Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
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jeudi 20 novembre 2025

La Playlist de tous les temps, de toutes les saisons, de toutes les ambiances : Telemann

Dans l'immensité du choix offert par les plateformes de streaming, où il n'est plus nécessaire de se rendre patiemment et physiquement dans un magasin de disques pour faire son choix, une question revient régulièrement : "Que faut-il écouter maintenant ?"

Alors, que faire quand cette question se pose, avec l'impression d'avoir tout écouté, tout entendu, et qu'on n'a plus vraiment d'idée ? Une réponse s'impose : Telemann !

Que ce personnage est reposant ! Allemand jusqu’au bout des ongles, il a travaillé dans tant de villes de ce qui est maintenant l’Allemagne. Talentueux – on l’avait même préféré à Bach à Leipzig avant qu'il ne se désiste ! – et plutôt de mœurs placides, il était estimé de tous ses contemporains, Jean-Sébastien Bach et Haendel en première place. Ces trois géants de la musique se connaissaient personnellement et se sont rencontrés plusieurs fois. On aurait aimé être une petite souris germanophone pour les entendre échanger ensemble.

On compte environ 3 000 œuvres dans le catalogue de ses compositions – trois fois plus que Bach, six fois plus que Haendel – et dans tous les genres : concertos, cantates, opéras, oratorios, sonates, quatuors, etc. Un véritable hypermarché de la musique à lui tout seul… Impossible de ne pas y trouver quelque chose d'intéressant à écouter.

De plus, Telemann savait jouer d'une quantité incroyable d'instruments, ce qui nous donne aussi une grande variété d'instrumentations : cithare, clavecin, flûte à bec, orgue, violon baroque, viole de gambe, flûte traversière, hautbois, chalumeau, contrebasse, trombone, et sans doute quelques autres instruments moins connus qui ne figurent même pas dans sa biographie.

Ironiquement, sa mère, à douze ans, lui avait confisqué tous ses instruments pour le détourner d’une carrière musicale, considérée comme misérable pour sa famille, préférant une destinée universitaire. Raté.

Autre raté : ses deux mariages. Le premier abrégé par le décès prématuré de sa première épouse, et le second plutôt scandaleux à cause d'une épouse volage et joueuse qui finit le laisser tomber… On ne peut pas tout réussir.

Aujourd'hui, la musique de Telemann est ce refuge idéal pour les amateurs de musique baroque lorsqu’ils ne savent plus quoi apprécier. Merci à lui !

L'internet regorge d’enregistrements de ses œuvres. Ci-dessous, voici quelques échantillons de sa musique de chambre, notamment ses concertos pour hautbois : ils ont la capacité de remettre facilement de l’ordre dans l’esprit lorsque ce dernier en a besoin...




mardi 9 septembre 2025

Lieux singuliers (19) : le Trésor de Franklin (Pennsylvanie), par Tiffany



Ce trésor est bien caché : pas de site internet, aucune mention dans l’article Wikipédia consacré à la ville, une trentaine de commentaires épars sur Google Maps – dont beaucoup hors de propos – et aucune signalisation dans l’espace public. Il faut aller jusqu’au fin fond de la Pennsylvanie, dans le comté de Venango, pour découvrir les vitraux de l’église épiscopale Saint-Jean (St. John’s Episcopal Church), dans une petite ville de 7 000 habitants, Franklin.

C’est là que se trouve, par les hasards de l’histoire mais aussi grâce à certaines ressources financières locales, l’un des plus beaux ensembles de vitraux créés par Tiffany. Une rareté.

Pas moins de trente vitraux, installés entre 1902 et 1917, dans le style bien sûr de l’Art nouveau. La grande rosace, composée d’environ 3 912 pièces de verre, est souvent présentée comme la troisième plus grande rosace réalisée par les Tiffany Studios.

On admirera l’esthétique de ces vastes baies figuratives, qui mobilisent toutes les techniques utilisées par les ateliers Tiffany à l’époque pour magnifier le verre coloré.

Un lieu singulier, mais aussi discret : quel contraste entre la sobriété de sa présence et la magnificence de Tiffany ! 

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vendredi 5 septembre 2025

Ajout de série : Empathie !


 On découvre qu’Empathie est enfin visible en France ! Nous avions gardé la série pour une prochaine publication, pensant avoir le temps avant qu’une chaîne française ne s’aperçoive de son exceptionnelle qualité et ne décide de la programmer.

Canal plus a eu du flair : Empathie, série québécoise et bien sûr tournée en langue française, vaut la visite.

Elle nous plonge dans l’univers d’un établissement psychiatrique, vu à travers le regard d’une psychiatre et de son accompagnateur, un « agent d’intervention » chargé de l’épauler dans tous ses déplacements, notamment lors des entretiens ou interactions avec les patients, dont certains se révèlent particulièrement violents.

L'actrice Florence Longpré, figurant le Docteur Suzanne Bien-Aimé, est la psychiatre. Et, surprise, on trouve Thomas Ngijol (Mortimer Vaillant dans la série), agent d'intervention, à ses côtés. Ce couple est bien intéressant :Suzanne, psychiatre bien déjà cabossée par la vie, fait le travail et Mortimer, français en rupture de son pays d'origine - la France, trouve sa place dans le récit, mais surtout dans un jeu d'acteur sobre et subtil.

Dans ce milieu où la matière humaine est scrutée de près, la série détaille les pathologies des patients de Suzanne, oscillant entre tragédie et comédie selon les situations. Les autres soignants sont également finement observés, de haut en bas de l’organigramme. On apprécie.

