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mardi 12 septembre 2023

Lieux singuliers (15) : Le Stade-Parc Roger Salengro et la Piscine Art déco de Bruay



Ce bel endroit, dédié à la population minière dans les années 1930, porte le nom de Roger Salengro, ministre de l'intérieur du Front populaire qui s'est suicidé après une campagne infâme et violente de l'extrême droite. Et les réseaux sociaux n'existent pas encore.

Roger Salengro était aussi Maire de Lille : la proximité de Bruay - ex-Bruay en Artois et maintenant Bruay La Buissière - explique sans aucune doute cette dénomination.

Nous sommes totalement dans l'Art déco, et jusque dans les plus détails : architecture, bancs, agencements intérieurs et extérieurs, clôtures, signalétique etc. Le site a été inauguré le 1er août 1936 et il a gardé les mêmes fonctions  depuis : parfaitement accessibles, les espaces sont publics et intégrés au tissu urbain alentours.

L'ensemble a été classé comme monument historique en 1997. Qui plus est, l'architecte, Paul Hanote, est originaire de la ville,  

Le Stade-Parc Roger Salengro et la Piscine de Bruay sont bien des lieux singuliers parce qu'uniques, produits d'une conjonction rare et quasi-magique entre architecture, politique, population et art de vie.

Les images sont ici



samedi 5 août 2023

Une visite du Musée de Picardie

Tout beau, tout rénové... Voici un beau musée de Picardie, qui valorise toutes ses collections, très diverses et qui soigne aussi ses visiteurs en lui dédiant un bel espace de repos, ce qui est exceptionnel.

Les collections ont été constituées pour l'essentiel au XIX° siècle à partir de dotation de l'Etat (notamment du Musée du Louvre)... Pas de pillage révolutionnaire donc, apparemment. 

La collection d'antiquités égyptiennes - qui vaut le coup d'œil - et les peintures nombreuses du XVIII° et XIX° siècle constituent l'armature du Musée. 

C'est à Amiens bien sûr.





dimanche 2 juillet 2023

Solide et baroque Saxe



A l'instar de nombreux territoires allemands, la Saxe a connu de plusieurs régimes, désignations et rattachements au fil de l'histoire. Pour autant, sa permanence au fil des siècles est malgré tout remarquable, depuis le moyen-âge jusqu'à notre époque.

Ainsi les Ducs sont-ils devenus Rois par la grâce de Napoléon Ier, dont ils étaient parmi les rares alliés du premier Empereur français en Europe. Signe déjà d'un tempérament solide et affermi de ses Ducs, et, partant, de sa population, alors que tout le monde haïssait le tyran français...

Et ces Ducs ont laissé pour la postérité des réalisations de première qualité en matière architecturale et culturelle, comme l'indique la physionomie des deux grandes villes quasi jumelles que sont Dresde et Leipzig.

Voici pourquoi il faut visiter la Saxe, et notamment pour ceux qui ont le goût baroque, comme on verra pourquoi.

Il faut visiter aussi la Saxe comme partie de la défunte "RDA"... Les guillemets permettent de ne pas trop offusquer les amis allemands, qui ne voulaient pas que l'on parle de "DDR", dénomination qui pointait immédiatement la spoliation communiste de la "Zone" - sous entendre "la Zone occupée par l'URSS"... Mais c'est une autre époque.

Comme souvent à l'Est de l'Europe, le communisme soviétique a au moins épargné les centres villes anciens tels quels, notamment non défigurés par les hideux immeubles acier-verre des années 70 qu'on trouve partout dans les villes de l'Ouest. Hélas.



Ville martyr après les lourds bombardement de la fin de la deuxième guerre mondiale, le centre ville de Dresde a été reconstruit à l'identique, y compris la Frauenkirche - Eglise Notre Dame, de culte luthérien - réinaugurée le 30 octobre 2005. Symbole de la réunification pour beaucoup, il fallait attendre le fin du régime communiste pour la reconstruire. On le voit, la Frauenkirche est très loin de l'austérité des lieux habituels du culte protestant. En Saxe, même le protestantisme est baroque !

