L'événement-série de cet hiver fut les trois saisons de Succession libellée HBO, souvent synonyme de qualité et de gros moyens. C'est manifestement le cas. Mais évidemment, on ne traite pas des hyper-riches avec trois bouchons de liège et deux bouts de ficelle.
Nous sommes promenés de bureau à bureau, mais aussi et surtout transportés (en jet privé) vers les prestigieuses propriétés un peu partout dans le monde appartenant au groupe de médias dont il s'agit.
Mais cela se corse quand on sait que ce groupe est semi-familial, entre le patriarche, ses trois enfants et son épouse, qui n'est pas leur mère.
Chacune des individualités constituant ce noyau de personnages est particulièrement bien soigné du point de vue du scénario et du fil narratif. C'est du beau et du grand travail. Idem, la performance des acteurs concernés est magnifique.
Pour le reste, on retrouve au fil des épisodes la trahison, l'impossibilité de faire confiance, la permanente contradiction entre la logique des affaires et les affres de la famille. Mais nous sommes bien au delà de la simple cupidité. Intéressant.
On attend avec impatience la quatrième saison, annoncée cette année.
El Cid faisait partie de ces séries pas trop remarquées par le public, et faute d'actualité, elle avait été laissée de côté. On se méfie toujours un peu en matière de série historique : on trouve le meilleur et le pire, et souvent le pire.
Par ailleurs, l'acteur principal (Jaime Lorente López) était juste sorti de la Casa del Papel.
Au final, c'est une bonne surprise : pas anachronismes repérés, paysages et décors recherchés, comportements des personnages crédibles, fil historique à peu près respecté, bel espagnol en prime pour ceux qui préfèrent la VOSTF (Version originale avec sous-titres français, en langue de série).
Avec, en sus, une belle tranche de l'histoire de l'Espagne du X° siècle à explorer : antagonismes entre les royaumes et forte présence musulmane jusque dans le Nord de la péninsule. Le récit a lieu en Castille et Leon principalement.
El Cid peut faire penser à Game of Thrones : guerres incessantes, jeux familiaux de pouvoir, tournage dans des extérieurs historiques bien valorisés.
Hélas, on ne trouve que deux saisons, chacune de 5 épisodes.
Dopesick, mini-série de huit épisodes produite par Hulu - filiale adulte de Disney - dénonce les stratégies de l'entreprise pharmaceutique produisant à grande échelle un antidouleur opiacé (L'oxycodone) en sous-estimant gravement ses effets addictifs pour évidemment en vendre autant que possible. Il s'agit donc d'une série à messagen voire militante.
La crise des opioïdes est encore récente dans l'histoire sanitaire des Etats Unis : ses effets sont encore largement ressentis, et ses enjeux restent énormes en terme de santé publique.
Cette crise met en lumière un système sanitaire dominé par les hyper-profits financiers, rendus possibles par une éthique ultralibérale : chacun est responsable totalement et irrémédiablement de sa propre santé, ce qui rend illégitime et inutile toute politique de santé publique, par définition collective.
C'est ce même mécanisme qui explique cette obésité omniprésente aux Etats Unis : chacun est totalement responsable de son alimentation, même si on va la chercher au fast food tous les jours.
Dopesick montre que cette mentalité ultralibérale ne résiste pas dès que l'on trompe le public et les professionnels de la santé. Un bel exercice d'autoflagellation, comme les américains savent administrer à eux-mêmes.
On pense aussi aux combats énormes et retentissants contre l'industrie du tabac dans les années 1990, toujours aux Etats Unis.
Comme souvent sur Hulu, les moyens et les compétences sont là et la série présente une grande qualité, tant dans sa narration que dans ses acteurs.
Le récit est situé en Virginie du Sud, pays minier, mais on y trouve les accents ouvriers des séries récentes situées non loin, en Pennsylvanie, comme Mare of Easttown et Rusted America dont il a été déjà question ici.
Trois autres séries méritent une attention particulière.
- Smother, série irlandaise de deux saisons de 5 épisodes chacune, produite par la BBC et diffusée par la télévision irlandaise. Ce thriller familial est remarquable tant par la complexité des personnages que par la grande qualité des acteurs. Et nous sommes, totalement, dans la magnifique et sauvage campagne irlandaise.
- The Tourist, mini-série de 6 épisodes, notamment produite par l'Australie. Nous sommes toujours sur un thriller, mais il s'agit cette fois d'un road-trip au milieu des immensités d'Australie méridionale (South-Australia). On trouve aussi dans les producteurs de la série la BBC, HBO et la ZDF (la deuxième chaîne allemande, toujours exigeante). Aucune d'entre eux n'aurait mis de l'argent dans un navet : on peut faire confiance à ces trois parrains, surtout quand ils agissent ensemble.
