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dimanche 19 novembre 2023

Normandie 2023 : des Abbayes... et un Château



 La Normandie est terre d'Abbayes. Il fallait prendre le temps d'en visiter quelques unes... Qu'elles étaient puissantes, du temps ou la Normandie était partie de l'Angleterre : centres diplomatiques, universitaires, politiques, économiques, scientifiques, agraires en plus d'être religieux, bien sûr, ces grands établissements ont structuré profondément tout le moyen âge. Et certaines sont encore en fonction depuis plus de dix siècles : de quoi donner le tournis.

L'intrus de la série est le Château du Champ de Bataille, qui, lui, n'a que 350 ans d'âge. Mais le lieu rendait sa visite quasi-obligatoire, même un jour particulièrement pluvieux. Nous y sommes dans l'excellence à tous les points. On y retournera, par exemple un jour de beau temps...

Les images sont ici


lundi 19 septembre 2022

Les séries de la fin de l'été : Indian Summers, Mozart in the Jungle, Irma Vep, Upload, Les Mystères de Prague

C'est du lourd pour cette sélection de la fin de l'été... Le creux de l'été a permis enfin de se plonger dans deux grandes séries laissées de côté pendant un temps : Indian Summers et Mozart in the Jungle. 

Et on a ajouté deux séries notables toutes récentes dont l'avenir n'est pas encore fixé : Irma Vep et Upload.

Ce n'est pas toujours le cas, mais cette fois, les quatre séries sont anglophones : trois d'entre elles sont américaines, Indian Summers étant anglaise.

Et comme joker, comme pour se décentrer, on parlera aussi parler de la série tchèque Les Mystères de Prague, Cela aurait été dommage.

Mozart in the Jungle n'était pas oubliée : les mélomanes ne pouvaient pas l'ignorer. D'autant qu'il existe très peu de séries qui traitent de la musique classique.

On n'a pas été déçu, au contraire : cette série est une formidable leçon de pédagogie sur le statut de musicien professionnel classique, le fonctionnement d'un grand orchestre et sur les enjeux liés à la production et la diffusion de la musique - à l'exception toutefois des enregistrements des disques, qui sont ignorés par la série, mais sans dommage car elle est déjà suffisamment dense comme cela !

Dans ce tel contexte, on peut pardonner quelques facilités dans les intrigues, des digressions un peu longues et quelques invraisemblances.

La série permet de passer en revue l'ensemble des instrumentistes, à l'exception toutefois des cuivres, qui sont tout à fait inconnus. Dommage. 

L'idée de confier le personnage principal féminin à une jeune hautboïste est une excellente idée, car l'instrument, essentiel, est pourtant souvent inconnu du grand public, et il nous permet tout de suite d'être au cœur de l'orchestre.

Les principaux acteurs sont bien choisis et excellents. On apprécie aussi beaucoup les gros moyens octroyés par Amazon, qui arrêtera pourtant la série après la 4° saison, chacune de 10 épisodes d'une demi-heure - format souvent utilisé pour une comédie. Audience trop faible oblige.

Manifestement, la série aurait sans doute pu être devenue un grand classique des séries, ce qui explique aussi qu'elle a été confiée à de grands noms de la réalisation américaine, en tête Roman Coppola, le fils de son père, et Jason Schwartzman, un autre membre de la famille Coppola.

Enfin, on profite aussi beaucoup de la bande originale : c'est une une belle anthologie de la musique classique, surtout lyrique et symphonique.

Et sur le marché, on trouve dans certains épisodes des musiciens ou compositeurs réellement existants, jouant leur propre rôle, ce qui est assez amusant.

Mozart in the Jungle reste une série assez singulière dans son genre. En effet, si on trouve pas mal de séries sur le monde de la danse, la musique classique semble encore assez éloignée des fictions télévisuelles. Dommage.

Plusieurs fois diffusée sur Arte, et cette fois à l'occasion du 75° anniversaire de l'indépendance de l'Inde, Indian Summers, qui traite de la montée vers la partition et l'indépendance des Indesdevait sans doute empiler les saisons, puisque le récit de la première saison se situe en 1932, le terme des événements étant bien sûr fixé à 1947.

Magnifiquement et somptueusement mise en scène, la série s'est arrêtée dès la deuxième saison, faute d'audiences suffisantes : elle est produite par Channel 4, dont 91% de son budget vient de la publicité. CQFD.

