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mercredi 29 novembre 2023

Sur la Playlist de la fin de l'automne : Jan Dismas Zelenka, le bohémien malheureux

 

Peu de monde connait Zelenka ici et c'est dommage. Né en 1679, mort en 1745, C'est un contemporain de Jean-Sébastien Bach : ils se sont rencontrés d'ailleurs. Et on sait de Bach appréciait sa musique, ce qui est un bon présage.

Originaire d'une petite bourgade proche de Prague, Zelenka est arrivé dans la trentaine à la Cour de Dresde, dont on a vu récemment l'importance politique et culturelle à l'époque et il n'en pas parti beaucoup, hormis quelques excursions vers les capitales proches : Vienne, Venise et Varsovie, Prague. Il n'a jamais été jusque Versailles, même si le souverain de Saxe à l'époque était un des rares alliés du Grand Roy en Europe.

Malgré sa longue résidence en Saxe, il semble n'avoir pas été reconnu à la hauteur de son talent : les postes les plus prestigieux lui ont échappé tout au long de sa carrière.



Son malheur se poursuit jusqu'au XX° siècle puisque les originaux de ses partitions ont été brulées dans le bombardement de Dresde à la fin de la deuxième guerre mondiale.

Mais on connait sa musique grâce à des copies, diffusées au fil des siècles car celle-ci a été progressivement reconnue et appréciée.

Le catalogue de ses œuvres compte 250 œuvres, majoritairement religieuses car il a été affecté aux églises de la capitale saxonne.

Toutefois, sa musique de chambre arrête l'oreille : il fait partie de ses compositeurs dont on reconnait les œuvres à l'écoute, même par un non-spécialiste. C'est une musique vive, joyeuse, colorée. Le contraire du penchant naturel de son compositeur.

L'enregistrement de la musique de Zelenka  a trouvé tout naturellement dans le grand torrent des découvertes de la musique baroque, notamment tchèque, depuis une cinquantaine d'années.

L'ensemble de ses œuvres sont disponibles de manière ordonnée sur YouTube, ce qui est un fait remarquable sur ce lien.

Voici quelques œuvres en musique de chambre.



Et en matière de musique vocale, voici trois arias qui valent l'écoute, toutes les trois interprétées par Jakub Józef Orliński, le contreténor qui monte, monte, monte. On passera sur les facéties médiatiques d'un des clips (il est produit pour Warner...) : sa magnifique voix et sa maîtrise vocale rachètent largement ses penchants médiatiques. 




jeudi 27 juillet 2023

Sur la Playlist de l'été : Josef Mysliveček

 Plaque et buste de Mysliveček à Prague

Mys-live-ček (prononcer ček comme tchek)... On finit par mémoriser son nom, et on finit enfin par écouter sa belle musique.

C'est à l'occasion de la sortie d'un film retraçant sa vie que l'on découvre ce compositeur. Et c'est une belle découverte.

Le film, titré Il Boemo et sorti le 21 juin dernier en France, donne à la musique une grande importance, et c'est tant mieux. 

Outre les éléments biographiques, on y trouve beaucoup d'indications très crédibles sur l'organisation institutionnelle, technique, humaine et même économique de la production de musique au XVIII° siècle en Italie, ce qui est fort intéressant car ces œuvres magnifiques ne sont pas sorties par miracle du cerveau du compositeur. Ce compositeur est un homme de sang et de chair : on le voit d'ailleurs parfaitement quand la maladie commence à le défigurer.

Mysliveček est né à Prague, mais il a fui à l'âge de 27 ans après ses premières symphonies, d'ailleurs bien appréciées en Bohème. L'Empire austro-hongrois était dessus-dessous par la guerre de sept ans et celui-ci voulait plutôt faire de la musique plutôt que faire la guerre.

Et à l'époque, il y avait en Italie assez de souverains, d'Etats, de goût, d'argent et de public : c'est donc là qu'il fit carrière et on l'a appelé assez vite Il divino Boemo (le divin Tchèque).

Mort à 43 ans, sans doute de la syphilis, il a quand même laissé une trentaine d'opéras, une dizaine d'oratorios, une centaine de symphonies et de concertos - notamment pour violon, et en y ajoutant de la musique de chambre. 

Il fut enterré immédiatement dans une des plus anciennes et prestigieuses basiliques de Rome, ce qui marque l'estime qu'on lui accordait dans sa patrie d'adoption. 

Et puis l'on l'a oublié, sans trop savoir pourquoi.

Toute sa musique n'est pas encore enregistrée, mais cela viendra, car elle le mérite sans aucun doute. 

C'est d'ailleurs le jugement de Mozart, qui lui a emprunté des motifs musicaux ici et là, sans que cela n'ait posé de problème. Certaines œuvres ont été attribuées à l'un puis à l'autre par les musicologues, indice de la proximité de leur sensibilité et de leur oreille.

Mysliveček a d'ailleurs rencontré Mozart quand ce dernier avait 14 ans, son cadet de vingt ans.

Contemporain de Haydn,  à peine plus vieux que Boccherini, Mysliveček a contribué à clore la longue période baroque pour créer la grande musique classique, préparant l'époque mozartienne, juste avant la grande vague romantique. 

La musique de Mysliveček est ensoleillée, joyeuse, accessible... Certains grincheux de l'époque lui ont d'ailleurs reproché une certaine facilité. Tant pis pour eux. Les arias des opéras utilisés dans le film et repris ci-dessous sont parmi des plus émouvants du genre lyrique. 

