On avait complètement loupé Battlestar Galactica lors de sa diffusion, au milieu des années 2000. Nous sommes peu après le choc du 11 septembre. Cela a son importance, car cette ombre plane en permanence sur l'ensemble des quatre saisons.
Mais France Culture lui ayant décerné le titre de meilleure série de science-fiction de la galaxie, il était indispensable de rattraper le temps. Ce qui est fait, et c'était utile et intéressant.
Il s'agit d'une série-univers, comme on peut parler de livre-univers ou de film-univers. On peut désigner ainsi les oeuvres qui traitent d'une grande diversité de sujets et d'une multiplicité de points de vue, finissant ainsi par secréter leur propre univers.
Ainsi de Battlestar Galactica : on ne va pas paraphraser l'argument de la série - l'internet pourra facilement informer - mais on préférera insister sur la qualité et la complexité des personnages, où se superpose en permanence la question primordiale et passionnante : qu'est-ce qu'un être humain ?
Même s'il s'agit de science-fiction, cette question n'est jamais éclipsée par la super-technique du futur lointain. Au contraire, elle est truffée de bugs et d'archaïsmes surprenants : ordinateur de bord non relié à un réseau, téléphone filaire, utilisation fréquente du support papier, écrans rudimentaires etc. Cet aspect rend particulièrement attachant ce vieux vaisseau de l'espace, mais qui se propulse quand même à la vitesse de la lumière quand il y arrive.
Plus loin : quid du progrès moral des êtres humains, quand on les met ensemble ? Abstraction faite de l'environnement technique et économique, au final, peu de choses différencient moralement un Grec du V° siècle d'avant J.C., un Romain du I° siècle d'un Européen du XXI° siècle. Et, par suite, d'un être humain projeté dans l'espace plusieurs milliers d'années plus tard. Echo corollaire, lié à la période de crise qui vient d'être traversé : quelle démocratie quand la sécurité de tous est menacée ? Les palabres des représentants émanant des populations sont pitoyables dans la série. Et pourtant, ils sont une exigence, car la série montre que l'attentat à la démocratie est la suprême insécurité.
Battlestar Galactica est bien un univers à lui-seul, d'autant que les acteurs ont peu été vus ailleurs, renforçant sa crédibilité. Quel acteur (ou actrice) peut-il sortir indemne de cette série pour enchaîner sur une autre ?
Le voyage fut passionnant, au moins jusqu'au premiers épisodes de la quatrième saison.