Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


mercredi 20 août 2008

Caillebotte, impressionniste mécène


Une exposition visitée à la Kunsthalle de Brême est l'occasion de mettre Caillebotte à l'honneur sur le blog. Caillebotte est un de mes peintres préférés. On lui reproche l'indifférence des personnages qu'il met en peinture, de même que le détachement de son propre regard sur ses sujets, sa faible implication dans les motifs : c'est précisément ce que j'aime chez lui, cette retenue, voire cette timidité.


Sa biographie indique assez à quel point Caillebotte fut atypique : sa fortune familiale lui permis de multiplier les centres d'intérêts : peinture, horticulture, nautisme, mais surtout, d'aider ses contemporains impressionnistes dont les tableaux étaient refusés par les tenants de la culture légitime du moment.


Plus que pour tous les autres impressionnistes, nombre de ses tableaux sont partis aux Etats-Unis; On ne trouvera que quelques unes de ses oeuvres en France, au musée d'Orsay, au musée de Rennes ou à celui d'Agen.

C'est ainsi que pour admirer mon tableau préféré, le quartier de la place de l'Europe sous la pluie, il me faudrait aller à... Chicago. Chiche ?



Tous les tableaux ci-dessus étaient présentés à Brême


lundi 11 août 2008

Cartes postales de vacances


Pour les visiteurs aoûtiens, voici quelques cartes postales de vacances sur lesquelles le blog reviendra inévitablement.

lundi 4 août 2008

Bouguereau, l'anti-impressionniste



Contemporain de Manet, Monet, Degas, Courbet et de tant d'autres, William Bouguereau incarne jusqu'au bout l'Académisme. Peintre prolifique - plus de 800 toiles - il fut connu et reconnu par son époque, comme peintre favori de la bourgeoisie, exposé en bonne place à l'exposition universelle de 1878 comme témoignage du génie français.


Et puis le temps fit rapidement son affaire : conspué par Zola, notamment Bouguereau fut vite oublié, cependant que les impressionnistes emportait l'adhésion du XX° siècle. Sic transit.

On redécouvre maintenant sa peinture avec curiosité, comme témoignage d'une époque. Méritait-il les saillies de Zola, qui raillait avec talent les "les saintetés au miel de Bouguereau", "le triomphe de la propreté en peinture, des tableaux unis comme une glace, dans lesquels les dames peuvent se coiffer." (lettre de Paris, 2 mai 1875), entre autres amabilités ?



Pour ma part, je ressents dans cette peinture quelque chose de surréel - une volonté de réalisme qui lui donne, rétrospectivement, une dimension diaphane qui finit par la transpercer et par en faire tout autre chose que la transparente copie du réel. Etait-ce bien l'intention ? Peu importe. Le sentiment, au début du XXI° siècle, est celui-là, après une deuxième moitié de XX° siècle gavée d'impressionnistes.



dimanche 3 août 2008

Le Choc des générations

Petit point de situation sur les élections américaines en forme de clin d'œil tout droit sorti de l'International Herald Tribune.


Comme à l'habitude dans ce type de cartoon, on notera la finesse des détails : les chaussures impeccablement cirées du jeune Mac Cain, l'élégance d'Obama... Encore une fois, merci John, merci Nancy, de ces morceaux d'anthologie politique.

vendredi 1 août 2008

Parlons télé 5 minutes : le cas Carnivale

Je n'ai rien d'un téléphage, mais je trouve du délassement à regarder quelques séries bien scénarisées repiquées ici ou là - toujours en VO évidemment, que ce péché de l'esprit ait quelque utilité pour l'entretien de mon anglais ! - qui vous transportent ailleurs pendant un moment.

Le blog d'ailleurs mentionne ci-contre les séries vues.

J'ai attaqué tout récemment Carnivale, série produite à grands frais par la chaîne US à péage HBO pour deux saisons de 2003 à 2005 avant d'être arrêtée compte tenu de son coût de production.



Pour l'instant, je ne comprends encore pas grand chose à cette ténébreuse histoire de cirque ambulant qui sillonne les misérables Etats Unis du début des années 30. Cela va surement venir. Mais il restera au moins de cette série son générique, que je ne résiste pas au plaisir de mettre en ligne, car il vaut le coup d'oeil.



