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dimanche 22 janvier 2023

Lieux singuliers (13) : L'ermitage orthodoxe russe de Tous-les-Saints-de-Russie, Saint Hilaire le Grand



Ce petit morceau de Russie au beau milieu de la plaine agricole en Champagne a beaucoup de choses à raconter sur la grande histoire et ses replis.

L'ermitage orthodoxe russe de Tous-les-Saints-de-Russie à Saint Hilaire le Grand surveille et conserve la mémoire des sépultures de 916 hommes dont l'histoire n'est pas banale. Nés sous l'Empire russe, ils sont morts soviétiques sans être revenus en Russie.

Ils faisaient tous partie du Corps expéditionnaire russe en France dont les 45 000 soldats avaient été échangés en 1916 contre de l'armement français au terme d'une négociation peu reluisante entre le Tsar Nicolas II et le sénateur Paul Doumer, futur président de la République. L'histoire retiendra que 450 000 fusils ont été donnés en échange. 1 pour 10.

C'est que la France avait besoin de tant de vies à sacrifier devant les vies allemandes. Quelle époque, où les vies comptaient si peu pour les généraux.

Arrivés via Arkhangelsk ou par Vladivostok (!), ces hommes ont été jetés dans la tourmente de la Grande Guerre, sous leur drapeau à l'aigle à double tête - l'une tournée vers l'Asie, l'autre vers l'Europe, mais avec l'équipement français. 

Une moitié des effectifs fut directement dirigée vers Salonique, où l'on combattait contre l'Empire Ottoman. L'autre est arrivée en France par Marseille et Brest, puis affectée au front de Champagne début 1917 pour se faire massacrer, comme tous les autres, quelque part entre le Nord de Reims et le Chemin des Dames.

A titre d'illustration sinistre, en avril 1917, lors de l’offensive « Nivelle »,  6 000 soldats russes sont tués aux côtés de 270 000 soldats français.

Mais même avec retard, ces soldats apprennent  que la révolution bolchévique est en route, le Tsar abdiquant le 15 mars. Cette guerre n'est plus la leur, d'autant qu'une grande partie d'entre eux sont communistes. Qu'en faire ?

16 000 soldats, 300 officiers et leurs 1 700 chevaux furent au final regroupés dans un camp en Creuse, le Camp de La Courtine, tant on craignait la contagion révolutionnaire. Le premier camp militaire français autogéré par un Soviet !

Evidemment, l'Etat Major et les Russes restés fidèles à la Russie impériale ne pouvaient pas laisser les choses en l'état. Le camp reçut 800 obus en trois jours, du 16 au 18 août 1917.

La répression de la mutinerie du Camp de la Courtine est une de ces pages noires de l'armée française - une de plus - qui déclara sans sourciller 9 morts chez les mutins. On est prié de la croire.

Le titre d'un documentaire de 1999dédié à cette histoire est très évocateur : 20 000 moujiks sans importance

Quelques arpents russes à Saint Hilaire le Grand. Mais il pèsent leur pesant de péripéties historiques.

La mutinerie des soldats russes sur le sol français en 1917 a ainsi écrit une de plus belles pages de l’histoire du pacifisme, de l’antimilitarisme et de l’internationalisme des peuples. La constitution en janvier 2014 de l’association « La Courtine 1917 », poursuit l’objectif de rendre à ces mutins l’hommage qu’ils méritent et de faire connaître et vivre leur grandiose épopée.

Jean-Paul Gady, Adhérent de l’association « La Courtine 1917 »

Les images de l'Ermitage


dimanche 1 janvier 2023

Vœux personnels officiels pour l'année 2023

Voici les vœux personnels officiels pour l'année 2023


Et pour ceux qui les auraient ratés, voici les vœux pour les années précédentes

jeudi 22 décembre 2022

Sur la Playlist de la fin de l'automne : Mahler, les Symphonies


 Mahler, malgré tout et avant tout, en ce début d'hiver.

Gustav Mahler a composé ses symphonies entre 1888 et 1911... Autant dire qu'il s'agit d'une musique totalement d'avant-garde pour celui qui préfère la musique baroque et qui considère que le modernisme commence avec Mozart. Alors, Mahler !

Passons outre. 

