Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


Affichage des articles dont le libellé est réalisme magique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est réalisme magique. Afficher tous les articles

lundi 22 mars 2021

Les séries du début de l'année : The Wire, Normal people, Servant

Attention, les séries vues au début de l'année sont saisissantes : un grand classique (The Wire) et deux séries plus récentes (Normal People et Servant). L'ensemble est anglophone, mais de plusieurs racines différentes : Etats Unis, Angleterre, Irlande.

Il ne faut pas se tromper, sous ses aspects de série policière typique, The Wire est une série univers - déjà considérée comme un grand classique des séries - même si son action se passe exclusivement à Baltimore, la grand port mal fréquenté de la côte est des Etats Unis : la grande et la petite délinquance y portent les statistiques fédérales très haut dans la vraie réalité.

Baltimore est comme un microcosme, réceptacle de la misère du Monde : drogue, argent, corruption, trafic des êtres humains, inégalités immenses, manque d'éducation, cupidité et tutti quanti

Alors, quel intérêt, alors qu'on a déjà vu mille séries US basées sur le sempiternel jeu des gendarmes et voleurs ? 

The Wire tient son formidable architecture du caractère de ses très nombreux personnages, blancs, latinos, blacks... Immédiatement reconnaissables, très vite définis par l'intrigue, on s'y attache vite, de quelque côté ils se trouvent. 

Sans doute parce que les scénaristes ont bien travaillé : en quasi totalité, ce sont des héros tragiques. Leur condition, leur histoire, leur place dans le microcosme les prédestinent à leur rôle mais de manière lucide, comme ironiques devant l'indigente poignée de cartes que le sort leur a jetée.

Au passage, The Wire est aussi une réflexion expresse, vivante et concrète sur les différentes théories de la lutte contre la délinquance mises à l'oeuvre dans les sociétés modernes.

Le titre français est bien traduit : Sur écoute, mais les techniques d'enquête mises en scène sont bien moins cruciales que le jeu du facteur humain.

Pour le reste, les intrigues sont fouillées et intéressantes tout au long des cinq saisons, qui compte 60 épisodes d'une heure. On en redemanderait.

Attention, nous sommes au sommet du genre avec Normal People. Peut-être avons-nous affaire à une des meilleures séries jamais tournée sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte de ces dernières années ?

Produite par la BBC 3, tournée en Irlande, la série est magnifiquement mise en scène, mise en photo et jouée avec une immense sensibilité, pleine de nuances et d'expressivité retenue.

Cette qualité - souvent constatée dans les séries britanniques - est quasi-bluffante, mise au service d'un récit clair, parfaitement maîtrisé, emportant le spectateur sur 12 épisodes d'environ 30 mn, aucune autre saison n'étant attendue.

On n'a pas envie de paraphraser médiocrement le propos de cette équipe hors pair. On peut donc voir ce travail sans perdre pas son temps - l'accent irlandais en plus.

Servant est une authentique série fantastique, au sens technique : en permanence ballotés entre les explications rationnelles et le recours à l'irrationnel, les personnages tentent de comprendre la disparition du bébé de la maison, et d'agir en conséquence. Et le spectateur suit.

Nous sommes dans un beau quartier de Philadelphie, mais on ne sort pas de la belle maison du beau couple concerné, le reste du monde n'étant aperçu par le téléviseur. 

Curieusement, les deux acteurs masculins principaux sont anglais - de même que le créateur de la série : sur ce plan là aussi, nous sommes encore dans l'indétermination, car la série est quand même américaine.

Deux saisons, comportant au total 20 épisodes courts (30 mn environ), créent une ambiance captivante, dans une relative sobriété de moyens.

Les sériephiles seront contents de retrouver l'actrice jouant les personnage de Claire - la plus jeune de la famille Fisher- dans Six Foot Under... vingt ans après (Lauren Ambrose) . Et les vieux fans d'Harry Potter retrouveront de leur côté Rupert Grint, qui jouait Ron Weasley - le petit roux - dans tous les films d'Harry Potter.

dimanche 27 avril 2014

Natures pas si mortes




 


On en sait peu sur la photographe russe Marina Filatova, mais ses natures mortes valent un coup d’œil. Il s'agit bien de photographies, même si les frontières des genres sont brouillées, car on aurait pu les donner pour des toiles hyperréalistes. Rien de bouleversant au regard de l'histoire de l'art, certes, mais un beau travail de composition et de technique photographique.







dimanche 11 août 2013

Kal Gajoum ou le reflet synthétique







Kal Gajoum est libanais. Il date sa première exposition de 1983, même s'il n'était pas bien vieux à l'époque : 15 ans.

