L'Eglise du Bon Pasteur à Lyon, rue Neyret, est un hyper-concentré de l'histoire de la ville et du pays. Désaffectée, elle présente piètre figure.
N'est-ce comme cela qu'avance le cours du temps, dont elle en est un produit singulier : désordonné, chaotique, et quelquefois absurde.
L'édifice fut construit sur les flancs pentus de la Croix Rousse à une époque - la fin du troisième Empire - où le catholicisme devait reconquérir la population ouvrière, si tumultueuse sur la colline qui travaille, toisée, en face, par Fourvière, la colline des bien-pensants.
Sa première pierre a été posée le 25 août 1869 par l´impératrice et le prince impérial en personne : c'est dire l'importance de cette croisade lyonnaise.
Et puis, rien ne s'est passé comme prévu, étonnant, non ?
La guerre de 1870 fait sombrer l'Empire et la nouvelle République a bien d'autres soucis, même si la bonne ville de Lyon a payé une grande partie de la construction : l'Eglise et l'Etat ne sont pas encore séparés.
L'Eglise est finalement construite entre 1875 et 1883... Mais sans parvis : la parcelle d'emprise - en forte déclivité et exigüe - ne le permettait pas. Pour autant, la Ville avait promis de dégager le devant de l'édifice pour ajouter un escalier monumental... promesse laissée sans lendemain : l'escalier et le parvis ne sont jamais réalisés, l'espace concerné ayant été utilisé pour créer une nouvelle voie, la rue Neyret.
Au final, le porche de l'Eglise se retrouve perché à 3 mètres au dessus du niveau de la rue, et l'édifice est accessible uniquement par de petites portes sur le côté.
L'incongruïté est comme un monumental clin d'œil architectural à l'histoire de la fin du XIX° siècle. Et c'est toujours le cas, comme les images le montrent.
Les amateurs des sinuosités historiques pourront trouver tous les détails sur cette page très officielle de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
L'Eglise du Bon Pasteur n'est pas classée Monument Historique. On se demande bien pourquoi.