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mardi 30 janvier 2024

Lieux singuliers (16) : le Cimetière des Oubliés à Cadillac




 Lieu poignant que le Cimetière des Oubliés de Cadillac. Riverain du cimetière municipal, près de 4 000 malades mentaux y sont inhumés entre 1922 et 2000. Parmi eux se trouvent notamment 201 poilus, mutilés du cerveau comme on disait, rendus littéralement fous par la boucherie de 1914-1918.

Cadillac sur Garonne (c'est le nom complet de la commune) dispose d'une longue tradition d'accueil d'aliénés. Elle remonte au début du XVII° siècle, moment où le Duc de Gascogne y a fait construire un hospice moderne, selon les critères de l'époque. Il en était voisin, puisque le Château de Cadillac - magnifiquement rénové et confié au centre national des monuments historiques - était une de de ses résidences principales.

Mais c'est la Révolution qui a fondé ici en 1790 un véritable asile d'aliénés, devenu entre temps établissement public de santé, spécialisé dans la prise en charge de la maladie mentale et l'accompagnement des souffrances psychiques, tel que le projet d'établissement le désigne.

Il accueille aussi une des dix Unités pour malades difficiles (UMD) en France, désignation claire et simple, qui - par miracle - n'a pas été remplacée par un vocable abscons, euphémisant ou technocratique.

Ironie du sort ou signe du destin, un de ses murs extérieurs, vieux de plus de 200 ans, s'est écroulé dans la nuit du dimanche 22 janvier à lundi 23 janvier 2023, heureusement sans faire de victime.

Le Cimetière des Oubliés, tout près de l'hôpital, représente un grand morceau de l'histoire de la ville, et, partant, de l'histoire du pays. Il est réconfortant malgré tout qu'il ait été réhabilité il y a peu, compte tenu de l'immensité des  souffrances humaines qu'il a recueillies.

mardi 12 septembre 2023

Lieux singuliers (15) : Le Stade-Parc Roger Salengro et la Piscine Art déco de Bruay



Ce bel endroit, dédié à la population minière dans les années 1930, porte le nom de Roger Salengro, ministre de l'intérieur du Front populaire qui s'est suicidé après une campagne infâme et violente de l'extrême droite. Et les réseaux sociaux n'existent pas encore.

Roger Salengro était aussi Maire de Lille : la proximité de Bruay - ex-Bruay en Artois et maintenant Bruay La Buissière - explique sans aucune doute cette dénomination.

Nous sommes totalement dans l'Art déco, et jusque dans les plus détails : architecture, bancs, agencements intérieurs et extérieurs, clôtures, signalétique etc. Le site a été inauguré le 1er août 1936 et il a gardé les mêmes fonctions  depuis : parfaitement accessibles, les espaces sont publics et intégrés au tissu urbain alentours.

L'ensemble a été classé comme monument historique en 1997. Qui plus est, l'architecte, Paul Hanote, est originaire de la ville,  

Le Stade-Parc Roger Salengro et la Piscine de Bruay sont bien des lieux singuliers parce qu'uniques, produits d'une conjonction rare et quasi-magique entre architecture, politique, population et art de vie.

Les images sont ici



dimanche 7 mai 2023

Lieux singuliers (14) : les Eglises fortifiées de Thiérache



 A quoi sert une église ? 

En Thiérache, l'église sert à se protéger. C'est d'ailleurs pour cela qu'on les a fortifiées pendant les périodes agitées.

Entre 1530 et 1700 environ, la Thiérache est traversée par les conflits incessants de trois puissances ennemies européennes : le Royaume de France au sud, le Saint Empire romain germanique des Habsbourg et l'Espagne, qui occupe tout le sud des Pays-Bas. Et la Belgique comme Etat tampon n'a été créée à cette fin qu'en 1830. 

Toutes ces armées, piétinant le pays dans tous les sens, vivaient bien sûr sur la population en pillant allégrement tout ce qu'ils pouvaient trouver. Autant dire que la population n'était pas en sécurité.

