Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


Affichage des articles dont le libellé est réalisme magique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est réalisme magique. Afficher tous les articles

lundi 28 janvier 2008

Cycle réalisme magique (4) : Stanislav Plutenko


Je ne sais plus comment j'ai découvert Stanislav Plutenko, mais ses œuvres m'ont tout de suite marqué par leur mélange d'hyperréalisme bien léché et de situations les plus bizarres : peut-être l'incarnation contemporaine la plus pure du réalisme magique, peut-être due à l'esprit russe de leur auteur : goût du paradoxe, originalité de l'inspiration, profondeur du regard...




samedi 19 janvier 2008

Cycle réalisme magique (3) : Rob Gonsalvès



De toute évidence, Magritte et Escher hantent fortement les compositions du canadien ontarien Rob Gonsalvès, dont les tableaux parfaitement léchés évoquent les illustrations de livres pour enfant, son genre de prédilection.

Ses galeries disponibles sur internet offrent des dizaines d'application colorées de séries escheriennes, trompe l'oeil, faux reliefs et fausses perspectives en tout genre...




mardi 15 janvier 2008

Cycle réalisme magique (2) : les ultra-fondamentaux


Pour poursuivre en deuxième étape notre cycle "réalisme magique", posons deux fondamentaux : Magritte et Cortazar.

Un peu de bonne lecture ne peut pas faire de mal. Voici donc, dans son intégralité, Continuité des parcs, texte fondateur du réalisme magique, issu des Armes secrètes, le recueil de nouvelles de Julio Cortazar. Ne manquez pas d'autres textes à l'occasion comme Axolotl, dont le frisson me poursuit depuis trente années maintenant, chaque fois que je passe vers le jardin des plantes à Paris.

Quant à Magritte, on ne présente plus. Les quelques reproductions de ses œuvres ici choisies se suffisent amplement à elles-mêmes pour évoquer le genre.


Continuité des parcs

Il avait commencé à lire le roman quelques jours auparavant. Il l'abandonna à cause d'affaires urgentes et l'ouvrit de nouveau dans le train, en retournant à sa propriété. Il se laissait lentement intéresser par l'intrigue et le caractère des personnages. Ce soir-là, après avoir écrit une lettre à son fondé de pouvoirs et discuté avec l'intendant une question de métayage, il reprit sa lecture dans la tranquillité du studio, d'où la vue s'étendait sur le parc planté de chênes. Installé dans son fauteuil favori, le dos à la porte pour ne pas être gêné par une irritante possibilité de dérangements divers, il laissait sa main gauche caresser de temps en temps le velours vert. Il se mit à lire les derniers chapitres. Sa mémoire retenait sans effort les noms et l'apparence des héros. L'illusion romanesque le prit presque aussitôt. Il jouissait du plaisir presque pervers de s'éloigner petit à petit, ligne après ligne, de ce qui l'entourait, tout en demeurant conscient que sa tête reposait commodément sur le velours du dossier élevé, que les cigarettes restaient à portée de sa main et qu'au-delà des grandes fenêtres le souffle du crépuscule semblait danser sous les chênes.


Phrase après phrase, absorbé par la sordide alternative où se débattaient les protagonistes, il se laissait prendre aux images qui s'organisaient et acquéraient progressivement couleur et vie. Il fut ainsi témoin de la dernière rencontre dans la cabane parmi la broussaille. La femme entra la première, méfiante. Puis vint l'homme, le visage griffé par les épines d'une branche. Admirablement, elle étanchait de ses baisers le sang des égratignures. Lui, se dérobait aux caresses. Il n'était pas venu pour répéter le cérémonial d'une passion clandestine protégée par un monde de feuilles sèches et de sentiers furtifs. Le poignard devenait tiède au contact de sa poitrine. Dessous, au rythme du cœur, battait la liberté convoitée. Un dialogue haletant se déroulait au long des pages comme un fleuve de reptiles, et l'on sentait que tout était décidé depuis toujours. Jusqu'à ces caresses qui enveloppaient le corps de l'amant comme pour le retenir et le dissuader, dessinaient abominablement les contours de l'autre corps, qu'il était nécessaire d'abattre. Rien n'avait été oublié: alibis, hasards, erreurs possibles. A partir de cette heure, chaque instant avait son usage minutieusement calculé. La double et implacable répétition était à peine interrompue le temps qu'une main frôle une joue. Il commençait à faire nuit.


