Voici enfin la sélection des photos pour l'année 2022 : 272 clichés au total. Bonne visite !
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Il fallait voir en urgence la série de Xavier Nolan, le surdoué québécois du cinéma, pour voir comment son écriture cinématographique pouvait se transposer dans le cadre d'une série. Et on reconnait cette écriture immédiatement...
Mais est-ce vraiment une série ? N'est-ce pas plutôt un super long métrage coupé en cinq épisodes ? Peut-être, car le découpage des épisodes parait un peu arbitraire au regard de celui qui est habitué à l'écriture des séries.
Mais au moins Xavier Dolan aura le temps de fouiller ses personnages et ses récits. Il le fait déjà dans ses films, alors, a fortiori une série !
N'importe. On retrouvera très vite ses sujets de prédilection : personnages au bord de la crise de nerfs, familles dysfonctionnelles, situations dissonantes, poison des non-dits etc.
Xavier Nolan incarne lui-même un des principaux personnages. Evidemment il faut voir cet objet cinématographique étrange sans se laisser dissuader par les premiers épisodes, très elliptiques : c'est une trace du grand cinéma que l'on pourra pardonner facilement.
Sept épisodes pour cette mini-série très british, où on retrouve l'excellence de la BBC, des acteurs et des situations. On pourrait traduire son titre comme Ca va faire mal.
On voit tout de la crise profonde des hôpitaux du NHS (National Health Service). Autrement dit des hôpitaux publics. Comment ne pas s'y noyer quand on est jeune médecin ou pire, interne ? Et a fortiori quand on est chargé de faire naître les enfants, le bien le plus précieux de l'humanité, dit-on.
Le sujet est parfaitement d'actualité y compris en France.
La mini-série règle ses comptes avec les cliniques privées, qui au final renvoient leurs patientes vers le NHS dès qu'on rencontre un gros pépin. Non sans avoir empoché les émoluments des riches au préalable. Ca, c'est dit.
Plus important, elle décrit précisément ce qui se passe dans les comportements professionnels et personnels quand la pression, l'urgence et la fatigue font perdre les pédales, surtout quand la responsabilité de chaque professionnel joue sur l'ensemble de sa carrière, et dans un environnement peu bienveillant dès qu'on trouve un problème. Et il y en a partout et tout de temps.
Ces comportements sont mis en jeu par le premier personnage, magnifique Ben Whishaw : falsification de rapports, témoignages tendancieux, relation d'aide déficiente, formation des novices sur le terrain inexistante. Le suicide des internes de médecine, médecins en formation, est un vrai problème en France aussi.
On appréciera par exemple de la réponse technocratique et dénue de toute empathie du gouvernement suite à une question sénatoriale d'un Sénateur marnais, publiée le mois précédent.
Bienvenue au XXI° siècle et bon courage pour ceux qui y arrivent professionnellement.
Ce petit morceau de Russie au beau milieu de la plaine agricole en Champagne a beaucoup de choses à raconter sur la grande histoire et ses replis.
L'ermitage orthodoxe russe de Tous-les-Saints-de-Russie à Saint Hilaire le Grand surveille et conserve la mémoire des sépultures de 916 hommes dont l'histoire n'est pas banale. Nés sous l'Empire russe, ils sont morts soviétiques sans être revenus en Russie.
Ils faisaient tous partie du Corps expéditionnaire russe en France dont les 45 000 soldats avaient été échangés en 1916 contre de l'armement français au terme d'une négociation peu reluisante entre le Tsar Nicolas II et le sénateur Paul Doumer, futur président de la République. L'histoire retiendra que 450 000 fusils ont été donnés en échange. 1 pour 10.
C'est que la France avait besoin de tant de vies à sacrifier devant les vies allemandes. Quelle époque, où les vies comptaient si peu pour les généraux.
Arrivés via Arkhangelsk ou par Vladivostok (!), ces hommes ont été jetés dans la tourmente de la Grande Guerre, sous leur drapeau à l'aigle à double tête - l'une tournée vers l'Asie, l'autre vers l'Europe, mais avec l'équipement français.
Une moitié des effectifs fut directement dirigée vers Salonique, où l'on combattait contre l'Empire Ottoman. L'autre est arrivée en France par Marseille et Brest, puis affectée au front de Champagne début 1917 pour se faire massacrer, comme tous les autres, quelque part entre le Nord de Reims et le Chemin des Dames.
A titre d'illustration sinistre, en avril 1917, lors de l’offensive « Nivelle », 6 000 soldats russes sont tués aux côtés de 270 000 soldats français.
Mais même avec retard, ces soldats apprennent que la révolution bolchévique est en route, le Tsar abdiquant le 15 mars. Cette guerre n'est plus la leur, d'autant qu'une grande partie d'entre eux sont communistes. Qu'en faire ?
16 000 soldats, 300 officiers et leurs 1 700 chevaux furent au final regroupés dans un camp en Creuse, le Camp de La Courtine, tant on craignait la contagion révolutionnaire. Le premier camp militaire français autogéré par un Soviet !
Evidemment, l'Etat Major et les Russes restés fidèles à la Russie impériale ne pouvaient pas laisser les choses en l'état. Le camp reçut 800 obus en trois jours, du 16 au 18 août 1917.
La répression de la mutinerie du Camp de la Courtine est une de ces pages noires de l'armée française - une de plus - qui déclara sans sourciller 9 morts chez les mutins. On est prié de la croire.
Le titre d'un documentaire de 1999dédié à cette histoire est très évocateur : 20 000 moujiks sans importance
Quelques arpents russes à Saint Hilaire le Grand. Mais il pèsent leur pesant de péripéties historiques.
La mutinerie des soldats russes sur le sol français en 1917 a ainsi écrit une de plus belles pages de l’histoire du pacifisme, de l’antimilitarisme et de l’internationalisme des peuples. La constitution en janvier 2014 de l’association « La Courtine 1917 », poursuit l’objectif de rendre à ces mutins l’hommage qu’ils méritent et de faire connaître et vivre leur grandiose épopée.
Jean-Paul Gady, Adhérent de l’association « La Courtine 1917 »