Evidemment, on ne boude pas son plaisir et on regarde jusqu'au bout. Mais on reste sur sa faim.

Les événements de cette histoire sont innombrables et souvent tragiques, qui ont mené à l'indépendance de l'Inde et du Pakistan et concerné plusieurs centaines de millions d'êtres humains à l'échelle d'un sous-continent immense..

Difficile de tenir cette histoire dans un mouchoir de poche. 

La série essaie : le cadre est censé se situer sur les contreforts de l'Himalaya, pour que les Européens anglais puissent ne pas trop souffrir des étés indiens, chauds et humides de la plaine. Dans les faits, la série a été tournée en Malaisie, d'où on aperçoit pas du tout le toit du monde.

De même, impossible de reconstituer la réalité de l'Inde dans les années 1930. Bref, les décors semblent un peu étriqués et répétitifs.

De surcroît, c'est une petite société qu'on nous dépeint, sans doute très éloignée des armées de fonctionnaires que sa Majesté envoyait sur place pour administrer ces territoires énormes.

La série tente aussi de donner une idée de la société indienne de l'époque, gérée par les castes, déchirée entre musulmans et hindous et agitée par les différents mouvements politiques qui la traversent : révolutionnaires ou réformistes, violents ou non-violents... Mais elle ne peut évidemment pas étreindre cette diversité et cette complexité.

Du coup, les intrigues paraissent bien futiles et les personnages falots, comme flottant dans des habits trop larges. 

Sauf peut-être les personnages indiens, qui évoluent dans des extérieurs plus larges que quelques maisons coloniales.

Dommage pour l'ensemble. Mais on comprend aussi pourquoi il n'y a jamais eu de troisième saison.

Avec Irma Vep, nous sommes dans la meilleure qualité siglée HBO, et co-produite par des moyens français (OCS - Orange Cinéma Séries). De même, l'histoire des Vampires (anagramme d'Irma Vep), film muet bien français de 1915, sert de trame pour cette mini-série de 8 épisodes de 56 mn chacun.

Si Mozart in the Jungle donnait une leçon de musique classique, Irma Vep nous donne à regarder la fabrication d'un film avec ses coulisses, ses déboires et ses petites et grandes histoires - pétage de plomb du réalisateur inclus.

On aime ce cinéma dans le cinéma et ce méli-mélo international, langues et acteurs compris. 

Le nom d'Alicia Vikander doit être mémorisé. C'est celui de la jeune actrice suédoise qui joue le rôle de Musidora

Elle a déjà une énorme filmographie, et sans aucun doute, elle sera un jour bien mieux connue en France, car sa présence et son jeu sont remarquables.


La vie numérique prolongeant la vraie vie est devenu un thème récurrent dans nombre d'oeuvres de science-fiction. 

Upload en fait partie, mais sur le mode de la comédie. On compte deux saisons, et Amazon, qui produit la série, a commandé une troisième. Tant mieux.

Si le thème commence à être connu, son traitement par la série est très intéressant : l'environnement numérique à venir (supposé de 2033 dans la série) est parfaitement crédible : smartphones dématérialisés, automobiles autonomes, trains hyper-loop, imprimantes 3D pour la nourriture, et même pour son café... Les amateurs aimeront !

Il faut y jeter un coup d'œil., ne serait-ce que pour savoir ce qui nous attend bientôt en matière de vie quotidienne.

Pour le reste, les acteurs sont plutôt bons et les rebondissements sont bien tournés. On attendra la troisième saison.


La première chaîne tchèque a fait fort avec Les Mystères de Prague, qui reconstitue dans les moindres détails le Prague des années 1920. Elle ne lésine pas sur les décors : automobiles d'époque, scènes extérieures très nombreuses, reconstituant des quartiers ou des coins de campagne complets,  intérieurs et costumes des années folles assortis... On est comblé !

Mais la série a aussi d'autres intérêts. 

Historiquement, cette période de la Tchécoslovaquie fut singulière, coincée entre trois Empires. D'abord, l'Empire Austro-Hongrois jusqu'au 1918 dont elle faisait partie, puis le sinistre Troisième Reich, qui a annexé une partie du pays en 1938, avant d'être intégrée dans l'Empire soviétique.

La série se passe pendant ces vingt années prospères de la République. Ce n'est pas par hasard. Et les premiers épisodes font écho à la situation politique du pays, divisé entre républicains et nostalgie de l'Empire d'Autriche-Hongrie.