Partout ailleurs dans les autres provinces, on se réfugiait au château. C'était quand même le devoir de la noblesse, de protéger la population. Ne pas payer d'impôts n'avait pas que des avantages.

Mais la Thiérache est très éloignée des centres de pouvoir de l'époque : la petite noblesse du pays a fui ou ne peut pas faire face. 

Alors la population et son clergé rajoutent des fortifications à leur églises paroissiales, qui existent depuis le moyen-âge : tourelles, portails, échauguettes, escaliers étroits et dérobés, salles de refuge en hauteur dans les clochers... 

Ces éléments ajoutés sont en brique et en bois, car il fallait faire vite et pas cher. Impossible donc d'aller chercher des vraies pierres onéreuses loin de là : la Thiérache est un pays d'argile donc humide et sylvestre, pas un pays de carrières.

Entre Aisne, Ardennes et Belgique actuelle, une soixante d'édifices répondent à ces nouvelles fonctions. Ils sont très différents l'un de l'autre, mais ils répondent tous à ce besoin séculaire et essentiel des populations : la sécurité.

Les églises représentées dans l'album sont celles d'Autreppes, Burelles, Chaourse, Englancourt, Gronard, Lerzy, Marly Gomont, Montcornet, Noircourt, Parfondeval, Plomion et Saint Algis, toutes situées dans le département de l'Aisne.

Voir les images

dimanche 22 janvier 2023

Lieux singuliers (13) : L'ermitage orthodoxe russe de Tous-les-Saints-de-Russie, Saint Hilaire le Grand



Ce petit morceau de Russie au beau milieu de la plaine agricole en Champagne a beaucoup de choses à raconter sur la grande histoire et ses replis.

L'ermitage orthodoxe russe de Tous-les-Saints-de-Russie à Saint Hilaire le Grand surveille et conserve la mémoire des sépultures de 916 hommes dont l'histoire n'est pas banale. Nés sous l'Empire russe, ils sont morts soviétiques sans être revenus en Russie.

Ils faisaient tous partie du Corps expéditionnaire russe en France dont les 45 000 soldats avaient été échangés en 1916 contre de l'armement français au terme d'une négociation peu reluisante entre le Tsar Nicolas II et le sénateur Paul Doumer, futur président de la République. L'histoire retiendra que 450 000 fusils ont été donnés en échange. 1 pour 10.

C'est que la France avait besoin de tant de vies à sacrifier devant les vies allemandes. Quelle époque, où les vies comptaient si peu pour les généraux.

Arrivés via Arkhangelsk ou par Vladivostok (!), ces hommes ont été jetés dans la tourmente de la Grande Guerre, sous leur drapeau à l'aigle à double tête - l'une tournée vers l'Asie, l'autre vers l'Europe, mais avec l'équipement français. 

Une moitié des effectifs fut directement dirigée vers Salonique, où l'on combattait contre l'Empire Ottoman. L'autre est arrivée en France par Marseille et Brest, puis affectée au front de Champagne début 1917 pour se faire massacrer, comme tous les autres, quelque part entre le Nord de Reims et le Chemin des Dames.

A titre d'illustration sinistre, en avril 1917, lors de l’offensive « Nivelle »,  6 000 soldats russes sont tués aux côtés de 270 000 soldats français.

Mais même avec retard, ces soldats apprennent  que la révolution bolchévique est en route, le Tsar abdiquant le 15 mars. Cette guerre n'est plus la leur, d'autant qu'une grande partie d'entre eux sont communistes. Qu'en faire ?

16 000 soldats, 300 officiers et leurs 1 700 chevaux furent au final regroupés dans un camp en Creuse, le Camp de La Courtine, tant on craignait la contagion révolutionnaire. Le premier camp militaire français autogéré par un Soviet !

Evidemment, l'Etat Major et les Russes restés fidèles à la Russie impériale ne pouvaient pas laisser les choses en l'état. Le camp reçut 800 obus en trois jours, du 16 au 18 août 1917.

La répression de la mutinerie du Camp de la Courtine est une de ces pages noires de l'armée française - une de plus - qui déclara sans sourciller 9 morts chez les mutins. On est prié de la croire.

