Il fallait au moins neuf saisons et une canicule pour y venir au bout. Nous sommes à New York et dans le monde des avocats et cabinets d'affaires.
On n'y comprend pas tout mais on sent assez vite que nous sommes dans l'univers impitoyable de l'argent - bien ou mal acquis, où toutes les amitiés, les relations professionnelles ou personnelles se monnayent comme une deuxième nature.
Mais de fait, les affaires évoquées ne sont que le support - voire même l'alibi - pour que les personnages agissent et interagissent.
L'arrivée de l'imposteur, faux avocat, faux étudiant d'Harvard - mais vrai surdoué - est le point de déséquilibre de la mécanique compliquée des affaires, car malgré tout, celles-ci ont toujours besoin de confiance pour se conclure.
Les neuf saisons permettent de fouiller à l'envi les vies et les caractéristiques de chaque personnage principal et de laisser apparaître les personnages secondaires. Les qualités des acteurs permettent ensuite d'ajouter cette dimension indispensable qui créé une série de qualité et captivante.
On ne peut pas ne pas penser à l'autre série judiciaire américaine The Good Wife et à sa dérivée The Good Right, où l'on retrouve les mêmes caractéristiques surprenantes de la justice américaine, nourrie de transactions souvent bancales, arrachées à coup de millions de dollars et souvent éloignées de la réalité des faits, pourvu que l'on trouve un coupable quelque part et surtout assez d'argent.
Mais dans Suits la dimension politique, sociale et culturelle des procès est volontiers reléguée au second ou au troisième plan pour toujours laisser cours au jeu des personnages.
Il reste au final pas mal de plaisir, notamment pour compter les innombrables conséquences - souvent graves - de la trahison originelle, dans un milieu où les diplômes des grandes universités sont le levier essentiel pour l'élite US de se reproduire elle-même.
Les titres en français sont Suits : Avocats sur mesure en France et Suits: Les deux font la paire au Québec, mais ils n'apportent pas grand chose et sont un peu mièvres compte tenu du contenu de la série.
On en restera donc au jeu de mot en anglais Suits, qui désigne le costume des hommes d'affaires, mais aussi les poursuites judiciaires... Et il est vrai que la série nous permet de croiser une quantité incroyable de délinquants, mais en col blanc 😕