Cela faisait longtemps, très longtemps. Très longtemps que je n'avais fréquenté le grand écran. Le bruit des téléphones portables en pleine séance (voire de conversations téléphoniques racontant le film à mesure de son déroulement à son copain ou copine), celui des pop-corn avalés à grandes poignées avec bruits de bouche en correspondance et toutes ces micro-contrariétés de tous les instants ruinaient le plaisir de la séance... par ailleurs payée assez cher, de plus en plus cher. En bref, le cinéma était rayé pour longtemps et depuis longtemps des divertissements possibles.
Et puis il faut bien des exceptions : ce week-end en fut une, et un public bien élevé, cette fois, a permis d'apprécier sereinement la dernière proposition de Woody Allen, Midnight in Paris. Not bad, actually. Et une belle affiche en plus.
La base contractuelle de l'oeuvre occupe les premières minutes : une belle série de clichés genre Paris-Ville-lumière-que-le-monde-entier-nous-envie. Et l'on comprend du coup pourquoi Carla Bruni, qui apparaît en effet quelques minutes, réparties sur trois apparitions, figure au casting : cette femme, au passé photographique évidemment très chargé compte tenu de son ancien métier, est un cliché à elle toute seule.
On ne racontera pas l'histoire, ce serait dommage pour tous ceux qui n'ont pas vu le film. Disons qu'elle est originale et qu'au cliché géographique se superpose vite le cliché historique. En somme, nous vivons en clichés dit Woody Allen, mais il s'agit d'un constat, pas d'un jugement. Et les clichés aident à vivre, à espérer, à admirer, à dépasser la trivialité du quotidien. Bref, à vivre mieux. Truffaut ne disait pas autre chose dans sa Nuit américaine, qui reste sans doute une des meilleures leçons de cinéma jamais tournées. Peut-être une affinité secrète entre les deux films ?
Soit. Alors assumons nos idées toutes faites, mais n'en soyons pas tout à fait dupes. L'humour est là aussi. En somme, un bon moment, mais qui passe un peu vite et que l'on pourrait souhaiter un tout petit plus dense. Mais passons, c'est bien du cinéma, et du bon, qui joue avec les images et nous apprend aussi à nous en jouer.