Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


mercredi 7 avril 2010

Vettriano, tant pis !


Je crois avoir mis de côté quelques images de Vettriano le jour où le blog a publié un message sur Hopper, sans trop oser jusqu'ici les publier. Mais tant pis ! Allons y aujourd'hui, quand bien même Vettriano a la réputation d'un peintre facile, décrié par toutes les spécialistes, reproduit à des centaines de millions d'exemplaires partout dans le monde sous toutes les formes... Tout le monde a vu une de ses reproductions un jour dans un hall, un couloir ou une chambre d'hôtel. Le type de création qui ne dérange personne, sucrée, passe-partout, un peu comme de la musique d'ascenseur ou comme ces plats internationaux qu'on trouve dans tous les pays du monde, nappés de sauce sirupeuse...

Voire. D'abord il faut se méfier des idées toutes faites : Vettriano n'a pas que peint des danseurs aux parapluies sur les plages venteuses, certaines de ses créations rappellent en effet Hopper par leur économie de moyens. Ensuite, on a parfaitement le droit d'aimer ce qui est facile... de temps en temps.

Assumons donc ces quelques images, et tant pis pour le reste !



jeudi 25 mars 2010

Arles, le reportage


Mise en ligne ce soir du reportage sur Arles


De prime abord, l'oeil de l'habitant du nord de la Loire perçoit de cette ville un formidable bazar : tissu urbain chaotique, voirie engorgée,  extérieurs peu soignés, occupation anarchique des espaces publics... Et puis, très vite, l'impression évolue : cette sensation s'explique et se dépasse rapidement. D'une part, cette ville expose sa longue histoire au grand jour. Cité majeure du monde antique, port fluvial énorme où se croisaient et commerçaient grecs, romains, gaulois et autres barbares de toutes origines, Arelate - c'est son nom romain - n'a cessé d'empiler les strates historiques sans en détruire vraiment aucune, laissant les pièces du puzzle architectural s'emboiter tant bien que mal...


Pourtant, et d'autre part, cette ville est un vrai lieu de vie pour toutes les catégorie de population, tous les âges, toutes les conditions, très loin des centres-villes-musées aseptisés et figés dans la pierre. Les enfants, les jeunes sont partout, envahissant les cours, les parvis, les ruelles de leurs jeux, skate-boards, cyclos... Un jeune homme très chic s'inquiète auprès d'un ami : "Tu te rends compte, des brebis qui meurent, quand même, c'est pas tous les jours... !"... Une trogne raconte à une autre "Ma fille, tu sais quoi, elle part au Japon demain, toute seule, ouais !"... Instantanés vécus piqués sur le riche, immense, savoureux, célèbre et très provençal marché du samedi matin, surplombé par la ville romaine baignée dans une belle lumière. Et alors, quoi de mieux ?


On comprend pourquoi les très nombreux et illustres amoureux de cette ville ne manquent pas, entre littérateurs, peintres et photographes... et visiteurs de l'Europe tout entière.


samedi 20 mars 2010

Pêcheur de perles musicales (21) : Rameau, Hippolyte et Aricie, Trios des Parques



Il n'y a pas que les Indes Galantes dans la vie musicale de Rameau. Hippolyte et Aricie, découvert en son temps à l'Opéra comique, mérite une médaille au tableau des folies baroquissimes qui font le délice des amateurs d'esthétique décalée jusqu'à l'outrance, voire l'absurde.

Encore une fois, on aurait envie de nominer l'opéra tout entier - ou au moins une partie substantielle de ses arias et choeurs - à la distinction de Perle musicale. Mais puisqu'il faut choisir, proposons les deux trios des Parques, au début de l'opéra.

Résumons : dans une antiquité grecque d'opérette, Thésée le héros, fait des pieds et des mains auprès de tous les dieux pour retrouver aux enfers son ami Piritoüs, mort au combat, et le ramener si possible. A force d''arguments et de jérémiades, Jupiter écoute Thésée et contraint Pluton à lui ouvrir les portes d'outre-tombe, puis à l'en faire revenir.

Mais attention, il y a une condition : que Thésée écoute les Parques lui raconter un bout de son futur... et le trio infernal le lui raconte de manière allusive en concluant : Tu sors de l'infernal empire, pour trouver les enfers chez toi ! Brrr, on tremble !

Les Parques ont lu dans l'avenir de Thésée l'idylle de sa propre épouse, Phèdre, avec son fils d'un premier lit, Hippolyte. Mais tous ceux qui ont étudié Phèdre, de Racine, qui figure au programme du collège, devraient se souvenir de l'histoire, non ?

Les Parques par Alfred Agache

Rameau s'en donne à coeur joie dans les deux interventions des Parques, à l'acte II. 


D'abord pour dire à Thésée qu'il ne pourra pas rejoindre les enfers en abrégeant sa vie :


Du Destin le vouloir suprême
A mis entre nos mains la trame de tes jours ;
Mais le fatal ciseau n’en peut trancher le cours,
Qu’au redoutable instant qu’il a marqué lui-même.



Et ensuite, une fois qu'il est descendu aux enfers et qu'il veut en revenir, pour lui annoncer son avenir :


Quelle soudaine horreur ton destin nous inspire ?
Où cours tu malheureux ? Tremble ; frémis d’effroi.
Tu sors de l’infernal Empire,
Pour trouver les Enfers chez toi.


C'est surtout le second trio qui impressionne, proposé ci-dessous.


Plusieurs versions comme d'habitude, mais une préférée dans la figuration de l'horreur, les autres paraissant plus molles : celle de Malgloire, dans un enregistrement des années 70, hélas mal repiqué du disque vinyl, mais je promets au visiteur de travailler à une meilleure reproduction, qui remplacera celle-là. L'extrait précédent est tiré du même disque. La deuxième version est une version de Minkowski.


Puis deux videos : une de l'enregistrement d'un concert donné pour le vingtième anniversaire des Musiciens du Louvre le 18 décembre 2002, avec les chanteurs Cyril Auvity, tenor, Jean-Sébastien Bou, baryton et le grand Laurent Naouri, baryton également, Orchestre et choeur des Musiciens du Louvre, dirigés par Marc Minkowski. Hélas, il s'agit d'un récital sans mise en scène d'Opéra. En effet, il est toujours marrant de voir comment les metteurs en scène présentent les Parques, personnages féminins chantés par des hommes.


On le voit en revanche dans la vidéo suivante, enregistrement à Aix en Provence en 1983 d'une représentation dirigée par John Eliot Gardiner.