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samedi 8 octobre 2011

Mémoires d'Europe (3) : lettre à mes amis polonais/List do moich polskich znajomych





Bien chers amis polonais,

Que nous nous connaissons depuis longtemps déjà ! Malgré les vicissitudes de l'histoire (et, en la matière, vous en connaissez un rayon) on a toujours trouvé chez vous les mêmes traits de caractères dans la relation : humeur joviale et malicieuse, francophilie démesurée (cela aide), débrouillardise et pragmatisme solide.

 Nous avons traversé ensemble tous ces évènements inouïs de la fin du XX° siècle. Cela crée des liens.

On croirait plusieurs siècles passés depuis le temps où nous nous cachions des autorités varsoviennes, tout notables locaux que vous étiez, installés dans le système faute d'autre engagement possible, pour vider ensemble quelques bouteilles de Vodka de chez vous, de la Wyborowa évidemment - pas de la vodka russe, on se demande bien pourquoi.

Malgré les dodna (cul-sec) qui s'enchaînaient, je m'en souviens parfaitement. Wyborowa est maintenant propriété du groupe Pernod-Ricard, qui aurait pu le prophétiser ? A l'époque, le coût d'une demi-bouteille de Wyborowa dans les deux devises donnait le taux de change officieux entre le dollar US et le zloty : 1 $ pour 700 zlotys, soit sept fois plus que le taux de change fixé par l'Etat communiste.

On se souviendra aussi d'une promenade avec vous par temps de neige sur le pont découvert d'un bateau mouche à Paris où, officiels en visite officielle que vous étiez, vous remarquiez d'un air rigolard qu'il y avait quand même plus de ponts à Paris qu'à Moscou...



Vous avez réintégré l'Europe à laquelle vous n'avez jamais cessé d'appartenir : il suffit pour s'en convaincre de se promener chez vous, pour s'y sentir maintenant comme chez soi. 

L'hiver en moins, car il est rude encore, mais il l'était encore plus à la grande époque de la grisaille générale, quand les rayonnages des magasins étaient littéralement vides. Quand acheter une casquette à sa taille pour se protéger des -20° C d'un terrible mois de février s'est avéré tout simplement... impossible. Le produit n'existait pas, et nous ne savions même pas comment dépenser les zlotys du change obligatoire.

La couleur a fait sa réapparition partout chez vous, mais il s'agit hélas d'abord de celle de la publicité, envahissante au possible. Désespérante et frustrante aussi, car si peu d'entre vous ont déjà les moyens d'acheter les produits vantés par les multinationales européennes qui se sont jetées sur le pays dès son ouverture économique, vos élites jouant aux néocapitalistes plus capitalistes que les capitalistes... le zèle des néophytes. De même que diplomatiquement, vos gouvernants se proclament plus atlantistes encore que les américains eux-mêmes !

Votre francophilie est à la mesure de la cruauté dont on fait preuve la Russie, la Prusse et l'Autriche-Hongrie pour dépecer votre territoire à partir de la fin du XVIII° siècle, alors que votre grande nation était déjà bien constituée et dominait largement les zones baltes depuis des siècles. 

Napoléon, autre raison de votre francophilie, avait d'ailleurs bien compris qu'en ré-instituant l'éphémère grand Duché de Varsovie alors que partout ailleurs il départementalisait les territoires conquis, il gagnait votre estime en s'appuyant sur la fierté nationale si souvent bafouée par les autres envahisseurs historiques.

Vous avez résisté à tout cela, et on se demande comment, maintenant que vous êtes si proches de nous. La monstruosité et la perversité du système soviétique apparaît alors, car elle s'est appliquée à vous comme à des semblables. Nous le voyons maintenant que vous avez rejoint si vite notre monde, faisant éclater au grand jour votre modernité et votre européanité, nous permettant ainsi de nous projeter à votre place dans ce hideux système heureusement défunt.

Outre votre langue, outil d'identification évident et pérenne, la religion catholique fut le ressort principal de cette résistance et cette ferveur religieuse presque totalement disparue chez nous nous sépare assurément.