La Frauenkirche est au final la dernière pièce d'un des plus beaux paysages urbains d'Europe, vu de l'Elbe, façonné pour l'essentiel au cours du XVIII°.

Quant à Leipzig, nous sommes dans la ville où a exercé de Jean-Sébastien Bach pendant 23 ans, comme Cantor de l'église Saint Thomas. A cette période de début juin se tiennent les Journées Bach : raison de plus d'y passer un peu de temps.

La visite de Leipzig nous immerge partout dans la musique entre Eglises, Gewandhaus et Opéra. Mention particulière pour le Gewandhaus, dont le chef permanent de l'orchestre s'appelait notamment Félix Mendelssohn, puis Wilhelm Furtwängler, Bruno Walter, Kurt Masur... Et c'est là où l'on a créé des œuvres de Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms et Bruckner. Quand même.

Un tour au Musée des Beaux Arts de la ville nous replonge aussi dans les années du régime soviétique : les collections contemporaines en sont directement marquées, comme les images permettront de s'en rendre compte. 

Très intrigants, très intéressants que ces tableaux qui peignent ce grand ciel bleu, vu par tous, partagé avec le monde entier mais inaccessible à la population de l'époque.

Pour finir, un tableau de Canaletto - qui a été invité ici par les Ducs, quelle bonne idée, non ?  - a donné envie d'aller voir le centre ville de Pirna de nos jours. On s'y retrouve. Comme on s'y est retrouvé à Dresde, quand il s'est agi de reconstruire la ville : les tableaux de Canaletto ont été si précieux, deux siècles après... L'art plus fort que la guerre, en somme.

Mais en plus du Pirna du XVIII° siècle, on y croise facilement les traces de l'ancienne Allemagne de l'Est.

Toutes les images sont ici

dimanche 7 mai 2023

Lieux singuliers (14) : les Eglises fortifiées de Thiérache



 A quoi sert une église ? 

En Thiérache, l'église sert à se protéger. C'est d'ailleurs pour cela qu'on les a fortifiées pendant les périodes agitées.

Entre 1530 et 1700 environ, la Thiérache est traversée par les conflits incessants de trois puissances ennemies européennes : le Royaume de France au sud, le Saint Empire romain germanique des Habsbourg et l'Espagne, qui occupe tout le sud des Pays-Bas. Et la Belgique comme Etat tampon n'a été créée à cette fin qu'en 1830. 

Toutes ces armées, piétinant le pays dans tous les sens, vivaient bien sûr sur la population en pillant allégrement tout ce qu'ils pouvaient trouver. Autant dire que la population n'était pas en sécurité.

Partout ailleurs dans les autres provinces, on se réfugiait au château. C'était quand même le devoir de la noblesse, de protéger la population. Ne pas payer d'impôts n'avait pas que des avantages.

Mais la Thiérache est très éloignée des centres de pouvoir de l'époque : la petite noblesse du pays a fui ou ne peut pas faire face. 

Alors la population et son clergé rajoutent des fortifications à leur églises paroissiales, qui existent depuis le moyen-âge : tourelles, portails, échauguettes, escaliers étroits et dérobés, salles de refuge en hauteur dans les clochers... 

Ces éléments ajoutés sont en brique et en bois, car il fallait faire vite et pas cher. Impossible donc d'aller chercher des vraies pierres onéreuses loin de là : la Thiérache est un pays d'argile donc humide et sylvestre, pas un pays de carrières.

Entre Aisne, Ardennes et Belgique actuelle, une soixante d'édifices répondent à ces nouvelles fonctions. Ils sont très différents l'un de l'autre, mais ils répondent tous à ce besoin séculaire et essentiel des populations : la sécurité.