Pour rattraper le temps, le monde n'a pas fini d'écouter Il divino Boemo dans l'avenir. Il était temps.

On trouve malgré tout pas mal de traces sur internet. Pour commencer et se donner l'idée de sa musique de chambre et instrumentale, en voici deux :



Côté opéra, voici trois extraits du film Il Boemo, qui s'appuient sur une interprétation excellente et qui donnent une idée assez exacte, sonore et visuelle, de ce qu'était un opéra au XVIII° siècle :




On notera aussi que la totalité de la bande originale du film est accessible gratuitement à ce lien.

Et pour les fondus d'opéra, on a trouvé même des œuvres lyriques intégrales de Josef Mysliveček. Par exemple Il Bellerofonte (près de 3 heures) et Motezuma (plus de 2 heures)


dimanche 2 juillet 2023

Solide et baroque Saxe



A l'instar de nombreux territoires allemands, la Saxe a connu de plusieurs régimes, désignations et rattachements au fil de l'histoire. Pour autant, sa permanence au fil des siècles est malgré tout remarquable, depuis le moyen-âge jusqu'à notre époque.

Ainsi les Ducs sont-ils devenus Rois par la grâce de Napoléon Ier, dont ils étaient parmi les rares alliés du premier Empereur français en Europe. Signe déjà d'un tempérament solide et affermi de ses Ducs, et, partant, de sa population, alors que tout le monde haïssait le tyran français...

Et ces Ducs ont laissé pour la postérité des réalisations de première qualité en matière architecturale et culturelle, comme l'indique la physionomie des deux grandes villes quasi jumelles que sont Dresde et Leipzig.

Voici pourquoi il faut visiter la Saxe, et notamment pour ceux qui ont le goût baroque, comme on verra pourquoi.

Il faut visiter aussi la Saxe comme partie de la défunte "RDA"... Les guillemets permettent de ne pas trop offusquer les amis allemands, qui ne voulaient pas que l'on parle de "DDR", dénomination qui pointait immédiatement la spoliation communiste de la "Zone" - sous entendre "la Zone occupée par l'URSS"... Mais c'est une autre époque.

Comme souvent à l'Est de l'Europe, le communisme soviétique a au moins épargné les centres villes anciens tels quels, notamment non défigurés par les hideux immeubles acier-verre des années 70 qu'on trouve partout dans les villes de l'Ouest. Hélas.



Ville martyr après les lourds bombardement de la fin de la deuxième guerre mondiale, le centre ville de Dresde a été reconstruit à l'identique, y compris la Frauenkirche - Eglise Notre Dame, de culte luthérien - réinaugurée le 30 octobre 2005. Symbole de la réunification pour beaucoup, il fallait attendre le fin du régime communiste pour la reconstruire. On le voit, la Frauenkirche est très loin de l'austérité des lieux habituels du culte protestant. En Saxe, même le protestantisme est baroque !

La Frauenkirche est au final la dernière pièce d'un des plus beaux paysages urbains d'Europe, vu de l'Elbe, façonné pour l'essentiel au cours du XVIII°.

Quant à Leipzig, nous sommes dans la ville où a exercé de Jean-Sébastien Bach pendant 23 ans, comme Cantor de l'église Saint Thomas. A cette période de début juin se tiennent les Journées Bach : raison de plus d'y passer un peu de temps.

La visite de Leipzig nous immerge partout dans la musique entre Eglises, Gewandhaus et Opéra. Mention particulière pour le Gewandhaus, dont le chef permanent de l'orchestre s'appelait notamment Félix Mendelssohn, puis Wilhelm Furtwängler, Bruno Walter, Kurt Masur... Et c'est là où l'on a créé des œuvres de Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms et Bruckner. Quand même.

Un tour au Musée des Beaux Arts de la ville nous replonge aussi dans les années du régime soviétique : les collections contemporaines en sont directement marquées, comme les images permettront de s'en rendre compte. 

Très intrigants, très intéressants que ces tableaux qui peignent ce grand ciel bleu, vu par tous, partagé avec le monde entier mais inaccessible à la population de l'époque.

Pour finir, un tableau de Canaletto - qui a été invité ici par les Ducs, quelle bonne idée, non ?  - a donné envie d'aller voir le centre ville de Pirna de nos jours. On s'y retrouve. Comme on s'y est retrouvé à Dresde, quand il s'est agi de reconstruire la ville : les tableaux de Canaletto ont été si précieux, deux siècles après... L'art plus fort que la guerre, en somme.

Mais en plus du Pirna du XVIII° siècle, on y croise facilement les traces de l'ancienne Allemagne de l'Est.

Toutes les images sont ici

mercredi 12 avril 2023

Sur la Playlist du Printemps : les Folies d'Espagne

 Quel succès que cet air, composé et recomposé des centaines de fois depuis le XVI° siècle, dans de tant de variations et d'instrumentation ! 

Les Folies d'Espagne sont apparues sur le papier apparemment en Espagne en 1577, mais des transcriptions de chansons et de danses plus anciennes ont laissé des traces dans l'histoire de la musique du côté du Portugal.

Connue aussi sous son nom espagnol et sans sa forme courte - La Folia - est un vrai grand Tube que tout amateur de baroque a entendu des milliers de fois, sous une forme ou sous une autre, sous la plume des plus grands compositeurs : Vivaldi, Corelli, Scarlatti, Lully, Marais, Bach, Purcell...

Un amateur s'est même amusé à rechercher quarante versions enregistrées des Folies d'Espagne sur son blog.