Ensuite, on regarde les personnages principaux vivre de manière intéressante, chacun dans son monde, chacun pourtant ne s'empêchant pas de faire des incursions dans le monde de l'autre.

Mais attention, les afficionados de fictions policières seront déçus car les intrigues sont un peu redondantes et téléphonées. Mais cela n'empêche pas d'apprécier la belle époque à Prague... et de sa banlieue. 

mercredi 19 janvier 2022

Les séries de l'hiver (1) : American Rust, Mytho, Shtisel, Le serviteur du peuple

Cette première sélection de l'hiver est plutôt éclectique, puisqu'elle ne traite que d'une seule série US, à côté d'une série française, israélienne et ukrainienne, et qu'elles sont toutes différentes dans leur genre.

A propos d'American Rust, on ne peut pas penser à Mare of Easttown, citée au printemps 2021 : même ambiance, même type de narration, même genre (thriller), et même secteur géographique : la Pennsylvanie ouvrière, dont fait partie la ceinture de rouille, Belt Rust. La Belt Rust désigne cette énorme région industrielle autour des Grands Lacs, au nord-ouest des Etats Unis. On lui doit son énorme richesse, hélas passée. En effet, nous sommes très éloignés des Etats du soleil qui maintenant attirent tant de capitaux, laissant ailleurs le chômage, le déclin social et économique, les maux de la vie quotidienne.

On n'entrera pas dans les intrigues de la mini-série, à base de drogue cheap, de corruption miteuse et de vraie désespérance. Ce sont bien les personnages, tous tragiques, essayant de survivre dans un environnement si corrosif, qui fascinent. Et du coup, aussi, les magnifiques acteurs qui les incarnent.

C'est peut-être dans cette comédie humaine affligeante, totalement oubliée de la modernité, que l'on trouve peut-être une des clefs essentielles du trumpisme triomphant, qui prépare en ce moment ces futures victoires, réelles comme virtuelles.

C'est là aussi que l'on voit là le plus clairement l'empreinte cynique d'un capitalisme dévastateur, n'ayant laissé qu'un peu de rouille aux populations restées sur place par la force des choses.

American Rust se découpe en neuf épisodes et une deuxième saison n'est pas attendue.  La série est issue d'un roman signé Philipp Meyer, l’un des plus grands auteurs américains contemporains. Ceci peut sans aucun doute expliquer sa grande qualité et sa pertinence dans les Etats Unis d'aujourd'hui.

Mytho est une série produite par Arte pour deux saisons pour l'instant et ce fut un succès tant auprès du public qu'auprès des critiques. Il est largement mérité. 

La performance de l'actrice  Marina Hands et de l'auteur de la série est remarquable : en effet, il n'est pas facile d'intéresser à la vie de tout le monde en banlieue pavillonnaire, entre vie scolaire, vie conjugale et supermarché. 

Le personnage d'Elvira est la clef de voûte de la série : à la fois mère de famille un peu décalée, assaillie par le quotidien, épouse dépréciée et agent d'assurance pourtant plutôt douée mais exploitée. Dans les trois cas, rien ne va plus et tout craque. Les deux saisons détaillent le méga-pétage de plomb.

Marina Hands est sociétaire de la Comédie française : en l'occurrence, cela signifie quelque chose pour la série. Bravo.


Il n'est pas possible de trouver série plus israélienne que Shtisel, côté comédie. Car côté dramatique, on trouve Unorthodox, série dont il a été question en septembre dernier, et dont une actrice, personnage féminin principal dans les deux cas, est partagée entre les deux séries (Shira Haas)

L'ensemble des 33 épisodes, répartis sur trois saisons, tourne autour d'une famille juive ultra-orthodoxe de Jérusalem. 

L'objectif de la série semble être avant tout de rendre sympathique cette population tout à fait spécifique, que l'on trouve d'abord à Jerusalem, mais aussi à New York et dans quelques autres grandes villes européennes. On la reconnaît immédiatement : hommes en habits noirs, avec papillotes - à partir de l'âge de trois ans, tête toujours couverte, et femmes aux talons plats et aux cheveux cachés en totalité, soit par un bonnet ample, soit par une perruque. 

Mais ces caractéristiques ne sont qu'une infime partie visible des interdits et prescriptions religieuses qui règlent la vie entière de ces familles, et jusque dans les moindres détails.

