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mardi 1 octobre 2024

Lieux singuliers (18) : le Buffet de la Gare de St Quentin




 Salvator Dali a indiqué dans les années 1960 que le centre du monde se trouvait à la gare de Perpignan. Peut-être, depuis, le centre du monde s'est-il déplacé au Buffet de la Gare de Saint Quentin (Aisne) ?

Bien sûr les gares sont-elles forcément des espaces particuliers, entre non-lieux et lieux perdus... sauf à Saint Quentin, où une convergence de talents a créé ce formidable Buffet de la Gare de Saint Quentin, concentré pur d'Art Déco.

Comme un peu partout dans le Nord de la France après la première guerre mondiale, il ne restait rien. Comme partout, il a fallu reconstruire la Gare à Saint Quentin à la mesure de l'importance du chemin de fer pour la ville. 

Et puis tout est parti de travers, comme un peu partout. La gare est devenue une coquille vide, bien trop grande pour un trafic devenu fantomatique, à mesure que la désindustrialisation s'avançait. Son buffet et son quartier, lui-même aussi totalement voué à l'Art déco, se sont vidés : il n'y a plus rien à voir, rentrez chez vous !

Mais si, il y a beaucoup de choses à voir au final.

Le quartier et la gare ont été complètement rénovés il y a quelques années et enfin le Buffet de la Gare a été réouvert à la visite cet été. 

Mais il y reste encore y prendre un café ou un repas entre deux trains, comme dans les années folles, car le lieu est encore vide d'activité, hélas.

Vers les images

lundi 26 août 2024

Sur la Playlist de l'été : Bach reconstructed


Les six concertos brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach font partie des grands tubes de la musique classique.  Immensément connus et entendus souvent ici ou là, et il n'est pas de formation musicale un peu connue qui n'ait pas enregistré sa version.

Vérifions et posons la question suivante à ChatGPT, juste pour voir : A combien d'enregistrements peut-on estimer des concertos brandebourgeois de JS Bach à ce jour ?

Réponse :

Les concertos brandebourgeois de Johann Sebastian Bach, composés au début du 18ème siècle, figurent parmi les œuvres les plus célèbres du répertoire baroque, et ils ont été enregistrés de nombreuses fois. À ce jour, on estime qu'il existe plus de **200** enregistrements différents des concertos brandebourgeois.

### Pourquoi tant d'enregistrements ?

Plusieurs facteurs expliquent ce nombre élevé d'enregistrements :

1. **Popularité** : Les concertos brandebourgeois sont très populaires, tant parmi les musiciens que les auditeurs. Leur virtuosité, leur diversité instrumentale, et leur richesse musicale en font des œuvres régulièrement interprétées.

2. **Variété d'interprétations** : Ces œuvres offrent une grande liberté d'interprétation, notamment en ce qui concerne les choix d'instruments, de tempi, et de style (moderne ou historiquement informé).

3. **Évolution de la pratique musicale** : Au fil du temps, les interprétations ont évolué, passant des versions orchestrales massives du début du 20ème siècle à des versions plus légères et historiquement informées, ce qui a encouragé de nombreux ensembles et chefs d'orchestre à proposer leur propre lecture de ces œuvres.

### Conclusion :

Avec plus de 200 enregistrements, les concertos brandebourgeois continuent d'inspirer les interprètes du monde entier, chaque nouvelle version apportant sa propre nuance et son propre éclairage sur ces chefs-d'œuvre intemporels de la musique baroque.

Pas mal, non ? (à condition de faire confiance à ChatGPT, qui ne cite jamais ses sources...)

Mais on trouve dans les nouveautés 2024 cet album Bach reconstructed proposant - et oui ! - trois nouveaux concertos brandebourgeois, écoutés et réécoutés cent fois cet été. 

Christoph Harer, violoncelliste allemand, musicologue, s'est en effet amusé - si on peut dire - à recomposer ces trois nouveaux concertos brandebourgeois à partir de motifs musicaux trouvés ailleurs dans la musique de Bach et réarrangés en forme de concertos.

L'ensemble est étonnant : familier à l'oreille de l'amateur de la musique de JS Bach, mais quand même inouï.