On peut aussi retrouver des traces de la Folia chez des compositeurs bien plus proches dans le temps comme Liszt ou Rachmaninov.

Et pour faire bonne mesure, les grands succès cinématographiques sur la musique baroque ont bien évidemment annexé la mélodie à leur BO, notamment Le Roi danse ou Tous les matins du monde.

Et comment peut-on expliquer cet engouement ? Facilité de mémorisation ? Prétexte facile à virtuosité instrumentale ? Air appropriable facilement par tous les instruments de l'époque ? Reprises innombrables et rediffusées dans toute l'Europe ? Allez savoir !

Bref, les Folies d'Espagne, sont une vraie folie et faites attention : l'air ne quittera pas vos oreilles de la journée...

Quelques vidéos parmi des centaines, pour se limiter à Marais, Lully et Corelli, qui sont les variations les plus abouties après plus de deux siècles de rengaine. Et pour finir, une version chantée plus ancienne de Henry Le Bailly.






jeudi 22 décembre 2022

Sur la Playlist de la fin de l'automne : Mahler, les Symphonies


 Mahler, malgré tout et avant tout, en ce début d'hiver.

Gustav Mahler a composé ses symphonies entre 1888 et 1911... Autant dire qu'il s'agit d'une musique totalement d'avant-garde pour celui qui préfère la musique baroque et qui considère que le modernisme commence avec Mozart. Alors, Mahler !

Passons outre. 

Chacune des dix symphonies est un monde à elle-même, offrant toutes les palettes musicales possibles : réminiscences du folklore de l'Europe centrale et orientale, musiques de la tradition juive, marches funèbres, lieder, mélodies symphoniques à la Beethoven etc.

C'est que la composition souhaitée de l'orchestre  pour chaque symphonie est impressionnante... jusqu'à 1 000 membres pour sa première représentation de la 8° symphonie, qu'on appelle d'ailleurs la Symphonie des Mille.

Son orchestration, telle que voulue par le compositeur, vaut le coup d'œil - mais celle des autres symphonies n'est pas très différente à l'exception des chœurs :

Voix
3 sopranos, 2 altos, 1 ténor, 1 baryton, 1 basse 
1 chœur d'enfants (350 chanteurs)
2 chœurs d'adultes (500 chanteurs)

Instruments à cordes
Premiers violons
Seconds violons
Altos
Violoncelles
Contrebasses,
Harpes
Mandoline

Bois
4 flûtes
2 piccolos
4 hautbois
1 cor anglais
1 clarinette en mi bémol
3 clarinettes en si ♭ et en la
1 clarinette basse
4 bassons
1 contrebasson

Cuivres
8 trompettes
7 trombones
8 cors
1 Tuba

Percussions
3 timbales
1 triangle
3 cymbales
1 grosse caisse
1 tam-tam
des cloches

Claviers
1 piano
1 orgue
1 harmonium

Autant dire la Royce-Rolls des orchestres symphoniques. Mais Mahler, longtemps directeur de l'opéra de Vienne, disposait de certains moyens... mais il ne les gâchait pas, car il était connu pour son extrême attention pour chaque instrumentiste.

Une mention particulière pour l'utilisation par Mahler des instruments à anches : hautbois, bassons, clarinettes, souvent utilisés comme solistes, sortis tout droit du Klezmer.

Mais l'immense intérêt pour Mahler se trouve ailleurs : nous sommes en présence d'une musique incroyablement puissante et en même temps d'une extrême sensibilité, immédiatement reconnaissable, utilisant toutes les possibilités d'un orchestre symphonique, à l'instar de toutes les émotions de la personnalité humaine.

De fait, il est impossible d'écouter Mahler en faisant autre chose car cette musique pompe toute son énergie disponible... Et les symphonies sont longues : toutes plus de 60 minutes - sauf la première et la dernière - et jusque 90 minutes pour la troisième. 

C'est donc un vrai effort, que d'écouter une symphonie de Mahler. Mais cet effort vaut la peine car on en sort comme ragaillardi, revigoré, comme invulnérable... alors que tant d'autres choses autour de vous conspirent à vous abattre. 

La musique de Mahler est en fait un hyper-concentré de musique : il n'a composé au total que 18 oeuvres, alors que la plupart des autres compositeurs ont des catalogues énormes (plus 1 300 oeuvres pour JS Bach, 550 pour Mozart, 500 pour Beethoven...)

En dehors de ces dix symphonies, on trouve des Lieder... que l'on reprendra un jour, car ils pèsent aussi leur poids musical et émotionnel.

Pour se donner une idée, il est difficile de reproduire les dix symphonies in extenso dans cette publication, mais on peut les trouver intégralement facilement sur internet, et dans des interprétations prestigieuses. Vive l'internet, encore une fois !

On proposera donc plutôt des mouvements des dix symphonies, ceux qui ont accroché tout particulièrement l'oreille. 

Voici donc dix extraits. 

Pour la 5° symphonie - la plus célèbre, et aussi la préférée - on propose deux mouvements.  En revanche, pour la 8° symphonie - La Symphonie des Mille - on n'a pas proposé d'extrait car cette énorme cathédrale musicale demande encore un peu d'effort pour être appréhendée.

A chacun d'assembler son Mahler. Il y a de quoi faire.