Mais surtout, la série séduit par ses dialogues magnifiques, ciselés dans une langue française précise, riche et efficace. On se régale à l’écoute de ces échanges qui restituent avec finesse les situations rencontrées et les relations — souvent difficiles — entre les protagonistes de ce microcosme.

Évidemment, l’ensemble ne masque en rien la fragilité de la santé mentale humaine. Au contraire, Empathie la met en lumière avec autant de talent que de délicatesse.

dimanche 10 août 2025

Les meilleures séries du début 2025

Six mois de séries, cela fait beaucoup à traiter… D’autant que nombre d’entre elles attirent l’attention et suscitent l’intérêt. On notera tout de même un intérêt décroissant pour les séries américaines, de plus en plus violentes, saturées de sang, de drogue et de sexe.

Mais on en sauvera trois, reléguées à la fin de cette publication.

L'adaptation de grands romans fait l'ouverture :  Guerre et Paix, Cent ans de solitude et Le Guépard. Rien que ça !

Et dans les trois cas, on n’est pas trop déçu — étonnant. Car souvent, on peut toujours craindre le pire en matière de passage de la littérature à la télévision. Mais le produit télévisuel n’a rien à voir avec le produit romanesque.

Guerre et Paix, présenté par Arte (évidemment), est une production BBC One. Tant mieux : on a échappé aux scénaristes de Netflix, dont la qualité baisse dramatiquement à mesure que le nombre d’abonnés augmente, à quelques exceptions que l'on verra plus bas.

La BBC, en l’occurrence, s’est donné les moyens de reconstituer la grande Russie de l’époque napoléonienne au fil de six grands épisodes (60 minutes chacun). On en redemande, et les différents sites internet dédiés attribuent de très bonnes notes de la part des téléspectateurs.

Le casting a été manifestement très soigné : pas mal d’acteurs de la nouvelle et talentueuse génération anglaise (Lily James, James Norton, Aneurin Barnard, Jack Lowden, Callum Turner : autant de noms à garder en mémoire), la production ayant manifestement choisi de rajeunir les personnages principaux du roman. 

On notera aussi un Napoléon incarné par… Mathieu Kassovitz, ce qui paraît être une bonne idée malgré tout. On y retrouve également Gillian Anderson, l’immortelle égérie des X-Files, et l'écossais Brian Cox — inoubliable patriarche de Succession — dans un Général Koutouzov parfaitement crédible.

On craignait aussi pour le traitement télévisuel de Cent ans de solitude après ce que l’on dit de Netflix, qui a produit cette adaptation. Nous sommes donc dans le registre de l’exception, au fil de huit grands épisodes (59–68 minutes). Là aussi, les notes des spectateurs sont bonnes, y compris chez ceux qui ont vraiment bien lu le roman, ce qui est une gageure : les lecteurs du roman semblent s'y retrouver dans la série. Alléluia.

Oui, on retrouve bien dans la série le souffle de l’épopée et des destins individuels et familiaux, dans une version simplifiée mais crédible, par la force des choses.

Cette coproduction américano-colombienne a manifestement bénéficié de très gros budgets. Le tournage, entièrement réalisé en Colombie — et c’est mieux ainsi — a nécessité l’aménagement de 52 hectares pour bâtir quatre versions de Macondo (le village fictif de référence) à différentes époques.

Rien à redire sur le casting, exclusivement colombien — ce qui est également préférable. Trois étoiles pour l’ensemble. 


Deuxième exception : Le Guépard, série produite par Netflix aussi, qui compte huit grands épisodes, présentés au public début 2025.

Cette fois, la gageure était double : d’abord reprendre le roman de 1958 de Giuseppe Tomasi, prince de Lampedusa, duc de Palma, baron de Montechiaro et de la Torretta (et j’en passe !) ; ensuite, souffrir la comparaison avec le film de Visconti de 1963, grand classique du cinéma mondial, incarné par des monstres sacrés.

Concernant la série, la reconstitution est parfaite — tout comme dans le film d'ailleurs — : intérieurs, extérieurs, costumes… on se régale. La Sicile semble, dans tous les cas, un magnifique plateau de tournage.

Côté récit, on regrettera beaucoup que la série surévalue les intrigues sentimentales, alors qu’il s’agit d’abord d’un récit politique : celui de l’unification complexe de l’Italie. Les zigzags politiques de Tancrède sont peu exploités par exemple, alors qu’ils sont essentiels. Dommage.

Le casting, entièrement italien, déçoit un peu pour les trois personnages centraux… Mais qui peut lutter contre Alain Delon, Claudia Cardinale et Burt Lancaster, de plus dirigés par Visconti ?

Après ces trois monuments de narration, beaucoup d’autres séries de la période méritent d’être mentionnées.

Côté Australie, on regardera sur Arte Top of the Lake, dont la deuxième saison est arrivée récemment. Elisabeth Moss est toujours là, bien australienne, après avoir joué en première ligne dans de grandes séries américaines (Mad Men et The Handmaid’s Tale, rien que ça !). La participation dans cette saison de Nicole Kidman est aussi notable — elle aussi australienne.


Autre série australienne peu citée dans les médias francophones - son titre n'est n'ailleurs pas traduit en français à ce jour - mais qui vaut le coup d’œil : The Narrow Road to the Deep North, produite par MGM/MAX/HBO, souvent gage de grande qualité. On peut la voir également sur Amazon Prime. 

Cette mini-série adapte un roman relatant la captivité de soldats australiens dans la péninsule indochinoise, occupée par les Japonais. Épisode réel de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, il était resté totalement inaperçu en Europe. De manière inattendue, le personnage principal est incarné par Jacob Elordi, lui aussi australien, qu’on n’attendait guère dans ce type de rôle dramatique mais qui s’avère parfaitement crédible en médecin militaire.