Le titre d'un documentaire de 1999dédié à cette histoire est très évocateur : 20 000 moujiks sans importance

Quelques arpents russes à Saint Hilaire le Grand. Mais il pèsent leur pesant de péripéties historiques.

La mutinerie des soldats russes sur le sol français en 1917 a ainsi écrit une de plus belles pages de l’histoire du pacifisme, de l’antimilitarisme et de l’internationalisme des peuples. La constitution en janvier 2014 de l’association « La Courtine 1917 », poursuit l’objectif de rendre à ces mutins l’hommage qu’ils méritent et de faire connaître et vivre leur grandiose épopée.

Jean-Paul Gady, Adhérent de l’association « La Courtine 1917 »

Les images de l'Ermitage


mercredi 26 octobre 2022

Lieux singuliers (12) : l'Eglise du Bon Pasteur à Lyon


L'Eglise du Bon Pasteur à Lyon, rue Neyret, est un hyper-concentré de l'histoire de la ville et du pays. Désaffectée, elle présente piètre figure. 

N'est-ce comme cela qu'avance le cours du temps, dont elle en est un produit singulier : désordonné, chaotique, et quelquefois absurde.

L'édifice fut construit sur les flancs pentus de la Croix Rousse à une époque - la fin du troisième Empire - où le catholicisme devait reconquérir la population ouvrière, si tumultueuse sur la colline qui travaille, toisée, en face, par Fourvière, la colline des bien-pensants.

Sa première pierre a été posée le 25 août 1869 par l´impératrice et le prince impérial en personne : c'est dire l'importance de cette croisade lyonnaise.

Et puis, rien ne s'est passé comme prévu, étonnant, non ?

La guerre de 1870 fait sombrer l'Empire et la nouvelle République a bien d'autres soucis, même si la bonne ville de Lyon a payé une grande partie de la construction : l'Eglise et l'Etat ne sont pas encore séparés.

L'Eglise est finalement construite entre 1875 et 1883... Mais sans parvis : la parcelle d'emprise - en forte déclivité et exigüe - ne le permettait pas. Pour autant, la Ville avait promis de dégager le devant de l'édifice pour ajouter un escalier monumental... promesse laissée sans lendemain : l'escalier et le parvis ne sont jamais réalisés, l'espace concerné ayant été utilisé pour créer une nouvelle voie, la rue Neyret.

Au final, le porche de l'Eglise se retrouve perché à 3 mètres au dessus du niveau de la rue, et l'édifice est accessible uniquement par de petites portes sur le côté. 

L'incongruïté est comme un monumental clin d'œil architectural à l'histoire de la fin du XIX° siècle. Et c'est toujours le cas, comme les images le montrent. 

Les amateurs des sinuosités historiques pourront trouver tous les détails sur cette page très officielle de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

L'Eglise du Bon Pasteur n'est pas classée Monument Historique. On se demande bien pourquoi.

Les images se trouvent sur cette page

mardi 23 août 2022

Lieux singuliers (11) : Le Cimetière protestant de Nîmes


Lieu singulier à plusieurs titres que le cimetière protestant de Nîmes, qui connut sa première inhumation le 22 juillet 1782.

Si les morts sont aussi encombrants que les vivants, s'agissant notamment des sépultures et de leur entretien, les morts protestants le furent encore plus dans le Royaume très catholique depuis 1685, année de la révocation de l'Edit de Nantes. 

Que faire des défunts de confession protestante ? C'était particulièrement d'actualité à Nîmes, compte tenu de la longue histoire qui unit le protestantisme et sa contrée, si proche des Cévennes.

Alors on les enterrait à l'aube ou à la tombée de la nuit, comme en catimini, dans les cimetières existants. 

Jusqu'à ce que l'on interdise les inhumations dans les villes en 1776, et pour tout le monde. 

C'est que les cimetières "urbains" étaient une vraie horreur : on y empilait les corps dans des espaces exigus depuis le moyen âge, et qui finissaient s'écrouler, endommageant les maisons des vivants riverains ou, pire, dans leurs caves, provoquant des effondrements pestilentiels.

