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Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


dimanche 30 août 2020

La série d'août : Suits

Il fallait au moins neuf saisons et une canicule pour y venir au bout. Nous sommes à New York et dans le monde des avocats et cabinets d'affaires. 

On n'y comprend pas tout mais on sent assez vite que nous sommes dans l'univers impitoyable de l'argent - bien ou mal acquis, où toutes les amitiés, les relations professionnelles ou personnelles se monnayent comme une deuxième nature.

Mais de fait, les affaires évoquées ne sont que le support - voire même l'alibi - pour que les personnages agissent et interagissent.

L'arrivée de l'imposteur, faux avocat, faux étudiant d'Harvard - mais vrai surdoué - est le point de déséquilibre de la mécanique compliquée des affaires, car malgré tout, celles-ci ont toujours besoin de confiance pour se conclure.

Les neuf saisons permettent de fouiller à l'envi les vies et les caractéristiques de chaque personnage principal et de laisser apparaître les personnages secondaires. Les qualités des acteurs permettent ensuite d'ajouter cette dimension indispensable qui créé une série de qualité et captivante.

On ne peut pas ne pas penser à l'autre série judiciaire américaine The Good Wife et à sa dérivée The Good Right, où l'on retrouve les mêmes caractéristiques surprenantes de la justice américaine, nourrie de transactions souvent bancales, arrachées à coup de millions de dollars et souvent éloignées de la réalité des faits, pourvu que l'on trouve un coupable quelque part et surtout assez d'argent.

Mais dans Suits la dimension politique, sociale et culturelle des procès est volontiers reléguée au second ou au troisième plan pour toujours laisser cours au jeu des personnages.

Il reste au final pas mal de plaisir, notamment pour compter les innombrables conséquences - souvent graves - de la trahison originelle, dans un milieu où les diplômes des grandes universités sont le levier essentiel pour l'élite US de se reproduire elle-même.

Les titres en français sont Suits : Avocats sur mesure en France et Suits: Les deux font la paire au Québec, mais ils n'apportent pas grand chose et sont un peu mièvres compte tenu du contenu de la série.

On en restera donc au jeu de mot en anglais Suits, qui désigne le costume des hommes d'affaires, mais aussi les poursuites judiciaires... Et il est vrai que la série nous permet de croiser une quantité incroyable de délinquants, mais en col blanc 😕


dimanche 16 août 2020

Sur la Playlist du week-end... et de beaucoup d'autres jours : Christina Pluhar

Christina Pluhar est une déesse de la musique, et notamment de la musique baroque. Ses instruments (harpe baroque, théorbe, luth) la prédestinaient sans aucun doute à reconstituer les sons de l'époque. On jubile quand on trouve ces sonorités brutes, rocailleuses, et un peu étranges, l'oreille moderne étant habituée aux timbres produits par les orchestres symphoniques hérités du XIX° siècle, codifiés comme une grammaire française.

L'oreille a de quoi de repaître longtemps dans son immense production avec l'Arpegiatta, l'ensemble qu'elle a créé en 2000.

Ces jours-ci on écoutera la musique baroque italienne de la période précoce, juste au tournant du XVII° siècle, 

On trouve beaucoup de choses sur YouTube : cette très longue vidéo (1 h 30) reprenant un concert de 2016 dans le cadre du festival de musique ancienne d'Utrecht (Pays-Bas) est proposée ci-dessous.

Juste en dessous, un extrait du même concert, qui est surtout une facétie des chanteurs et musiciens, parfaitement dans l'esprit du baroque, qui souvent prête à sourire, voire à rire. Et juste après, la même facétie mais enregistrée à Paris, salle Gaveau, le 31 janvier 2012.

Dans la suite, on consacrera une autre publication aux interprétations de Christina Pluhar qu'elle a données des musiques baroques du nouveau monde, dont les sonorités, encore une fois, arrêtent longuement l'oreille, évidemment contaminées par les rythmes et timbres amérindiens.

On y avait déjà consacré il y a longtemps déjà une publication sur le blog sur les musiques baroques d'Amérique du Sud.



jeudi 23 juillet 2020

Les séries du moment : Fauda et Criminal France, Allemagne, UK, Espagne


Fauda frappe fort. D'abord le spectateur, qui se trouve plongé immédiatement dans l'explosif chaudron des territoires administrés par l'autorité palestinienne : Cisjordanie et Gaza. 

La série, qui compte 3 saisons, est israélienne. Pas très étonnant qu'elle prenne le point de vue d'Israël et de sa sécurité, comme certaines critiques le soulignent. Mais elle n'est pas tendre malgré tout pour les protagonistes principaux, citoyens d'Israël chargés d'infiltrer la société des territoires occupés, ou, si on préfère les territoires de la rive droite du Jourdain. 

Dans les vrais médias israéliens, on parle de la Judée et de la Samarie... On se croit dans l’Évangile. Bref, on désigne là les territoires sous administration palestinienne mais sous contrôle israélien.

Dès la première saison, les trois opérations de maintien de l'ordre - si on ose dire - se terminent en sanglants fiascos. 

La haine au quotidien est frappante, ne laissant pas de place aux bons sentiments : les affinités interpersonnelles - au delà des origines - sont vite balayées par la guerre millénaire, les iniquités, la violence, le fanatisme et le meurtre.

Bref, Fauda n'est pas une promenade de santé, mais elle est utile : ne pas oublier, si proches de l'Europe géographiquement et culturellement, des populations continuent de s’entre-déchirent sans que l'on en voie l'issue. 

Cela pourrait être la limite de la série, le simple constat étant tellement frustrant pour un Européen qui a grandi en même temps que l'Europe, et qui a quand même connu les avancées positives du dialogue israélien-palestinien pendant un temps. 

Les acteurs sont israéliens et palestiniens, tous excellents.




Les douze épisodes de Criminal France, Allemagne, UK et Espagne (3 épisodes par pays) représentent un exercice de style formidablement intéressant, visionnés d'un seul coup et avec passion.

Dans tous les cas, nous sommes en huis-clos, dans la même unité de temps et d'espace et dans le même dispositif : l'interrogatoire d'un suspect par un ou deux policiers en face à face, interrogatoire suivi aussi par d'autres policiers derrière une vitre sans tain, prêts à vérifier les informations et suggérer des questions ou des réactions à leurs collègues.

L'ensemble des contraintes en place obligent à se concentrer sur les contenus des échanges verbaux jusque dans leurs infimes détails, essentiels pour approcher la vérité des faits. Elles mettent en lumière aussi le jeu d'acteurs entre les policiers : relations hiérarchiques, respect des rôles et fonctions, attitude vis à vis de leur métier, attitude vis à vis des suspects...

Pour le reste, il faut aimer les thrillers. Les cas disséqués sont au cœur de l'actualité de leur société : les réfugiés, les attentats, l'homophobie, la pédophilie, les conséquences de la chute du mur de Berlin...