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mercredi 3 juin 2020

Un tour au Musée : cela faisait longtemps




Premier musée visité auprès le grand confinement : quel plaisir !  Musée savouré tout seul, avec toute possibilité d'échanger avec les agents présents, contents de retrouver une visite, et avec toute facilité d'accessibilité offerte par la petite ville, La Fère.

Le Musée Jeanne d'Aboville abrite des trésors inattendus, propriété d'une commune de moins de 3 000 habitants.  On tremble pour garantir la sécurité et assurer autant de pièces remarquables, d'autant que les moyens font évidemment défaut pour les mettre en valeur comme elles le méritent.

Il est étonnant que ce petit musée ne soit pas adossé à une intercommunalité qui lui permettrait plus de mieux rayonner.

Au fil de la visite, on s'arrête sur les noms : Emmanuel de Witte, Salomon Rhuysdael,  De Heem,  Abraham Willemsens,  Bon Boullogne,  Elisabeth Vigée-Lebrun. Mais les noms inconnus méritent aussi de s'arrêter : il n'y a rien à jeter dans cette collection.





samedi 30 mai 2020

La playlist du jour : Barricades mystérieuses et autres


La musique d'aujourd'hui est une nouveauté de 300 ans. Écouté, réécouté à plusieurs reprises, l'album Barricades est la magnifique parenthèse de ce long week-end.

Il est le fruit d'une coopération entre deux trentenaires super-doués : l'un est claveciniste (Jean Rondeau), l'autre est théorbiste et luthiste (Thomas Dunford). Ce sont déjà des vedettes dans leur genre.

L'album s'ouvre par Les baricades mistérieuses, selon son orthographe ancienne, pièce de Couperin, qui est un tube de la musique baroque et dont le titre est tout autant mystérieux. L'enregistrement video du morceau montre assez le niveau de connivence entre les deux interprètes, et on est frappé de la parfaite synchronisation des deux instruments.

La pièce chantée de Charpentier qui suit est aussi remarquable : archétype de la chanson du XVII° siècle, encore fois parfaitement exécutée par Lea Desandre, encore plus jeune que les deux autres musiciens. Et l'éditeur, en plus, publie un troisième morceau gratuitement, ajouté aussi. La sélection compte vingt plages.

Une heure de parfaite félicité dont émanent un tact, un suavité et une douceur qui détonent dans cette époque rugueuse. A suivre, et très longtemps : que de promesses pour l'avenir de cette musique.




dimanche 24 mai 2020

Les séries du moment : White lines, Bodyguard, La Faille

Ces trois séries toutes récentes ont en commun le fait qu'elles ne comprennent qu'une seule saison dans la proposition faite au spectateur - au moins telles qu'elles se présentent. 

Étonnant, mais il y a sans doute de bonnes raisons car nous sommes toujours au sein d'une industrie, celle du divertissement, où rien ne dépend du hasard : volonté des producteurs de ne pas s'engager au delà d'une seule saison, passage à vide des scénaristes, relative saturation des grands réseaux de diffusion en matière de séries à multiples saisons, pas toujours de bonne qualité d'ailleurs...

Par ailleurs, ce sont toutes les trois des thrillers.


Le premier personnage de White lines, c'est d'abord Ibiza, île fidèle à sa réputation festive, transgressive, et certains ajouteraient décadente. Les lignes blanches du titre sont évidemment celles de la cocaïne, qui semble faire partie intégrante du paysage. Les chiffres de la délinquance sur l'île sont le double de ceux de l'Espagne.

La quasi-totalité des scènes y ont lieu, offrant au passage de belles cartes postales touristiques. En contrepoint, Manchester, relégué dans la vie d'avant des principaux personnages, dont ils sont originaires. Quelle image de l'Europe actuelle : le dur labeur désespérant des brumes du Nord contre la fiesta héliotropique déjantée...

L'argument policier est peut-être un peu léger au final. Il pouvait sans doute se développer sur 6 épisodes, et non pas 10... Car on tourne vite en rond : nos sommes sur une petite île. Elle est plus petite que le petit département du Territoire de Belfort par exemple (respectivement 572 km² et 609 km²). 