Les autorités protestantes du lieu ont alors profité de l'occasion pour donner à Nîmes un vrai lieu de repos des âmes de leur ressort.

Quelques autres cimetières protestants sont arrivés par la suite ailleurs au début du XIX° siècle, mais celui de Nîmes reste le plus important, comptant environ 6 000 sépultures, dont environ un tiers reste actif, car il est encore en activité.

A la grande différence des cimetières usuels, ce cimetière est resté privé, caché dans les méandres de l'histoire des relations Etat-Eglise. Il a été classé Monument historique en 2001.

Il reste un lieu foisonnant de végétation, comme indomptée, où tant de familles ont pu trouver un dernier refuge enfin paisible. 

Pour autant, le cimetière est traversé à son milieu par un cadereau qui a charrié tant d'eau le 3 octobre 1988, comme tous les autres les cours d'eau déboulant dans la ville, qu'elle en fut noyée.

Ce dernier 23 aout 2022, on avait en mémoire le 450° anniversaire de la Saint Barthelemy. Dix ans plus tôt en Champagne, on avait déjà massacré des familles protestantes en masse à Wassy.

Les images sont ici



vendredi 24 juin 2022

Lieux singuliers (10) : les unités d'habitation du Corbusier

Briey

Marseille

Rezé

Les unités d'habitation de Le Corbusier matérialisent une idée globale du vivre ensemble. C'est un des rares cas où une vision d'ensemble résiste au temps, où l'utopie s'approche de la réalité sans devenir un enfer.

Il fallait donc visiter les cinq unités d'habitation existantes, comme un hommage à cet esprit plein d'intelligence, de pertinence et d'humanité.

On trouve dans les cinq réalisations la même ambiance : une  tentative presque réussie de faire vivre les êtres humains pacifiquement. Et comme le diable est dans les détails, tout a été  pesé et soupesé. Les unités d'habitation fourmillent d'astuces pratiques, chacune rendant la vie quotidienne de tous un peu plus légère.

Plus de détails sur ces pages

Berlin

Briey

Firminy

Marseille

Rezé

Rezé

samedi 2 avril 2022

Lieux singuliers (9) : le Palais de la Porte Dorée



 Le Palais de la Porte Dorée - c'est son nom officiel - est à la marge : marge de Paris, au bord du Bois de Vincennes et comme en marge de la République, comme on le verra. Comme s'il n'était pas si facile d'assumer sa construction et, ensuite, sa non-démolition.

Il a été construit entre 1928 et 1931 à l'occasion de l'exposition coloniale internationale qui s'est tenue du  6 mai au 15 novembre 1931. C'est tout ce qui reste d'ailleurs de cette exposition, qui fut la dernière du genre. Les premières en France s'étaient tenues à Lyon et à Rouen en 1894 et 1896 respectivement, soit presque 40 ans plus tôt. 

Le Palais de la Porte Dorée ouvrait l'exposition coloniale qui occupait une partie du bois de Vincennes avec de multiples "pavillons" mettant en valeur l'héritage colonial et le folklore des "colonies". On sait ce qu'il en fut  quelques décennies après.

L'exposition fut un grand succès populaire : 8 millions de visiteurs. Mais on mentionnera les quelques opposants courageux : le parti communiste d'abord - qui ne s'est pas trompé sur tout historiquement - et les surréalistes, Breton en tête. On ajoutera Eluard, Char et Léon Blum, alors que son parti y était favorable.

Et dans la même période, de l'autre côté de Paris, au jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne, on organisait le dernier zoo humain - pardon, le "jardin ethnologique" - juste à côté du jardin zoologique. On n'a pas osé continuer plus longtemps cette ignominie - au moins en France.

Manifestement, en 1931, on était au début de la fin du bon temps des colonies.

Ironie du sort, parmi les grands sponsors de l'exposition coloniale, on trouve la Brasserie alsacienne Chez Jenny, qui fut une des cantines du Front National. Chez Jenny a disparu en 2020. Sic transit.