Côté géopolitique, deux séries du Nord retiennent l’attention : Conflict et Soviet Jeans.

Conflict est une série finlandaise — et c’est important. Ces six épisodes présentent beaucoup de défauts : lenteur, lourdeur des dialogues, redondances… Mais elle est crédible sur un point essentiel : l'invasion possible de la Finlande par les Russes… Désinformation, utilisation de mercenaires, dissimulation des objectifs, fabrication d’une réalité « alternative », incertitude et division des élus politiques occidentaux Cela fait un peu peur. On peut la voir sur Canal+.


Beaucoup plus légère, Soviet Jeans est proposée par Arte. Mini-série lettone, elle raconte comment on a réellement fabriqué et distribué des jeans en URSS à la barbe des autorités soviétiques à la fin des années 1970. 

Entre charge anti-totalitaire et système D, les Lettons en connaissent un rayon sur les perversités du système soviétique. Au final, il est réjouissant, dans le contexte actuel, que cette histoire ait pu voir le jour, comme un pied de nez au système... quel qu'il soit, soviétique ou post-soviétique.

Enfin, on mentionnera pour mémoire l’excellente troisième saison de la série des séries : The White Lotus, toujours estampillée HBO, en espérant qu’elle sera suivie de beaucoup d’autres saisons, continuant impitoyablement de dépeindre les travers du tourisme haut de gamme, présomptueux et infatué.


Comme indiqué, on sauvera finalement deux séries américaines : Dexter: Original Sin et Masters of the Air.

Dexter: Original Sin est un préquel de Dexter (les Québécois disent une « présuite » — c’est drôle, non ?). Malgré son fond très contestable, Dexter reste une magnifique série, complexe, inventive et habile. Mais on peut ne pas aimer, évidemment.

Dexter: Original Sin aurait pu être totalement ratée, à force de tirer sur le filon « tueur en série ». Dans les faits, c’est un succès, retraçant les premières années professionnelles de Dexter.

L’acteur choisi pour incarner le jeune Dexter est pourtant assez éloigné physiquement du Dexter adulte. Mais le jeu et la finesse du scénario permettent d’oublier cet écart. Le nom de Patrick Gibson mérite d’être retenu. Il n’est pas si jeune (né en 1995) et sa filmographie est déjà solide. Et c’est un Irlandais ! Alors que Michael C. Hall, qui joue Dexter adulte dans les huit saisons (déjà) de la série originale, est bien américain.

On sauvera aussi Masters of the Air, série déjà un peu ancienne produite par Apple TV+, que l’on avait laissée en attente. Comme souvent, Apple TV+ n’a pas lésiné sur les moyens, reconstituant entièrement une base aérienne américaine de 1943 installée en Angleterre, dont la mission principale est de participer aux bombardements sur l’Allemagne nazie, déjà sur le déclin.

Les deux noms de Tom Hanks et Steven Spielberg apparaissent comme coproducteurs : autant dire que la qualité était au rendez-vous. C’est le cas.

dimanche 15 juin 2025

Sélection des images pour 2024

  







359 clichés pour l'année 2024. Un peu moins que l'an dernier...

Toujours beaucoup d'endroits inédits et repérés depuis longtemps sans en avoir eu l'occasion ou le temps jusqu'ici : Aix en Provence, Bavay - une quasi-capitale romaine, Chartres (enfin !!), Conflans Ste Honorine - la capitale de la batellerie fluviale, atavisme familial oblige, Mons, le Musée des Arts et Métiers à Paris, le beau Buffet de la gare de Saint Quentin - enfin rénové et ouvert au public, la Cité du Vitrail à Troyes...

Beaucoup d'endroits étonnants aussi, et d'abord l'étourdissante Villa Laurens, noyée dans l'Art nouveau. Mais aussi le jardin ruisselant des Fontaines pétrifiantes à La Sone, à l'entrée du Vercors.

Et des endroits déjà vus, parce qu'ils le valaient bien !

Bonnes visites

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dimanche 4 mai 2025

Lieux singuliers (18) : Le Camp d'Argelès : quand l'histoire s'arrête sur la plage...


Ce lieu singulier n'existe plus. Mais il ne faut pas l'oublier.

Le camp d'Argelès a vu passer plus de 100 000 Espagnols – hommes, femmes, enfants – fuyant la guerre civile entre 1939 et 1941.

Ils n’étaient pas les bienvenus dans une France déjà marquée par le rejet et bientôt soumise au régime de Vichy : la République espagnole avait perdu face à la dictature franquiste.

Parqués comme des animaux sur la plage d’Argelès, sans aucune commodité, surveillés par la police, beaucoup furent ensuite transférés vers d’autres camps ou renvoyés en Espagne.

Aujourd’hui, en pleine station balnéaire, au cœur d’une zone hyper-touristique, un simple monolithe signale l’emplacement de l’ancien camp. Non loin, un monument rappelle le cimetière où reposent ceux qui ont eu le malheur d’y mourir. Juste en face, les vacanciers d’un camping cinq étoiles ignorent sans doute l’histoire poignante de ce voisinage.

Intelligemment, la commune d’Argelès a aménagé au centre-ville aussi un mémorial richement documenté, devenu manifestement une étape de voyage scolaire pour de nombreux jeunes Espagnols.

Premier signe avant-coureur des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, le camp d’Argelès reste un lieu singulier, témoin de la capacité des hommes à enchaîner ses semblables.

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vendredi 21 février 2025

La Playlist de la fin de l'hiver : Fasch, l'ombre de Bach, avec l'aide de ChatGPT!

