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vendredi 17 avril 2009

Pêcheur de perles musicales (16) : la 3° Leçon de Ténèbres


Le grand François Couperin, musicien de Louis XV, reste plutôt méconnu. Il s'est illustré en son temps surtout comme grand maître du clavecin, mais sa musique vocale vaut plus qu'un détour, et notamment ses leçons de ténèbres, composées en 1714.

Les leçons de ténèbres, curieuse et belle appellation, désignaient une liturgie spéciale, aujourd'hui disparue je crois, qui était celle des offices religieux catholiques qui se déroulait les trois derniers jours de la semaine sainte, d'abord la nuit, puis le soir, et au cours duquel on éteignait une à une toutes les lumières de l'église pour figurer l'annonce de la disparition du Christ et le retour de l'humanité à l'obscurité. Le texte biblique utilisé en support est celui des Lamentations de Jérémie, qui raconte la chute de Jérusalem livrée aux oppresseurs du peuple juif.

Manum suam misit hostis
ad omnia desiderabilia ejus,
quia vidit gentes ingressas sanctuarium suum, de quibus præceperas ne intrarent in ecclesiam tuam

L’oppresseur a étendu la main
sur tout ce qu’elle avait de précieux ;
elle a vu pénétrer dans son sanctuaire les nations
auxquelles tu avais défendu d’entrer dans ton assemblée.

La troisième leçon est spécialement belle, dépouillée, aérienne. En voici deux extraits, comme à l'habitude dans des versions chantées par des hommes et par des femmes. En extrait audio, on trouvera les hommes : la version incontournable d'Alfred Deller et de Philip Todd, puis celle de René Jacobs et Vincent Darras.

En version vidéo, on trouvera les femmes : la version des Arts Florissants chantée par les sopranos Patricia Petibon et Sophie Daneman, puis une curieuse version concert tournée en amateur en 2007 en l'Eglise Saint Nicolas d'Amsterdam, dont la prise de son restitue bien l'ambiance ecclésiale du morceau, évidemment écrit pour que les sons se réverbèrent sous les hautes voutes des églises, quelques bruits parasites de papier froissé en prime ! Les chanteuses sont Tanja Obalski et Lauren Armishaw.

Puis, pour finir, un bel extrait du film d'Alain Corneau Tous les matins du monde (1991), qui utilise le même morceau, dans une interprétation parfaite du grand Jordi Savall avec Montserrat Figueras et Maria Christina Kiehr





Leçons de ténèbres 3