Elle nous sépare d'autant qu'elle prend souvent le visage de la bigoterie, de l'intolérance et de l'emprise obscurantiste sur la société. Mais on peut en faire le pari : privée progressivement de son carburant, l'oppression du sentiment national, et comme dans tous les autres pays européens, l'Eglise polonaise reviendra à la place qu'elle occupe dans tous les autres pays : une puissance spirituelle, déclinante au demeurant, dont la société acceptera peut être les conseils et avis, mais certainement plus les injonctions.

Je retournerai vous voir : la Pologne n'est pas si loin et il y a tant à y découvrir. Et il est maintenant tellement plus facile de vous accueillir ici. Tant à partager encore avec vous !





samedi 20 août 2011

Mémoires d'Europe (2) : lettre à mes amis russes/Письмо моим русским друзьям



Bien chers amis russes,

Deuxièmes sur la liste après les amis finlandais, j'espère que vous ne m'en voudrez pas d'avoir fait passer leur liliputien territoire avant l'immense vôtre. Car tout est immense chez vous, à l'image des distances : l'échelle des temps qui fit passer le pays de la situation la plus rétrograde à l'absurdité du système qui s'est effondré à la fin du XX° siècle, le nombre des morts de la II° guerre mondiale - 21 Millions, rien que ça - un tiers du total des victimes du conflit - mais aussi votre courage, votre intelligence et... votre capacité d'autodérision.

Car je me suis longtemps demandé comment un peuple en moyenne et à l'évidence aussi éduqué que le vôtre avait  pu supporter ses dirigeants et ce système politique aussi longtemps. Et comment aurait-il pu sans ce détachement absolu et ce regard acéré qui permet d'analyser au vitriol sa propre société et, au final, de rationaliser l'absurde ?

Je vous ai connus à un moment bien déterminé de votre histoire : quand le système soviétique venait de s'effondrer et que le pays - loin de sombrer dans la stupeur ou la violence - était en train, en quelques semaines à peine, et à toute vitesse, de s'auto-organiser pour continuer de vivre ou au moins de survivre. Stupéfiant, pour l'européen occidental habitué à ses institutions séculaires, lourdes et protectrices à vous en étouffer. Chez vous, d'un seul coup, tout était ouvert, tout était possible.

Alors, pourvu que ce soit en dollars US, tout se négociait, à même la rue, sans formalités ni protocole...  Le repas gastronomique au restaurant pour 10$ à verser directement au serveur, avec vodka à volonté, la course de voiture pour rentrer dormir  - plus de taxis : il fallait arrêter un automobiliste lambda et le convaincre de faire la course - la boite de caviar de la Caspienne aux portes dérobées des grands hôtels, et, hélas, hélas, les icônes anciennes, sur tous les marchés aux puces improvisés ça et là dans la ville qui n'était plus qu'un vaste supermarché à ciel ouvert.

Vous étiez aussi des urbains : de Moscou ou de Saint-Petersbourg, qui venait à peine de retrouver son nom, et vous appreniez vite, très vite, les rudiments de l'économie de marché, alors que les hiérarques poutiniens n'avaient pas encore, eux, eu le temps de verrouiller le système à leur profit.

Certains d'entre vous étaient encore, envers et contre tout, gorbatchéviens, car vous aviez bien vu dans quelle douloureuse aventure Eltsine entraînait les plus faibles d'entre vous, et quelles inégalités abyssales pouvaient se prédire déjà dans le jeu politico-économique où les ambitieux de tout poil - et de tout passé - cherchaient à tout prix à se placer, de préférence en écrasant tous leurs concurrents.

De nos contacts si chaleureux et de nos discussions, j'ai gardé une admiration sans borne pour ce courage et cette intelligence, qui vous permettaient en permanence, et encore et encore, de pallier la déficience des institutions politiques et les aléas d'une économie sauvage. L'humilité en plus : placés dans de telles situations, sans doute aurions nous, occidentaux douillets, baissé les bras et abandonné la partie.

