Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


dimanche 11 mai 2008

Le flot de l'Histoire

Quelques balades au bord de la grande rivière m'avaient donné envie de creuser un peu le sujet de l'utilisation de la voie fluviale au fil de l'histoire, mon atavisme en matière de navigation d'eau douce aidant.

Voilà qui est fait en partie avec la lecture de cette "Histoire du flottage du bois sur la Cure", ouvrage d'histoire locale proposé par Hervé Chevrier avec le concours de la société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne.

Merci tout d'abord a toutes ces sociétés savantes fort nombreuses en France, animées par des bénévoles, qui permettent de conserver cette mémoire intéressante à plus d'un titre.


L'histoire du flottage du bois venant du Morvan jusque Paris illustre de manière éclatante la contingence des affaires humaines et leur versatilité, si on les rapporte à leur environnement naturel plutôt généreux mais domestiqué, instrumentalisé, commercialisé voire dévasté puis finalement laissé à l'abandon après des transformations souvent irrémédiables.

A la lecture de l'ouvrage, on est frappé du niveau de spécialisation et de codification qu'avaient atteint les techniques de flottage entre le XVI° et le début du XX° siècle - les toutes dernières tentatives de les utiliser remontent à 1940 - pour complètement disparaître, et à jamais, au cours de la deuxième guerre mondiale.


L'auteur ressuscite au passage tout un univers humain, économique, matériel : mouleurs, empileurs, jeteurs, flotteurs, poules d'eau, tireurs, triqueurs, gardes-ports, jurés-compteurs, approcheurs, tordeurs, bachotiers, garnisseurs, meneurs d'eau, gareurs, lacheurs, débardeurs... Une société complète de plusieurs milliers d'humains - femmes et enfants compris - hiérarchisée au possible et organisée jusque dans ses moindres détails, toute entière tournée vers l'acheminement jusque Paris de cette denrée hyper-stratégique jusqu'à l'arrivée du charbon : le bois, ce pétrole solide et flottant des siècles préindustriels.

Pour la vue et les paysages, il faut imaginer ces torrents d'eau provoqués artificiellement à partir du lac des Settons - créé entièrement à cet effet par le conseil général de l'Yonne au milieu du XIX° siècle sous l'impulsion de la "Compagnie des Intéressés au flottage de la Cure et de ses affluents" - et charriant des millions de bûches de bois - toutes faisant 1.14 m de longueur, ravageant tout sur leur passage. Les bûches sont récupérées en aval par tout un système de barrages pour être assemblées en d'immenses trains de bois de 150 m de long qui mettaient une dizaine de jours à arriver à Bercy pour chauffer ensuite les parisiens.


Il faut imaginer ces amoncellements de bûches bloqués dans la rivière dès qu'un obstacle a surgi, les "embâcles", qu'il faut aller débloquer au péril de sa vie faisant du coup s'effondrer le plancher provisoire et instable sous les pieds des "ouvriers flotteurs" dont c'était le mauvais travail mal payé et souvent mortel.

Il faut imaginer les berges de la rivière entièrement déboisées, occupées par des dizaines de milliers de stères de bois prêtes à être jetées à la rivière dès que les autorités auront déclenché la crue artificielle.

Signe des temps, en ce début du XX° siècle, l'industrie du flottage a été mise en cause, puis définitivement supplantée par l'industrie touristique, qui s'accommodait très mal de ces utilisations fort dangereuses des rivières descendant du Morvan et de l'assèchement régulier des lacs. C'est d'ailleurs peut-être une des toutes premières victoires du tourisme sur l'industrie en Europe.

Sic transit. Le flottage est utilisé de nos jours en Amazonie, au Canada, en Russie et en Afrique.



vendredi 9 mai 2008

Time magazine donne les résultats des primaires démocrates

Voici deux couvertures de Time Magazine : celle d'il y a deux semaines, et celle de cette semaine. Comme on dit, y a pas photo !



Puisque nous parlons d'Obama, on peut visionner ici les 15 clips de 30 seconds en sa faveur finalistes du concours "Obama in 30 seconds" lancé par l'association citoyenne US "Move on". Difficile de faire original pour un clip de pure propagande, mais il y en a un ou deux que j'aime bien... Je laisse le visiteur les découvrir avant d'en dire plus.

mercredi 7 mai 2008

Pêcheur de perles musicales (4) : O Solitude !

C'est avec "O solitude" que j'ai découvert à la fois le baroque élisabéthain et la technique vocale du haute-contre ou contre-ténor.

Il est bien rare que quelques mois se passent sans réécouter ce magnifique morceau, dont l'interprétation de référence est celle d'Alfred Deller. Elle me va bien.



Mais pour élargir un peu l'horizon (déjà bien ouvert avec Deller), je joins une interprétation de James Bowman et celle de Gérard Lesne, contre ténor français à la personnalité intéressante et bien affirmée. Je constate d'ailleurs que les haute-contre, à propos desquels on reviendra forcément, présentent pour l'essentiel des personnalités originales : peut-être la contrepartie de l'originalité de leur art, si décalé de notre XXI° siècle et si mal vulgarisé par des films comme Farinelli, qu'il faut oublier tout à fait pour avoir une idée de la réalité historique et du vrai personnage dont il s'agit.

Le texte mis en musique par Purcell perpétue la mémoire de la poétesse Katherine Philips, son auteur.

O solitude, my sweetest choice!
Places devoted to the night,
Remote from tumult and from noise,
How ye my restless thoughts delight!
O solitude, my sweetest choice!
O heav'ns! what content is mine
To see these trees, which have appear'd
From the nativity of time,
And which all ages have rever'd,
To look today as fresh and green
As when their beauties first were seen.
O, how agreeable a sight
These hanging mountains do appear,
Which th' unhappy would invite
To finish all their sorrows here,
When their hard fate makes them endure
Such woes as only death can cure.
O, how I solitude adore!
That element of noblest wit,
Where I have learnt Apollo's lore,
Without the pains to study it.
For thy sake I in love am grown
With what thy fancy does pursue;
But when I think upon my own,
I hate it for that reason too,
Because it needs must hinder me
From seeing and from serving thee.
O solitude, O how I solitude adore!