Il est d'ailleurs étonnant que la série ne présente pas plus clairement l'ensemble des interdits en présence. Sans doute à dessein, car il est si rare dans les sociétés occidentales d'avoir affaire à une population aussi soumise en permanence à des rites millénaires que le spectateur moderne peu croyant pourrait évidemment en serait fortement incommodé.

S'agissant d'une comédie, les traits les plus risibles sont accentués : mariages arrangés - d'où des quiproquos, conflits entre générations, conflits entre vie moderne et observance religieuse... 

On sourit aussi facilement quand les personnages - pourtant pieux par définition - mentent effrontément en cherchant en permanence une bonne raison de le faire, évidemment compatible avec les prescriptions religieuses.

La "bulle" ultra-orthodoxe reconstituée par la série protège la narration des problèmes importants d'Israël, notamment l'occupation des territoires palestiniens et la coexistence problématique avec les autres communautés non juives.

On notera quand même au passage le traditionnel et paradoxal anti-sionisme viscéral des ultra-orthodoxes, de même que leur antipathie toute aussi foncière vis à vis des séfarades bien trop libéraux de mœurs - juifs originaires de la méditerranée, par opposition aux ashkénazes, originaires de l'Europe centrale. A chaque communauté ses détracteurs.

Les acteurs - tous excellents - sont israéliens, mais non ultra-orthodoxes évidemment. On retrouvera notamment Michael Aloni dans le personnage principal, un des acteurs les plus connus en Israël, dont le jeu est parfait, entre respect de la tradition et ouverture à la modernité, ce qui correspond d'ailleurs à sa filmographie extrêmement diversifiée.

Shtisel est une série singulière et intéressante, mais à la condition de ne pas oublier que les extrêmes de toute religion confinent vite à la violence, contre les individus et contre les communautés. 

Dans la vraie vie, on essayera par exemple de ne pas traverser en voiture les quartiers orthodoxes un jour du shabbat, sauf à retrouver une pierre sur son pare-brise.


Serviteur du peuple, série diffusée par une des principales chaînes ukrainiennes, est proposée en ce moment par Arte et elle présente une singularité exceptionnelle. 

Non pas pour sa forme, qui est plutôt traditionnelle, et même un peu répétitive au bout des 23 épisodes de la première saison, les autres saisons n'étant pas encore disponibles en France.

C'est que Volodymyr Zelensky, ci-devant acteur et humoriste, principal acteur de la série, est bien devenu entre temps le vrai Président de l'Ukraine en date du 20 mai 2019. Quelle affaire !

Encore mieux : le parti politique qui l'a propulsé à la tête de l'Ukraine a pris le même nom que la série : Слуга народу (Serviteur du peuple).

La première saison de la série raconte l'accession d'un modeste professeur d'histoire à la tête du pays, à la faveur de la corruption et de la médiocrité du personnel politique en place.

Dans la vraie vie,  Volodymyr Zelensky l’a emporté de manière inattendue face au chef de l'État sortant, Petro Porochenko, avec 73,2 % des voix au second tour. élu sur un programme anti-corruption, pro-européen, atlantiste et populiste, tout comme son alter ego fictionnel.

Qu'en penser, alors que la réalité est préfigurée par la fiction ? 

Faut-il considérer que la série, genre désormais et apparemment noble, est capable de prévoir l'avenir avec tant de justesse ? Ou faut-il considérer que la vie politique en Europe soit si avilie qu'un scénario de série puisse lui tenir lieu de programme politique dans la vraie vie ?

Dans les deux cas, l'affaire est un peu effrayante. D'autant qu'une partie du pays est déjà sous domination russe et que la menace armée est parfaitement crédible aux frontières. On ajoutera que la série a été interrompue en Russie après le troisième épisode, ce qui n'est pas anodin bien sûr.

Attention aussi à ceux qui s'intéressent à la politique de l'Europe de l'Est : une fois la série regardée, on est toujours un peu perplexe de voir l'humoriste ukrainien jouer le rôle de Président. J'espère que ses interlocuteurs internationaux, avant de lui parler, peuvent se défaire rapidement de cette représentation un peu risible, car la situation du pays ne l'est pas du tout.

lundi 13 décembre 2021

Lieux singuliers (7) : Gravelotte, La Halle du Souvenir/Gedenkhalle

Nous sommes en Allemagne. Ou au moins cette terre était-elle allemande entre 1871 et 1918. A l'instar de Metz, le tout nouvel Empire allemand multipliait les réalisations architectures car cette partie de la Lorraine était sa vitrine.

