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mercredi 29 décembre 2010

Les femmes qui peignent sont-elles dangereuses (4) : Elisabeth Vigée-Lebrun

Auto-portrait à l'âge de 27 ans
(National Gallery, Londres)

Le message précédent donne le prétexte à poursuivre notre petit cycle "femmes qui peignent" en parlant d'Elisabeth Vigée-Lebrun, redécouverte à l'occasion de la visite du Musée Jacquemard-André, où trône un de ses somptueux portraits de femmes, reproduit et commenté en bas du message.

Elisabeth Vigée-Lebrun n'était bien sûr pas dangereuse, mais elle devait avoir un sacré caractère. Partie de peu de choses - un père modeste pastelliste , mort alors qu'elle avait douze ans, éloignée de sa famille très tôt comme c'était la pratique habituelle des gens habitant en ville à l'époque, elle est arrivée au zénith en peu de temps : portraitiste de la haute noblesse et de la reine Marie-Antoinette elle-même, puis de la cour de Russie, de la grande et courageuse Louise de Prusse ensuite, si peu connue en France, peut-être parce qu'elle combattit Napoléon de toutes ses forces, et enfin, de la noblesse d'Empire, en traversant la Révolution Française, le premier Empire, la Restauration, jusqu'à la monarchie de Juillet. Ouf. 

Elle fait partie de ces personnages qui en ont vu des vertes et des pas mûres, de Louis XV, dont elle a connu les fameuses filles, à Louis-Philippe. Du coeur de l'ancien Régime le plus strict aux prémisses de la Révolution industrielle, ces vies-là ont duré des siècles, dans une accélération de l'histoire phénoménale.

Portrait de Marie-Antoinette d'Autriche
(Château de Versailles)

Madame Molé-Raymond, actrice à la Comédie Italienne
(Musée du Louvre)

On sait par ses autoportraits - elle prenait le temps d'en faire, alors que personne ne les lui commandait évidemment - qu'elle était très belle, mais cela ne suffit certainement pas à expliquer sa fulgurante ascension. Sans aucun doute le talent était là, et il fut reconnu, et vite.

Mais peut-on avoir idée de la somme de préjugés, de méchancetés, de médisances et de mesquineries qu'elle a du rencontrer en chemin de la part de ses bons collègues masculins, que la proximité du pouvoir devait rendre particulièrement hargneux ?

Autoportrait à l'âge de 27 ans également
(Musée Kimbel de Fort Worth, Texas)

Il reste une oeuvre magnifique, des tableaux d'une fraîcheur, d'une finesse et d'un piqué éblouissants. L'art du portrait à l'égal de Quentin de la Tour. On trouve ici le répertoire des tableaux qui se trouvent en France. Les occasions d'aller visiter Elisabeth Vigée-Lebrun ne manquent donc pas.

Catherine Skavronskaia,
Dame d'honneur de Catherine de Russie

Et voici le portrait qui se trouve au Musée Jacquemard-André. Il faut absolument en écouter le commentaire sur l'audioguide du musée, reproduit ci-dessous : il est très éclairant sur la manière dont Vigée-Lebrun pouvait être sacrément... vacharde !


Commentaire du tableau


mardi 21 décembre 2010

Les femmes qui pensent sont-elles dangereuses ?


Après s'être demandé ici si les femmes qui peignent sont dangereuses, quid des femmes qui pensent ?

Le récent film d'Amenabar, Agora, parle enfin d'une des rares femmes de l'antiquité dont la renommée nous soit parvenue, Hypatie/Ὑπατία dite d'Alexandrie, où elle professait. Malheureusement, ses oeuvres ont toutes disparu dans l'incendie de la grande bibliothèque. Nous ne connaissons donc d'elle que ce qui fut rapporté par ses contemporains. Hypatie était une enseignante de grande renommée, férue de sciences exactes - notamment d'astronomie, de philosophie, de littérature et aussi, un peu, de magie...

Cette grande scientifique de l'antiquité tardive est surtout connue pour sa fin tragique, puisque la tradition rapporte qu'elle fut lapidée par ces chrétiens des premiers siècles, qui n'avaient de cesse d'imposer leur religion contre l’idolâtrie des temps anciens. Le fait qu'elle soit une femme n'a pas du non plus beaucoup arranger les choses, dans ces ères de fanatisme et de prosélytisme religieux le plus obscur et intolérant.

Hypatie dispose d'une rue à Athènes, tout près de la place Monastiraki, en contrebas de l'Acropole. In memoriam.


dimanche 19 décembre 2010

Trop généreux, décidément, cet hiver



Photographies prises aujourd'hui vers 11 h 30 : un grand tour en après-ski en guise d'apéro...