Les personnages semblent peu fouillés : manifestement, le parti-pris du scénario était d'abord de décrire la réalité sociale et humaine de l'île, y compris dans ses parties les plus sombres. Il ne s'agit donc pas du tout d'un prospectus touristique.

Alors, quelle est le ressort ultime de la mini-série ? Peut-être dans la description du symptôme du voyageur : le voyage et le séjour à l'étranger ne sont pas une simple translation des corps et des esprits, mais ils changent profondément les personnes et de manière irrémédiable.

Sur une planète où les humains ont la bougeotte, les enjeux sont d'importance, même si le virus va ralentir les flux... pour un moment.

Dans la version sonore originale, le jonglage permanent entre l'espagnol et l'anglais peut être un peu agaçant. Dans certains cas, pourquoi les personnages espagnols parlent-ils en anglais ensemble ?

Sans doute s'agit-il d'une complaisance à l'attention du public anglo-saxon, mais pourquoi n'est ce jamais le cas dans la Casa del Papel, dont les auteurs sont les mêmes ?


Bodyguard nous ramène au Royaume Uni sur 6 épisodes mais il s'agit cette fois d'un personnage de sang et de chair et - enfin - extrêmement fouillé. Peut-être est-ce d'ailleurs une caractéristique anglaise, compte tenu de la puissance de la tradition théâtrale d'outre-manche.

C'est encore un thriller, mais en forme de tragédie humaine ultra-moderne, mais dans laquelle la  high-tech est très contenue.  Pour une fois.

On peut prendre du plaisir à retrouver dans le personnage principal l'un des rois de Games of Thrones (Robb Stark). L'acteur concerné fut couronné par les Golden Globes du meilleur acteur dans une série télévisée dramatique, ce qui veut dire quelque chose en Angleterre, quand même.


De manière idiote, la mini-série (8 épisodes) La Faille fut affublée du titre The Wall quand elle a été présentée sur une chaîne française.

Quelle idée : il s'agit bien d'une production 100% francophone, issue directement et totalement du Québec.

C'est un gros coup de cœur, car tous les ingrédients d'une potion stimulante et roborative sont réunis : cadre singulier, acteurs authentiques faisant corps avec leur société, personnages scrutés à la loupe.

Nous sommes à 1 000 km au nord de la Ville de Québec, soit sur une latitude plutôt inhabitable.

Il s'agit de Fremont, commune réellement existante, totalement liée à d'immenses mines de fer à ciel ouvert - une espèce d'Arcelor-Mittal-City - qui a d'ailleurs abrité le tournage de la série.

Les habitants vivent en vase clos : ils se connaissent tous, se croisent tout le temps pendant les longs mois froids dans une rue souterraine reliant des différents services et commerces - sous le "Mur", qui protège la ville des vents glaciaux du Grand Nord.

Nous sommes donc dans la neige, dans beaucoup de neige et nous nous déplaçons sur Ski-doo (Appellation de la motoneige au Québec, à partir de la première marque de véhicule du genre, fabriqué par l'entreprise Bombardier dans les années 50).

Dans ce bout du monde glacé autarcique, nous traquons un meurtrier en série parmi moins de 3 000 habitants. Personne ne sort, personne n'entre ou quasi, par la force des choses. Et nous observons. Pas mal.

La version sonore a son importance : soit il faut entendre un doublage français (de France) pour rendre le Français (du Québec) totalement compréhensible, soit il faut regarder en VO car il n'existe pas apparemment de version sous-titrée en français.

Evidemment, il est toujours bien mieux de ne rien perdre de l'accent local... à condition de  pouvoir faire les efforts de compréhension sans forcément y arriver, car la langue usuelle est quelquefois très difficile à décrypter par l'oreille. Certains passages doivent être réentendus pour les comprendre à peu près, mais, au final, on y arrive suffisamment, même le 100% de compréhension est souvent impossible.