1° Symphonie "Titan" - 3° Mouvement

2° Symphonie "La Résurrection" - 4° Mouvement

3° Symphonie - 2° Mouvement

4° Symphonie - 4° Mouvement

5° Symphonie - 1er Mouvement

5° Symphonie - 4° Mouvement

6° Symphonie - 1er Mouvement

7° Symphonie - 4° Mouvement

9° Symphonie - 2° Mouvement

10° Symphonie - 3° Mouvement

lundi 10 octobre 2022

Sur la Playlist de l'automne : la passacaille


Cette fois, le blog ne parlera pas de compositeur ou d'oeuvre... mais de la Passacailleforme musicale spécifique, commune à de nombreuses pièces de musique mais issues de la période baroque, et utilisée par de nombreux compositeurs, y compris par les plus célèbres.

La Passacaille est donc un trait distinctif du baroque, même si elle a été utilisée par des compositeurs bien plus modernes, mais plutôt comme un hommage à l'histoire de la musique.

On trouve même une passacaille chez les Pink Floyd, c'est dire ! En effet, le quatrième mouvement de la composition A Saucerful of Secrets, issu de l'album de 1967-1968 et qui porte le même nom, est bien une passacaille (Celestial Voices).

Plus proche de la musique baroque, l'oreille du mélomane reconnaîtra à chaque fois la forme musicale passacaille : Bach, Purcell, Pachelbel, Buxtehude, Kerll, Lully...

Et l'histoire de la Passacaille est digne d'intérêt.

Elle s'appuie sur une forme à trois temps accompagnée par une basse obstinée, ou Ostinato, ce qui est caractéristique de musiques à danser.

A ce titre, elle a pénétré tous les milieux sociaux des siècles baroques (XVII° et XVIII° siècles). 

Dans les milieux plus populaires, la Passacaille, plus rapide, est devenue la Gavotte. Dans les milieux nobles, elle est restée plus lente, altière et apprêtée : pas facile en effet de danser avec de lourds habits empesés.

Et on pense aussi à l'histoire de la tarentelle, autre forme musicale et dansante qui a traversé les milieux sociaux et les lieux, et dont le blog a parlé il y a longtemps.

Dans la suite, plusieurs passacailles sont proposées, plus ou moins connues, mais qui permettront de se mettre à l'esprit et à l'oreille ce qu'est LA passacaille.

Une mention particulière pour les deux premières vidéos : il s'agit d'une part de la célébrissime passacaille de l'opéra Armide, de Lully, et d'autre part la passacaille de l'opéra Persée, toujours de Lully. Elles présentent toutes les deux de la danse baroque, discipline un peu oubliée et fort peu produite en public.

Il est étonnant que le renouveau de la musique baroque ne provoque pas encore un renouveau de la danse baroque, qui manie des formes chorégraphiques magnifiques et singulières, qui ont fondé la danse classique. 

De fait, on trouve très peu de spectacles de danse baroque. Mais on peut gager que ce renouveau viendra bientôt.

On trouvera aussi plus bas le célèbre Canon de Pachelbel, qui est aussi une passacaille.

Et à la fin, et pour les amateurs, on a trouvé d'abord cette émission de 17 minutes bien faite et instruite sur la Passacaille.

Lully, Passacaille de l'Opera Armide (1686)

Lully, Passacaille de l'Opéra Persée (1682)

Buxtehude, Passacaille 
pour orgue en ré mineur (1690)

Georg Friedrich Händel, Suite de piano en Sol mineur 
HWV 432 (1720)

Henry Du Bailly, Yo Soy La Locura (1614)

Anonyme, O come t'inganni (1657) 

Johann Pachelbel, Canon et Gigue en ré majeur 
pour trois violons, avec basse continue (1680)

Tarquinio Merula, Chaconne (env.1624)

Purcell, Passacaille de l'Opéra King Arthur (1691)

Yves Fournier, Ca passe ou ça caille... l'histoire de la passacaille !

lundi 19 septembre 2022

Les séries de la fin de l'été : Indian Summers, Mozart in the Jungle, Irma Vep, Upload, Les Mystères de Prague

C'est du lourd pour cette sélection de la fin de l'été... Le creux de l'été a permis enfin de se plonger dans deux grandes séries laissées de côté pendant un temps : Indian Summers et Mozart in the Jungle. 

Et on a ajouté deux séries notables toutes récentes dont l'avenir n'est pas encore fixé : Irma Vep et Upload.

Ce n'est pas toujours le cas, mais cette fois, les quatre séries sont anglophones : trois d'entre elles sont américaines, Indian Summers étant anglaise.

Et comme joker, comme pour se décentrer, on parlera aussi parler de la série tchèque Les Mystères de Prague, Cela aurait été dommage.

Mozart in the Jungle n'était pas oubliée : les mélomanes ne pouvaient pas l'ignorer. D'autant qu'il existe très peu de séries qui traitent de la musique classique.

On n'a pas été déçu, au contraire : cette série est une formidable leçon de pédagogie sur le statut de musicien professionnel classique, le fonctionnement d'un grand orchestre et sur les enjeux liés à la production et la diffusion de la musique - à l'exception toutefois des enregistrements des disques, qui sont ignorés par la série, mais sans dommage car elle est déjà suffisamment dense comme cela !

Dans ce tel contexte, on peut pardonner quelques facilités dans les intrigues, des digressions un peu longues et quelques invraisemblances.

La série permet de passer en revue l'ensemble des instrumentistes, à l'exception toutefois des cuivres, qui sont tout à fait inconnus. Dommage. 

L'idée de confier le personnage principal féminin à une jeune hautboïste est une excellente idée, car l'instrument, essentiel, est pourtant souvent inconnu du grand public, et il nous permet tout de suite d'être au cœur de l'orchestre.

