Sélection inhabituelle pour cette fin de printemps : deux séries de science fiction déjà anciennes, mais qui valent le détour et une saga québécoise longue comme le Saint Laurent.
dimanche 5 juin 2022
Les séries de la fin du printemps : Firefly, Continuum, L'Echappée
samedi 16 avril 2022
Sur la Playlist du printemps : Airs de cour, par le Poème harmonique
C'est album-univers que cette production de 35 airs, qui remonte à 2015. Mais il n'aura jamais de rides tant il est inséré dans l'époque des Airs de cour.
Ce genre est très reconnaissable et sa période d'existence est relativement courte : fin XVI° siècle/début XVII° siècle. A ce titre, il appartient à la grande ère baroque, mais à son début, juste avant le grand siècle que fut le règne de Louis XIV.
Les Airs de cour sont de petites pièces vocales accompagnées de quelques musiciens, comme des petites scènes de genre musicales, décrivant une ambiance, une historiette, une anecdote... On y trouve aussi des influences italiennes ou espagnoles : la légèreté profane des mélodies se marient mieux avec les cultures du sud de l'Europe, même si les nombreux souverains allemands, de même que la cour anglaise utilisent aussi le genre.
En fait, les Airs de cour étaient la TSF des rois et reines, de leur famille et de leur entourage, à une époque, et pour longtemps encore, on ne pouvait écouter que de la musique live par la force des choses. Et les journées - et encore plus les soirées - pouvaient être si longues au temps où les divertissements étaient si rares - et, pourvu d'avoir une domesticité nombreuse, on avait du temps...
L'album réalisé par le Poème harmonique, formation fondée et animée par le luthiste et guitariste baroque Vincent Dumestre, est de toute beauté, à écouter encore et encore.
Cette musique nous fait enjamber ces 400 ans, nous rapprochant miraculeusement de ces aïeux, pourtant si éloignés de nous. Une espèce de machine à remonter le temps, en somme.
L'ouvrage repose évidemment sur un énorme travail dans les archives musicales, car les principaux compositeurs sont très peu connus : Pierre Guédron, Étienne Moulinié, Guillaume Costeley, Antoine Boësset, Adrian Le Roy, Charles Tessier... parmi tant d'autres.
Autre fondement : l'excellence des interprètes. Les amateurs pourront notamment repérer les belles voix de Marc Mauillon (Baryton), de Serge Goubioud (Ténor) et de Bruno Le Levreur (Contre-ténor)
L'ensemble de l'album se trouve gratuitement sur YouTube ici... Un vrai cadeau du label Alpha Classics.
Voici quelques morceaux au passage parmi les préférés.
samedi 2 avril 2022
Lieux singuliers (9) : le Palais de la Porte Dorée
Le Palais de la Porte Dorée - c'est son nom officiel - est à la marge : marge de Paris, au bord du Bois de Vincennes et comme en marge de la République, comme on le verra. Comme s'il n'était pas si facile d'assumer sa construction et, ensuite, sa non-démolition.
Il a été construit entre 1928 et 1931 à l'occasion de l'exposition coloniale internationale qui s'est tenue du 6 mai au 15 novembre 1931. C'est tout ce qui reste d'ailleurs de cette exposition, qui fut la dernière du genre. Les premières en France s'étaient tenues à Lyon et à Rouen en 1894 et 1896 respectivement, soit presque 40 ans plus tôt.
Le Palais de la Porte Dorée ouvrait l'exposition coloniale qui occupait une partie du bois de Vincennes avec de multiples "pavillons" mettant en valeur l'héritage colonial et le folklore des "colonies". On sait ce qu'il en fut quelques décennies après.
L'exposition fut un grand succès populaire : 8 millions de visiteurs. Mais on mentionnera les quelques opposants courageux : le parti communiste d'abord - qui ne s'est pas trompé sur tout historiquement - et les surréalistes, Breton en tête. On ajoutera Eluard, Char et Léon Blum, alors que son parti y était favorable.
Et dans la même période, de l'autre côté de Paris, au jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne, on organisait le dernier zoo humain - pardon, le "jardin ethnologique" - juste à côté du jardin zoologique. On n'a pas osé continuer plus longtemps cette ignominie - au moins en France.
Manifestement, en 1931, on était au début de la fin du bon temps des colonies.
Ironie du sort, parmi les grands sponsors de l'exposition coloniale, on trouve la Brasserie alsacienne Chez Jenny, qui fut une des cantines du Front National. Chez Jenny a disparu en 2020. Sic transit.
Quant au Palais de la Porte Dorée, la République a eu du mal à lui assigner une dénomination claire et fixe : il fut «musée des Colonies», puis «musée des colonies et de la France extérieure», puis «musée de la France d’outre-mer», puis «musée des Arts africains et océaniens», et enfin «musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie » avant de déménager ses collections au Musée du quai Branly en 2003.
Enfin, en 2007, il est devenu Musée de l'Histoire de l'immigration. On peut comprendre pourquoi. Mais ses collections ne seront visibles à nouveau en 2023 après une nouvelle organisation. Entre temps, le musée propose des expositions de grande qualité, dont la dernière porte sur Picasso, mais comme étranger. Beau travail.
L'aquarium tropical du sous-sol, qui vaut une visite, existe depuis le début.
Il reste ce bijou architectural de l'Art déco qu'est le Palais de la Porte Dorée.
Juste en face, on trouve le Monument à la Mission Marchand, érigé quelques années après, dans le même style. Expédition avortée en 1898, elle cherchait les sources du Nil.