Ce générique n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui d'une autre série fort dispendieuse mais très réussie malgré les difficultés, également produite par HBO et arrêtée après deux saisons : Rome




Voilà pour cette innocente parenthèse télévisuelle.

mercredi 30 juillet 2008

Hymne russe, hymne soviétique

Les voeux de l'année 2008 avaient été l'occasion pour le blog de se pencher sur l'hymne national soviétique/russe dans quelques versions intéressantes.

Décidément, ce puissant cantique inspire beaucoup l'internet et de très nombreuses versions illustrées s'y visionnent.

En voici deux significatives : une version Staline, une version Poutine. Marrant, non ?






jeudi 24 juillet 2008

In-cor-ri-gi-bles !

Petit clin d'oeil aux amis belges. On pense bien à vous !!

Le pays où on arrive jamais ?

mercredi 23 juillet 2008

Pêcheur de perles musicales (10) : Belle nuit, Oh nuit d'amour


Ca, c'est de la mélodie : trois notes, trois mouvements, et nous voilà bercés par le duo des voix féminines (encore un duo féminin) de la barcarolle des Contes d'Hoffmann d'Offenbach.

On épiloguera pas : nous sommes dans le léger parfaitement assumé, qui ne se prend pas un seul instant au sérieux, parfait en son genre : l'Opéra-bouffe.

Deux belles versions : d'abord par deux monstres sacré(e)s, Thérésa Berganza et Monserrat Caballé. Ouf ! Et puis une version plus récente impeccable de la très sérieuse suédoise Ann-Sofie Van Otter, accompagnée de la française Stéphanie d'Oustrac.

Belle nuit
Oh nuit d'amour
Souris à nos ivresses
Nuit plus douce que le jour
Oh belle nuit d'amour
Le temps fuit et sans retour
Emporte nos tendresses
Loin de cet heureux séjour
Le temps fuit sans retour
Zéphyrs embrasés
Bercez-nous de vos caresses
Zéphyrs embrasés
Bercez-nous de vos caresses
Donnez-nous vos baisers
Bercez-nous
De vos baisers
Bercez-nous
De vos baisers
Belle nuit
Oh nuit d'amour
Souris à nos ivresses
Nuit plus douce que le jour
Oh belle nuit d'amour
Oh belle nuit d'amour
Souris à nos ivresses
Souris à nos ivresses
Nuit d'amour
Belle nuit
Oh belle nuit d'amour






dimanche 20 juillet 2008

Site internet : mise à jour de la sélection d'images 2008



Les meilleures images des sorties picardes du mois de juin et juillet (Noyon, Blérancourt, Compiègne, Pierrefonds, Coucy le Chateau, Saint Quentin) viennent abonder la sélection 2008, déjà très riche d'un bel hiver ensoleillé dans l'Yonne et en Champagne, puis du séjour à Munich.



mercredi 16 juillet 2008

Le Trésor de Saint Quentin

Mademoiselle Chastanier de la Grange

Jean-Jacques Rousseau

Il faut aller un peu à l'écart du petit centre ville de Saint Quentin pour trouver un véritable trésor oublié de tous ou presque : au musée municipal Antoine Lecuyer, plusieurs dizaines de merveilleux pastels de Quentin de la Tour, l'enfant du pays, attendent patiemment leurs admirateurs.


On ne sera pas déçu du voyage : vifs, précis, confondant de justesse et de sagacité, les pastels sont bien là, comme tracés et colorés la veille.

Grands littérateurs des Lumières, hommes d'Eglise, peintres dans leur atelier, filles de la noblesse, Pairs de France : ils vous observent, leur regard transperçant le votre. Et ils vous parlent, directement, en vous renvoyant à la face leur humanité par delà deux siècles et demi, comme ça. Une grande expérience.

Merci à Philip et Kathryn, les amis du nouveau monde, de m'avoir permis de connaître ces images du vieux continent, que jamais je n'aurais été cherché là.

Louis de Sylvestre

"Le Petit Buveur"

mardi 8 juillet 2008

Pêcheur de perles musicales (9) : le Miserere d'Allegri


Le Miserere de Gregorio Allegri a connu une histoire bien particulière : composé au début du XVII° siècle pour les besoins du Vatican, chanté entièrement a capella, sa texture musicale est héritée du chant polyphonique religieux de la Renaissance. Longtemps la papauté en a interdit la transcription pour le conserver pour elle, jusqu'à ce que, dit-on, le jeune Mozart lors d'un voyage à Rome le décode après quelques écoutes 140 ans plus tard. Cela ne fût sans doute pas très difficile malgré tout pour le jeune prodige...

