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samedi 28 mai 2011

Mémoires d'Europe (1) : lettre à mes amis finlandais/kirjeen minun suomalaisia ​​ystäviä


Bien chers Amis finlandais,

Vous êtes les plus nordiques de mes amis : il était donc naturel de commencer ce cycle de Mémoires d'Europe par vous. Et il faut bien commencer quelque part.

Sans vouloir vous vexer, vous étiez très exotiques, car nous ne vous connaissions pas très bien avant que l'Union européenne ne nous rapproche tant et d'un seul coup. A l'ombre de l'ours soviétique qui a bien failli vous manger tout crus en 1945, vous vous teniez à carreau pour ne pas réveiller l'animal. Même rhumatisant, il pouvait encore faire beaucoup de mal, quand on était à portée immédiate de sa griffe. Jusqu'à faire de la Finlandisation un concept en soi. Il faut dire que tous les siècles passés d'hégémonie suédoise ou russe alternativement vous avaient déjà donné une rude expérience de la domination culturelle.

Street art à Helsinki

Cette situation frontalière extrême - politiquement et géographiquement - vous a sans aucun doute donné ce sens de l'humour grinçant, dérisoire et désabusé dont vous étiez les maîtres et qui nous rapprochait beaucoup, car vos voisins scandinaves étaient nettement moins marrants. 

En matière de relations internationales, l'humour est essentiel et pouvoir le manier ensemble est crucial, puisqu'il met à distance nos cultures respectives et crée de ce fait un champ de communication possible à investir ensemble. On pourra se souvenir de longues plaisanteries sur l'art d'occuper les longues, longues, longues, et si sombres journées d'hiver de Laponie finlandaise. Lumineux pays du Père Noël quelques jours de décembre, les autres jours d'hiver y sont glacés par le froid et la nuit polaire.

Curieusement, votre étrange langue n'était pas un obstacle car l'anglais et la liberté du ton étaient suffisants. Elle est dite finno-ougrienne ou ouralienne. Même le polyglotte européen n'arrive à y capter que très peu de sens, puisque ses racines, qu'elle partage de manière très lointaine avec celles du Hongrois, n'ont rien à voir ni avec les langues slaves, ni avec les langues germaniques ni encore moins avec les langues latines. Tout comme notre langue basque.

Vous aviez aussi la santé. Oh là là ! Dans nos stages et séminaires internationaux, toutes les journées de travail se prolongeaient avec vous par de longues soirées interminables et souvent... bien arrosées, mais c'est une autre histoire. Normal, quand on habite autant au Nord, il faut savoir vivre la nuit, sinon, on reste au lit 20 heures sur 24 six mois dans l'année. Mais, Chapeau, cela ne vous empêchait pas, dès qu'il fallait se lever le lendemain, d'investir joyeusement les salles de bain et d'être impeccablement dispos aussi tôt qu'il le fallait pour le travail.

J'ai aimé aller vous retrouver dans votre beau pays naturel pour lequel très peu de Français avaient la moindre considération : 5 millions d'habitants, pour la populeuse et glorieuse France, cela compte à peine. Mais on y vivait bien, paisiblement et solidairement. D'ailleurs dans certaines enquêtes, il paraît que vous êtes le deuxième peuple le plus heureux du Monde, carrément.

Bon XXI° siècle à vous, l'Euro en plus. Et l'on terminera par un des hélas rares mots mémorisés de votre langue suite à tant de rencontres, mais qui n'est pas utilisé ici que pour la forme : kiitos






Bande annonce proprement lunaire
 de l'initiative finlandaise  http://www.ironsky.net/
à voir absolument : chef d'oeuvre d'humour grinçant très noir 
et très décalé