Gravelotte, devenue allemande, riveraine de la nouvelle frontière entre les deux belligérants, devait accueillir cette Halle du Souvenir en 1905. Elle est dédiée à tous les combattants allemands qui ont défait l'armée française précisément à cet endroit, marquant la fin de notre III° Empire.

La bataille de Gravelotte a frappé les esprits par le déchaînement et la densité des combats : sur une seule journée - le 16 août 1871 - 301 132 hommes des deux côtés se sont affrontés dans ce mouchoir de poche. 32 435 hommes y sont disparus ou blessés.

Totalement allemande, revenue en sol français en 1918 sans avoir bougé évidemment, la Halle du Souvenir est bien singulière.

Elle est maintenant intégrée au parcours de visite du beau Musée de la Guerre de 1870 et de l'Annexion, propriété maintenant du Département de la Moselle. C'est le seul Musée dédié uniquement à la guerre de 1870. 

Pourtant, c'est ce conflit qui a créé les conditions des deux guerres mondiales qui suivront.

L'album est ici



mardi 24 août 2021

Les séries de l'été : The Mosquito Coast, La Gifle et quelques autres...

The Mosquito Coast est une belle série américaine produite par Apple TV+, qui a mis les moyens pour tenter de continuer de prendre pied dans le monde des fictions. D'autres séries intéressantes a priori sont annoncées pour asseoir la plate-forme, qui reste la moins chère, signe d'un catalogue encore un peu rachitique.

Format étrange pour cette série dont on attend pas forcément une deuxième saison : 7 épisodes de 42 à 57 minutes, sans que cette disparité ne s'explique. Néanmoins une suite est programmée, signe du succès de la première.

Nous suivons la poursuite d'une famille américaine selon le roman de Paul Theroux, romancier américain bien connu, publié en 1981.

Tout tourne autour du personnage du père, Allie Fox, personnalité au moins ambiguë : inventeur raté, en rupture de tout sans que le spectateur sache exactement pourquoi : escroquerie(s), surendettement, délits multiples ? Comme les deux enfants du couple, on n'en sait rien car toute tentative d'explication est toujours ajournée.

Les sept épisodes relatent la dernière fuite de la famille, particulièrement mouvementée et très dangereuse : elle l'amène à rejoindre le Mexique, sans aucun titre officiel, dans une espèce d'émigration à rebours à une époque où les frontières sont devenues si difficiles à franchir.

Les quelques explications glanées au fil des épisodes pourraient croire à une fuite quasi-philosophique : tenter d'échapper au filet électronique qui identifie en permanence l'individu dans une société moderne. Mais les autres indices déposés ici et là dans la narration portent le spectateur - tout comme les deux enfants - à une cavale bien moins honorable.

De même, que penser de la mère, bien née sous le signe de l'argent, mais qui se fait complice au final de ce sacré Allie, dont on se demande plusieurs fois s'il n'est pas complètement cinglé... On peut regarder The Mosquito Coast, au moins pour avoir affaire à une famille américaine très éloignée des standards US qui peuplent tant de séries américaines.


Autre affaire de famille dans La Gifle/The Slap, mini-série australienne disponible sur le site d'Arte, souvent signe de qualité et d'intérêt.

Narration simple et bien charpentée : chacun des huit épisodes de 51 minutes est dédié à un des principaux personnages, endossant son point de vue et sa place dans le récit, tout en déroulant implacablement un fil chronologique, épisode par épisode, du fait générateur jusqu'au procès final. 

Le spectateur se régale de cette ligne claire, permettant de se concentrer sur le contenu de l'affaire : une gifle, donnée par un des invités lors d'un barbecue familial, à un des enfants présents, évidemment insupportable.

Le dépôt de plainte des parents concernés déclenche toute la suite : aigreurs, récriminations, reproches, griefs, action en justice, chacun prenant son parti en surinvestissant l'affaire selon son passé, l'éducation reçue ou donnée, sa culture familiale, ses affinités etc.

La famille concernée - tout comme l'auteur du roman support - est issue de la communauté grecque, relativement bien représentée en Australie, et notamment dans l'Etat de Victoria, où 3% de la population est d'origine grecque. La série se passe à Melbourne, capitale de l'Etat concerné. 

On peut donc apercevoir par superposition les différentes cultures latines/anglo-saxonnes/autres en présence.