Grande innovation cette fois... ChatGPT a composé cet article à partir de ce prompt :

Peut-on avoir un article pour mon blog sur le compositeur Fasch permettant de souligner son caractère peu connu, sa musique riche et enthousiaste, son utilisation du hautbois et du basson, le fait qu'on a perdu beaucoup de ses œuvres ? L'article devrait pouvoir comparer le nombre d'œuvres qu'il a composées (y inclus les œuvres perdues) avec le nombre d'œuvres composées par JS Bach. Pour illustrer l'article, il y aura un portrait de lui et les références d'enregistrement existantes sur YouTube.

On croit rêver : la vie de l'écrit ne sera évidemment jamais la même !

On a ajouté soi-même le portrait du compositeur car ChatGPT n'est pas à l'aise avec les photos ni les graphiques... On comparera la prochaine fois avec Le Chat Mistral, l'IA française, pour voir !

En attendant, on peut écouter Fasch à longueur de journée...

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Un génie oublié de la musique baroque

Lorsqu’on évoque la musique baroque, les noms de Bach, Haendel ou Telemann viennent immédiatement à l’esprit. Pourtant, derrière ces figures majeures se cachent d’autres compositeurs talentueux, dont l’influence fut décisive mais la renommée plus discrète. Johann Friedrich Fasch (1688-1758) en est l’exemple parfait : un musicien inventif, à la plume foisonnante, dont une grande partie de l’œuvre a malheureusement été perdue.  

Une musique riche et enthousiaste

Fasch, bien que peu connu du grand public, était extrêmement apprécié de ses contemporains. Bach lui-même copiait certaines de ses œuvres pour les étudier, et Telemann admirait son talent. Ce qui frappe chez Fasch, c’est le caractère lumineux, dynamique et enthousiasmant de sa musique. Là où Bach cultive une complexité contrapuntique et spirituelle, Fasch privilégie l’énergie orchestrale et l’éclat instrumental.  

Ses concertos et ses ouvertures orchestrales (préfigurant la symphonie classique) dégagent une joie communicative, un équilibre parfait entre rigueur et expressivité.  

L’art du hautbois et du basson

L’un des éléments distinctifs du style de Fasch est son utilisation remarquable des vents, en particulier du hautbois et du basson

Ses concertos et suites orchestrales mettent en valeur ces instruments, les intégrant de manière soliste ou en dialogues expressifs avec les cordes. Là où Bach réserve souvent ces instruments à un rôle d’accompagnement dans ses cantates et concertos, Fasch leur confie des lignes mélodiques audacieuses et virtuoses.  

Un bel exemple est son Concerto pour hautbois et basson en do mineur, une œuvre où les deux instruments tissent un dialogue agile et enjoué, soutenu par un orchestre pétillant.  

Un compositeur prolifique… mais une œuvre en grande partie perdue

Si Fasch avait eu la notoriété de Bach, son nom résonnerait sans doute davantage aujourd’hui. Pourtant, son œuvre a été largement perdue au fil des siècles. Contrairement à Bach, dont la musique a été conservée par ses fils et redécouverte au XIXe siècle, Fasch n’a pas eu la même postérité.  

Fasch versus Bach : une comparaison en chiffres






Fasch aurait composé plus de 2700 œuvres, mais nous n’en avons conservé qu’environ 500 soit à peine 20 % de son œuvre totale !  

Si l’on compare avec Bach, dont l’œuvre a été minutieusement préservée et étudiée, Fasch a été victime d’un cruel oubli. Heureusement, au XXe siècle, des musicologues et musiciens passionnés se sont attelés à redécouvrir et enregistrer ce qui restait de son œuvre.  

Écouter Fasch aujourd’hui : où le trouver ?

Grâce à l’essor de l’interprétation sur instruments d’époque, Fasch bénéficie aujourd’hui d’un regain d’intérêt. Plusieurs ensembles ont enregistré ses œuvres, mettant en lumière sa richesse musicale.  

Conclusion : un compositeur à redécouvrir absolument

Johann Friedrich Fasch mérite une place de choix aux côtés de ses illustres contemporains. Son écriture vive et colorée, son goût pour les vents, et son influence sur le développement de la symphonie en font un compositeur clé du XVIIIe siècle.  

Si son nom est aujourd’hui moins célèbre que celui de Bach, il n’en demeure pas moins un maillon essentiel entre la musique baroque et le classicisme naissant. Une raison de plus pour lui redonner la place qu’il mérite dans nos playlists !  

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On peut trouver le détail de son œuvre ici

Les vidéos ont été trouvées et insérées manuellement. Il reste donc quelque chose à faire !





dimanche 19 janvier 2025

A signaler : The Regime, la série dans l'air (délétère) du temps


 Evidemment, c'est HBO ! En anticipant sur la prochaine livraison des séries de l'hiver, on ne résiste pas à signaler dès maintenant la série The Regime... Objet télévisuel assez étrange : comédie dystopique et grinçante, mais bien en phase avec les frasques de la vie politique nationale d'ici et là. Tout y passe : démagogie, populisme, népotisme, réalité alternative, culte de la personnalité etc.

Le tout étant situé dans un magnifique palais d'Europe de l'Est dont on ne sort pratiquement pas. La série a été tournée notamment dans le Palais de Schönbrunn, à Vienne, dans la vraie réalité.

A la manœuvre : Kate Winslet, actrice et productrice. On avait beaucoup aimé son jeu dans Mare of Eastown, comme enquêtrice dans les banlieues ouvrières de Pennsylvanie et on a aimé la retrouver dans cet autre personnage, bien plus fantasque.

Un autre nom remarqué au casting : Stephen Frears, comme réalisateur. Quand même.

Compte tenu de la vague populiste qui déferle sur les démocratie occidentales, beaucoup d'autres séries suivront !! 