Son parcours international commence une dizaine d'années plus tard, au Canada, à Hawaï, à Malte. Il y a sans doute des raisons ou des rencontres qui expliquent ces lieux. Mais rien en France, jamais, alors qu'il a fait une partie de sa formation à Paris semble-t-il, et qu'il a fait de l'espace parisien un sujet de prédilection. Comprenne qui pourra. 

Il faudra donc surveiller le beau jour où la France saura l'accueillir.

Evidemment, sa peinture n'est pas du gout des galeristes ou de l'Establishement de l'art moderne français, pétri de snobisme, qui doit trouver sa peinture trop "décorative", trop "facile" et pas assez provoquante, un peu à l'image de ce que l'on avait suggéré un jour pour Vettriano.

N'importe, on aime ce travail au couteau dans l'épaisseur, les perspectives habillées de couleurs collées ensemble, les cieux habitées et ces reflets synthétiques improbables qui fondent à eux seuls chacune des toiles. 

Kal Gajoum : à surveiller. Ne pas manquer son site internet très complet.









samedi 9 avril 2011

Landart

Patrick Dougherty, artiste américain qui doit assez bien vivre, compte tenu des nombreuses installations portées à son crédit ces dernières années, se rattache à l'évidence au Landart. J'adore ce type de performance, qui marie deux contraires : d'une part le caractère brut des matériaux et de l'environnement de l'oeuvre, d'autre part la performance esthétique, souvent sophistiquée, qui donne corps à la réalisation, souvent ephémère.

Autre caractère du Landart : il s'offre à tous, de manière inattendue. En cela, le Landart est un art démocratique, accessible, communicable au plus grand nombre.

Les installations de Patrick Dougherty sont inspirées de son environnement agricole natal, en Caroline du Nord. J'aime particulièrement quand les éléments naturels prennent d'assaut les bâtiments, comme pour rappeler que la nature reprendra toujours, un jour, ses droits. Et également quand les vagues et rouleaux de jonc, dans la dernière image, s'appuient sur la haie de peuplier pour renvoyer au spectateur cette question essentielle : nature ou... culture ?












samedi 23 octobre 2010

Dentelle de tôle



Le travail de Cal Lane vaut le coup d'oeil : un raccourci saisissant entre esthétique et objet brut, collision d'un ready made très ouvragé, et au fer à souder et du surréalisme. Art paradoxal qui confine au réalisme magique, mais dans la vraie vie... Fertiles paradoxes esthétiques qui nous vont bien. Cal Lane est canadienne, ce n'est sans doute pas indifférent, que le pays de l'extrême nature et de l'extrême civilisation tout à la fois ait produit cet étrange alliage.






lundi 16 août 2010

Troublante hyperréalité



Belle et étrange surprise que cette visite hier, totalement inattendue, de l'exposition de l'artiste américain Duane Hanson dans le parc de la Villette, dont c'était le dernier jour.

Hanson pousse l'hyperréalisme jusqu'au bout : ses statues grandeur nature sont aussi vraies que nature. Elles présentent tous les spécimens d'un rêve américain évanescent : femme de ménage, jeune surfeur, touristes fatigués, hommes et femmes de tous les jours, sans apprêt. Leur point commun : un regard et une attitude traduisant l'épuisement, le désenchantement, la déconvenue... 

Le visiteur est vite troublé par cette empathie que lui arrachent ces mannequins de résine et de fibre de verre. Tragique revanche pour eux : ils ont fini par tuer leur créateur. Duane Hanson est mort en 1996 d'un cancer provoqué par les produits qu'il manipulait pour les créer.



Le sujet que je préfère, ce sont les personnes ordinaires des classes populaires et moyenne de l'Amérique aujourd'hui. Pour moi, la résignation, le vide et la solitude de leur existence captent la véritable réalité de la vie de ces gens : voici résumé le parti-pris de l'artiste par lui-même, en 1977. Troublante hyperréalité.