Au delà, ces huit portraits - tout particulièrement celui d'Hector, pivot de l'histoire - sont magnifiquement brossés, encadrés et valorisés par une équipe de réalisation hors pair qu'il faudra sans doute surveiller via les prochaines productions australiennes.

Pour compléter l'été, quelques autres séries peuvent être mentionnées, même si elles n'égalent pas les deux premières.

- A l'intérieur : production franco-française du service public, qui manque sans doute un peu de sous. Hélas, on a l'impression d'avoir déjà vu mille fois une enquête policière en cadre confiné, comme ici une clinique psychiatrique. On a regardé quand même, et, au final, pour une seule chose : Béatrice Dalle en commissaire de police. C'est assez crédible et assez réussi. Bravo.


- Boss, série US déjà ancienne (2011-2012). C'est presque un classique, mais elle est inédite en France. le Boss en question est le Maire de Chicago - poste important s'il en est - qui apprend qu'il est atteint d'une maladie neurodégénérative peu connue mais terrible : la démence à corps de Lewy, dont on apprend beaucoup de choses au fil des 18 épisodes répartis sur deux saisons. 

On apprend aussi beaucoup de choses véridiques et très précises sur le jeu institutionnel entre une grosse collectivité américaine et l'Etat fédéré - en l'occurrence l'Illinois, donc entre un Maire et un Gouverneur. Ce jeu difficile, du coup, aide à comprendre pourquoi il a été si difficile de gérer l'épidémie aux USA.

Par ailleurs, sur le caractère de l'homme du pouvoir en question, on retrouve beaucoup d'éléments communs avec House of Cards, qui date de 2013.

Bref, Boss est le type même de série qu'on pourrait retrouver un jour sur Arte compte tenu de son intérêt politique, culturel et social.


- The White Lotus : c'est la série du moment, donc on se méfiait. Mais le label HBO a permis de forcer son envie. On ne regrette pas trop, car les personnages mis en scène sont intéressants et contrastés dans ce remake de Masters And Servants dans un palace hawaïen. Evidemment, le paradis promis n'existe pas, même à Hawaï, et surtout pas pour les employés du White Lotus, ni même pour ses riches clients.

Hélas, le récit est un peu faiblard et la fin précipitée est totalement bâclée : pourquoi avoir donc limité la série à 6 épisodes ? On annonce une deuxième saison, en espérant qu'elle surmonte les défauts soulignés.


- Enfin, on a repris fin juin avec bonheur la formidable série The Good Fight dans une 5° saison, en collant l'actualité US - comme dans les saisons précédentes - et notamment l'après-Trump et les conséquences de l'assaut du Capitole du 6 janvier 2021... Félicitations à la production et aux scénaristes !

samedi 16 janvier 2021

Les séries de la fin d'année 2020 : The Crown, Hutafim, La Valla, Unbelievable


Si la série espagnole - la Valla (L'Autre Côté) - est une nouveauté, les trois autres séries de la fin d'année 2020 relèvent de la liste de course trainée de mois en mois, puis enfin mises sur l'agenda réel.

The Crown a occupé l'actualité récente pour la sortie de sa saison quatre, d'où il est question principalement des affaires de cœur de Charles. Evidemment, c'est la saison la moins intéressante, car les trois premières sont assez captivantes de manière surprenante.

On attendait une chronique de l'actualité heureuse ou malheureuse des têtes couronnées, à lâcher dès le premier épisode si l'on s'y occupait essentiellement de la vie sentimentale les membres de la famille royale britannique. 

Or, The Crown s'alimente en fait des grandes affaires historiques du Royaume-Uni : dislocation de l'Empire, abdication d'Edward VIII - autant pour cause de mauvais mariage que de sympathies nazies -, décrépitude de Churchill, situation particulière du Pays de Galles, crise de Suez, relations complexes avec les Kennedy, grandes grèves des mineurs des années 70, personnalité des Premiers Ministres successifs etc. On ajoutera la curiosité à regarder comment fonctionne le couple monarque/premier ministre aux yeux français et très républicains.

Ces éléments authentiques permettent de supporter assez bien l'autre versant de la série, c'est à dire les historiettes des membres de la famille royale. Malheureusement, cet équilibre est rompu pour la quatrième saison, complètement déstabilisée par l'arrivée de Diana. Ceci correspond peut-être à une partie de la réalité, mais elle est parfaitement anecdotique au regard de l'histoire récente du Royaume-Uni. Dommage, et on s'ennuie, forcément, car on sait comment cela se termine.

