies d'Espagne

 Quel succès que cet air, composé et recomposé des centaines de fois depuis le XVI° siècle, dans de tant de variations et d'instrumentation ! 

Les Folies d'Espagne sont apparues sur le papier apparemment en Espagne en 1577, mais des transcriptions de chansons et de danses plus anciennes ont laissé des traces dans l'histoire de la musique du côté du Portugal.

Connue aussi sous son nom espagnol et sans sa forme courte - La Folia - est un vrai grand Tube que tout amateur de baroque a entendu des milliers de fois, sous une forme ou sous une autre, sous la plume des plus grands compositeurs : Vivaldi, Corelli, Scarlatti, Lully, Marais, Bach, Purcell...

Un amateur s'est même amusé à rechercher quarante versions enregistrées des Folies d'Espagne sur son blog.

On peut aussi retrouver des traces de la Folia chez des compositeurs bien plus proches dans le temps comme Liszt ou Rachmaninov.

Et pour faire bonne mesure, les grands succès cinématographiques sur la musique baroque ont bien évidemment annexé la mélodie à leur BO, notamment Le Roi danse ou Tous les matins du monde.

Et comment peut-on expliquer cet engouement ? Facilité de mémorisation ? Prétexte facile à virtuosité instrumentale ? Air appropriable facilement par tous les instruments de l'époque ? Reprises innombrables et rediffusées dans toute l'Europe ? Allez savoir !

Bref, les Folies d'Espagne, sont une vraie folie et faites attention : l'air ne quittera pas vos oreilles de la journée...

Quelques vidéos parmi des centaines, pour se limiter à Marais, Lully et Corelli, qui sont les variations les plus abouties après plus de deux siècles de rengaine. Et pour finir, une version chantée plus ancienne de Henry Le Bailly.






dimanche 27 mars 2022

Les séries de l'hiver (2) : Succession, El Cid, Dopesick, Smother, The Tourist, Ridley Road


 L'événement-série de cet hiver fut les trois saisons de Succession libellée HBO, souvent synonyme de qualité et de gros moyens. C'est manifestement le cas. Mais évidemment, on ne traite pas des hyper-riches avec trois bouchons de liège et deux bouts de ficelle.

Nous sommes promenés de bureau à bureau, mais aussi et surtout transportés (en jet privé) vers les prestigieuses propriétés un peu partout dans le monde appartenant au groupe de médias dont il s'agit.

Mais cela se corse quand on sait que ce groupe est semi-familial, entre le patriarche, ses trois enfants et son épouse, qui n'est pas leur mère. 

Chacune des individualités constituant ce noyau de personnages est particulièrement bien soigné du point de vue du scénario et du fil narratif. C'est du beau et du grand travail. Idem, la performance des acteurs concernés est magnifique.

Pour le reste, on retrouve au fil des épisodes la trahison, l'impossibilité de faire confiance, la permanente contradiction entre la logique des affaires et les affres de la famille. Mais nous sommes bien au delà de la simple cupidité. Intéressant.

On attend avec impatience la quatrième saison, annoncée cette année.


El Cid faisait partie de ces séries pas trop remarquées par le public, et faute d'actualité, elle avait été laissée de côté. On se méfie toujours un peu en matière de série historique : on trouve le meilleur et le pire, et souvent le pire.

Par ailleurs, l'acteur principal (Jaime Lorente López) était juste sorti de la Casa del Papel.

Au final, c'est une bonne surprise : pas anachronismes repérés, paysages et décors recherchés, comportements des personnages crédibles, fil historique à peu près respecté, bel espagnol en prime pour ceux qui préfèrent la VOSTF (Version originale avec sous-titres français, en langue de série).

Avec, en sus, une belle tranche de l'histoire de l'Espagne du X° siècle à explorer : antagonismes entre les royaumes et forte présence musulmane jusque dans le Nord de la péninsule. Le récit a lieu en Castille et Leon principalement.

 El Cid peut faire penser à Game of Thrones : guerres incessantes, jeux familiaux de pouvoir, tournage dans des extérieurs historiques bien valorisés.

Hélas, on ne trouve que deux saisons, chacune de 5 épisodes.


Dopesick, mini-série de huit épisodes produite par Hulu - filiale adulte de Disney - dénonce les stratégies de l'entreprise pharmaceutique produisant à grande échelle un antidouleur opiacé (L'oxycodone) en sous-estimant gravement ses effets addictifs pour évidemment en vendre autant que possible. Il s'agit donc d'une série à messagen voire militante.

La crise des opioïdes est encore récente dans l'histoire sanitaire des Etats Unis : ses effets sont encore largement ressentis, et ses enjeux restent énormes en terme de santé publique. 