Les principaux acteurs sont bien choisis et excellents. On apprécie aussi beaucoup les gros moyens octroyés par Amazon, qui arrêtera pourtant la série après la 4° saison, chacune de 10 épisodes d'une demi-heure - format souvent utilisé pour une comédie. Audience trop faible oblige.

Manifestement, la série aurait sans doute pu être devenue un grand classique des séries, ce qui explique aussi qu'elle a été confiée à de grands noms de la réalisation américaine, en tête Roman Coppola, le fils de son père, et Jason Schwartzman, un autre membre de la famille Coppola.

Enfin, on profite aussi beaucoup de la bande originale : c'est une une belle anthologie de la musique classique, surtout lyrique et symphonique.

Et sur le marché, on trouve dans certains épisodes des musiciens ou compositeurs réellement existants, jouant leur propre rôle, ce qui est assez amusant.

Mozart in the Jungle reste une série assez singulière dans son genre. En effet, si on trouve pas mal de séries sur le monde de la danse, la musique classique semble encore assez éloignée des fictions télévisuelles. Dommage.

Plusieurs fois diffusée sur Arte, et cette fois à l'occasion du 75° anniversaire de l'indépendance de l'Inde, Indian Summers, qui traite de la montée vers la partition et l'indépendance des Indesdevait sans doute empiler les saisons, puisque le récit de la première saison se situe en 1932, le terme des événements étant bien sûr fixé à 1947.

Magnifiquement et somptueusement mise en scène, la série s'est arrêtée dès la deuxième saison, faute d'audiences suffisantes : elle est produite par Channel 4, dont 91% de son budget vient de la publicité. CQFD.

Evidemment, on ne boude pas son plaisir et on regarde jusqu'au bout. Mais on reste sur sa faim.

Les événements de cette histoire sont innombrables et souvent tragiques, qui ont mené à l'indépendance de l'Inde et du Pakistan et concerné plusieurs centaines de millions d'êtres humains à l'échelle d'un sous-continent immense..

Difficile de tenir cette histoire dans un mouchoir de poche. 

La série essaie : le cadre est censé se situer sur les contreforts de l'Himalaya, pour que les Européens anglais puissent ne pas trop souffrir des étés indiens, chauds et humides de la plaine. Dans les faits, la série a été tournée en Malaisie, d'où on aperçoit pas du tout le toit du monde.

De même, impossible de reconstituer la réalité de l'Inde dans les années 1930. Bref, les décors semblent un peu étriqués et répétitifs.

De surcroît, c'est une petite société qu'on nous dépeint, sans doute très éloignée des armées de fonctionnaires que sa Majesté envoyait sur place pour administrer ces territoires énormes.

La série tente aussi de donner une idée de la société indienne de l'époque, gérée par les castes, déchirée entre musulmans et hindous et agitée par les différents mouvements politiques qui la traversent : révolutionnaires ou réformistes, violents ou non-violents... Mais elle ne peut évidemment pas étreindre cette diversité et cette complexité.

Du coup, les intrigues paraissent bien futiles et les personnages falots, comme flottant dans des habits trop larges. 

Sauf peut-être les personnages indiens, qui évoluent dans des extérieurs plus larges que quelques maisons coloniales.

Dommage pour l'ensemble. Mais on comprend aussi pourquoi il n'y a jamais eu de troisième saison.

Avec Irma Vep, nous sommes dans la meilleure qualité siglée HBO, et co-produite par des moyens français (OCS - Orange Cinéma Séries). De même, l'histoire des Vampires (anagramme d'Irma Vep), film muet bien français de 1915, sert de trame pour cette mini-série de 8 épisodes de 56 mn chacun.

Si Mozart in the Jungle donnait une leçon de musique classique, Irma Vep nous donne à regarder la fabrication d'un film avec ses coulisses, ses déboires et ses petites et grandes histoires - pétage de plomb du réalisateur inclus.

On aime ce cinéma dans le cinéma et ce méli-mélo international, langues et acteurs compris. 

Le nom d'Alicia Vikander doit être mémorisé. C'est celui de la jeune actrice suédoise qui joue le rôle de Musidora

Elle a déjà une énorme filmographie, et sans aucun doute, elle sera un jour bien mieux connue en France, car sa présence et son jeu sont remarquables.


La vie numérique prolongeant la vraie vie est devenu un thème récurrent dans nombre d'oeuvres de science-fiction. 

Upload en fait partie, mais sur le mode de la comédie. On compte deux saisons, et Amazon, qui produit la série, a commandé une troisième. Tant mieux.

Si le thème commence à être connu, son traitement par la série est très intéressant : l'environnement numérique à venir (supposé de 2033 dans la série) est parfaitement crédible : smartphones dématérialisés, automobiles autonomes, trains hyper-loop, imprimantes 3D pour la nourriture, et même pour son café... Les amateurs aimeront !

Il faut y jeter un coup d'œil., ne serait-ce que pour savoir ce qui nous attend bientôt en matière de vie quotidienne.

Pour le reste, les acteurs sont plutôt bons et les rebondissements sont bien tournés. On attendra la troisième saison.


La première chaîne tchèque a fait fort avec Les Mystères de Prague, qui reconstitue dans les moindres détails le Prague des années 1920. Elle ne lésine pas sur les décors : automobiles d'époque, scènes extérieures très nombreuses, reconstituant des quartiers ou des coins de campagne complets,  intérieurs et costumes des années folles assortis... On est comblé !