Les églises représentées dans l'album sont celles d'Autreppes, Burelles, Chaourse, Englancourt, Gronard, Lerzy, Marly Gomont, Montcornet, Noircourt, Parfondeval, Plomion et Saint Algis, toutes situées dans le département de l'Aisne.

Voir les images

dimanche 19 mars 2023

lundi 21 novembre 2022

Lyon, l'autre capitale


Bourgeoise, guindée, bien pensante : on l'imagine ainsi, cette seconde capitale, loin des frasques de Paris. Et pourtant, il faut y regarder de plus près, de bien plus près...

D'abord, en face de la colline consacrée - Fourvière et sa basilique - s'est plantée la colline qui travaille, la Croix Rousse, où la première élite ouvrière et remuante a pris ses quartiers.

Ensuite, des quartiers entiers, comme la Guillotière ou Vaise, rappellent le cosmopolitisme quasi-inaperçu de la ville par les visiteurs de passage s'ils ne traînent pas là. Ce qui est souvent le cas.

Enfin, des efforts très visibles préparent l'avenir de la ville en matière d'espaces urbain. On notera le quartier de la Confluence et les aménagements réussis des bords du Rhône et de la Saône, qui manquent tant à Paris.

Et la ville s'est dotée d'un Maire écologiste. Or, la figure du Maire à Lyon est essentielle : impossible de ne pas évoquer le personnage d'Herriot, qui a présidé aux destinées de cette ville de 1905 jusqu'en 1957. Un record, même en enlevant la période sombre 1940-1945 où il a été destitué, à son grand honneur.

Il faudra revenir, encore et encore à Lyon, qui a tant à offrir.

Les images sont ici



mercredi 26 octobre 2022

Lieux singuliers (12) : l'Eglise du Bon Pasteur à Lyon


L'Eglise du Bon Pasteur à Lyon, rue Neyret, est un hyper-concentré de l'histoire de la ville et du pays. Désaffectée, elle présente piètre figure. 

N'est-ce comme cela qu'avance le cours du temps, dont elle en est un produit singulier : désordonné, chaotique, et quelquefois absurde.

L'édifice fut construit sur les flancs pentus de la Croix Rousse à une époque - la fin du troisième Empire - où le catholicisme devait reconquérir la population ouvrière, si tumultueuse sur la colline qui travaille, toisée, en face, par Fourvière, la colline des bien-pensants.

Sa première pierre a été posée le 25 août 1869 par l´impératrice et le prince impérial en personne : c'est dire l'importance de cette croisade lyonnaise.

Et puis, rien ne s'est passé comme prévu, étonnant, non ?

La guerre de 1870 fait sombrer l'Empire et la nouvelle République a bien d'autres soucis, même si la bonne ville de Lyon a payé une grande partie de la construction : l'Eglise et l'Etat ne sont pas encore séparés.

L'Eglise est finalement construite entre 1875 et 1883... Mais sans parvis : la parcelle d'emprise - en forte déclivité et exigüe - ne le permettait pas. Pour autant, la Ville avait promis de dégager le devant de l'édifice pour ajouter un escalier monumental... promesse laissée sans lendemain : l'escalier et le parvis ne sont jamais réalisés, l'espace concerné ayant été utilisé pour créer une nouvelle voie, la rue Neyret.

Au final, le porche de l'Eglise se retrouve perché à 3 mètres au dessus du niveau de la rue, et l'édifice est accessible uniquement par de petites portes sur le côté. 

L'incongruïté est comme un monumental clin d'œil architectural à l'histoire de la fin du XIX° siècle. Et c'est toujours le cas, comme les images le montrent. 

Les amateurs des sinuosités historiques pourront trouver tous les détails sur cette page très officielle de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

L'Eglise du Bon Pasteur n'est pas classée Monument Historique. On se demande bien pourquoi.