Cette crise met en lumière un système sanitaire dominé par les hyper-profits financiers, rendus possibles par une éthique ultralibérale : chacun est responsable totalement et irrémédiablement de sa propre santé, ce qui rend illégitime et inutile toute politique de santé publique, par définition collective.

C'est ce même mécanisme qui explique cette obésité omniprésente aux Etats Unis : chacun est totalement responsable de son alimentation, même si on va la chercher au fast food tous les jours.

Dopesick montre que cette mentalité ultralibérale ne résiste pas dès que l'on trompe le public et les professionnels de la santé. Un bel exercice d'autoflagellation, comme les américains savent administrer à eux-mêmes.

On pense aussi aux combats énormes et retentissants contre l'industrie du tabac dans les années 1990, toujours aux Etats Unis.

Comme souvent sur Hulu, les moyens et les compétences sont là et la série présente une grande qualité, tant dans sa narration que dans ses acteurs. 

Le récit est situé en Virginie du Sud, pays minier, mais on y trouve les accents ouvriers des séries récentes situées non loin, en Pennsylvanie, comme Mare of Easttown et Rusted America dont il a été déjà question ici. 


Trois autres séries méritent une attention particulière.

- Smother, série irlandaise de deux saisons de 5 épisodes chacune, produite par la BBC et diffusée par la télévision irlandaise. Ce thriller familial est remarquable tant par la complexité des personnages que par la grande qualité des acteurs. Et nous sommes, totalement, dans la magnifique et sauvage campagne irlandaise.


- The Tourist, mini-série de 6 épisodes, notamment produite par l'Australie. Nous sommes toujours sur un thriller, mais il s'agit cette fois d'un road-trip au milieu des immensités d'Australie méridionale (South-Australia). On trouve aussi dans les producteurs de la série la BBC, HBO et la ZDF (la deuxième chaîne allemande, toujours exigeante). Aucune d'entre eux n'aurait mis de l'argent dans un navet : on peut faire confiance à ces trois parrains, surtout quand ils agissent ensemble.



- Enfin, Ridley Road,  mini-série de quatre épisodes produite par la première chaîne de la BBC, dont l'argument est saisissant. Il relate les activités du parti néo-nazi britannique dans les années 1960. On avait oublié à quel point le fascisme et le nazisme avaient suscité au Royaume Uni tant de mouvements politiques, souvent violents, et jusque maintenant. Petite piqure de rappel : Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde.

dimanche 6 juin 2021

Sur la Playlist de juin : Zipoli et Hanacpachap cussicuinin

Le blog a déjà fait état de la musique baroque des Andes, produite par les jésuites dans les colonies guaranis comme par un repli étonnant de l'espace et du temps.

C'est ainsi qu'on trouve des formations musicales baroques en Bolivie, au Paraguay et en Argentine, perpétuant cette histoire jusqu'à nos jours.

Et les musiques jésuites missionnaires ne finissent pas d'étonner par leurs couleurs, leurs sonorités, leur singularité : il se passe rarement une saison sans avoir écouté ou réécouté les productions existantes, et il reste encore beaucoup à explorer en la matière.

On peut se mettre dans l'oreille un extrait de la Messe San Ignacio de Domenico Zipoli avec la première vidéo. Ce jésuite toscan, né en 1688, est mort de tuberculose à 37 ans près de Cordoba, dans l'actuelle Argentine, par les hasards de sa mission.

Certains de ses manuscrits ont été retrouvés à Chiquitos en Bolivie actuelle en 1957. 

Il est assez stupéfiant que la musique de ce jeune homme ait pu être diffusée si largement au cœur de l'Amérique de sud, bien après sa disparition.

La deuxième vidéo live et brute perpétue le souvenir de la musique baroque du XVIII° siècle en Amérique du Sud, avec ce commentaire de l'éditeur de la vidéo :

L'Ensemble Moxos est issu de l'école de musique du village de San Ignacio de Moxos, une ancienne mission jésuite de l'Amazonie bolivienne qui a gardé jusqu'à aujourd'hui la tradition culturelle et religieuse léguée par les jésuites depuis sa fondation en 1689. Les flûtes de Pan géantes typiques de la région sont appelées bajones en espagnol.

Après leur expulsion en 1767, les jésuites sont revenus à San Ignacio de Moxos en 1984, l'ancienne église missionnaire a été restaurée et un Musée Archéologique et Religieux conservant plus de 5 000 partitions d'époque a été construit 

La grande fête annuelle du village, la Ichapekene Piesta, a été inscrite sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité en 2012.

L'Ensemble Moxos a été créé en 2005. 

Direction musicale: Raquel Maldonado Villafuerte

Concert donné à l'UNESCO Paris le 23 octobre 2013 et retransmis en direct sur Bolivia TV.

Enfin, la troisième video reprend le morceau Hanacpachap cussicuinin, issu du rituel catholique péruvien du XVII° siècle. Il constitue la première polyphonie publiée en langue quechua, date attestée de 1631... 

