La rue Sainte Catherine à Bordeaux un 24 décembre
Ouf ! Je le fais une fois par an, mais c'est de plus en plus pénible et de plus en plus bref : aller peu avant Noël dans le centre ville commerçant d'une grande ville. Oh bien sûr, pas pour acheter des cadeaux. Des cadeaux, ça s'achète toute l'année durant en prévision, au fil des pérégrinations, ou bien sur internet, où on ne fait pas la queue. Et puis j'ai horreur de faire la queue juste pour qu'on me prenne mon argent pour finir.
Non, on y va en ethnologue, juste pour observer ce que les congénères désirent, achètent, ou ce qu'on leur propose, c'est intéressant en soi. On peut aussi y aller en historien des sciences et des techniques pour mesurer ce que l'industrie est enfin en mesure de produire en masse. Mais il faut en sortir vite, car les reflets de la caverne, au sens de notre bon Platon, épuisent l' esprit.
Aujourd'hui j'en sors effaré, peut-être encore plus que d'habitude. Effaré de la vacuité de l'exercice et de son absurdité : comment donner du sens à ce foutoir consumériste devant lequel la raison reflue ?
Nous sommes tous membres de sociétés extrêmement sophistiquées et intelligentes : on ne peut pas faire comme si Baudrillard, Simondon, Lacan, Foucault, Levinas, Deleuze, Barthes, n'avaient pas existé. Et pourtant, le sentiment est qu'aucune rationalité n'atteint au final le comportement humain malgré tous ses modèles explicatifs développés au cours du XX° siècle.
Mais peut être faut-il revenir à la première leçon de la philosophie : les idées, les choses et les comportements humains se meuvent dans des sphères différentes dont les relations entre elles restent obscures, chacune obéissant à sa logique propre.
J'ai souvent eu ce sentiment à l'écoute de conférenciers très brillants dont je connaissais par ailleurs l'incapacité à agir ou à se comporter moralement de manière acceptable avec leurs semblables. Voilà aussi pourquoi le premier de la classe n'est pas forcément celui qui peut gouverner les autres.
Voilà aussi peut-être pourquoi l'espèce humaine pille sans vergogne les ressources de la planète, à l'heure où se termine l'énième sommet pour la Terre, à Cancun cette fois, qui a délivré son lot de frustrations et de constats d'impuissance.
Voilà aussi peut-être pourquoi l'espèce humaine pille sans vergogne les ressources de la planète, à l'heure où se termine l'énième sommet pour la Terre, à Cancun cette fois, qui a délivré son lot de frustrations et de constats d'impuissance.
Lyon, fête des Lumières 2007