Chacune des dix symphonies est un monde à elle-même, offrant toutes les palettes musicales possibles : réminiscences du folklore de l'Europe centrale et orientale, musiques de la tradition juive, marches funèbres, lieder, mélodies symphoniques à la Beethoven etc.

C'est que la composition souhaitée de l'orchestre  pour chaque symphonie est impressionnante... jusqu'à 1 000 membres pour sa première représentation de la 8° symphonie, qu'on appelle d'ailleurs la Symphonie des Mille.

Son orchestration, telle que voulue par le compositeur, vaut le coup d'œil - mais celle des autres symphonies n'est pas très différente à l'exception des chœurs :

Voix
3 sopranos, 2 altos, 1 ténor, 1 baryton, 1 basse 
1 chœur d'enfants (350 chanteurs)
2 chœurs d'adultes (500 chanteurs)

Instruments à cordes
Premiers violons
Seconds violons
Altos
Violoncelles
Contrebasses,
Harpes
Mandoline

Bois
4 flûtes
2 piccolos
4 hautbois
1 cor anglais
1 clarinette en mi bémol
3 clarinettes en si ♭ et en la
1 clarinette basse
4 bassons
1 contrebasson

Cuivres
8 trompettes
7 trombones
8 cors
1 Tuba

Percussions
3 timbales
1 triangle
3 cymbales
1 grosse caisse
1 tam-tam
des cloches

Claviers
1 piano
1 orgue
1 harmonium

Autant dire la Royce-Rolls des orchestres symphoniques. Mais Mahler, longtemps directeur de l'opéra de Vienne, disposait de certains moyens... mais il ne les gâchait pas, car il était connu pour son extrême attention pour chaque instrumentiste.

Une mention particulière pour l'utilisation par Mahler des instruments à anches : hautbois, bassons, clarinettes, souvent utilisés comme solistes, sortis tout droit du Klezmer.

Mais l'immense intérêt pour Mahler se trouve ailleurs : nous sommes en présence d'une musique incroyablement puissante et en même temps d'une extrême sensibilité, immédiatement reconnaissable, utilisant toutes les possibilités d'un orchestre symphonique, à l'instar de toutes les émotions de la personnalité humaine.

De fait, il est impossible d'écouter Mahler en faisant autre chose car cette musique pompe toute son énergie disponible... Et les symphonies sont longues : toutes plus de 60 minutes - sauf la première et la dernière - et jusque 90 minutes pour la troisième. 

C'est donc un vrai effort, que d'écouter une symphonie de Mahler. Mais cet effort vaut la peine car on en sort comme ragaillardi, revigoré, comme invulnérable... alors que tant d'autres choses autour de vous conspirent à vous abattre. 

La musique de Mahler est en fait un hyper-concentré de musique : il n'a composé au total que 18 oeuvres, alors que la plupart des autres compositeurs ont des catalogues énormes (plus 1 300 oeuvres pour JS Bach, 550 pour Mozart, 500 pour Beethoven...)

En dehors de ces dix symphonies, on trouve des Lieder... que l'on reprendra un jour, car ils pèsent aussi leur poids musical et émotionnel.

Pour se donner une idée, il est difficile de reproduire les dix symphonies in extenso dans cette publication, mais on peut les trouver intégralement facilement sur internet, et dans des interprétations prestigieuses. Vive l'internet, encore une fois !

On proposera donc plutôt des mouvements des dix symphonies, ceux qui ont accroché tout particulièrement l'oreille. 

Voici donc dix extraits. 

Pour la 5° symphonie - la plus célèbre, et aussi la préférée - on propose deux mouvements.  En revanche, pour la 8° symphonie - La Symphonie des Mille - on n'a pas proposé d'extrait car cette énorme cathédrale musicale demande encore un peu d'effort pour être appréhendée.

A chacun d'assembler son Mahler. Il y a de quoi faire.

1° Symphonie "Titan" - 3° Mouvement

2° Symphonie "La Résurrection" - 4° Mouvement

3° Symphonie - 2° Mouvement

4° Symphonie - 4° Mouvement

5° Symphonie - 1er Mouvement

5° Symphonie - 4° Mouvement

6° Symphonie - 1er Mouvement

7° Symphonie - 4° Mouvement

9° Symphonie - 2° Mouvement

10° Symphonie - 3° Mouvement