Quel mix musical, à peine sorti de la Renaissance européenne et mâtiné de musique andine !




vendredi 23 avril 2021

Sur la Playlist du printemps : Boccherini, dernier compositeur baroque

Luigi Boccherini est un géant de la musique de chambre - on compte environ 250 oeuvres dans son catalogue. Peut-être est-il le dernier des compositeurs baroques ? Mort au XIX° siècle, en 1805 exactement, son dernier mécène était quand même Lucien Bonaparte, Prince italien à l'époque à l'époque, deuxième frère brouillé de Napoléon.

Né dans une République disparue comme lui, en 1805 - la République de Lucques - Boccherini a beaucoup voyagé entre Italie, Autriche, Espagne, France, dans une Europe en total bouleversement, au diapason de la Révolution française, puis à celui des conquêtes napoléoniennes. Il n'était sans doute pas facile du tout de jouer de la musique dans un tel capharnaüm.

La musique de Boccherini est riche et haute en couleur - les tonalités espagnoles y étant particulièrement notables. Mais surtout, elle est singulière. Est-ce donc l'époque particulière qui la rend si reconnaissable ? Peut-être, car la musique de Boccherini tombe immédiatement dans l'oreille.

Cette musique est inséparable du film Master and Commander, un chef d'oeuvre dédié à la marine de guerre à la voile. Ironie du temps, ce sont les officiers anglais du bord, à la poursuite des Français, qui jouent la musique de Boccherini lors des longues soirées des traversées. On notera que l'action du film se tient en 1805 aussi, l'année de la mort de Boccherini, alors sa musique était déjà célèbre.

Enfin, pour l'anecdote, le corps de Boccherini fut étudié de manière approfondie par une équipe médicale à la fin du XX° siècle. On sait tout de ses petits et gros bobos, mais aussi de la malformation acquise de sa main gauche liée sa pratique intense de la viole de gambe. 

Après ces deux clips du film, on trouvera, de manière plus substantiellement, plus de trois heures de musique de Boccherini.





samedi 16 janvier 2021

Les séries de la fin d'année 2020 : The Crown, Hutafim, La Valla, Unbelievable


Si la série espagnole - la Valla (L'Autre Côté) - est une nouveauté, les trois autres séries de la fin d'année 2020 relèvent de la liste de course trainée de mois en mois, puis enfin mises sur l'agenda réel.

The Crown a occupé l'actualité récente pour la sortie de sa saison quatre, d'où il est question principalement des affaires de cœur de Charles. Evidemment, c'est la saison la moins intéressante, car les trois premières sont assez captivantes de manière surprenante.

On attendait une chronique de l'actualité heureuse ou malheureuse des têtes couronnées, à lâcher dès le premier épisode si l'on s'y occupait essentiellement de la vie sentimentale les membres de la famille royale britannique. 

Or, The Crown s'alimente en fait des grandes affaires historiques du Royaume-Uni : dislocation de l'Empire, abdication d'Edward VIII - autant pour cause de mauvais mariage que de sympathies nazies -, décrépitude de Churchill, situation particulière du Pays de Galles, crise de Suez, relations complexes avec les Kennedy, grandes grèves des mineurs des années 70, personnalité des Premiers Ministres successifs etc. On ajoutera la curiosité à regarder comment fonctionne le couple monarque/premier ministre aux yeux français et très républicains.

Ces éléments authentiques permettent de supporter assez bien l'autre versant de la série, c'est à dire les historiettes des membres de la famille royale. Malheureusement, cet équilibre est rompu pour la quatrième saison, complètement déstabilisée par l'arrivée de Diana. Ceci correspond peut-être à une partie de la réalité, mais elle est parfaitement anecdotique au regard de l'histoire récente du Royaume-Uni. Dommage, et on s'ennuie, forcément, car on sait comment cela se termine.

Par ailleurs, sur l'ensemble des épisodes, on trouve très peu d'éléments sur les relations avec l'Irlande (Sud et Nord) et aucun sur l'Ecosse en dehors des paysages entourant Balmoral. Etonnant, non ?

Le reste est parfait : les gros moyens disponibles permettent de reconstituer les différentes époques avec beaucoup de minutie, les acteurs sont formidables (nous sommes en Angleterre, la patrie du théâtre !)... 

En pleine conclusion du Brexit, la série devient une espère d'hommage à l'attention de la perfide Albion.

Hutafim nous renvoie en Israël, les autres séries israéliennes vues récemment - Fauda, When Heroes Fly et Our Boys - ayant attiré l'intérêt. Ce fut encore le cas cette fois, avec les mêmes ingrédients : exiguïté des territoires, proximité des conflits armés, société occidentale confrontée à la violence armée extrême.