Mais la série a aussi d'autres intérêts. 

Historiquement, cette période de la Tchécoslovaquie fut singulière, coincée entre trois Empires. D'abord, l'Empire Austro-Hongrois jusqu'au 1918 dont elle faisait partie, puis le sinistre Troisième Reich, qui a annexé une partie du pays en 1938, avant d'être intégrée dans l'Empire soviétique.

La série se passe pendant ces vingt années prospères de la République. Ce n'est pas par hasard. Et les premiers épisodes font écho à la situation politique du pays, divisé entre républicains et nostalgie de l'Empire d'Autriche-Hongrie.

Ensuite, on regarde les personnages principaux vivre de manière intéressante, chacun dans son monde, chacun pourtant ne s'empêchant pas de faire des incursions dans le monde de l'autre.

Mais attention, les afficionados de fictions policières seront déçus car les intrigues sont un peu redondantes et téléphonées. Mais cela n'empêche pas d'apprécier la belle époque à Prague... et de sa banlieue. 

vendredi 8 juillet 2022

Sur la Playlist de l'été : Haendel, les concertos pour orgue et orchestre

 

De quoi se réconcilier enfin avec l'espèce humaine : les concertos pour orgue et orchestre de Haendel...

D'abord, parce qu'il s'agit du grand Haendel, un des immenses piliers de la musique baroque à son apogée ; l'égal de Bach, Telemann, Scarlatti, Rameau...

Ensuite parce que Haendel est singulier : il n'était pas né dans une famille de musiciens, alors que c'était plutôt la règle à l'époque.

Orphelin à quatorze ans, son père devient apprenti chirurgien-barbier au centre des pays germaniques. Le grand père était chaudronnier : ascendance tout à fait atypique.

Parcours étrange aussi : destiné à une carrière juridique, c'est en cachette de son père qu'il est devenu le plus grand organiste de son temps. On disait que seul Bach l'égalait, et ce n'est pas rien.

Enfin, ces concertos pour orgue et orchestre ne sont pas des oeuvres religieuses. Ils étaient joués pendant les interludes lors des grands oratorios composés par Haendel à Londres, où il s'était finalement installé de manière durable après une parenthèse italienne, venant de sa province germanique.

Au final, ces concertos étaient comme des coupures publicitaires pour ses prochains oratorios : c'est que le grand Haendel, champion de l'orgue, avait de quoi attirer un public supplémentaire important. Pas mal, comme spot de pub.

L'orgue est la vedette de ces pièces, l'orchestre étant destiné à le mettre en valeur mais jamais l'égaler.

Ces pièces courtes - par définition - se jouaient sur des petits orgues mobiles dans de grandes salles dédiées à la musique. Elles profitaient de l'orchestre et de l'installation des grands oratorios pendant les changement d'installation ou de décor. Mais de nos jours, les enregistrements se font aussi dans les églises, car on trouve peu d'orgues ailleurs et les orgues mobiles sont aussi rares.

Cette douzaine de pièces sont formidables : légères, aériennes, virtuoses, d'une expressivité incroyable.

S'y ajoutent des tonalités quasi enfantines car les orgues interprétant cette musique utilisent souvent des jeux d'orgue qui ressemblent à ceux des petits orgues mobiles de l'époque, plutôt aigus, délicats, célestes. Les plus avertis reconnaitront notamment les jeux de flute, voix céleste, viole de gambe, flute traversière, hautbois, voix humaine, trompette, bombarde, clairon, cromorne...

Voici d'abord deux extraits du même morceau, représentatif du rôle de l'orgue dans ces concertos. La première vidéo de 1973 utilise un orgue moderne dont la sonorité est magnifique et bien adaptée au morceau. Cet instrument se trouve à Manchester, dans l'auditorium du conservatoire de musique. La deuxième est un enregistrement de référence de 1986 venu des Pays-Bas.



Et pour donner une vue d'ensemble de ces concertos, voici une intégrale proposée gratuitement par Brilliant Classics. Quelques oeuvres de même facture, notamment un concerto pour harpe, sont ajoutés. Pour l'ensemble, nous sommes partis pour un peu moins de 4 h 30 mn. Bonne écoute !



On peut écouter aussi la première partie des concerts par Marie-Claire Alain, grande organiste, qui fait référence :


Et une version historique de Karl Richter, filmée en 1972, avec l'ensemble de Munich. Le tempo est un peu lent pour les oreilles de 2022, mais elle peut faire référence aussi.



samedi 16 avril 2022

Sur la Playlist du printemps : Airs de cour, par le Poème harmonique

 

C'est album-univers que cette production de 35 airs, qui remonte à 2015. Mais il n'aura jamais de rides tant il est inséré dans l'époque des Airs de cour.

Ce genre est très reconnaissable et sa période d'existence est relativement courte : fin XVI° siècle/début XVII° siècle. A ce titre, il appartient à la grande ère baroque, mais à son début, juste avant le grand siècle que fut le règne de Louis XIV.

Les Airs de cour sont de petites pièces vocales accompagnées de quelques musiciens, comme des petites scènes de genre musicales, décrivant une ambiance, une historiette, une anecdote... On y trouve aussi des influences italiennes ou espagnoles : la légèreté profane des mélodies se marient mieux avec les cultures du sud de l'Europe, même si les nombreux souverains allemands, de même que la cour anglaise utilisent aussi le genre.

