La Basilique de Liesse appartient à une autre époque : celle d'une religion populaire, quasi superstitieuse, pleine d'une ferveur irraisonnée et presque bigote.
Grand but de pèlerinage jusqu'au début du XX° siècle, Liesse est aussi un sanctuaire à répit dédié tout particulièrement à la figure tragique des enfants morts sans baptême : l'exposition des enfants morts sans baptême dans la Basilique leur ouvre la porte du Paradis, permettant ainsi d'échapper à une éternité d'errance dans les Limbes.
De nombres signes marquent l'antériorité rituelle de la Basilique : culte à la vierge noire figurée au milieu du chœur ; vente d'objets fétiches en nombre ; jubé magnifique et intact ; présentation de l'ombrellino - l'espèce d'ombrelle utilisée lors des processions ; ex-voto omniprésents - dont un magnifique ex-voto marin, belle maquette de bateau à l'entrée devant la tribune de l'orgue ; béquilles laissées en exposition, témoignant de guérisons miraculeuses etc.
Le grand tableau morbide de la sacristie fait aussi partie de lot : il fut offert par la famille de Monaco, qui est toujours propriétaire du domaine et du château de Marchais, à quelques kilomètres, où la grande noblesse était hébergée quand elle était en pèlerinage ici.
Enfin et par extension, Notre Dame de Liesse accueillait en nombre les vœux dédiés à une naissance. Louis XIII et Anne d'Autriche, la reine, se sont rendus plusieurs fois à Liesse pour avoir enfin un fils, si longtemps attendu. Ce fut Louis XIV. Quelle efficacité !