Par ailleurs, sur l'ensemble des épisodes, on trouve très peu d'éléments sur les relations avec l'Irlande (Sud et Nord) et aucun sur l'Ecosse en dehors des paysages entourant Balmoral. Etonnant, non ?

Le reste est parfait : les gros moyens disponibles permettent de reconstituer les différentes époques avec beaucoup de minutie, les acteurs sont formidables (nous sommes en Angleterre, la patrie du théâtre !)... 

En pleine conclusion du Brexit, la série devient une espère d'hommage à l'attention de la perfide Albion.

Hutafim nous renvoie en Israël, les autres séries israéliennes vues récemment - Fauda, When Heroes Fly et Our Boys - ayant attiré l'intérêt. Ce fut encore le cas cette fois, avec les mêmes ingrédients : exiguïté des territoires, proximité des conflits armés, société occidentale confrontée à la violence armée extrême.

Le ressort essentiel d'Hutafim ("les kidnappés") est simple : que se passe-t-il quand des soldats d'Israël sortent d'une détention de 17 ans en Syrie. Les deux saisons explorent de manière quasi-systématique les conséquences psychologiques, familiales, politiques du kidnapping et ses corollaires, notamment l'échange de prisonniers qui est à l'origine de l'intrigue, très contesté. 

Nous avons affaire à de passionnants tableaux psychologiques, très fouillés et servis par les meilleurs acteurs. Nous avons aussi affaire à une chronique très réaliste de la vie quotidienne en Israël, qui, par sa complexité géopolitique, suffit sans doute à nourrir bien d'autres séries de qualité à l'avenir.  

Une précision : ces évènements n'ont pas existé, mais des faits réels peuvent les rendre crédibles sans problème au regard du spectateur.


La Valla (L'Autre Côté), série espagnole, accumule d'énormes défauts : jeu d'acteurs approximatif, récit bancal, intrigue remplie d'invraisemblances, au point de gêner le spectateur de manière récurrente. Mais l'intérêt de la série est ailleurs. 

Nous nous trouvons dans une Espagne future et dystopique, gouvernée par une dictature impitoyable. Tout au long des treize épisodes d'une première saison, on ne peut pas ne pas penser à ce qui se passait dans le pays entre 1936 et 1975. A ce titre, on retiendra le souci oppressant et meurtrier du détail engendré par toute utopie, au final toujours despotique.

Pour finir, on note Unbelievable, une mini-série américaine de huit épisodes retraçant une enquête réelle de police contre un violeur en série : c'est le meilleur de la fiction télévisuelle US, servie par de formidables actrices. Ne pas manquer.

jeudi 19 décembre 2019

Urbaine Pittsburgh





Surplombée par les ponts d'autoroutes qui planent sur le centre ville, on attendait une jungle urbaine écrasant le piéton téméraire et le cycliste avant-gardiste. Ces représentations européennes d'une ville américaine furent parfaitement fausses : l'être humain sans sa voiture a parfaitement trouvé sa place.

Cette place est d'abord celle des beaux aménagements les berges des deux puissantes rivières qui confluent au bout de "downtown" - l'hyper centre - pour former l'Ohio, toujours rivière, puisqu'il se jettera bien plus loin dans l'immense fleuve Mississipi. 

Ces berges dégagent les grands équipements sportifs indispensables de toute grand ville aux Etats-Unis : stade de base-ball et stade de football (américain)

La place de l'être humain est aussi partout aménagée au fil de nombreuses placettes où chacun peut passer un peu de temps à sa guise et à l'écart des moteurs.

Pour le reste, les images montrent assez la présence de l'histoire des Etats Unis dans cette ville, qui fut un enjeu d'importance entre Français, Anglais et Amérindiens, longtemps appartenant à la sphère de la Nouvelle France, et qui était une espèce de porte vers le Far-West. Il a fallu attendre la guerre de 7 ans - la toute première vraie guerre mondiale - impliquant autant l'Europe que l'Amérique _ pour que la France perde la partie là-bas. Et voici pourquoi en Pennsylvanie on ne parle pas le français mais l'anglais.