Plus techniquement, le morceau comporte un "do" aigu que les voix mâles habituelles, même très hautes, ne peuvent pas atteindre : il fallait être castrat ou enfant pour y arriver, dit-on encore.



Le Miserere d'Allegri est donc un morceau de légende, écrit pour être chanté sous les sublimes fresques de la Chapelle Sixtine les mercredis et vendredis de la semaine sainte...

Les versions en circulation sont toutes excellentes, avec une surreprésentation des formations anglaises : sans doute une tradition culturelle britannique précise de choeurs d'enfants. Elles se distinguent surtout par leur durée : de 9 minutes et demi à plus de 14 minutes. J'ai choisi ci-dessous une version plutôt lente, que je préfère : le Vatican, ses fresques et ses ors, ont devant eux l'éternité divine, alors, on peut prendre son temps...





dimanche 6 juillet 2008

Pourquoi il devient urgent que je me désabonne du Nouvel Observateur

Profitant d'une offre avantageuse, j'avais cru bon souscrire un abonnement au Nouvel Observateur, espérant y trouver les clefs nécessaires à une meilleure compréhension de l'actualité, la plupart du temps survolées par les gazettes télévisées et autres.

Outre le fait que l'objectif n'est globalement pas au rendez-vous, voici la couverture que nous propose l'hebdomadaire dans sa livraison du 18 juin :

Ouvrons le magazine et que trouvons nous ensuite ?

Page 2 - Pub pour ROLEX = 5 050 € la montre présentée, en version de base
Page 5 - Pub pour CARTIER = 62.95 € les 100 ml pour l'eau de toilette présentée
Page 7 - Pub pour IWG SCHAFFHAUSEN (montre de luxe) = plus de 5 000 € pour la montre présentée en version de base, 78 400 € la version limitée à 50 exemplaires...
Pages 8 & 9 - Pub pour l'AUDI Quattro, à partir de 30 670 €
page 13 - Pub pour PEUGEOT (bon, ça, ça va !, mais 16 950 € quand même pour la version basique de la 308 SW présentée)
Page 14 - Pub pour DOLCE & GABANNA
Page 17 - Pub pour la nouvelle JAGUAR = à partir de 48 900 €
Page 19 - Pub pour ELECTROLUX, (bon, ça, ça va aussi ! = 184 € l'aspirateur présenté)
Page 23 - Pub pour le dernier 4X4 NISSAN = 29 710 €

et ainsi de suite. Trouvez l'erreur. Faut-il que les bobos friqués lisent "le nouvel Obs" pour apprendre quelles difficultés la plupart des foyers rencontrent en ce moment pour vivre décemment ?

Obscène ! Je ne veux plus rien avoir à faire avec ce journal, décidémment.

vendredi 4 juillet 2008

Publication du reportage Pierrefonds Compiègne


Pierrefonds et Compiègne ont un point commun au moins : Napoléon III. Situé à peu de distance de la résidence impériale de Compiègne, Pierrefonds se présente comme une espèce de Disneyland reconstitué par Viollet Le Duc pour faire fonction de musée grandeur nature de la construction défensive médiévale.

Le site est superbe : il le serait tout autant voire bien plus si les ruines du Château n'avaient pas été relevée puis réimaginées. Avant sa réfection, le château était un haut lieu des promenades romantiques au milieu des donjons écroulés.

Quant à Compiègne, il faut voir ce parc immense, manifestement pensé dans ses moindres détails pour la promenade impériale d'Eugénie, qui aimait l'endroit.




Série "trompe l'oeil" (3) : la déco



L'imagination semble sans limite pour ce qui est de tromper l'oeil, et souvent, une bonne dose d'humour est comprise dans le prix.



vendredi 27 juin 2008

Pêcheur de perles musicales (8) : Schubert, Winterreise


Il faut mériter les Lieder de Schubert : dépasser le caractère aride de la voix, de la langue allemande et du piano seul les accompagnant, garder l'esprit et l'oreille disponible, aller le plus loin possible dans l'écoute... Mais, quelle récompense esthétique au final, même si on y arrive pas du premier coup, car il faut un peu de temps pour dégager l'oreille des orchestrations richissimes auxquelles elle est habituée.