La satire permettra-t-elle de démystifier les grosses ficelles des démagogues ? A suivre.


mardi 31 décembre 2024

Vœux personnels officiels pour l'année 2025

 Et voici les vœux personnels officiels pour l'année 2025




En cas de problème, voici la vidéo en basse définition :



Et voici le lien direct sur YouTube si besoin

Et pour ceux qui les auraient ratés, voici les vœux pour les années précédentes

dimanche 8 décembre 2024

Les meilleures séries de l'automne : Rivals, La Loi de Livia Poet, La Mesias et quelques autres

Hourra : le palmarès de cet automne (qui n'est pas fini !!) est 100% européen ! C'est la première fois. C'est que sans doute il se passe quelque chose dans le monde des médias européens... et qu'il se passe aussi dans le monde des médias américains.

On a le sentiment que les séries américaines rognent toujours leurs mêmes os : drogue, violence, sexe... 

Cette livraison principale est italienne, anglaise, espagnole.

La fine fleur des acteurs anglais s'est donné rendez-vous dans Rivals... Personnages complexes, situations étonnantes, dialogues magnifiques... 

Et même la bande musicale originale est excellente : elle ressemble à celle du White Lotus. Peut-être le même compositeur. On n'a pas trouvé les moyens de le confirmer mais on aime. 

Et avec un zeste de Downton Abbey, et on est comblé.

Rivals a été créée par Disney, qui continue d'investir dans l'excellence. 

La série se passe dans le monde des médias anglais. Et on se doutait que ce monde était impitoyable. Mais on ne savait pas qu'il créait des séries de haute qualité.


Enfin une série italienne : La Legge de Lidia Poët ! Oui, on peut critiquer pas mal de choses, sans entrer dans le détail, mais on peut aussi ne pas bouder son plaisir : magnifiques décors, costumes parfaits, extérieurs somptueusement reconstitués ou numérisés dans le Turin du XIX° siècle et récit historiquement fondé.

La série met en lumière la première avocate italienne, inscrite au barreau de Turin  le 9 août 1883, puis radiée quelques mois après, le procureur du Roi - nous sommes à l'époque en monarchie constitutionnelle - s'y opposant. 

Les inepties misogynes usuelles mille fois entendues au XIX° siècle en Europe sont largement développées dans la série et historiquement documentés. Au moins montre-t-elle quelle était la force des préjugés de l'époque contre les femmes et leur accès aux responsabilités professionnelles et sociales.

Dans la réalité et dans la série, Lidia Poët n'a pu exercer finalement son métier que par procuration, sous le mandat de son frère, avocat lui aussi. Elle ne put accéder au barreau qu'en 1920 : elle avait 65 ans. 

De quoi alimenter quelques belles saisons supplémentaires. Pour l'instant, la série compte 2 saisons de chacune 6 épisodes.

Quant à l'actrice principale, Matilda De Angelis, on sera content de la revoir dans le prochain Dracula de Luc Besson (Dracula: A Love Tale), qui sortira en 2025.


Ooups, quelle série ! Ecriture parfaite, quasiment cinématographique, récit captivant, acteurs excellents et sujet important, autour de l'emprise sectaire mêlant atmosphère pensante et mysticisme revisité 2.0 

De plus, c'est en Catalogne et en partie en catalan, ajoutant une dimension culturelle supplémentaire : la culture dans la culture en quelque sorte, alors que les deux réalisateurs sont bien espagnols.

Ne pas se laisser décourager par les premiers épisodes, le comportement de la mère, personnage principal, étant particulièrement irritant si on a une once d'empathie pour les deux enfants concernés, et que l'on voit grandir avec un certain soulagement au final.

7 épisodes très longs (60 à 77 mn !) permettent de comprendre dans le détail ces trajectoires, et jusqu'au bout. Grand spectacle, qui souligne la force des (bonnes) séries : le souci du détail et de l'explicitation des motifs, le cinéma étant beaucoup plus elliptique par la force des choses.

Javier Ambrossi et Javier Calvo, les deux réalisateurs et scénaristes, sont acteurs à la base, et ils sont encore jeunes : on suivra leur travail car on pourra sans doute y trouver quelques pépites à venir.

La série est produite par Movistar+, la principale chaîne payante d'Espagne et diffusée en France par Arte, qui creuse son sillon comme plate-forme de fiction devenue majeure en France, l'air de rien. La diffusion en France de séries européennes de qualité y aide évidemment.


Après ces trois monuments du moment, quelques autres réalisations peuvent être signalées

Kaos est américaine, produite par Netflix, mais son propos est original : reprendre les personnages et les récits de la mythologie grecque et les assaisonner à la sauce contemporaine. C'est bien réalisé et on y apprend des choses.

Il y manque cependant beaucoup de dieux et on aurait aimé de revoir à l'occasion par exemple Artémis/Diane ou Hermès/Mercure : on attend donc une deuxième saison (au moins !)


Kleo, série allemande, est aussi proposée par Netflix en deux saisons pour l'instant de 7 épisodes. Kleo ressemble à un pastiche d'une série d'espionnage, mais elle fait le lien entre l'avant et l'après chute du mur, ce qui est intéressant en soi. Et on y trouve de féroces remarques sur l'histoire récente de l'Allemagne. 

Le personnage principal, Kleo, espionne formée à l'Est, compose un rôle savoureux, nourrie au communisme, qu'elle tente ensuite de transposer à la société capitaliste de l'ouest, puis de l'ensemble de l'Allemagne. 

Beaucoup de clins d'œil donc, et tant pis pour la crédibilité de l'ensemble. Les germanophones apprécieront aussi les dialogues, entre mots de l'est et de l'ouest... car les deux Allemagne ne parlaient pas tout à fait la même langue...