Les images se trouvent sur cette page

lundi 19 septembre 2022

Les séries de la fin de l'été : Indian Summers, Mozart in the Jungle, Irma Vep, Upload, Les Mystères de Prague

C'est du lourd pour cette sélection de la fin de l'été... Le creux de l'été a permis enfin de se plonger dans deux grandes séries laissées de côté pendant un temps : Indian Summers et Mozart in the Jungle. 

Et on a ajouté deux séries notables toutes récentes dont l'avenir n'est pas encore fixé : Irma Vep et Upload.

Ce n'est pas toujours le cas, mais cette fois, les quatre séries sont anglophones : trois d'entre elles sont américaines, Indian Summers étant anglaise.

Et comme joker, comme pour se décentrer, on parlera aussi parler de la série tchèque Les Mystères de Prague, Cela aurait été dommage.

Mozart in the Jungle n'était pas oubliée : les mélomanes ne pouvaient pas l'ignorer. D'autant qu'il existe très peu de séries qui traitent de la musique classique.

On n'a pas été déçu, au contraire : cette série est une formidable leçon de pédagogie sur le statut de musicien professionnel classique, le fonctionnement d'un grand orchestre et sur les enjeux liés à la production et la diffusion de la musique - à l'exception toutefois des enregistrements des disques, qui sont ignorés par la série, mais sans dommage car elle est déjà suffisamment dense comme cela !

Dans ce tel contexte, on peut pardonner quelques facilités dans les intrigues, des digressions un peu longues et quelques invraisemblances.

La série permet de passer en revue l'ensemble des instrumentistes, à l'exception toutefois des cuivres, qui sont tout à fait inconnus. Dommage. 

L'idée de confier le personnage principal féminin à une jeune hautboïste est une excellente idée, car l'instrument, essentiel, est pourtant souvent inconnu du grand public, et il nous permet tout de suite d'être au cœur de l'orchestre.

Les principaux acteurs sont bien choisis et excellents. On apprécie aussi beaucoup les gros moyens octroyés par Amazon, qui arrêtera pourtant la série après la 4° saison, chacune de 10 épisodes d'une demi-heure - format souvent utilisé pour une comédie. Audience trop faible oblige.

Manifestement, la série aurait sans doute pu être devenue un grand classique des séries, ce qui explique aussi qu'elle a été confiée à de grands noms de la réalisation américaine, en tête Roman Coppola, le fils de son père, et Jason Schwartzman, un autre membre de la famille Coppola.

Enfin, on profite aussi beaucoup de la bande originale : c'est une une belle anthologie de la musique classique, surtout lyrique et symphonique.

Et sur le marché, on trouve dans certains épisodes des musiciens ou compositeurs réellement existants, jouant leur propre rôle, ce qui est assez amusant.

Mozart in the Jungle reste une série assez singulière dans son genre. En effet, si on trouve pas mal de séries sur le monde de la danse, la musique classique semble encore assez éloignée des fictions télévisuelles. Dommage.

Plusieurs fois diffusée sur Arte, et cette fois à l'occasion du 75° anniversaire de l'indépendance de l'Inde, Indian Summers, qui traite de la montée vers la partition et l'indépendance des Indesdevait sans doute empiler les saisons, puisque le récit de la première saison se situe en 1932, le terme des événements étant bien sûr fixé à 1947.

Magnifiquement et somptueusement mise en scène, la série s'est arrêtée dès la deuxième saison, faute d'audiences suffisantes : elle est produite par Channel 4, dont 91% de son budget vient de la publicité. CQFD.

Evidemment, on ne boude pas son plaisir et on regarde jusqu'au bout. Mais on reste sur sa faim.

Les événements de cette histoire sont innombrables et souvent tragiques, qui ont mené à l'indépendance de l'Inde et du Pakistan et concerné plusieurs centaines de millions d'êtres humains à l'échelle d'un sous-continent immense..

Difficile de tenir cette histoire dans un mouchoir de poche. 

La série essaie : le cadre est censé se situer sur les contreforts de l'Himalaya, pour que les Européens anglais puissent ne pas trop souffrir des étés indiens, chauds et humides de la plaine. Dans les faits, la série a été tournée en Malaisie, d'où on aperçoit pas du tout le toit du monde.

