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vendredi 24 juin 2022

Lieux singuliers (10) : les unités d'habitation du Corbusier

Briey

Marseille

Rezé

Les unités d'habitation de Le Corbusier matérialisent une idée globale du vivre ensemble. C'est un des rares cas où une vision d'ensemble résiste au temps, où l'utopie s'approche de la réalité sans devenir un enfer.

Il fallait donc visiter les cinq unités d'habitation existantes, comme un hommage à cet esprit plein d'intelligence, de pertinence et d'humanité.

On trouve dans les cinq réalisations la même ambiance : une  tentative presque réussie de faire vivre les êtres humains pacifiquement. Et comme le diable est dans les détails, tout a été  pesé et soupesé. Les unités d'habitation fourmillent d'astuces pratiques, chacune rendant la vie quotidienne de tous un peu plus légère.

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dimanche 5 juin 2022

Les séries de la fin du printemps : Firefly, Continuum, L'Echappée

 Sélection inhabituelle pour cette fin de printemps : deux séries de science fiction déjà anciennes, mais qui valent le détour et une saga québécoise longue comme le Saint Laurent.


Firefly a été diffusée par le réseau Fox en 2002 pour une seule série de 14 épisodes de 45 minutes... Pourtant, vingt ans après, le monde des séries s'en souvient encore : signe que la série est représentative de quelque chose.

Firefly (La luciole) désigne le modèle du vaisseau spatial, Serenity, vedette de la série.

On y retrouve tous les ingrédients à la fois du Space Opera et du Western. Les amateurs se réjouiront des balades de planète en planète, des bidouillages sur les vaisseaux spatiaux et des stratagèmes pour échapper aux représentants de la loi du moment.

Pour autant, nous sommes très très loin de l'univers de Starwars. C'est que les passagers du Serenity ne sont pas des Chevaliers Jedi en puissance, ni des Princesses dont le trône a été usurpé : ce sont des êtres humains, tels qu'on les connait ici et aujourd'hui, avec beaucoup de qualités, mais aussi au moins autant de défauts.

Du coup, on se projette beaucoup mieux en l'année de 2517. Mais il est vrai que la saga Starwars se situe est dans une époque bien plus éloignée, si l'on en croit les vrais scientifiques qui ont essayé de la dater. 

En clair, Firefly est une série spatiale de proximité. et elle tente de répondre à cette question : que sera l'être humain du XXVI° siècle ? Il n'est pas sûr que les réponses soient toutes crédibles, mais au moins sont-elles accessibles et abordables.


Plus récente (2012-2015),  comptant 42 épisodes, répartis sur 4 saisons, Continuum est pourtant déjà ancienne dans cet univers des fictions télévisuelles, où une nouveauté recouvre toutes les autres à toute vitesse. Série canadienne anglophone - la narration et le tournage se passent à Vancouver - elle n'a jamais été diffusée en France, sauf en DVD.

Etonnant, car cette série addictive pouvait sans doute intéresser au moins les geeks du voyage dans le temps et ses paradoxes. 

C'est d'ailleurs son intérêt principal : un agent de police de l'année 2077 se retrouve projeté contre son gré dans l'année 2012. Et la cinquantaine d'années séparant les deux périodes concernées permet de se faire rencontrer les personnages avec eux-mêmes au début et à la fin de leur vie, d'où une infinité de situations plutôt étranges.

Un autre intérêt est de comparer les techniques et procédures entre les deux périodes, qui sont forcément très différentes, partant du principe que le progrès scientifique s'est considérablement accéléré en cinquante ans. 

Les spectateurs apprécieront, surtout pour ceux qui ont commencé leur vie professionnelle sans informatique et sans internet ! Mais comment faisions nous donc avant ?


Quand on aime, on ne compte pas : 6 saisons chacune de 24 épisodes de 43 minutes. Et une septième saisons est en commande. 

Nous sommes toujours au Canada, mais à notre époque et dans la belle Province : l'ensemble est tourné en français. Mais avec ce parler et ce vocabulaire particuliers hérités de notre histoire commune. 

Ainsi, à longueur d'épisode, on fréquente des Chums (copains) et des Blondes (petites amies), on paye avec des Piastres (argent), on fait des Niaiseries et on balance des Menteries. Et on chauffe le Char (on conduit la voiture). Ainsi de suite.

Après un petit temps, on finit par s'y habituer. Et cela nous décale : la langue française n'est vraiment pas qu'une affaire française. En revanche, on ne peut pas s'empêcher de sourire tout au long des saisons. Il faudrait savoir exactement pourquoi.