En fait, les Airs de cour étaient la TSF des rois et reines, de leur famille et de leur entourage, à une époque, et pour longtemps encore, on ne pouvait écouter que de la musique live par la force des chosesEt les journées - et encore plus les soirées - pouvaient être si longues au temps où les divertissements étaient si rares - et, pourvu d'avoir une domesticité nombreuse, on avait du temps...

L'album réalisé par le Poème harmonique, formation fondée et animée par le luthiste et guitariste baroque Vincent Dumestre, est de toute beauté, à écouter encore et encore. 

Cette musique nous fait enjamber ces 400 ans, nous rapprochant miraculeusement de ces aïeux, pourtant si éloignés de nous. Une espèce de machine à remonter le temps, en somme.

L'ouvrage repose évidemment sur un énorme travail dans les archives musicales, car les principaux compositeurs sont très peu connus : Pierre GuédronÉtienne MouliniéGuillaume CosteleyAntoine BoëssetAdrian Le RoyCharles Tessier... parmi tant d'autres. 

Autre fondement : l'excellence des interprètes. Les amateurs pourront notamment repérer les belles voix de Marc Mauillon (Baryton), de Serge Goubioud (Ténor) et de Bruno Le Levreur (Contre-ténor)

L'ensemble de l'album se trouve gratuitement sur YouTube ici... Un vrai cadeau du label Alpha Classics.

Voici quelques morceaux au passage parmi les préférés.






jeudi 3 mars 2022

Sur la Playlist de la fin de l'hiver : Les Messes brèves de Jean-Sébastien Bach

L'Eglise Saint Thomas de Leipzig. 
J.S. Bach est resté dans cette ville de 1728 jusqu'à sa mort en 1750.
 

Les Messes brèves ou Messes luthériennes font partie de ces oeuvres qui vous accompagnent toute votre vie, et on y revient régulièrement, tant la musique qu'elle propose à l'oreille et au cerveau est riche et complexe.

Il s'agit de quatre pièces d'environ une demi-heure - donc brèves - et elles se distinguent de la Messe en si, oeuvre majeure de Bach qu'il a retouchée presque toute sa vie, et qui, elle, dure deux heures. Tout de même.

Par ailleurs, les quatre Messes brèves correspondent au rite luthérien, religion de Bach et de sa famille, alors que la grande Messe en si correspond plutôt au rite catholique, même si Bach l'a écrite aussi pour le luthéranisme. Mais la relative austérité des offices protestants devaient sans doute pas trop s'en accommoder.

Dans tous les cas, ces messes sont en latin et correspondent aux différentes prières de la liturgie chrétienne, partagée entre grande partie entre protestants et catholiques. Ces textes ont perduré jusqu'en 1965, année de la décision d'utiliser les langues usuelles pour dire la messe, au moins chez les catholiques.

Comme on voit, Bach, quoique pieux, n'était pas fanatique en matière de religion, pourvu qu'il puisse produire ses oeuvres et qu'elles soient entendues, que ce soit par des protestants ou par des catholiques.

De fait, l'Allemagne du XVIII° siècle était une vrai mosaïque de petits royaumes, principautés, duchés, certains catholiques et d'autres protestants, selon la tradition des familles régnantes d'ici ou là. Il fallait bien trouver du travail pour les musiciens de l'époque.

Ces Messes brèves sont souvent dédaignées par les musicologues car elles sont une espèce de pot-pourri d'airs repris un peu partout dans l'immense corpus des Cantates, qui ont tant occupé Bach une grande partie de sa vie, car il en fallait une par dimanche, comme responsable musical des offices dans les églises où il était employé. A ce titre, il a composé au total 200 cantates sacrées - destinées à la liturgie et écrites en allemand.

Mais on pourrait tout aussi bien dire que ces Messes brèves sont un vrai Best-of des cantates. Ces messes sont donc en principe le meilleur du meilleur de la musique sacrée de Bach.

Et en les réentendant, on pense forcément à ces dernières paroles prononcées par Jean-Sébastien Bach sur son lit de mort selon la tradition : Ne pleurez pas pour moi : je vais là où la musique est née. Pas mal.

Voici une seule interprétation, celle qui est préférée. Il en existe quelques autres sur internet - mais beaucoup moins que des enregistrements de la grande Messe en si.

Les Messes brèves ont les numéros 233 à 236 dans le catalogue des oeuvres de Jean-Sébastien Bach établi dans les années 1950 et devenu quasi-officiel  (BWV = Bach-Werke-Verzeichnis).

BWV 233

BWV 234

BWV 235

BWV 236

vendredi 18 février 2022

Soft Power : Radio Caprice


Traduction de la ligne en russe tout en bas : 
TOUS LES STYLES, GENRES, DESTINATIONS, COMPILATIONS

Un filon musical d'importance a été découvert récemment, et il fallait en parler sur le Blog, comme pour remercier de ces heures déjà passées à écouter de la musique sans publicité, sans interruption, dans des centaines de genres musicaux si on le veut, et avec une très bonne qualité technique.

Il s'agit de la plate-forme musicale russe Radio Caprice, totalement gratuite, facilement accessible via ordinateur ou via smartphone.

Merci au pays de Monsieur Poutine. 

Mais on ne peut pas ne pas penser que l'initiative fait partie du Soft Power de la nouvelle Russie. C'est ce même pays qui poste en ce moment 150 000 soldats à sa frontière ouest, alors qu'elle a déjà mangé une bonne partie de l'Ukraine. Le même pays aussi qui envoie des mercenaires au Sahel protéger la junte malienne et occuper la place que l'armée française va devoir laisser très bientôt. Le même encore qui déchaîne des armées de hackers et de trolls pour mettre à mal tous les systèmes informatiques qui se trouvent à son ouest.

