Bourgeoise, guindée, bien pensante : on l'imagine ainsi, cette seconde capitale, loin des frasques de Paris. Et pourtant, il faut y regarder de plus près, de bien plus près...
D'abord, en face de la colline consacrée - Fourvière et sa basilique - s'est plantée la colline qui travaille, la Croix Rousse, où la première élite ouvrière et remuante a pris ses quartiers.
Ensuite, des quartiers entiers, comme la Guillotière ou Vaise, rappellent le cosmopolitisme quasi-inaperçu de la ville par les visiteurs de passage s'ils ne traînent pas là. Ce qui est souvent le cas.
Enfin, des efforts très visibles préparent l'avenir de la ville en matière d'espaces urbain. On notera le quartier de la Confluence et les aménagements réussis des bords du Rhône et de la Saône, qui manquent tant à Paris.
Et la ville s'est dotée d'un Maire écologiste. Or, la figure du Maire à Lyon est essentielle : impossible de ne pas évoquer le personnage d'Herriot, qui a présidé aux destinées de cette ville de 1905 jusqu'en 1957. Un record, même en enlevant la période sombre 1940-1945 où il a été destitué, à son grand honneur.
Il faudra revenir, encore et encore à Lyon, qui a tant à offrir.
L'Eglise du Bon Pasteur à Lyon, rue Neyret, est un hyper-concentré de l'histoire de la ville et du pays. Désaffectée, elle présente piètre figure.
N'est-ce comme cela qu'avance le cours du temps, dont elle en est un produit singulier : désordonné, chaotique, et quelquefois absurde.
L'édifice fut construit sur les flancs pentus de la Croix Rousse à une époque - la fin du troisième Empire - où le catholicisme devait reconquérir la population ouvrière, si tumultueuse sur la colline qui travaille, toisée, en face, par Fourvière, la colline des bien-pensants.
Sa première pierre a été posée le 25 août 1869 par l´impératrice et le prince impérial en personne : c'est dire l'importance de cette croisade lyonnaise.
Et puis, rien ne s'est passé comme prévu, étonnant, non ?
La guerre de 1870 fait sombrer l'Empire et la nouvelle République a bien d'autres soucis, même si la bonne ville de Lyon a payé une grande partie de la construction : l'Eglise et l'Etat ne sont pas encore séparés.
L'Eglise est finalement construite entre 1875 et 1883... Mais sans parvis : la parcelle d'emprise - en forte déclivité et exigüe - ne le permettait pas. Pour autant, la Ville avait promis de dégager le devant de l'édifice pour ajouter un escalier monumental... promesse laissée sans lendemain : l'escalier et le parvis ne sont jamais réalisés, l'espace concerné ayant été utilisé pour créer une nouvelle voie, la rue Neyret.
Au final, le porche de l'Eglise se retrouve perché à 3 mètres au dessus du niveau de la rue, et l'édifice est accessible uniquement par de petites portes sur le côté.
L'incongruïté est comme un monumental clin d'œil architectural à l'histoire de la fin du XIX° siècle. Et c'est toujours le cas, comme les images le montrent.
Cette fois, le blog ne parlera pas de compositeur ou d'oeuvre... mais de la Passacaille, forme musicale spécifique, commune à de nombreuses pièces de musique mais issues de la période baroque, et utilisée par de nombreux compositeurs, y compris par les plus célèbres.
La Passacaille est donc un trait distinctif du baroque, même si elle a été utilisée par des compositeurs bien plus modernes, mais plutôt comme un hommage à l'histoire de la musique.
On trouve même une passacaille chez les Pink Floyd, c'est dire ! En effet, le quatrième mouvement de la composition A Saucerful of Secrets, issu de l'album de 1967-1968 et qui porte le même nom, est bien une passacaille (Celestial Voices).
Plus proche de la musique baroque, l'oreille du mélomane reconnaîtra à chaque fois la forme musicale passacaille : Bach, Purcell, Pachelbel, Buxtehude, Kerll, Lully...
Et l'histoire de la Passacaille est digne d'intérêt.
Elle s'appuie sur une forme à trois temps accompagnée par une basse obstinée, ou Ostinato, ce qui est caractéristique de musiques à danser.
A ce titre, elle a pénétré tous les milieux sociaux des siècles baroques (XVII° et XVIII° siècles).
Dans les milieux plus populaires, la Passacaille, plus rapide, est devenue la Gavotte. Dans les milieux nobles, elle est restée plus lente, altière et apprêtée : pas facile en effet de danser avec de lourds habits empesés.
Et on pense aussi à l'histoire de la tarentelle, autre forme musicale et dansante qui a traversé les milieux sociaux et les lieux, et dont le blog a parlé il y a longtemps.
Dans la suite, plusieurs passacailles sont proposées, plus ou moins connues, mais qui permettront de se mettre à l'esprit et à l'oreille ce qu'est LA passacaille.
Une mention particulière pour les deux premières vidéos : il s'agit d'une part de la célébrissime passacaille de l'opéra Armide, de Lully, et d'autre part la passacaille de l'opéra Persée, toujours de Lully. Elles présentent toutes les deux de la danse baroque, discipline un peu oubliée et fort peu produite en public.
Il est étonnant que le renouveau de la musique baroque ne provoque pas encore un renouveau de la danse baroque, qui manie des formes chorégraphiques magnifiques et singulières, qui ont fondé la danse classique.
De fait, on trouve très peu de spectacles de danse baroque. Mais on peut gager que ce renouveau viendra bientôt.
On trouvera aussi plus bas le célèbre Canon de Pachelbel, qui est aussi une passacaille.
Et à la fin, et pour les amateurs, on a trouvé d'abord cette émission de 17 minutes bien faite et instruite sur la Passacaille.
Lully, Passacaille de l'Opera Armide (1686)
Lully, Passacaille de l'Opéra Persée (1682)
Buxtehude, Passacaille
pour orgue en ré mineur (1690)
Georg Friedrich Händel, Suite de piano en Sol mineur
HWV 432 (1720)
Henry Du Bailly, Yo Soy La Locura (1614)
Anonyme, O come t'inganni (1657)
Johann Pachelbel, Canon et Gigue en ré majeur
pour trois violons, avec basse continue (1680)
Tarquinio Merula, Chaconne (env.1624)
Purcell, Passacaille de l'Opéra King Arthur (1691)
Yves Fournier, Ca passe ou ça caille... l'histoire de la passacaille !