Quant au Palais de la Porte Dorée, la République a eu du mal à lui assigner une dénomination claire et fixe : il fut «musée des Colonies», puis «musée des colonies et de la France extérieure», puis «musée de la France d’outre-mer», puis «musée des Arts africains et océaniens», et enfin «musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie » avant de déménager ses collections au Musée du quai Branly en 2003.

Enfin, en 2007, il est devenu Musée de l'Histoire de l'immigration. On peut comprendre pourquoi. Mais ses collections ne seront visibles à nouveau en 2023 après une nouvelle organisation. Entre temps, le musée propose des expositions de grande qualité, dont la dernière porte sur Picasso, mais comme étranger. Beau travail. 

L'aquarium tropical du sous-sol, qui vaut une visite, existe depuis le début.

Il reste ce bijou architectural de l'Art déco qu'est le Palais de la Porte Dorée.

Juste en face, on trouve le Monument à la Mission Marchand, érigé quelques années après, dans le même style. Expédition avortée en 1898, elle cherchait les sources du Nil.

Vers les images

mercredi 9 février 2022

Lieux singuliers (8) : Les Jardins de la Fontaine


Il fallait consacrer une publication à cet endroit exceptionnel et quasi-archétypal : les Jardins de la Fontaine à Nîmes.

Venu du fin fond de l'histoire, les Romains avaient déjà bien repéré l'endroit, en y implantant un grand Temple à Diane, dont une grande partie est restée debout. De même, et de la même époque, la Tour Magne surplombe l'ensemble, vestige de l'enceinte qui protégeait Nemausus et ses 20 000 habitants, faisant d'elle une des plus grandes villes de la Gaule narbonnaise.

Mais le superbe habillement des eaux est dû aux ingénieurs de Louis XV. Ce XVIII° siècle était capable de prouesses autant esthétiques que pratiques : il s'agissait d'abord de réguler la source. Ce fut cet enchantement de solide et de liquide, de facture très classique, auprès duquel il fait encore bon de se promener en captant l'humidité au passage, surtout en pleine chaleur du sud.

Au fil du temps, on s'arrêtera le 3 octobre 1988, quand les eaux de partout dévalèrent de partout, noyant la ville sur des trombes d'eau. L'enchantement était devenu furie.

Mais on y retournera, dans les Jardins de la Fontaine, comme beaucoup d'autres et encore pour de nombreux siècles.

L'album est ici



lundi 13 décembre 2021

Lieux singuliers (7) : Gravelotte, La Halle du Souvenir/Gedenkhalle

Nous sommes en Allemagne. Ou au moins cette terre était-elle allemande entre 1871 et 1918. A l'instar de Metz, le tout nouvel Empire allemand multipliait les réalisations architectures car cette partie de la Lorraine était sa vitrine.

Gravelotte, devenue allemande, riveraine de la nouvelle frontière entre les deux belligérants, devait accueillir cette Halle du Souvenir en 1905. Elle est dédiée à tous les combattants allemands qui ont défait l'armée française précisément à cet endroit, marquant la fin de notre III° Empire.

La bataille de Gravelotte a frappé les esprits par le déchaînement et la densité des combats : sur une seule journée - le 16 août 1871 - 301 132 hommes des deux côtés se sont affrontés dans ce mouchoir de poche. 32 435 hommes y sont disparus ou blessés.

Totalement allemande, revenue en sol français en 1918 sans avoir bougé évidemment, la Halle du Souvenir est bien singulière.

Elle est maintenant intégrée au parcours de visite du beau Musée de la Guerre de 1870 et de l'Annexion, propriété maintenant du Département de la Moselle. C'est le seul Musée dédié uniquement à la guerre de 1870. 

Pourtant, c'est ce conflit qui a créé les conditions des deux guerres mondiales qui suivront.