Evidemment, Radio Caprice est une bien maigre contrepartie bienveillante. Chacun jugera selon son opinion de l'utiliser ou non. Mais elle existe.

A défaut, on peut toujours utiliser la plate-forme indépendante suisse 1.FM, mais qui propose hélas un peu de réclame : nous sommes là du bon côté du capitalisme.

Quelques extraits du catalogue somptueux des flux audio proposés sur Radio Caprice. Discothécaire, c'est un métier !

PS : Le soft power, ou « puissance douce », représente les critères non coercitifs de la puissance, généralement d'un État, et en particulier parmi ces critères l'influence culturelle (Définition proposée par Géoconfluences, site officiel de l'Ecole normale supérieure de Lyon)







samedi 27 novembre 2021

Sur la Playlist de l'hiver : Jakub Józef Orliński, Album "Anima æterna"


 On s'était promis de revenir à propos de Jakub Józef Orliński à la faveur d'une perle musicale de l'an dernier.

Une fois n'est pas coutume : c'est une nouveauté baroque qui en donne l'occasion. L'Album Anima æterna est son troisième album en solo, et on espère qu'il y en aura beaucoup beaucoup d'autres. D'autant qu'il est né qu'en 1990... De quoi occuper une bonne partie du XXI° siècle.

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, une petite recherche internet devrait vite fait de l'identifier : polonais, contre-ténor, danseur de Break-dance et cool

Il est encore accessible malgré son énorme toute nouvelle renommée, comme on a pu l'aborder lorsqu'il a chanté pas loin d'ici.

On tombera inévitablement sur la vidéo, vue par plus de 8 millions de visiteurs, où il chante à Aix en Provence en tenue de vacancier, persuadé que l'émission n'était que radiophonique alors qu'il dépannait au pied levé France Musique suite à la défection d'un invité.

On pourra aussi regarder la vidéo marrante de 2016, issue du festival de musique ancienne à Utrecht, aux Pays Bas, où il exploite sa voix en même temps que son talent de Break-dancer.

Mais il faut se concentrer sur sa voix, là d'où tout part.

Il chante dans le registre des hautes-contre, donc très aigu mais jamais criarde, toujours juste et toujours masculine. Une voix chaleureuse, souple et toute en nuances : une espèce de miracle qu'on reconnait tout de suite à l'aveugle. Evidemment, ce n'est pas toujours le cas dans la catégorie des contre-ténors car l'exercice est très difficile.

Sans connaître précisément son environnement professionnel et artistique, on sent qu'il est très bien entouré : son répertoire est singulier, magnifique, souvent inédit ou quasiment, pioché dans les meilleurs compositeurs mais moins connus de la période baroque : Zelenka, Fux, Manna par exemple pour cet album. Mais cela ne l'empêche pas d'interpréter aussi sans problème les plus grands : Haendel, Bach et Vivaldi notamment.

Comme toujours, on ne voit pas l'énorme travail artistique et technique que cela suppose, même si les clips tournés dans son salon et sur son piano lors des confinements permettent de l'apercevoir quand il a un peu marre de tourner en rond, alors que manifestement sa vie est sur la scène.

Cerise sur le gâteau, il chante très souvent avec les autres, et dans beaucoup de répertoires, ce qui est signe d'un énorme talent supplémentaire : l'humilité.

Voici quelques morceaux issus de l'album, mais on peut en trouver d'autres facilement sur l'internet.

A écouter lentement, en regardant tomber la première neige... comme aujourd'hui.





samedi 25 septembre 2021

Sur la Playlist de l'automne : Schubert, les Trios


 
Encore, et encore, les Trios de Schubert sont sur la Playlist, et il fallait les mentionner un jour. Ils nous sortent du baroque et nous tombons à pieds joints dans le romantisme échevelé. Mais que c'est beau !

Numérisé depuis très longtemps, ce coffret de deux CD-Audio représenté ci-dessus serait sans aucun doute dans le 10-top des disques à emporter sur une île déserte si l'occasion se présentait. Ils ont déjà été  entendus tant de fois que l'oreille a du mal à entendre d'autres versions. Mais on a fait un effort pour illustrer ce message de manière plus diverse ci-dessous.

Cette magnifique musique a été composée par un jeune homme, à peine trentenaire, qui avait déjà écrit un bon millier de pièces - c'est plus que Mozart. 

Et il va bientôt mourir. Schubert est mort à 31 ans en 1828, et des notes mortifères hantent souvent sa musique : chroniquement malade, la mauvaise santé pesait beaucoup sur sa vie. Est-ce pour cela qu'il a donné au monde cette musique profonde et sensible ? Est-ce pour cela aussi que ses trios brillent par leur économie de moyens, mais pour une émotion maximale : peine, arrachement, chagrin, douleur, déchirure - comme on voudra la dépeindre.

Franz a eu beaucoup d'amis qui l'ont épaulé beaucoup, ayant pressenti à quel génie ils avaient affaire - même s'il s'en moquaient gentiment en l'appelant petit champignon (Schwammerl, en dialecte autrichien) - il mesurait 1 m 56.

Il n'a jamais eu de successeur, ni dans la vie, ni pour sa musique. Pour autant, cette musique a assuré sa subsistance car Schubert est un des premiers compositeurs à vivre entièrement de ses compositions.