Amis russes, vous me manquez, vingt ans après. Mais la vie est longue, et nous disposons de tous les moyens pour nous retrouver un jour.


Création photographique d'Epsilon Delta, photographe de St Petersbourg
artiste découverte par ce blog intéressant sur le quotidien russe
Le blog y reviendra forcément...

Publicité pour une radio Rock russe

Le très extraordinaire Métro de Moscou, station Kievskaïa


Produit typiquement russe, dans une présentation...
sobre et de bon goût. C'est authentique.

Enfin, on renverra sur ce message du blog concernant l'hymne national de Russie et qui est sans doute le plus bel hymne national qui ait jamais existé. La preuve : il fut aussi celui de l'URSS, mais les russes l'ont gardé après avoir retouché quelques paroles, évidemment.


Le blog  a souvent parlé de la Russie, voir ici

Et, pour conclure, ce raccourci historique saisissant et plutôt cruel...

mardi 24 août 2010

Sergey Larenkov ou la collision des siècles









Fascinant travail que celui du photographe russe Sergey Larenkov. Il superpose la réalité grise des guerres du XX° siècle avec les images colorées contemporaines, évoquant la permanence des espaces au fil des temps, leur donnant du même coup une formidable épaisseur : celle de tous les événements qui les ont parcourus.

Le surgissement d'une espèce de repli de l'espace sur le temps heurtant les sens et la raison. Intéressant effet (images de Berlin et de St Petersbourg)












vendredi 12 février 2010

Cycle Utopies réelles (7) : le Birobidjan, ou l'autre Israël


Décidemment, les utopies réelles ont du mal à survivre en ce monde : ainsi du Birobidjan, naguère Région autonome juive créée par Staline au bout du monde en 1934, fusionnée en 2008 avec la grande région russe voisine du Kraï de Khabarovsk, tout en bas à droite sur la carte de la grande Russie, partageant une large frontière avec la Chine.


J'ai du goût pour ces zones frontières quasi oubliées, nichées dans les replis de la géographie politique. Et là, on est servi en matière d'isolement : nous sommes littéralement au bout du monde. A vol d'oiseau, 6 000 km de Moscou, 8 000 km d'Israël mais à peine plus de 1 500 km de Tokyo et de Pékin. Bref, l'extrême orient russe, terre asiatique peuplée d'européens, zone parfaitement inconnue de nous autres, occidentaux.

C'est pourtant là que Staline avait décidé d'offrir une patrie aux juifs, alors qu'Israël n'existait bien sûr pas encore, et que ceux-ci étaient devenus persona non grata un peu partout en Europe. Les arrières pensées du petit père des peuples étaient manifestement aussi vastes que la distance à parcourir - 7 jours complets de transibérien - pour arriver là bas.

Pourtant, le Birobidjan fut bien terre juive, par l'accueil d'environ 30 000 juifs. Désormais, sur un peu moins de 200 000 habitants, la population se réclamant de la religion juive n'est plus que de 1% et quelques...


C'est que la chute de l'URSS et l'ouverture des frontières a permis aux juifs du Birobidjan de partir pour Israël. Début 1991, 2 000 juifs russes arrivaient par jour à l'aéroport Ben Gourion, en Israël, en manteau de fourrure, chapska, bottes... pour une température extérieure de 10 à 15°. Et on les logeait dans des villages entier de mobil-home, dans les territoires occupés ou dans le Neguev, où il faisait encore plus chaud, car Israël n'avait ni le temps ni le droit de construire en dur dans des zones qui officiellement ne lui appartenaient pas.

La région juive autonome du Birobidjan, utopie réelle qui n'aura pas dépassé ses 75 ans, s'est vidée de ses habitants, qui l'ont fuit alors qu'elle avait été créée spécialement pour eux.



(diffusé en février 2008)


vendredi 26 septembre 2008

Mais où sont les bombes ?


Les ressources de Google Earth sont infinies, décidément, et on trouve des choses fort intéressantes pour la compréhension de notre histoire humaine quand on observe notre petite planète assez attentivement avec un outil aussi puissant. Il parait que Napoléon disait "la géographie, c'est la guerre". Google Earth lui donner parfaitement raison.