L'album est ici



lundi 25 octobre 2021

Lieux singuliers (6) : Charleville-Mézières pendant le Festival mondial des Théâtres de Marionnettes


 Entre la Place Ducale, sortie intacte par miracle du premier XVII° siècle, le remarquable Musée de l'Ardenne, l'ancien Moulin qui enjambe la Meuse, maintenant Musée Rimbaud et la maison familiale du poète à quelques mètres de là, et qu'on peut maintenant visiter, Charleville-Mézières vaut une visite sans problème. Et si on y ajoute les trésors de tous les siècles de la vallée de la Meuse ainsi que Sedan, principauté protestante jusqu'au 1642, son énorme Château et la Belgique toute proche, le voyage vaut la peine.

Mais Charleville-Mézières devient un vrai lieu singulier lors du Festival mondial des Théâtres de Marionnettes.

Les magnifiques pierres blondes du centre-ville y forment une espèce de fond de scène pour tous les spectacles et animations qui prennent place sur l'espace public, devenu piéton en grande partie. Tous les publics et toutes les compagnies du monde entier sont là, dans une convivialité incroyable : les marionnettes rapprochent manifestement les êtres humains, quels que soient leurs âges.

Le festival a lieu tous les deux ans en septembre. Le prochain aura lieu en 2023. Ce sera la 22° édition.

Les images sont ici


vendredi 10 septembre 2021

Lieux singuliers (5) : le Pont transbordeur de Rochefort-Echillais

Inauguré quasi en même temps que le vingtième siècle - 29 juillet 1900 - le pont transporteur qui relie Rochefort et Echillais au dessus de la Charente est un rescapé car il n'en reste que 8 dans le monde, ils ne sont pas tous en bon état : trois en Grande-Bretagne, deux en Allemagne, un en Espagne et un en Argentine.

Celui-ci est magnifiquement restauré et parfaitement opérationnel grâce à la Communauté d'agglomération Rochefort Océan ainsi qu'à tous ses partenaires qui se sont penchés sur l'avenir de ce monument historique, témoin d'une époque totalement révolue.

Ainsi vont les progrès techniques : certains sont promis à un grand avenir alors que d'autres, bien nombreux, finissent au mieux dans les catalogues des monuments historiques, au pire totalement engloutis dans les oubliettes.  

Au final, il n'y a eu qu'une vingtaine de réalisations de ce type de pont dans le monde. 

Ici, l'embouchure de la Charente qu'il enjambe est idyllique : jamais canalisée, jamais bétonnée, jamais harnachée - comme on dit au Québec, c'est à dire jamais aménagée. 

Le Pont transporteur respecte ainsi parfaitement le cours d'eau et ses abords, comme sorti d'un univers parallèle utopique dans lequel les actions des êtres humains pèsent si peu sur l'environnement...

Traversant ainsi lentement la Charente, on peut rêver.

Les images sont ici


samedi 17 juillet 2021

Lieux singuliers (4) : Semide, la plate-forme d'artillerie allemande

A la limite sud du département des Ardennes, après quelques kilomètres dans la plaine agricole à partir du village de Semide, on arrive sur le lieu - Right in the middle of nowhere (au milieu de nulle part)

Toutefois, nous sommes bien sur un monument historique, classé en 1922. Cette plate forme bétonnée a été construite en 1916 par l'armée allemande pour accueillir un énorme canon. 

Il ne s'agit pas de la grosse Bertha, mais d'un canon de 380 mm dont le doux nom était SKL/45.

Etonnant, non ?

Encore plus étonnant, le canon transporté sur place n'a tiré que 24 ou 25 projectiles et tout a été désaffecté après quelques jours. 

Personne ne semble savoir pourquoi, mais on peut hasarder une hypothèse simple : le canon avait une portée d'environ 39 kilomètres ; la seule ville notable qu'il pouvait atteindre était Sainte Menehould, mais sans doute avec quelques difficultés car Sainte Menehould se trouve tout au bout de sa portée.

Bref, le super-canon ne servait à rien. Sans doute les experts - allemands malgré tout - avaient-ils surestimé la capacité de destruction de l'arme.

Il reste ce stigmate de la folie humaine. Sic transit.

Les images sont ici

dimanche 27 juin 2021

Lieux singuliers (3) : Le Relais de poste à chevaux de Launois-sur-Vence


Classé monument historique en 1994, le Relais de poste de Launois sur Vence est une cathédrale horizontale et séculière. 