Bref, cette musique n'existe pas, mais pourtant elle existe puisqu'on l'entend. 

Et évidemment, on ne peut que penser aux surprises que l'intelligence artificielle nous offrira bientôt en matière de musique, concoctées par un Christoph Harer informatique : une dixième symphonie de Beethoven ? une cinquième saison de Vivaldi ? un autre boléro de Ravel ?

Et en matière d'opéra, le champ est immense : le divorce de Figaro ? Une suite à Don Juan, ayant échappé finalement des flammes de l'enfer ? Et tuttti quanti.

En attendant, on peut d'ores et déjà écouter facilement ci-dessous les Nouveaux Concertos brandebourgeois.


lundi 5 août 2024

Séries de l'été : The Hour, Shogun, Baby Reindeer et quelques autres

Trois séries marquent la première partie de 2024, trois classiques, déjà.

D'abord The Hour, Arte relayant l'excellence de la BBC mais après plus de dix ans, hélas. La série a été diffusée dans les années 2011-2012 et propose deux saisons seulement, soit douze épisodes d'une heure.

The Hour relate la mise en place en 1956, puis le développement de la principale émission politique de l'époque. Et on observe, comme in vivo, le laborieux travail d'indépendance du média télévisuel vis à vis du pouvoir politique, à l'époque où, en France, un Ministre de l'Information exerçait une tutelle directe et totale sur l'ORTF. 

Deux modèles différents, deux niveaux de tolérance différents, mais dans les deux cas, rien n'était facile, ni acquis, ni évident : chaque mot était pesé quand il s'agissait d'actualité sensible pour le Royaume.

Comme souvent à la BBC, tout est excellent : décors, intrigues, acteurs (Dominic West et Ben Whishaw).

Ensuite, l'énorme Shogun, produit par Disney, inspiré du best-seller éponyme de James Clavel, publié il y a déjà...50 ans. Et la série des années 80 bien connue l'avait popularisé déjà.

Le Shogun de 2024 est somptueux en matière de décors et costumes. Au point même d'oublier tout le reste : l'intrigue, le jeu des acteurs, le contexte historique... Bref, il faudra revoir l'ensemble de la mini-série tant il reste à voir, même si l'ensemble peut paraître un peu lent. Mais nous sommes au Japon au XVII° siècle !

Aux premiers temps du XVII° siècle, le Japon développe une société particulièrement raffinée, mais aussi isolée et minée par les guerres intestines. Aller au Japon à l'époque, c'était comme aller sur la planète Mars aujourd'hui. Seuls les Jésuites ont droit de cité grâce à leur habileté diplomatique, culturelle et linguistique : les Jésuites étaient capables d'apprendre d'importe quelle langue si c'est nécessaire.

L'arrivée d'un navigateur écossais perturbe le tableau et constitue l'essentiel du ressort narratif. 

Une mention tout particulière pour l'acteur Hiroyuki Sanada, qui joue le personnage du futur Shogun, hiératique et marmoréen : less is more, peut-on dire de son jeu. Cet acteur a une filmographie énorme, et dans tous les genres : donc, forcément, vous l'avez déjà vu quelque part.


Enfin, la mini-série Baby Reindeer : encore une bonne pioche pour HBO, mais c'est presque toujours le cas. Elle s'inspire directement d'un fait divers : le harcèlement  cauchemardesque de Richard Gadd, humoriste écossais par une groupie entre 2015 et 2017. 

C'est Richard Gadd qui joue d'ailleurs son propre personnage dans la série, ce qui lui donne une dimension supplémentaire, que Netflix a d'ailleurs bien aperçue en la produisant.

La vraie harceleuse est maintenant devant les tribunaux, mais cette fois comme plaignante, s'estimant diffamée par son personnage dans la série.

Mais le grand intérêt de la mini-série est d'abord de parfaitement décrire les ressorts du harcèlement tout au long des sept épisodes. L'écriture du récit est juste, précise, parfaitement crédible... 

Si le harcèlement n'est pas vraiment nouveau, les nouveaux moyens de communication ont permis d'en décupler les effets sans pouvoir être équilibrés par d'autres outils, restant à inventer. Mais Baby Reindeer nous donne déjà un bon diagnostic sur cette perversion contemporaine devenue si fréquente.