De même, impossible de reconstituer la réalité de l'Inde dans les années 1930. Bref, les décors semblent un peu étriqués et répétitifs.

De surcroît, c'est une petite société qu'on nous dépeint, sans doute très éloignée des armées de fonctionnaires que sa Majesté envoyait sur place pour administrer ces territoires énormes.

La série tente aussi de donner une idée de la société indienne de l'époque, gérée par les castes, déchirée entre musulmans et hindous et agitée par les différents mouvements politiques qui la traversent : révolutionnaires ou réformistes, violents ou non-violents... Mais elle ne peut évidemment pas étreindre cette diversité et cette complexité.

Du coup, les intrigues paraissent bien futiles et les personnages falots, comme flottant dans des habits trop larges. 

Sauf peut-être les personnages indiens, qui évoluent dans des extérieurs plus larges que quelques maisons coloniales.

Dommage pour l'ensemble. Mais on comprend aussi pourquoi il n'y a jamais eu de troisième saison.

Avec Irma Vep, nous sommes dans la meilleure qualité siglée HBO, et co-produite par des moyens français (OCS - Orange Cinéma Séries). De même, l'histoire des Vampires (anagramme d'Irma Vep), film muet bien français de 1915, sert de trame pour cette mini-série de 8 épisodes de 56 mn chacun.

Si Mozart in the Jungle donnait une leçon de musique classique, Irma Vep nous donne à regarder la fabrication d'un film avec ses coulisses, ses déboires et ses petites et grandes histoires - pétage de plomb du réalisateur inclus.

On aime ce cinéma dans le cinéma et ce méli-mélo international, langues et acteurs compris. 

Le nom d'Alicia Vikander doit être mémorisé. C'est celui de la jeune actrice suédoise qui joue le rôle de Musidora

Elle a déjà une énorme filmographie, et sans aucun doute, elle sera un jour bien mieux connue en France, car sa présence et son jeu sont remarquables.


La vie numérique prolongeant la vraie vie est devenu un thème récurrent dans nombre d'oeuvres de science-fiction. 

Upload en fait partie, mais sur le mode de la comédie. On compte deux saisons, et Amazon, qui produit la série, a commandé une troisième. Tant mieux.

Si le thème commence à être connu, son traitement par la série est très intéressant : l'environnement numérique à venir (supposé de 2033 dans la série) est parfaitement crédible : smartphones dématérialisés, automobiles autonomes, trains hyper-loop, imprimantes 3D pour la nourriture, et même pour son café... Les amateurs aimeront !

Il faut y jeter un coup d'œil., ne serait-ce que pour savoir ce qui nous attend bientôt en matière de vie quotidienne.

Pour le reste, les acteurs sont plutôt bons et les rebondissements sont bien tournés. On attendra la troisième saison.


La première chaîne tchèque a fait fort avec Les Mystères de Prague, qui reconstitue dans les moindres détails le Prague des années 1920. Elle ne lésine pas sur les décors : automobiles d'époque, scènes extérieures très nombreuses, reconstituant des quartiers ou des coins de campagne complets,  intérieurs et costumes des années folles assortis... On est comblé !

Mais la série a aussi d'autres intérêts. 

Historiquement, cette période de la Tchécoslovaquie fut singulière, coincée entre trois Empires. D'abord, l'Empire Austro-Hongrois jusqu'au 1918 dont elle faisait partie, puis le sinistre Troisième Reich, qui a annexé une partie du pays en 1938, avant d'être intégrée dans l'Empire soviétique.

La série se passe pendant ces vingt années prospères de la République. Ce n'est pas par hasard. Et les premiers épisodes font écho à la situation politique du pays, divisé entre républicains et nostalgie de l'Empire d'Autriche-Hongrie.

