Formidable exposition enfin visitée, qui présente une partie très importante du travail de Hopper, dont il a été question à plusieurs reprises déjà sur le blog :
ici et
ici notamment.
Et on comprend tout, ou au moins les ressorts essentiels de son oeuvre, si américaine, mais pourtant nourrie du contact de la peinture européenne, classique aussi bien qu'impressionniste. Comme il l'affirme lui même, il lui a fallu du temps pour se dépouiller de cette grande culture picturale européenne et française en particulier qu'il avait accumulée au cours d'une formation, puis d'une vie professionnelle et personnelle tout entières tournées vers la représentation graphique sous toutes ses formes, car c'était aussi un grand professionnel de son art.
L'oeuvre est au final bluffante. Hopper fonde un courant artistique à lui tout seul, immédiatement reconnaissable par son dépouillement, la qualité et les coloris de ses compositions.
L'exposition du Grand Palais nous met en présence pour la première fois avec tout cela : photos l'ayant inspiré, aquarelles et gravures de sa production, et un très grand nombre de ses belles toiles, que l'on peut enfin approcher en quantité. Aucune d'entre elles ne se trouve en France, quelques unes ont atterri à Madrid. Toutes les autres n'ont pas quitté les Etats-Unis, ce qui donne aussi du prix à cette production.
Elle nous met en contact aussi avec un public qui n'a de cesse de projeter ses états d'âmes sur ces toiles, comme au cinéma. Cela parait toujours un peu dérisoire, car les personnages de gouache supports de cette projection n'en peuvent mais, et aucun des visiteurs ou des guides n'était avec Hopper quand il les a inventés.
Cela signifie pourtant une chose importante : Hopper, qui a fait ses armes au XIX° siècle et a traversé toute la moitié du XX° jusqu'à la fin des années soixante, parle désormais à tous et l'universel humain est en lui.
Le tableau au début de ce message est un de ses grands premiers (1914), et ceux figurant en bas sont deux de ses derniers (1963 et 1965) .