C'est encore de la Grèce dont il s'agit. Une semaine là-bas nourrit l'esprit pour longtemps...
Comme le blog l'avait annoncé ici et là, la visite du musée de l'Acropole ouvert en 2009 est un événement en soi pour tout un ensemble de raisons : situation incroyable - 280 m en contrebas du Parthénon, construction et conception incroyables - entièrement sur pilotis pour ne pas altérer le champ de fouilles sur lequel il est construit, et richesse incroyable des collections. Mais tout est sur le site officiel.
A titre emblématique, considérons le document remis aux visiteurs :
Celui présente les vraies Cariatides - car celles qui sont sur l'Acropole sont des copies, il faut se faire une raison - mais vues... de dos.
Bien vu, en effet. Voilà qui met en exergue la caractéristique principale du musée, basée sur une idée très simple et génialement interprétée dans le musée : les statues sont en trois dimensions. Donc on doit pouvoir en faire le tour, de toutes ! C'est à partir de cette idée que les collections sont présentées, dans des espaces lumineux, ouverts, vastes, comme limpides.
Et c'est là qu'on peut enfin voir la coiffure des Cariatides : magnifiquement ouvragée et conservée, telle que les religieux qui pouvaient les approcher la voyait. Dans l'antiquité Messieurs Dames, pas question de se présenter "en cheveux", comme on disait autrefois, c'est à dire cheveux déliés, du moins quand on avait quelque noblesse ou un rang à tenir. Et c'étaient des heures entières que l'on devait consacrer à sa coiffure, ou, du moins, des heures entières qu'on devait laisser à ses esclaves pour s'en occuper. Grandes Dames, vedettes de l'Acropole depuis toujours, les Cariatides sont de cette catégorie là, de celles qui ne pouvaient pas s'exposer publiquement sans être dignement coiffées.
photo prise au musée de Thessalonique en 2006
Voilà qui met aussi en lumière une autre caractéristique de l'esthétique grecque antique : même dans leur face invisible au public, les statues se devaient d'être parfaitement accomplies, impeccables.
On pourrait en décrire un symptôme : le symptôme des Cariatides, qui exigerait qu'un travail soit accompli parfaitement, même dans ses parties les moins visibles voire invisibles, sans rien laisser à l'état brut, entièrement ouvragé, comme si la perfection de la face visible dépendait aussi de la perfection de l'ensemble.