La mini-série australienne Population 11 mérite l'attention (6 épisodes). Construite autour de l'acteur américain Ben Feldman, elle se trouve dans le Bush australien, autant dire au milieu de nulle part, où les distances se comptent au minimum en centaines de kilomètres. On peut aimer ces territoires totalement ignorés du reste du monde.

Intrigue sophistiquée, situations hilarantes, jeu d'acteur jubilatoire... Elle a été produite par la chaîne payante australienne Stan et elle ne semble pas encore diffusée en Europe, mais elle le sera un jour forcément.

Stan est la même chaîne qui avait produit l'excellente série The Tourist dont on a parlé ici il y a deux années et demi qui a connu depuis une deuxième saison


Enfin, un naufrage, bien français : Philharmonia, série produite par France 2. Le vrai et seul personnage crédible de la mini-série est bien le bâtiment de la Philharmonie de Paris, qui aura très bientôt 10 années : les prises de vue le valorisent bien, et c'est tant mieux.

Pour le reste, rien ne va : intrigue bancale, personnages outrés, dénouement risible... 

Comme souvent, je suis totalement d'accord avec le Monde (Renaud Machart), qui est féroce : Philharmonia procure au moins une consolation : à mesure que les épisodes progressent et que le niveau s’effondre, on s’esclaffe devant ce colossal ratage (qui contamine le jeu de presque tous les acteurs). Au point qu’il ferait prendre le feuilleton Plus belle la vie, sur France 3 ­chaque soir ­depuis quatorze saisons, pour un chef-d’œuvre hautain et ­exigeant. 

On ne pourrait pas mieux écrire.

mardi 1 octobre 2024

Lieux singuliers (18) : le Buffet de la Gare de St Quentin




 Salvator Dali a indiqué dans les années 1960 que le centre du monde se trouvait à la gare de Perpignan. Peut-être, depuis, le centre du monde s'est-il déplacé au Buffet de la Gare de Saint Quentin (Aisne) ?

Bien sûr les gares sont-elles forcément des espaces particuliers, entre non-lieux et lieux perdus... sauf à Saint Quentin, où une convergence de talents a créé ce formidable Buffet de la Gare de Saint Quentin, concentré pur d'Art Déco.

Comme un peu partout dans le Nord de la France après la première guerre mondiale, il ne restait rien. Comme partout, il a fallu reconstruire la Gare à Saint Quentin à la mesure de l'importance du chemin de fer pour la ville. 

Et puis tout est parti de travers, comme un peu partout. La gare est devenue une coquille vide, bien trop grande pour un trafic devenu fantomatique, à mesure que la désindustrialisation s'avançait. Son buffet et son quartier, lui-même aussi totalement voué à l'Art déco, se sont vidés : il n'y a plus rien à voir, rentrez chez vous !

Mais si, il y a beaucoup de choses à voir au final.

Le quartier et la gare ont été complètement rénovés il y a quelques années et enfin le Buffet de la Gare a été réouvert à la visite cet été. 

Mais il y reste encore y prendre un café ou un repas entre deux trains, comme dans les années folles, car le lieu est encore vide d'activité, hélas.

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lundi 26 août 2024

Sur la Playlist de l'été : Bach reconstructed


Les six concertos brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach font partie des grands tubes de la musique classique.  Immensément connus et entendus souvent ici ou là, et il n'est pas de formation musicale un peu connue qui n'ait pas enregistré sa version.

Vérifions et posons la question suivante à ChatGPT, juste pour voir : A combien d'enregistrements peut-on estimer des concertos brandebourgeois de JS Bach à ce jour ?

Réponse :

Les concertos brandebourgeois de Johann Sebastian Bach, composés au début du 18ème siècle, figurent parmi les œuvres les plus célèbres du répertoire baroque, et ils ont été enregistrés de nombreuses fois. À ce jour, on estime qu'il existe plus de **200** enregistrements différents des concertos brandebourgeois.

### Pourquoi tant d'enregistrements ?

Plusieurs facteurs expliquent ce nombre élevé d'enregistrements :

1. **Popularité** : Les concertos brandebourgeois sont très populaires, tant parmi les musiciens que les auditeurs. Leur virtuosité, leur diversité instrumentale, et leur richesse musicale en font des œuvres régulièrement interprétées.

2. **Variété d'interprétations** : Ces œuvres offrent une grande liberté d'interprétation, notamment en ce qui concerne les choix d'instruments, de tempi, et de style (moderne ou historiquement informé).

3. **Évolution de la pratique musicale** : Au fil du temps, les interprétations ont évolué, passant des versions orchestrales massives du début du 20ème siècle à des versions plus légères et historiquement informées, ce qui a encouragé de nombreux ensembles et chefs d'orchestre à proposer leur propre lecture de ces œuvres.

### Conclusion :

Avec plus de 200 enregistrements, les concertos brandebourgeois continuent d'inspirer les interprètes du monde entier, chaque nouvelle version apportant sa propre nuance et son propre éclairage sur ces chefs-d'œuvre intemporels de la musique baroque.

Pas mal, non ? (à condition de faire confiance à ChatGPT, qui ne cite jamais ses sources...)

Mais on trouve dans les nouveautés 2024 cet album Bach reconstructed proposant - et oui ! - trois nouveaux concertos brandebourgeois, écoutés et réécoutés cent fois cet été. 

Christoph Harer, violoncelliste allemand, musicologue, s'est en effet amusé - si on peut dire - à recomposer ces trois nouveaux concertos brandebourgeois à partir de motifs musicaux trouvés ailleurs dans la musique de Bach et réarrangés en forme de concertos.