J'aime me laisser aller au fil des 24 pièces du "voyage d'hiver" (Winterreise), que j'écoute en général de bout en bout sans pouvoir faire autre chose, ou en voiture. Oui, je sais : on a les plaisirs qu'on peut.

Il y a pour moi chez Schubert - mort à trente et un ans, cela a son importance, une année après cette composition - une charge émotionnelle immense que je retrouve dans toute sa musique, et pourtant, je n'ai pas le goût romantique ! Schubert traduit le côté le plus sombre et le plus tragique de l'âme humaine : l'absurde désespoir d'être au monde sans savoir pourquoi, l'absurde et sombre plaisir aussi. Winterreise, le voyage d'hiver, est comme la quintessence de ce Schubert là.

Des sites entiers sont consacrés à ce cycle, et des analyses par pages entières. L'économie des moyens rapporté à la richesse des sentiments évoqués est absolument fascinante. A ce titre, l'interprétation de ces morceaux est d'une technicité et d'une exigence impitoyable : il faut tout maîtriser de l'intonation, du tempo, du timbre, pour l'ajuster en permanence aux textes mis en musique, écrits par un contemporain de Schubert, Wilhelm Müller, mort l'année même de l'écriture du Winterreise, une année avant Schubert, et à peine plus âgé que lui. Ces deux là auront beaucoup donné à la culture humaine au court de leurs brèves existences.



Pour illustrer cela, d'abord le premier Lieder du cycle, Gute Nacht, chanté par son interprète de prédilection, Dietrich Fischer Dieskau, ici filmé dans les années 80. Incontournable, même si je préfère la version suivante, moins altière, plus humaine et, pour tout dire, plus moderne, de Cristoph Pregardien (accompagnement : Andreas Staier), à la voix précise, claire, bien timbrée, dans une version de 1999.

Enfin, pour se laisser aller, les douze premiers Lieder par Randall Scarlatta, disponibles gratuitement sur le site internet de l'exceptionnel musée Isabella Sewart Gartner de Boston, qui propose de nombreux concerts en plus de la visite de ses collections et de son bâtiment exceptionnel, et qui vaut, pour tout cela, vraiment une visite, virtuelle ou réelle.

Gute Nacht

Fremd bin ich eingezogen,
Fremd zieh' ich wieder aus.
Der Mai war mir gewogen
Mit manchem Blumenstrauß.
Das Mädchen sprach von Liebe,
Die Mutter gar von Eh', -
Nun ist die Welt so trübe,
Der Weg gehüllt in Schnee.

Ich kann zu meiner Reisen
Nicht wählen mit der Zeit,
Muß selbst den Weg mir weisen
In dieser Dunkelheit.
Es zieht ein Mondenschatten
Als mein Gefährte mit,
Und auf den weißen Matten
Such' ich des Wildes Tritt.

Was soll ich länger weilen,
Daß man mich trieb hinaus ?
Laß irre Hunde heulen
Vor ihres Herren Haus;
Die Liebe liebt das Wandern -
Gott hat sie so gemacht -
Von einem zu dem andern.
Fein Liebchen, gute Nacht !

Will dich im Traum nicht stören,
Wär schad' um deine Ruh'.
Sollst meinen Tritt nicht hören -
Sacht, sacht die Türe zu !
Schreib im Vorübergehen
Ans Tor dir: Gute Nacht,
Damit du mögest sehen,
An dich hab' ich gedacht.

(traduction française ici)








Randall Scarlatta

vendredi 20 juin 2008

Jeux olympiques : attention aux Grecs qui manifestent !


John et Nancy m'envoient cet article du New York Times du 12 avril dernier à propos des jeux olympiques. Il mérite une traduction, que voici.

Attention aux Grecs quand ils manifestent !

Tony Perrottet
New York Times
12 avril 2008

S'agissant de protestations à propos des jeux olympiques, les manifestants de Londres, Paris ou San Francisco sont plutôt un peu fleur bleue si on les compare aux anciens grecs. A l'époque classique en effet, les protestataires savaient vraiment comment désorganiser une cérémonie olympique.