Son principal bâtiment accueillant les convois, leur dételage et le changement de chevaux, compte une longueur totale de bons 60 mètres, et il est organisé de telle façon que les attelages progressent toujours en avant, aucune marche en arrière ou demi-tour étant bien sûr quasi-impossible.

Situé sur les grands axes de circulation de l'ancien temps - Paris-Sedan et Marseille-Amsterdam - il est analogue à un aéroport international du XVIII° siècle, date de sa construction principale.

On y changeait les chevaux - étape technique indispensable avant de repartir - mais aussi on y mangeait, on y passait la nuit - pas possible de cheminer sans l'obscurité - ou tout simplement on s'y reposait entre deux étapes, compte tenu des fatigues et de l'inconfort du voyage : jusqu'au début du XIX° siècle, il faut trois à six jours selon le type de voiture, d'époque et de saison pour rallier Paris à Sedan. 

On y récupérait aussi ses colis, son courrier et en prenant des nouvelles du monde auprès des postillons ou des voyageurs, au temps où seule une petite minorité pouvait voyager. Le relais était donc un véritable centre de service essentiel pour l'époque, une brèche ouverte sur l'ailleurs...

Visitant le lieu vide, il reste à imaginer son animation débordante d'antan et la quantité de rencontres humaines - amicales ou inamicales, ou simplement purement techniques - qu'il a pu abriter, à la mémoire de cette période si longue où les hommes dépendaient des chevaux pour se déplacer.

Voici les images

dimanche 16 mai 2021

Lieux singuliers (2) : la Basilique de Liesse, sanctuaire à répit


La Basilique de Liesse appartient à une autre époque : celle d'une religion populaire, quasi superstitieuse, pleine d'une ferveur irraisonnée et presque bigote. 

Grand but de pèlerinage jusqu'au début du XX° siècle, Liesse est aussi un sanctuaire à répit dédié tout particulièrement à la figure tragique des enfants morts sans baptême : l'exposition des enfants morts sans baptême dans la Basilique leur ouvre la porte du Paradis, permettant ainsi d'échapper à une éternité d'errance dans les Limbes

De nombres signes marquent l'antériorité rituelle de la Basilique : culte à la vierge noire figurée au milieu du chœur ; vente d'objets fétiches en nombre ; jubé magnifique et intact ; présentation de l'ombrellino - l'espèce d'ombrelle utilisée lors des processions ; ex-voto omniprésents - dont un magnifique ex-voto marin, belle maquette de bateau à l'entrée devant la tribune de l'orgue ; béquilles laissées en exposition, témoignant de guérisons miraculeuses etc.

Le grand tableau morbide de la sacristie fait aussi partie de lot : il fut offert par la famille de Monaco, qui est toujours propriétaire du domaine et du château de Marchais, à quelques kilomètres, où la grande noblesse était hébergée quand elle était en pèlerinage ici.

Enfin et par extension, Notre Dame de Liesse accueillait en nombre les vœux dédiés à  une naissance. Louis XIII et Anne d'Autriche, la reine, se sont rendus plusieurs fois à Liesse pour avoir enfin un fils, si longtemps attendu. Ce fut Louis XIV. Quelle efficacité !

Plus d'images ici

mercredi 21 avril 2021

Lieux singuliers (1) : l'église Saint Didier d'Asfeld, joyau baroque



Rien de droit, dans l'église d'Asfeld, et rien de comparable avec un autre lieu. 

Edifiée par Jean-Jacques Mesmes, Comte d'Avaux - une localité proche - à la fin du XVII° siècle, en pleine période baroque, son architecte s'inspire du plan d'un instrument de musique, et particulièrement d'une viole de gambe.

Ce petit bijou, superbement conservé, posé au beau milieu d'un coin de campagne au sud du département des Ardennes, à un jet de pierre de la frontière avec l'Aisne. Presque un no man's land, mais on est presque toujours au sud de quelque part, non ?

Plus de photos ici