A beaucoup d'égards, Chantilly, inconnu jusqu'ici, présente le visage d'un anti-Versailles : évidemment les Condés, Princes propriétaires des lieux, ont-ils donné leur part à la Fronde pour tenter de déposséder le futur Louis XIV de son trône. Malgré toutes les réconciliations, ce dernier n'oubliera jamais la fuite nocturne avec sa mère quand celle-ci, alors qu'il était enfant, l'avait fait échapper au danger mortel.
Chantilly est également géographiquement opposé à Versailles par rapport à Paris : la ligne de 50 km à vol d'oiseau qui sépare les deux châteaux tangente Paris.
On reconnait dans le grand canal de Chantilly - 2,5 km de long, 60 m de large dans ses parties les plus étroites - une trace de fonction défensive, puisqu'il entoure le domaine de toutes parts ; alors que celui de Versailles - 1,7 km dans sa plus grande longueur pour la même largeur - situé au beau milieu du parc dans l'axe du château, a une fonction purement esthétique et ludique.
Mais c'est surtout le traitement des espaces naturels qui environnent les deux châteaux qui est tout à fait différent, et donnent des parcs d'une physionomie tout à fait divergente.
A Versailles, la végétation, arbres y compris, est mise en coupe réglée : la libre forêt a été éloignée des lieux de promenade et de vie, rien ne dépasse des allées et partout des bosquets aménagés d'un grand raffinement permettent de s'abriter pour tel ou tel dessein. La nature est totalement domestiquée, maitrisée, rectifiée.
A Chantilly, il s'agit beaucoup plus d'organiser la cohabitation des hommes et des végétaux. En dehors des parterres à la française assez réduits (et en cours de réfection, donc sans aucun fleurissement pour l'heure) parce qu'envahis par les énormes et nombreux plans d'eau, la végétation se développe magnifiquement : les arbres en prennent à leur aise au milieu de tant d'espace, atteignant des tailles énormes surpassant même le château, ce dont il n'est pas question à Versailles, le château dominant tout et les arbres étant regroupés les uns contre les autres, limitant ainsi leur croissance.
Peut-être un peu à l'image de la populeuse Cour du Roi, dont l'institution à Versailles procédait de la volonté du souverain de regrouper la grande noblesse auprès de lui pour contenir ses ambitions et s'assurer de sa parfaite vassalité. Quand je vous disais dans un message précédent que le site de Versailles était un cours de science politique à ciel ouvert !.
A Chantilly en revanche, les individualités arborées disposent de tout l'espace dont elles ont besoin pour s'épanouir... quitte à faire de l'ombre à la maison du maître.
Et pourtant les deux parcs sont l'œuvre du grand Le Nôtre, dont on peut mesurer au passage la capacité d'adaptation aux désirs de ses illustres commanditaires.
Chantilly est un domaine de chasseur : la statuaire, l'organisation des lieux, la très courte distance entre la forêt et le château, tout l'indique. Le hameau - ce faux village disneylandesque qui servira de modèle à celui de Marie-Antoinette longtemps après sa construction à Chantilly - ressemble à une concession faite au besoin d'amusement des enfants de la famille. Sinon, on n'y trouve aucun autre lieu pour se poser et profiter. Le domaine est à l'évidence fait pour être traversé à cheval, vite, vers les grandes chasses des grandes forêts environnantes - qui existent encore : Ermenonville, Senlis, Compiègne, Villers-Cotterets... L'ancien régime aura au moins permis de préserver ces immenses poumons verts.
Bref, nous sommes à Chantilly dans le sérieux, l'anti-futile, l'utilitaire... L'immensité et la magnificence des écuries du domaine voisines confirment cette vocation équestre et cynégétique de ce domaine exceptionnel maintenant entretenu et rendu accessible à tous par la République.
Restent aussi de cette belle balade 7 bons kms parcourus sans fatigue aucune, compte tenu des perspectives offertes à la vue en permanence par ce beau et grand travail de jardinier XXXL. Vive Le Nôtre !