Le ressort essentiel d'Hutafim ("les kidnappés") est simple : que se passe-t-il quand des soldats d'Israël sortent d'une détention de 17 ans en Syrie. Les deux saisons explorent de manière quasi-systématique les conséquences psychologiques, familiales, politiques du kidnapping et ses corollaires, notamment l'échange de prisonniers qui est à l'origine de l'intrigue, très contesté. 

Nous avons affaire à de passionnants tableaux psychologiques, très fouillés et servis par les meilleurs acteurs. Nous avons aussi affaire à une chronique très réaliste de la vie quotidienne en Israël, qui, par sa complexité géopolitique, suffit sans doute à nourrir bien d'autres séries de qualité à l'avenir.  

Une précision : ces évènements n'ont pas existé, mais des faits réels peuvent les rendre crédibles sans problème au regard du spectateur.


La Valla (L'Autre Côté), série espagnole, accumule d'énormes défauts : jeu d'acteurs approximatif, récit bancal, intrigue remplie d'invraisemblances, au point de gêner le spectateur de manière récurrente. Mais l'intérêt de la série est ailleurs. 

Nous nous trouvons dans une Espagne future et dystopique, gouvernée par une dictature impitoyable. Tout au long des treize épisodes d'une première saison, on ne peut pas ne pas penser à ce qui se passait dans le pays entre 1936 et 1975. A ce titre, on retiendra le souci oppressant et meurtrier du détail engendré par toute utopie, au final toujours despotique.

Pour finir, on note Unbelievable, une mini-série américaine de huit épisodes retraçant une enquête réelle de police contre un violeur en série : c'est le meilleur de la fiction télévisuelle US, servie par de formidables actrices. Ne pas manquer.

samedi 14 mars 2015

Images 2014 : bouclage de la sélection







Que de découvertes proches en 2014 : les magnifiques Cisterciennes de Longpont, de Royaumont et de Trois Fontaines, Hirson, au fin fond du monde mais méritant une visite rien que pour cela, le Musée du moyen-âge dans les antiques thermes romains du quartier latin, Ecouen et les formidables collections nationales de la Renaissance, la Malmaison, parfait écrin du style Premier Empire, Cirey sur Blaise, où Voltaire habita quinze années avec Mme de Chatelet, Cambrai et Le Quesnoy, doux exil de Fenelon, la célébrissime Auvers sur Oise. Que de patrimoine offert,, si proche, si bien valorisé, qui ne demande qu'à être apprécié...

Beaucoup de réconciliations ou reprises de contact réussies : Amsterdam, Innsbrück,  Epernay, Cologne, Colombey les deux Eglises... et même la Fête de l'Huma, redécouverte avec tant d'étonnement tant les années n'ont rien altéré de son grouillement de toutes les gauches.

Et puis les grandes et formidables découvertes plus lointaines, qui figuraient depuis si longtemps sur la liste de visite : Séville, Cracovie et Vienne.

Quelle année au final que 2014.





samedi 11 octobre 2014

Séville la magnifique



 


Séville est une grande ville : par sa taille, mais aussi par son patrimoine richissime et la diversité de sa population. C'est aussi une ville européenne moderne, facile à lire, à parcourir, à traverser. Facile à vivre et tellement agréable de surcroît : le climat aide évidemment, mais la quantité d'espaces verts, de fontaines, de lieux où se "poser" invite à apprécier cette ville, autant comme touriste que comme habitant, fut-il très temporaire.

Les images sont prises en centre ville, au musée des Beaux Arts, Plaza d'Espana, sur les berges du Quadalquivir, à l'Hopital de la Caridad, près des arènes et à la Plaza Santa Cruz.







mardi 7 octobre 2014

Ci-devant Mosquée : la Cathédrale de Séville





Pourquoi reconstruire un clocher quand les Maures ont construit un superbe minaret qui peut en tenir lieu ? Pourquoi abattre ce jardin des ablutions où foisonnent les agrumes alors qu'il peut être transformé en magnifique cloître ? Encore un mystère : comment se fait-il que les Rois très catholiques, qui se sont donné quand même la peine d'inventer la grande et sanglante Inquisition, ont jugé bon de garder tant de choses héritées des Mahométans ?

Mais n'importe, tant de siècles après, continuons d'en profiter. Cette cathédrale où le baroque s'est au final taillé la part du lion est un lieu à prier, certes, à visiter aussi, mais également un lieu à vivre, à contempler, à flâner, à s'installer pour un bon moment. Tout comme l'étaient les sanctuaires autrefois dans lesquels on passait beaucoup de temps pour y exercer une multitude d'occupations sociales, tant séculaires que religieuses.

Ah oui : c'est dans cette cathédrale qu'on trouve le tombeau de Christophe Colomb. Isabelle la Catholique lui devait bien ça.