Ensuite, on regarde les personnages principaux vivre de manière intéressante, chacun dans son monde, chacun pourtant ne s'empêchant pas de faire des incursions dans le monde de l'autre.

Mais attention, les afficionados de fictions policières seront déçus car les intrigues sont un peu redondantes et téléphonées. Mais cela n'empêche pas d'apprécier la belle époque à Prague... et de sa banlieue. 

mardi 23 août 2022

Lieux singuliers (11) : Le Cimetière protestant de Nîmes


Lieu singulier à plusieurs titres que le cimetière protestant de Nîmes, qui connut sa première inhumation le 22 juillet 1782.

Si les morts sont aussi encombrants que les vivants, s'agissant notamment des sépultures et de leur entretien, les morts protestants le furent encore plus dans le Royaume très catholique depuis 1685, année de la révocation de l'Edit de Nantes. 

Que faire des défunts de confession protestante ? C'était particulièrement d'actualité à Nîmes, compte tenu de la longue histoire qui unit le protestantisme et sa contrée, si proche des Cévennes.

Alors on les enterrait à l'aube ou à la tombée de la nuit, comme en catimini, dans les cimetières existants. 

Jusqu'à ce que l'on interdise les inhumations dans les villes en 1776, et pour tout le monde. 

C'est que les cimetières "urbains" étaient une vraie horreur : on y empilait les corps dans des espaces exigus depuis le moyen âge, et qui finissaient s'écrouler, endommageant les maisons des vivants riverains ou, pire, dans leurs caves, provoquant des effondrements pestilentiels.

Les autorités protestantes du lieu ont alors profité de l'occasion pour donner à Nîmes un vrai lieu de repos des âmes de leur ressort.

Quelques autres cimetières protestants sont arrivés par la suite ailleurs au début du XIX° siècle, mais celui de Nîmes reste le plus important, comptant environ 6 000 sépultures, dont environ un tiers reste actif, car il est encore en activité.

A la grande différence des cimetières usuels, ce cimetière est resté privé, caché dans les méandres de l'histoire des relations Etat-Eglise. Il a été classé Monument historique en 2001.

Il reste un lieu foisonnant de végétation, comme indomptée, où tant de familles ont pu trouver un dernier refuge enfin paisible. 

Pour autant, le cimetière est traversé à son milieu par un cadereau qui a charrié tant d'eau le 3 octobre 1988, comme tous les autres les cours d'eau déboulant dans la ville, qu'elle en fut noyée.

Ce dernier 23 aout 2022, on avait en mémoire le 450° anniversaire de la Saint Barthelemy. Dix ans plus tôt en Champagne, on avait déjà massacré des familles protestantes en masse à Wassy.

Les images sont ici



vendredi 24 juin 2022

Lieux singuliers (10) : les unités d'habitation du Corbusier

Briey

Marseille

Rezé

Les unités d'habitation de Le Corbusier matérialisent une idée globale du vivre ensemble. C'est un des rares cas où une vision d'ensemble résiste au temps, où l'utopie s'approche de la réalité sans devenir un enfer.

Il fallait donc visiter les cinq unités d'habitation existantes, comme un hommage à cet esprit plein d'intelligence, de pertinence et d'humanité.

On trouve dans les cinq réalisations la même ambiance : une  tentative presque réussie de faire vivre les êtres humains pacifiquement. Et comme le diable est dans les détails, tout a été  pesé et soupesé. Les unités d'habitation fourmillent d'astuces pratiques, chacune rendant la vie quotidienne de tous un peu plus légère.

Plus de détails sur ces pages

Berlin

Briey

Firminy

Marseille

Rezé

Rezé

samedi 2 avril 2022

Lieux singuliers (9) : le Palais de la Porte Dorée



 Le Palais de la Porte Dorée - c'est son nom officiel - est à la marge : marge de Paris, au bord du Bois de Vincennes et comme en marge de la République, comme on le verra. Comme s'il n'était pas si facile d'assumer sa construction et, ensuite, sa non-démolition.