L'ensemble est étonnant : familier à l'oreille de l'amateur de la musique de JS Bach, mais quand même inouï.

Bref, cette musique n'existe pas, mais pourtant elle existe puisqu'on l'entend. 

Et évidemment, on ne peut que penser aux surprises que l'intelligence artificielle nous offrira bientôt en matière de musique, concoctées par un Christoph Harer informatique : une dixième symphonie de Beethoven ? une cinquième saison de Vivaldi ? un autre boléro de Ravel ?

Et en matière d'opéra, le champ est immense : le divorce de Figaro ? Une suite à Don Juan, ayant échappé finalement des flammes de l'enfer ? Et tuttti quanti.

En attendant, on peut d'ores et déjà écouter facilement ci-dessous les Nouveaux Concertos brandebourgeois.


lundi 5 août 2024

Séries de l'été : The Hour, Shogun, Baby Reindeer et quelques autres

Trois séries marquent la première partie de 2024, trois classiques, déjà.

D'abord The Hour, Arte relayant l'excellence de la BBC mais après plus de dix ans, hélas. La série a été diffusée dans les années 2011-2012 et propose deux saisons seulement, soit douze épisodes d'une heure.

The Hour relate la mise en place en 1956, puis le développement de la principale émission politique de l'époque. Et on observe, comme in vivo, le laborieux travail d'indépendance du média télévisuel vis à vis du pouvoir politique, à l'époque où, en France, un Ministre de l'Information exerçait une tutelle directe et totale sur l'ORTF. 

Deux modèles différents, deux niveaux de tolérance différents, mais dans les deux cas, rien n'était facile, ni acquis, ni évident : chaque mot était pesé quand il s'agissait d'actualité sensible pour le Royaume.

Comme souvent à la BBC, tout est excellent : décors, intrigues, acteurs (Dominic West et Ben Whishaw).

Ensuite, l'énorme Shogun, produit par Disney, inspiré du best-seller éponyme de James Clavel, publié il y a déjà...50 ans. Et la série des années 80 bien connue l'avait popularisé déjà.

Le Shogun de 2024 est somptueux en matière de décors et costumes. Au point même d'oublier tout le reste : l'intrigue, le jeu des acteurs, le contexte historique... Bref, il faudra revoir l'ensemble de la mini-série tant il reste à voir, même si l'ensemble peut paraître un peu lent. Mais nous sommes au Japon au XVII° siècle !

Aux premiers temps du XVII° siècle, le Japon développe une société particulièrement raffinée, mais aussi isolée et minée par les guerres intestines. Aller au Japon à l'époque, c'était comme aller sur la planète Mars aujourd'hui. Seuls les Jésuites ont droit de cité grâce à leur habileté diplomatique, culturelle et linguistique : les Jésuites étaient capables d'apprendre d'importe quelle langue si c'est nécessaire.

L'arrivée d'un navigateur écossais perturbe le tableau et constitue l'essentiel du ressort narratif. 

Une mention tout particulière pour l'acteur Hiroyuki Sanada, qui joue le personnage du futur Shogun, hiératique et marmoréen : less is more, peut-on dire de son jeu. Cet acteur a une filmographie énorme, et dans tous les genres : donc, forcément, vous l'avez déjà vu quelque part.


Enfin, la mini-série Baby Reindeer : encore une bonne pioche pour HBO, mais c'est presque toujours le cas. Elle s'inspire directement d'un fait divers : le harcèlement  cauchemardesque de Richard Gadd, humoriste écossais par une groupie entre 2015 et 2017. 

C'est Richard Gadd qui joue d'ailleurs son propre personnage dans la série, ce qui lui donne une dimension supplémentaire, que Netflix a d'ailleurs bien aperçue en la produisant.

La vraie harceleuse est maintenant devant les tribunaux, mais cette fois comme plaignante, s'estimant diffamée par son personnage dans la série.

Mais le grand intérêt de la mini-série est d'abord de parfaitement décrire les ressorts du harcèlement tout au long des sept épisodes. L'écriture du récit est juste, précise, parfaitement crédible... 

Si le harcèlement n'est pas vraiment nouveau, les nouveaux moyens de communication ont permis d'en décupler les effets sans pouvoir être équilibrés par d'autres outils, restant à inventer. Mais Baby Reindeer nous donne déjà un bon diagnostic sur cette perversion contemporaine devenue si fréquente.


Comme la dernière publication sur les séries avait souligné les portraits de trois personnages féminins, les séries de l'été nous apportent cette fois quatre portraits de personnages masculins intéressants.

Lawmen Bass Reeves (en français : Lawmen : L'Histoire de Bass Reeves), série de l'univers Yellowstone/Paramount. Il s'agit d'un sherif noir ayant réellement existé, Bass Reeves. On s'attache rapidement à ce personnage intègre.. et on imagine sans peine quelle force de caractère il devait avoir pour exercer son métier à la fin du XIX° siècle. 

Dans la réalité, il a arrêté quelques 3 000 malfrats - quand même. On notera qu'il a dû en tuer 14 pour protéger sa propre vie.

Becoming Karl : il est étonnant que Disney ait pu produire ce biopic et on était très sceptique, flairant l'hagiographie pasteurisée.  La soupçon fut vite balayé, car la mini-série n'épargne pas les aspects les plus sombres de la période choisie, pas plus que les aspects les plus matériels - voire triviaux - de la vie de Karl Lagerfeld. Et on est même intéressé aussi par les débats internes à la La Fédération de la Haute Couture et de la Mode.

