"C'est la plus belle muraille de mon royaume" a dit Louis XIV du fond de scène du théâtre antique d'Orange la Romaine.
Bel hommage. Toujours debout, il est désormais inscrit au patrimoine mondial. Ce lieu est fascinant, sortant de vingt siècles d'histoire, reléguant nos cathédrales au rang d'édifices modernes. Il nous met sous les yeux l'art de vivre "à la Romaine" dans la Province proche annexée par l'Empire.
La totalité de la population du secteur pouvait à l'époque tenir dans l'amphithéâtre, de ses élites jusqu'aux parias et aux plus modestes. Et tous regardaient le même spectacle, même si des fossés infranchissables et des cheminements bien distincts empêchaient les catégories sociales de se rencontrer au spectacle : il ne faut pas exagérer quand même ! Mais tout le monde était bien là. A sa mesure, le Théâtre antique a contribué à cimenter l'Empire en partageant auprès de tous sa culture.
Le Théâtre antique n'a pratiquement jamais perdu sa vocation, même si le moyen-âge chrétien, prude et obscurantiste l'avait délaissé. Au moins ne l'a-t-il pas détruit.
Pour autant, les générations d'incompétences qui se sont succédées à la direction de la Ville d'Orange, ravageant son urbanisme au passage, n'ont jamais cru bon de le protéger du trafic automobile qui l'assiège encore tous les jours, vingt siècles après.