Il a été construit entre 1928 et 1931 à l'occasion de l'exposition coloniale internationale qui s'est tenue du  6 mai au 15 novembre 1931. C'est tout ce qui reste d'ailleurs de cette exposition, qui fut la dernière du genre. Les premières en France s'étaient tenues à Lyon et à Rouen en 1894 et 1896 respectivement, soit presque 40 ans plus tôt. 

Le Palais de la Porte Dorée ouvrait l'exposition coloniale qui occupait une partie du bois de Vincennes avec de multiples "pavillons" mettant en valeur l'héritage colonial et le folklore des "colonies". On sait ce qu'il en fut  quelques décennies après.

L'exposition fut un grand succès populaire : 8 millions de visiteurs. Mais on mentionnera les quelques opposants courageux : le parti communiste d'abord - qui ne s'est pas trompé sur tout historiquement - et les surréalistes, Breton en tête. On ajoutera Eluard, Char et Léon Blum, alors que son parti y était favorable.

Et dans la même période, de l'autre côté de Paris, au jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne, on organisait le dernier zoo humain - pardon, le "jardin ethnologique" - juste à côté du jardin zoologique. On n'a pas osé continuer plus longtemps cette ignominie - au moins en France.

Manifestement, en 1931, on était au début de la fin du bon temps des colonies.

Ironie du sort, parmi les grands sponsors de l'exposition coloniale, on trouve la Brasserie alsacienne Chez Jenny, qui fut une des cantines du Front National. Chez Jenny a disparu en 2020. Sic transit.

Quant au Palais de la Porte Dorée, la République a eu du mal à lui assigner une dénomination claire et fixe : il fut «musée des Colonies», puis «musée des colonies et de la France extérieure», puis «musée de la France d’outre-mer», puis «musée des Arts africains et océaniens», et enfin «musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie » avant de déménager ses collections au Musée du quai Branly en 2003.

Enfin, en 2007, il est devenu Musée de l'Histoire de l'immigration. On peut comprendre pourquoi. Mais ses collections ne seront visibles à nouveau en 2023 après une nouvelle organisation. Entre temps, le musée propose des expositions de grande qualité, dont la dernière porte sur Picasso, mais comme étranger. Beau travail. 

L'aquarium tropical du sous-sol, qui vaut une visite, existe depuis le début.

Il reste ce bijou architectural de l'Art déco qu'est le Palais de la Porte Dorée.

Juste en face, on trouve le Monument à la Mission Marchand, érigé quelques années après, dans le même style. Expédition avortée en 1898, elle cherchait les sources du Nil.

Vers les images

mercredi 9 février 2022

Lieux singuliers (8) : Les Jardins de la Fontaine


Il fallait consacrer une publication à cet endroit exceptionnel et quasi-archétypal : les Jardins de la Fontaine à Nîmes.

Venu du fin fond de l'histoire, les Romains avaient déjà bien repéré l'endroit, en y implantant un grand Temple à Diane, dont une grande partie est restée debout. De même, et de la même époque, la Tour Magne surplombe l'ensemble, vestige de l'enceinte qui protégeait Nemausus et ses 20 000 habitants, faisant d'elle une des plus grandes villes de la Gaule narbonnaise.

Mais le superbe habillement des eaux est dû aux ingénieurs de Louis XV. Ce XVIII° siècle était capable de prouesses autant esthétiques que pratiques : il s'agissait d'abord de réguler la source. Ce fut cet enchantement de solide et de liquide, de facture très classique, auprès duquel il fait encore bon de se promener en captant l'humidité au passage, surtout en pleine chaleur du sud.

Au fil du temps, on s'arrêtera le 3 octobre 1988, quand les eaux de partout dévalèrent de partout, noyant la ville sur des trombes d'eau. L'enchantement était devenu furie.

Mais on y retournera, dans les Jardins de la Fontaine, comme beaucoup d'autres et encore pour de nombreux siècles.

L'album est ici