Plus proche dans le temps, Pittsburgh est la ville d'Heinz et d'Andy Warhol. Heinz a donné au Monde le ketchup et Andy Warhol, une renommée internationale et moderne. Warhol est partout ici : il y a laissé non seulement un pont à son nom menant à son grand musée dédié, mais aussi un état d'esprit : se laisser surprendre au coin de la rue par des installations d'art moderne et une architecture postmoderniste, toutes deux permises par les fortunes immenses créées par l'industrie verrière, concentrée ici.

Pittsburgh est aussi la ville de Carnegie, qui a laissé un ensemble de musées de première catégorie. Comme souvent aux Etats Unis, l'argent s'est transformé en bon goût, même si ce n'est pas toujours le cas.











samedi 16 mars 2019

Inépuisable Marseille






Attention, pas de méprise : nous sommes dans une Cité grecque, et certainement pas romaine, contrairement à ses voisines : Arles, Avignon, Nîmes... ce qui la distancie de quelques sept siècles, rien que cela !

Cela compte, car Marseille ne peut être comparée raisonnablement qu'à Athènes, et aucune autre. On y retrouve cette même diversité d'influences, de peuples, d'ambiances, l'azur de la Méditerranée à la porte en plus.

Alors  les stigmates omniprésents de la "bobologie" urbaine et les désagréments du quotidien ne peuvent certainement pas la bousculer. Et pour l'apprécier, ou tout simple y vivre, le visiteur doit s'obliger à faire de même : ne pas se laisser troubler, continuer son chemin et méditer sur l'empilement des siècles.

D'ailleurs, la Marseille de la haute antiquité, comme celle du moyen âge ou celle de la révolution industrielle devait présenter le même visage : grouillant, bigarré, vif...

L'objectif pour cette fois était d'approcher les principaux musées de la ville, ce qui fut réalisé de manière facile grâce à un réseau de transport public formidable, confortable et pas cher. C'est toujours ça.

Et puisqu'on le pouvait, il était impossible de louper une petite visite du stade-vélodrome, dont la carapace marque le paysage pourvu qu'on prenne un peu de hauteur. Au final, le lieu est dans la parfaite continuité historique de tout le reste de la ville, si imbibée de football.

A l'image de la cité, il s'est reconstruit sur lui-même à plusieurs reprises, pour totaliser plus de 67 000 places, juste derrière les 80 000 places du Stade de France, mais loin, si loin dans le Nord...






dimanche 26 août 2018

Douce Allemagne





Nous sommes loin de l'austère Prusse. Ce proche Palatinat est d'abord rococo, léger, riche et plein de fantaisie. 

Cette Allemagne est aussi celle du vignoble et des familles princières mécènes qui avaient, depuis des siècles,  particulièrement bon goût et qui préféraient les beaux arts à l'art de la guerre. 

Il reste un foisonnement de châteaux, de musées, de villes commerçantes, de façades, d’œuvres d'art...

Avec une mention particulière à "Liselotte von dem Pfalz", mieux connue ici sous le nom de Princesse Palatine,  épouse de Philippe, frère du Grand Louis, qui laisse une correspondance notable sur les mœurs de Versailles sans fioritures et sans hypocrisie. Salutaire Princesse, qui n'a jamais renoncé à son bon sens un peu campagnard mais si rare et si précieux à la cour de France.

Ce n'a pas empêché Louis XIV de faire massacrer la population du Palatinat, sa famille régnante étant parti rechercher d'autres alliances.... Quelle idée ? Le Soleil était trop proche.

On trouvera la magnifique Vallée de la Moselle, Trèves la romaine, Coblence la puissante, la trop touristique Vallée du Rhin, Heibelberg l'intellectuelle, Schwetzingen la résidente, Wissembourg la française et Zweibrücken/Deux Ponts... entre les frontières.








samedi 20 février 2016

Noir destin


"Constellation de la douleur", oeuvre de Christian Lapie, qu'il fallait regarder de plus près. C'est fait. Sur ce chemin des Dames où tant et tant y sont morts.

Ecoutez-moi, Tirailleurs sénégalais, dans la solitude de
   la terre noire et de la mort
Dans votre solitude sans yeux sans oreilles, plus que
  dans ma peau sombre au fond de la Province
Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout
  contre vous, comme jadis dans la tranchée jadis dans
  les palabres du village
Ecoutez-moi, Tirailleurs à la peau noire, bien que sans
  oreilles et sans yeux dans votre triple enceinte de nuit.

(Léopold Sédar Senghor, Aux Tirailleurs sénégalais morts pour la France, 1938)