Ainsi des bombes nucléaires. On pourrait les croire disparues, à la casse, ou en voie de destruction. Et bien pas du tout : des petits malins patients et informés se sont d'abord mis à répertorier tous les endroits où des bombes nucléaires existent actuellement en Europe et aux USA pour en faire un calque "Google Earth" (fichier avec une extension .kmz) qu'on trouvera en téléchargement ici pour ceux qui se servent de Google Earth. Pour les autres, on ne peut que leur conseiller de s'y mettre, pourvu bien sûr d'avoir une connexion rapide.

Malheureusement, ni la France ni la Russie ne figurent sur ce calque, mais il fait déjà assez peur comme cela déjà.

Voici un petit aperçu


Quand aux explosions nucléaires, on imagine qu'en dehors de quelques essais dans les déserts des uns et des autres ou dans certains atolls paradisiaques, elles furent peu nombreuses, compte tenu des deux tests grandeur nature au Japon en 1945.

Que nenni : un autre calque Google Earth les répertorie par le menu. Impressionnant. Un petit échantillon ci-dessous respectivement en Sibérie, aux USA et dans certain atoll sous souveraineté de notre beau pays :


Et pour finir ce message un peu décalé, une grande scène d'anthologie qui fait toujours rire... mais un peu jaune.


mercredi 30 juillet 2008

Hymne russe, hymne soviétique

Les voeux de l'année 2008 avaient été l'occasion pour le blog de se pencher sur l'hymne national soviétique/russe dans quelques versions intéressantes.

Décidément, ce puissant cantique inspire beaucoup l'internet et de très nombreuses versions illustrées s'y visionnent.

En voici deux significatives : une version Staline, une version Poutine. Marrant, non ?






jeudi 31 janvier 2008

Voeux 2008, making of (2) : les images


Après le message concernant la musique des voeux 2008, parlons des images.
Elles sont toutes issues d'un paquet de reproduction d'affiches révolutionnaires de l'URSS, de Cuba et de Chine trouvé complètement par hasard sur internet et téléchargées en totalité compte tenu de leur grand intérêt

On pourra développer une autre fois ce qui en fait la force et la composition : sans égard aux causes qu'elles servaient, ces images sont souvent fortes, esthétiquement réussies, marquantes. C'est aussi pourquoi il était tentant de les utiliser en les recyclant dans l'actualité du moment, sursaturée de l'idéologie de la rupture servie abondamment en 2007 par le nouveau Président et ses affidés.

Toutes les affiches sont mises en ligne ici. Les plus motivés par ce type de représentation pourront me demander un CD s'ils veulent en garder trace.

Pour les amateurs, on trouvera également une très belle collection à cette adresse.



samedi 26 janvier 2008

Voeux 2008, making of : la musique


Ceux qui ont pu entendre la bande son des voeux 2008 ont bien sûr reconnu le puissant, magnifique hymne national de l'Union soviétique, chanté par les chœurs de l'armée rouge en l'occurrence.


L'article de Wikipédia correspondant comporte les paroles et leur traduction. On y prendra également connaissance de ses divers avatars : il a remplacé l'internationale en 1944, puis fut réécrit pour enlever toute mention de Staline en 1977, puis réécrit à nouveau pour devenir l'hymne national de la Russie désoviétisée... et qui plus est, c'est le même scénariste qui, de 1944 à 2000, a lui-même écrit et réécrit les paroles ! Belle illustration des rémanences de la glorieuse histoire russe, non ?


Un site internet complet est consacré à toutes les versions de cet hymne célébrissime.

Soyons généreux,en voici quatre versions vidéo :
  • une version originale sous titrée en anglais et présentant également une série de très belles affiches du bon vieux temps
  • une version en anglais, pourquoi pas, bien illustrée (l'hymne soviétique apparemment n'a jamais été chanté en français)
  • une version "techno", bien illustrée également
  • et enfin, une version sous-titrée en français à ne surtout pas manquer et dont vous me direz des nouvelles !