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mardi 30 janvier 2024

Lieux singuliers (16) : le Cimetière des Oubliés à Cadillac




 Lieu poignant que le Cimetière des Oubliés de Cadillac. Riverain du cimetière municipal, près de 4 000 malades mentaux y sont inhumés entre 1922 et 2000. Parmi eux se trouvent notamment 201 poilus, mutilés du cerveau comme on disait, rendus littéralement fous par la boucherie de 1914-1918.

Cadillac sur Garonne (c'est le nom complet de la commune) dispose d'une longue tradition d'accueil d'aliénés. Elle remonte au début du XVII° siècle, moment où le Duc de Gascogne y a fait construire un hospice moderne, selon les critères de l'époque. Il en était voisin, puisque le Château de Cadillac - magnifiquement rénové et confié au centre national des monuments historiques - était une de de ses résidences principales.

Mais c'est la Révolution qui a fondé ici en 1790 un véritable asile d'aliénés, devenu entre temps établissement public de santé, spécialisé dans la prise en charge de la maladie mentale et l'accompagnement des souffrances psychiques, tel que le projet d'établissement le désigne.

Il accueille aussi une des dix Unités pour malades difficiles (UMD) en France, désignation claire et simple, qui - par miracle - n'a pas été remplacée par un vocable abscons, euphémisant ou technocratique.

Ironie du sort ou signe du destin, un de ses murs extérieurs, vieux de plus de 200 ans, s'est écroulé dans la nuit du dimanche 22 janvier à lundi 23 janvier 2023, heureusement sans faire de victime.

Le Cimetière des Oubliés, tout près de l'hôpital, représente un grand morceau de l'histoire de la ville, et, partant, de l'histoire du pays. Il est réconfortant malgré tout qu'il ait été réhabilité il y a peu, compte tenu de l'immensité des  souffrances humaines qu'il a recueillies.

lundi 1 janvier 2024

Vœux personnels officiels pour l'année 2024

 Et voici les vœux personnels officiels pour l'année 2024


Et pour ceux qui les auraient ratés, voici les vœux pour les années précédentes

mercredi 29 novembre 2023

Sur la Playlist de la fin de l'automne : Jan Dismas Zelenka, le bohémien malheureux

 

Peu de monde connait Zelenka ici et c'est dommage. Né en 1679, mort en 1745, C'est un contemporain de Jean-Sébastien Bach : ils se sont rencontrés d'ailleurs. Et on sait de Bach appréciait sa musique, ce qui est un bon présage.

Originaire d'une petite bourgade proche de Prague, Zelenka est arrivé dans la trentaine à la Cour de Dresde, dont on a vu récemment l'importance politique et culturelle à l'époque et il n'en pas parti beaucoup, hormis quelques excursions vers les capitales proches : Vienne, Venise et Varsovie, Prague. Il n'a jamais été jusque Versailles, même si le souverain de Saxe à l'époque était un des rares alliés du Grand Roy en Europe.

Malgré sa longue résidence en Saxe, il semble n'avoir pas été reconnu à la hauteur de son talent : les postes les plus prestigieux lui ont échappé tout au long de sa carrière.



Son malheur se poursuit jusqu'au XX° siècle puisque les originaux de ses partitions ont été brulées dans le bombardement de Dresde à la fin de la deuxième guerre mondiale.

Mais on connait sa musique grâce à des copies, diffusées au fil des siècles car celle-ci a été progressivement reconnue et appréciée.

Le catalogue de ses œuvres compte 250 œuvres, majoritairement religieuses car il a été affecté aux églises de la capitale saxonne.

Toutefois, sa musique de chambre arrête l'oreille : il fait partie de ses compositeurs dont on reconnait les œuvres à l'écoute, même par un non-spécialiste. C'est une musique vive, joyeuse, colorée. Le contraire du penchant naturel de son compositeur.

L'enregistrement de la musique de Zelenka  a trouvé tout naturellement dans le grand torrent des découvertes de la musique baroque, notamment tchèque, depuis une cinquantaine d'années.

L'ensemble de ses œuvres sont disponibles de manière ordonnée sur YouTube, ce qui est un fait remarquable sur ce lien.

Voici quelques œuvres en musique de chambre.



Et en matière de musique vocale, voici trois arias qui valent l'écoute, toutes les trois interprétées par Jakub Józef Orliński, le contreténor qui monte, monte, monte. On passera sur les facéties médiatiques d'un des clips (il est produit pour Warner...) : sa magnifique voix et sa maîtrise vocale rachètent largement ses penchants médiatiques.