Sans se regarder, étroitement liés à la tâche qui les attendait, ils se séparèrent à la porte de la cabane. Elle devait suivre le sentier qui allait vers le nord. Sur le sentier opposé, il se retourna un instant pour la voir courir, les cheveux dénoués. A son tour, il se mit à courir, se courbant sous les arbres et les haies. A la fin, il distingua dans la brume mauve du crépuscule l'allée qui conduisait à la maison. Les chiens ne devaient pas aboyer et ils n'aboyèrent pas. A cette heure, l'intendant ne devait pas être là et il n'était pas là. Il monta les trois marches du perron et entra. A travers le sang qui bourdonnait dans ses oreilles, lui parvenaient encore les paroles de la femme. D'abord une salle bleue, puis un corridor, puis un escalier avec un tapis. En haut, deux portes. Personne dans la première pièce, personne dans la seconde. La porte du salon, et alors, le poignard en main, les lumières des grandes baies, le dossier élevé du fauteuil de velours vert et, dépassant le fauteuil, la tête de l'homme en train de lire un roman.

Julio CORTAZAR, Les armes secrètes (coll. Folio, éd. Gallimard)

vendredi 4 janvier 2008

Cycle réalisme magique (1) : l'alphabet des objets impossibles

Le cube impossible


On peut parler à propos d'Escher - voir messages antérieurs - de réalisme magique. De quoi s'agit-il ?

Ce genre pictural produit des images souvent colorées, mélangeant ultra réalisme et mondes impossibles. J'aime ce mélange paradoxal, qui connait aussi son équivalent littéraire avec des auteurs comme l'argentin Julio Cortazar. Lire d'urgence à ce propos ce recueil de nouvelles troublantes, livre devenu culte auprès de tout ceux qui le connaissent : Les armes secrètes.

Et pour se mettre en jambe aujourd'hui, avant de passer aux artistes de référence, quelques reproductions d'objets impossibles et quelques unes de leurs applications, l'air de rien, qui constituent comme le B.A.BA du réalisme magique.

Le triangle de Penrose

Une représentation du Blivet, célèbre objet impossible
Une application du cube impossible


et quelques applications du célèbre escalier sans fin pour terminer...







mercredi 26 décembre 2007

Escher (2) : la loi mouvante des séries

Escher est également particulièrement connu et reconnu pour ses frises dont les motifs s'imbriquent les uns dans les autres, soit en restant identiques, soit en se transformant progressivement, selon des modèles mathématiques sous-jacents. Il en a même fait des motifs décoratifs pour carrelages - voir ci-dessus les hippocampes -, fresques ou mosaïques, ainsi de la longue frise qui décore l'intérieur de la grande Poste de La Haye. Si j'ose caricaturer, l'esprit hollandais ne se sépare jamais de trop loin d'une certaine vision utilitaire des choses esthétiques. Des siècles de commerce avec le monde entier font toute la différence.


mercredi 19 décembre 2007

Escher (1) : les univers impossibles


Même sans avoir mémorisé son nom, bien souvent oublié, tout le monde a croisé un jour les univers d'Escher : mondes impossibles, objets improbables, éléments imbriqués les uns dans les autres se transformant progressivement... Il fait partie sans aucun doute des artistes les plus reproduits dans le monde. Ses œuvres sont en quasi totalité très facilement accessibles sur l'internet ici ou là , ce qui est curieux pour un artiste à la famille duquel il faut encore verser des droits. Alors profitons-en !


Néerlandais de nationalité et de naissance, Escher a laissé de multiples traces dans son pays natal : pendant deux années, à la Haye, j'ai eu plaisir tous les matins à passer devant une façade de lycée qu'il avait animé, et de régulièrement contempler la grande frise qui orne l'intérieur du bureau de poste de la Ville.


Contemporain de l'émergence de la science fiction moderne, Escher en est comme l'exacte traduction picturale : un mélange d'authentiques connaissances scientifiques et de scénarios improbables mais vraisemblables. Ce n'est pas pour rien qu'il fut digne membre du collège de Pataphysique. Il faudra y revenir.

Voici pour l'heure ses œuvres les plus connues sur le thème des mondes impossibles : on reprendra certaines autres, dans d'autres genres, plus tard.

Enfin, pour les amateurs - je sais qu'il y en a - est ajoutée la transposition en legos de ces tableaux : mais comment diable ont-ils fait ?