En 364 avant J.C., des soldats ont envahi le stade d'Olympie et une belle bagarre eut lieu. Il s'est agi de la collision la plus dramatique de l'histoire entre la politique et le sport. L'organisation des jeux, selon Xénophon, avait été enlevée des Elians, ceux qui habituellement invitaient, et remise aux Pisans, une peuplade voisine – et les Elians n'étaient pas contents. Ils ont décidé d'envahir la fête pendant son point d'orgue, quand des milliers de spectateurs venus de toute la Grèce assistaient joyeusement à une compétition de lutte.

Les Pisans et leurs alliés les Arcadiens firent retraite dans le sanctuaire sacré d'Olympie, disposant leurs archers sur son toit, mais les Elians prirent l'avantage et des combats au corps à corps s'ensuivirent dans l'enceinte sacrée dédiée à Zeus elle-même.


Les amateurs de sport n'en ont pas été émus. Selon Diodore, la foule « portant encore ses habits de fête et des guirlandes de fleurs dans les cheveux » ont observèrent les combats de leur place, « en applaudissant impartialement les performances de chaque côté »

Cette violente manifestation eut des suites notables. Les Elians ont été contraints de se retirer, mais les jeux suivants se sont déroulés à nouveau sous leur contrôle.

Aujourd'hui, nous admirons l'ancien idéal olympique, placé au dessus des rivalités. Les grecs avaient institué en effet une « trêve sacrée » pour permettre aux athlètes et aux spectateurs de se déplacer pour les jeux, ce qui était quelque chose, dans un pays constamment agité par les guerres intestines. Cela dit, ils ne respectaient pas toujours cet idéal.

Il y eut des embargos et boycottages. Les Spartiates ont été interdits de jeux olympiques en 420 avant JC, pendant la guerre du Péloponnèse (un spartiate qui s'était clandestinement invité aux jeux fut fouetté pour cela). Vingt ans après, Sparte a créé à nouveau d'autres troubles en organisant une campagne guerrière en pleine trêve sacrée. Elle en fut taxée d'une « mine » par soldat impliqué dans la campagne, l'équivalent aujourd'hui peut-être de 5 millions de dollars. Et en 380 avant JC, les athéniens boycottèrent les jeux quand un de leur athlètes fut scandaleusement convaincu de corruption – ce qui n'est vraiment pas la cause la plus noble.

Même durant des temps plus pacifiques, la politique était toujours là, avec des orateurs qui haranguaient les immenses foules pour l'occasion. En 388 avant JC, un orateur du nom de Lysias parla contre le tyran Denys de Syracuse, arrivé sur place avec un équipage plutôt tapageur, ce qui provoqua la mise à sac du luxueux campement royal par les amateurs de sport déchaînés.

Cependant, ces mouvements de protestation étaient des exceptions à la règle. Aujourd'hui, nous sommes toujours en admiration pour les anciens jeux qui se sont tenus régulièrement tous les quatre ans pendant plus de dix siècles. Par comparaison, nos jeux olympiques modernes ont été annulés trois fois au cours de leur courte histoire pour cause de guerre : en 1916, 1940 et 1944.


Qu'est-ce qui pose problème de nos jours ? Peut-être déjà cette idée moderne de localiser les jeux dans un pays différent à chaque fois. Dans l'antiquité, ils se tenaient toujours au même endroit : en ce lieu sacré qu'était Olympie, dans un coin reculé du Péloponnèse – et ils étaient organisés toujours par les mêmes hôtes, à l'exception du pépin notable de l'année 364 avant JC. Ce système avait un avantage remarquable : les Elians étaient une peuplade sans importance politique et ils se tenaient la plupart du temps à l'écart des grands conflits qui divisaient la Grèce à l'époque.

Peut-être pourrions nous court-circuiter les sempiternelles protestations concernant nos jeux olympiques en leur choisissant un lieu d'accueil permanent, chez une nation que personne ne pourrait sérieusement contester comme le Liechtenstein, la Nouvelle Zélande ou l'Etat indépendant des Samoa. Avec un hôte permanent identique, les cérémonies d'ouverture des jeux ne pourraient plus être utilisées comme démonstration de fierté nationaliste.

Une fois l'hôte permanent sélectionné, il s'agirait de n'en jamais choisir un autre pour éviter ce qui s'est passé avec les Elians. Le spectacle des jeux pris d'assaut par des Liechtensteinois enragés serait trop difficile à supporter.

Tony Perrottet est l'auteur de « Les jeux olympiques dévoilés » et prochainement de « Napoléon en privé »