Chantilly est également géographiquement opposé à Versailles par rapport à Paris : la ligne de 50 km à vol d'oiseau qui sépare les deux châteaux tangente Paris.
Mais Chantilly présente aussi des caractéristiques tout à fait opposées à celles de Versailles. D'abord, l'eau y est très abondante et omniprésente, alors que les fontainiers de Versailles s'arrachaient les cheveux pour trouver assez d'eau et ainsi contenter les promenades du Roi.
On reconnait dans le grand canal de Chantilly - 2,5 km de long, 60 m de large dans ses parties les plus étroites - une trace de fonction défensive, puisqu'il entoure le domaine de toutes parts ; alors que celui de Versailles - 1,7 km dans sa plus grande longueur pour la même largeur - situé au beau milieu du parc dans l'axe du château, a une fonction purement esthétique et ludique.
Mais c'est surtout le traitement des espaces naturels qui environnent les deux châteaux qui est tout à fait différent, et donnent des parcs d'une physionomie tout à fait divergente.
A Versailles, la végétation, arbres y compris, est mise en coupe réglée : la libre forêt a été éloignée des lieux de promenade et de vie, rien ne dépasse des allées et partout des bosquets aménagés d'un grand raffinement permettent de s'abriter pour tel ou tel dessein. La nature est totalement domestiquée, maitrisée, rectifiée.
A Chantilly, il s'agit beaucoup plus d'organiser la cohabitation des hommes et des végétaux. En dehors des parterres à la française assez réduits (et en cours de réfection, donc sans aucun fleurissement pour l'heure) parce qu'envahis par les énormes et nombreux plans d'eau, la végétation se développe magnifiquement : les arbres en prennent à leur aise au milieu de tant d'espace, atteignant des tailles énormes surpassant même le château, ce dont il n'est pas question à Versailles, le château dominant tout et les arbres étant regroupés les uns contre les autres, limitant ainsi leur croissance.
Peut-être un peu à l'image de la populeuse Cour du Roi, dont l'institution à Versailles procédait de la volonté du souverain de regrouper la grande noblesse auprès de lui pour contenir ses ambitions et s'assurer de sa parfaite vassalité. Quand je vous disais dans un message précédent que le site de Versailles était un cours de science politique à ciel ouvert !.
A Chantilly en revanche, les individualités arborées disposent de tout l'espace dont elles ont besoin pour s'épanouir... quitte à faire de l'ombre à la maison du maître.
Et pourtant les deux parcs sont l'œuvre du grand Le Nôtre, dont on peut mesurer au passage la capacité d'adaptation aux désirs de ses illustres commanditaires.
Chantilly est un domaine de chasseur : la statuaire, l'organisation des lieux, la très courte distance entre la forêt et le château, tout l'indique. Le hameau - ce faux village disneylandesque qui servira de modèle à celui de Marie-Antoinette longtemps après sa construction à Chantilly - ressemble à une concession faite au besoin d'amusement des enfants de la famille. Sinon, on n'y trouve aucun autre lieu pour se poser et profiter. Le domaine est à l'évidence fait pour être traversé à cheval, vite, vers les grandes chasses des grandes forêts environnantes - qui existent encore : Ermenonville, Senlis, Compiègne, Villers-Cotterets... L'ancien régime aura au moins permis de préserver ces immenses poumons verts.
Bref, nous sommes à Chantilly dans le sérieux, l'anti-futile, l'utilitaire... L'immensité et la magnificence des écuries du domaine voisines confirment cette vocation équestre et cynégétique de ce domaine exceptionnel maintenant entretenu et rendu accessible à tous par la République.
Restent aussi de cette belle balade 7 bons kms parcourus sans fatigue aucune, compte tenu des perspectives offertes à la vue en permanence par ce beau et grand travail de jardinier XXXL. Vive Le Nôtre !