Comme la dernière publication sur les séries avait souligné les portraits de trois personnages féminins, les séries de l'été nous apportent cette fois quatre portraits de personnages masculins intéressants.

Lawmen Bass Reeves (en français : Lawmen : L'Histoire de Bass Reeves), série de l'univers Yellowstone/Paramount. Il s'agit d'un sherif noir ayant réellement existé, Bass Reeves. On s'attache rapidement à ce personnage intègre.. et on imagine sans peine quelle force de caractère il devait avoir pour exercer son métier à la fin du XIX° siècle. 

Dans la réalité, il a arrêté quelques 3 000 malfrats - quand même. On notera qu'il a dû en tuer 14 pour protéger sa propre vie.

Becoming Karl : il est étonnant que Disney ait pu produire ce biopic et on était très sceptique, flairant l'hagiographie pasteurisée.  La soupçon fut vite balayé, car la mini-série n'épargne pas les aspects les plus sombres de la période choisie, pas plus que les aspects les plus matériels - voire triviaux - de la vie de Karl Lagerfeld. Et on est même intéressé aussi par les débats internes à la La Fédération de la Haute Couture et de la Mode.

La série nous offre un casting percutant :  Daniel Brühl (on l'avait repéré déjà dans Good Bye, Lenin il y a... vingt ans, Théodore Pellerin (que la série permet de mieux repérer, lui, canadien bien francophone qu'il faudra suivre), Alex Lutz (souvent excellent dans ses rôles sérieux), Arnaud Valois (composition intéressante, car les comparaisons sont faciles en matière de clones cinématographiques d'Yves Saint Laurent) et...Agnès Jaoui - quand même.

HBO, encore, propose la mini-série The Sympathizer, construite aussi autour d'un personnage masculin, métis vietnamien-américain, maîtrisant les codes des deux cultures. L'acteur, Hoa Xuande, est australien dans les faits, et il faudra aussi le suivre. 

Les passionnés de l'interculturel trouveront beaucoup de stimulation intellectuelle dans le récit : ainsi, par exemple, les grossières erreurs relevées dans un film US sur la guerre du Vietnam sont-elles hilarantes...

La mini-série est inspirée d'un roman de Viet Thanh Nguyen, qui a collectionné les prix :  prix Edgar-Allan-Poe du meilleur premier roman, prix Pulitzer de la fiction et prix du Meilleur Livre étranger en 2017 en France. 

On attendrait vivement la deuxième saison, hélas totalement hypothétique. 

Enfin,, la série Willy Trent propose un personnage de policier atypique dans la série du même nom sur Disney, complexe et très attachant.

Pour mémoire, il est aussi possible de mentionner les productions suivantes :

- Citoyens clandestins, sur Arte, mini-série d'espionnage quasi-complotiste avec le meilleur des acteurs français : Raphaël Quenard, Pierre Arditi, Nicolas Devauchelle, Frédéric Pierrot... Quatre épisodes seulement à ce jour : on espère qu'elle aura une suite. Le ton rappelle celui à certains moments du Bureau des Légendes : cynique, réaliste, ambivalent

Elsbeth : la série est un spin-off fantaisiste de The Good Fight, lui même issu de la grande série juridique The Good Wife l'ensemble étant produit par CBS.

Quand on aime l'univers de The Good Fight - un des meilleures séries actuelles sur les Etats Unis - on aimera Elsbeth : nous sommes à New-York et non plus à Chicago, et sur le terrain direct du crime, et non pas dans les hautes stratégies d'avocat de la défense. 

A la fin des fins, l'immense déception par le dernier péplum d'Amazon, Those about to die doit être mentionnée. 

Que de moyens ! Et on convoque Anthony Hopkins pour faire venir le bon peuple...

Pitié, donnez ces moyens à HBO pour que cette chaîne nous donne enfin une suite à Rome, série indépassable sur l'antiquité romaine, plutôt que de les gâcher dans des effets spéciaux complètement à côté de la plaque, des séquences racoleuses et des acteurs bien mal utilisés.