J.S. Bach est resté dans cette ville de 1728 jusqu'à sa mort en 1750.
Les Messes brèves ou Messes luthériennes font partie de ces oeuvres qui vous accompagnent toute votre vie, et on y revient régulièrement, tant la musique qu'elle propose à l'oreille et au cerveau est riche et complexe.
Il s'agit de quatre pièces d'environ une demi-heure - donc brèves - et elles se distinguent de la Messe en si, oeuvre majeure de Bach qu'il a retouchée presque toute sa vie, et qui, elle, dure deux heures. Tout de même.
Par ailleurs, les quatre Messes brèves correspondent au rite luthérien, religion de Bach et de sa famille, alors que la grande Messe en si correspond plutôt au rite catholique, même si Bach l'a écrite aussi pour le luthéranisme. Mais la relative austérité des offices protestants devaient sans doute pas trop s'en accommoder.
Dans tous les cas, ces messes sont en latin et correspondent aux différentes prières de la liturgie chrétienne, partagée entre grande partie entre protestants et catholiques. Ces textes ont perduré jusqu'en 1965, année de la décision d'utiliser les langues usuelles pour dire la messe, au moins chez les catholiques.
Comme on voit, Bach, quoique pieux, n'était pas fanatique en matière de religion, pourvu qu'il puisse produire ses oeuvres et qu'elles soient entendues, que ce soit par des protestants ou par des catholiques.
De fait, l'Allemagne du XVIII° siècle était une vrai mosaïque de petits royaumes, principautés, duchés, certains catholiques et d'autres protestants, selon la tradition des familles régnantes d'ici ou là. Il fallait bien trouver du travail pour les musiciens de l'époque.
Ces Messes brèves sont souvent dédaignées par les musicologues car elles sont une espèce de pot-pourri d'airs repris un peu partout dans l'immense corpus des Cantates, qui ont tant occupé Bach une grande partie de sa vie, car il en fallait une par dimanche, comme responsable musical des offices dans les églises où il était employé. A ce titre, il a composé au total 200 cantates sacrées - destinées à la liturgie et écrites en allemand.
Mais on pourrait tout aussi bien dire que ces Messes brèves sont un vrai Best-of des cantates. Ces messes sont donc en principe le meilleur du meilleur de la musique sacrée de Bach.
Et en les réentendant, on pense forcément à ces dernières paroles prononcées par Jean-Sébastien Bach sur son lit de mort selon la tradition : Ne pleurez pas pour moi : je vais là où la musique est née. Pas mal.
Voici une seule interprétation, celle qui est préférée. Il en existe quelques autres sur internet - mais beaucoup moins que des enregistrements de la grande Messe en si.
Les Messes brèves ont les numéros 233 à 236 dans le catalogue des oeuvres de Jean-Sébastien Bach établi dans les années 1950 et devenu quasi-officiel (BWV = Bach-Werke-Verzeichnis).
TOUS LES STYLES, GENRES, DESTINATIONS, COMPILATIONS
Un filon musical d'importance a été découvert récemment, et il fallait en parler sur le Blog, comme pour remercier de ces heures déjà passées à écouter de la musique sans publicité, sans interruption, dans des centaines de genres musicaux si on le veut, et avec une très bonne qualité technique.
Mais on ne peut pas ne pas penser que l'initiative fait partie du Soft Power de la nouvelle Russie. C'est ce même pays qui poste en ce moment 150 000 soldats à sa frontière ouest, alors qu'elle a déjà mangé une bonne partie de l'Ukraine. Le même pays aussi qui envoie des mercenaires au Sahel protéger la junte malienne et occuper la place que l'armée française va devoir laisser très bientôt. Le même encore qui déchaîne des armées de hackers et de trolls pour mettre à mal tous les systèmes informatiques qui se trouvent à son ouest.
Evidemment, Radio Caprice est une bien maigre contrepartie bienveillante. Chacun jugera selon son opinion de l'utiliser ou non. Mais elle existe.
A défaut, on peut toujours utiliser la plate-forme indépendante suisse 1.FM, mais qui propose hélas un peu de réclame : nous sommes là du bon côté du capitalisme.
Quelques extraits du catalogue somptueux des flux audio proposés sur Radio Caprice. Discothécaire, c'est un métier !
PS : Le soft power, ou « puissance douce », représente les critères non coercitifs de la puissance, généralement d'un État, et en particulier parmi ces critères l'influence culturelle (Définition proposée par Géoconfluences, site officiel de l'Ecole normale supérieure de Lyon)