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jeudi 27 juillet 2023

Sur la Playlist de l'été : Josef Mysliveček

 Plaque et buste de Mysliveček à Prague

Mys-live-ček (prononcer ček comme tchek)... On finit par mémoriser son nom, et on finit enfin par écouter sa belle musique.

C'est à l'occasion de la sortie d'un film retraçant sa vie que l'on découvre ce compositeur. Et c'est une belle découverte.

Le film, titré Il Boemo et sorti le 21 juin dernier en France, donne à la musique une grande importance, et c'est tant mieux. 

Outre les éléments biographiques, on y trouve beaucoup d'indications très crédibles sur l'organisation institutionnelle, technique, humaine et même économique de la production de musique au XVIII° siècle en Italie, ce qui est fort intéressant car ces œuvres magnifiques ne sont pas sorties par miracle du cerveau du compositeur. Ce compositeur est un homme de sang et de chair : on le voit d'ailleurs parfaitement quand la maladie commence à le défigurer.

Mysliveček est né à Prague, mais il a fui à l'âge de 27 ans après ses premières symphonies, d'ailleurs bien appréciées en Bohème. L'Empire austro-hongrois était dessus-dessous par la guerre de sept ans et celui-ci voulait plutôt faire de la musique plutôt que faire la guerre.

Et à l'époque, il y avait en Italie assez de souverains, d'Etats, de goût, d'argent et de public : c'est donc là qu'il fit carrière et on l'a appelé assez vite Il divino Boemo (le divin Tchèque).

Mort à 43 ans, sans doute de la syphilis, il a quand même laissé une trentaine d'opéras, une dizaine d'oratorios, une centaine de symphonies et de concertos - notamment pour violon, et en y ajoutant de la musique de chambre. 

Il fut enterré immédiatement dans une des plus anciennes et prestigieuses basiliques de Rome, ce qui marque l'estime qu'on lui accordait dans sa patrie d'adoption. 

Et puis l'on l'a oublié, sans trop savoir pourquoi.

Toute sa musique n'est pas encore enregistrée, mais cela viendra, car elle le mérite sans aucun doute. 

C'est d'ailleurs le jugement de Mozart, qui lui a emprunté des motifs musicaux ici et là, sans que cela n'ait posé de problème. Certaines œuvres ont été attribuées à l'un puis à l'autre par les musicologues, indice de la proximité de leur sensibilité et de leur oreille.

Mysliveček a d'ailleurs rencontré Mozart quand ce dernier avait 14 ans, son cadet de vingt ans.

Contemporain de Haydn,  à peine plus vieux que Boccherini, Mysliveček a contribué à clore la longue période baroque pour créer la grande musique classique, préparant l'époque mozartienne, juste avant la grande vague romantique. 

La musique de Mysliveček est ensoleillée, joyeuse, accessible... Certains grincheux de l'époque lui ont d'ailleurs reproché une certaine facilité. Tant pis pour eux. Les arias des opéras utilisés dans le film et repris ci-dessous sont parmi des plus émouvants du genre lyrique. 

Pour rattraper le temps, le monde n'a pas fini d'écouter Il divino Boemo dans l'avenir. Il était temps.

On trouve malgré tout pas mal de traces sur internet. Pour commencer et se donner l'idée de sa musique de chambre et instrumentale, en voici deux :



Côté opéra, voici trois extraits du film Il Boemo, qui s'appuient sur une interprétation excellente et qui donnent une idée assez exacte, sonore et visuelle, de ce qu'était un opéra au XVIII° siècle :




On notera aussi que la totalité de la bande originale du film est accessible gratuitement à ce lien.

Et pour les fondus d'opéra, on a trouvé même des œuvres lyriques intégrales de Josef Mysliveček. Par exemple Il Bellerofonte (près de 3 heures) et Motezuma (plus de 2 heures)