La série nous offre un casting percutant :  Daniel Brühl (on l'avait repéré déjà dans Good Bye, Lenin il y a... vingt ans, Théodore Pellerin (que la série permet de mieux repérer, lui, canadien bien francophone qu'il faudra suivre), Alex Lutz (souvent excellent dans ses rôles sérieux), Arnaud Valois (composition intéressante, car les comparaisons sont faciles en matière de clones cinématographiques d'Yves Saint Laurent) et...Agnès Jaoui - quand même.

HBO, encore, propose la mini-série The Sympathizer, construite aussi autour d'un personnage masculin, métis vietnamien-américain, maîtrisant les codes des deux cultures. L'acteur, Hoa Xuande, est australien dans les faits, et il faudra aussi le suivre. 

Les passionnés de l'interculturel trouveront beaucoup de stimulation intellectuelle dans le récit : ainsi, par exemple, les grossières erreurs relevées dans un film US sur la guerre du Vietnam sont-elles hilarantes...

La mini-série est inspirée d'un roman de Viet Thanh Nguyen, qui a collectionné les prix :  prix Edgar-Allan-Poe du meilleur premier roman, prix Pulitzer de la fiction et prix du Meilleur Livre étranger en 2017 en France. 

On attendrait vivement la deuxième saison, hélas totalement hypothétique. 

Enfin,, la série Willy Trent propose un personnage de policier atypique dans la série du même nom sur Disney, complexe et très attachant.

Pour mémoire, il est aussi possible de mentionner les productions suivantes :

- Citoyens clandestins, sur Arte, mini-série d'espionnage quasi-complotiste avec le meilleur des acteurs français : Raphaël Quenard, Pierre Arditi, Nicolas Devauchelle, Frédéric Pierrot... Quatre épisodes seulement à ce jour : on espère qu'elle aura une suite. Le ton rappelle celui à certains moments du Bureau des Légendes : cynique, réaliste, ambivalent

Elsbeth : la série est un spin-off fantaisiste de The Good Fight, lui même issu de la grande série juridique The Good Wife l'ensemble étant produit par CBS.

Quand on aime l'univers de The Good Fight - un des meilleures séries actuelles sur les Etats Unis - on aimera Elsbeth : nous sommes à New-York et non plus à Chicago, et sur le terrain direct du crime, et non pas dans les hautes stratégies d'avocat de la défense. 

A la fin des fins, l'immense déception par le dernier péplum d'Amazon, Those about to die doit être mentionnée. 

Que de moyens ! Et on convoque Anthony Hopkins pour faire venir le bon peuple...

Pitié, donnez ces moyens à HBO pour que cette chaîne nous donne enfin une suite à Rome, série indépassable sur l'antiquité romaine, plutôt que de les gâcher dans des effets spéciaux complètement à côté de la plaque, des séquences racoleuses et des acteurs bien mal utilisés.

dimanche 21 juillet 2024

400 000

On surveillait le compteur. Il vient de passer la 400 000° visite ! 

Le blog a été ouvert le  juillet 2007, il y a donc 17 ans, quasi jour pour jour. Cela donne un peu le tournis, et l'on attendra 500 000 avant de faire un bilan de l'ensemble de ces nombreuses années de vie numérique. Bonnes visites d'ici !

mardi 2 juillet 2024

Lieux singuliers (17) : la Villa Laurens à Agde : l'Art nouveau, au Sud




1871 : après la défaite de Sedan, l'Alsace et une bonne partie du Nord de la Lorraine deviennent allemandes, dont Metz. Du coup, Nancy devient une ville quasi frontalière : elle est à 30 km de la nouvelle frontière et toute la géographie politique, administrative et humaine de la région en est bouleversée, avec son cortège de réfugiés fuyant les bouleversements induits.

Et parmi eux, de nombreux artistes et artisans de haute volée qui trouvent dans la bonne ville de Stanislas un abri propice. Cette concentration inattendue de talents, confrontée directement à une esthétique prussienne - plutôt rigoriste - mise en œuvre à Metz ou à Strasbourg,  explique la naissance et l'essor de l'Art nouveau, fondant l'Ecole de Nancy. 

Architecture, verrerie, cristallerie, vitrail, ferronnerie, ébénisterie, papier peint, typographie, imprimerie, reliure d'art, orfèvrerie, dessin, estampe, affiche publicitaire, photographie (notamment) sont mis à contribution dans une approche esthétique globale, opposant ses courbes, ses éléments végétaux, sa légèreté à une approche plus teutonne.

De ce fait, l'Art Nouveau s'est développé à partir du Nord-Est de la France et de la Belgique.

Or, à Agde, la Villa Laurens fait exception, comme lieu singulier. On l'appelle aussi Château Laurens, mais on préfèrerait garder le vocable de Villa, tout comme on parle de la Villa Majorelle à Nancy, ou la Villa Demoiselle à Reims, de la même époque.

L'architecture extérieure elle-même de la Villa est plutôt de style Palladien, assez éloigné des canons de l'Art nouveau. Mais l'essentiel des intérieurs est purement Art nouveau, comme les images le montrent.

L'histoire mouvementée du domaine de Belle Isle, où se trouve la Villa, peut se lire ici. On distinguera surtout le personnage d'Emmanuel Laurens, héritier par hasard d'une fortune colossale, initiateur des travaux effectués pour donner à la Villa sa forme actuelle. Ici aussi, et encore une fois, l'argent n'achète pas le bon goût et l'aptitude à réunir les compétences nécessaires. Cet héritier a manifestement bien utilisé sa fortune !

Après moultes vicissitudes, le domaine et la villa très dégradés sont enfin achetés par la Commune d'Agde en 1994 et le public y est accueilli depuis 2023, comme élément magnifique du présent et du futur de son rayonnement. Vive l'argent public, non ?

Les images sont ici