La série se passe à Ste Alice de Rimouski, sur la rive droite du St Laurent, et le fleuve est omniprésent dans les prises de vue. Si le Saint Laurent est bien réel, Sainte Alice de Rimouski n'existe pas. Mais peu importe. 

Nous sommes de toute façon quelque part entre la ville de Québec et Gaspé - 4 heures de route de chaque côté, donc loin de tout. Et tout demande du temps à cet endroit : notamment les décisions de la Province et la mise en place des moyens attribué au territoire.

C'est que les intrigues se nouent autour d'un foyer d'accueil public (L'Echappée) pour les mineurs, d'une auberge - centre de la vie sociale - et le bureau de la police provinciale. On ne voit pratiquement rien d'autre, sauf bien sûr les abords du fleuve et les intérieurs, et pour l'essentiel les cuisines.

Mais ce foyer d'accueil nous place au centre des dysfonctionnements de la société  - au Québec comme ailleurs. Tout y passe : violence intrafamiliale, addictions de toute nature, inceste etc. Mais ce foyer nous place aussi au cœur des solutions possibles, toujours insuffisantes évidemment, mais pas toujours inopérantes. 

A cet égard, la série montre une facette du travail social plutôt positive : c'est déjà quelque chose, car on connaît peu de fictions approchant ainsi de manière approfondie le secteur de la prévention et de la probation.

Mais la partie la plus intéressante est le traitement humain des récits proposés. On y retrouve cette proximité interhumaine que l'on constate au Québec, à commencer le tutoiement facile. Peut-être un héritage des premiers pionniers, qui devaient se serrer les coudes dans l'immensité naturelle souvent hostile.

Par ailleurs, le nombre de personnages - autant d'acteurs - est important : une bonne partie du gotha artistique québécois est convoqué. Et c'est tant mieux, car on voit que trop rarement ici les acteurs de là-bas.

Il n'est bien sûr pas possible d'entrer dans le détail des récits intriqués qui émaillent les 144 épisodes - quand même - et cela n'est pas souhaitable car les rebondissements sont nombreux et quelquefois bien acrobatiques. Passons. On attendra sans problème la septième saison.

samedi 16 avril 2022

Sur la Playlist du printemps : Airs de cour, par le Poème harmonique

 

C'est album-univers que cette production de 35 airs, qui remonte à 2015. Mais il n'aura jamais de rides tant il est inséré dans l'époque des Airs de cour.

Ce genre est très reconnaissable et sa période d'existence est relativement courte : fin XVI° siècle/début XVII° siècle. A ce titre, il appartient à la grande ère baroque, mais à son début, juste avant le grand siècle que fut le règne de Louis XIV.

Les Airs de cour sont de petites pièces vocales accompagnées de quelques musiciens, comme des petites scènes de genre musicales, décrivant une ambiance, une historiette, une anecdote... On y trouve aussi des influences italiennes ou espagnoles : la légèreté profane des mélodies se marient mieux avec les cultures du sud de l'Europe, même si les nombreux souverains allemands, de même que la cour anglaise utilisent aussi le genre.

En fait, les Airs de cour étaient la TSF des rois et reines, de leur famille et de leur entourage, à une époque, et pour longtemps encore, on ne pouvait écouter que de la musique live par la force des chosesEt les journées - et encore plus les soirées - pouvaient être si longues au temps où les divertissements étaient si rares - et, pourvu d'avoir une domesticité nombreuse, on avait du temps...

L'album réalisé par le Poème harmonique, formation fondée et animée par le luthiste et guitariste baroque Vincent Dumestre, est de toute beauté, à écouter encore et encore. 

Cette musique nous fait enjamber ces 400 ans, nous rapprochant miraculeusement de ces aïeux, pourtant si éloignés de nous. Une espèce de machine à remonter le temps, en somme.

L'ouvrage repose évidemment sur un énorme travail dans les archives musicales, car les principaux compositeurs sont très peu connus : Pierre GuédronÉtienne MouliniéGuillaume CosteleyAntoine BoëssetAdrian Le RoyCharles Tessier... parmi tant d'autres. 

Autre fondement : l'excellence des interprètes. Les amateurs pourront notamment repérer les belles voix de Marc Mauillon (Baryton), de Serge Goubioud (Ténor) et de Bruno Le Levreur (Contre-ténor)

L'ensemble de l'album se trouve gratuitement sur YouTube ici... Un vrai cadeau du label Alpha Classics.

Voici quelques morceaux au passage parmi les préférés.