Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


Affichage des articles dont le libellé est perles musicales. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est perles musicales. Afficher tous les articles

mercredi 15 octobre 2008

Pêcheur de perles musicales (13) : les musiques sacrées missionnaires

Quelle découverte, il y a une dizaine d'années, que ces musiques sacrées missionnaires, entendues par hasard en diffusion dans le grand magasin de musique où j'avais mes habitudes à l'époque ! un grand collier de perles du nouveau monde... Découverte musicale d'abord, que ce vrai baroque du XVIII° présentant de curieux et joyeux accents andins, qui en réhaussent incontestablement l'éclat. Le compositeur le plus éminent en est Domenico Zipoli, élève de Scarlatti, musicien jésuite missionnaire de son état qui importa la musique européenne en Amérique du Sud tout en l'adaptant au contexte local. Découverte historique ensuite, que cette histoire des "Réductions", ou missions jésuites du Paraguay, cités utopies en acte, colonisatrices et évangélisatrices des peuples guaranis, sur lesquelles il faudra revenir.
Découverte musicologique enfin : l'édition récente des musiques sacrées missionnaires est principalement l'oeuvre d'un modeste label musical, K 617, issue d'une association de promotion du baroque dont le siège est en Lorraine. Cette région a par ailleurs a de profondes attaches baroques liées au mécénat de Stanislas, qui fit venir les meilleurs à Lunéville, siège de la cour de Lorraine à l'époque où ce "Roi de Pologne" était surtout le beau-père de Louis XV . Après l'édition des musiques, le réseau créé autour de ce label, avec le soutien du conseil régional de Lorraine notamment, a entrepris plusieurs projets de restauration des orgues du nouveau monde, dont celui de Cusco , ainsi que de nombreux projets de coopération musicale avec l'Amérique du Sud. A suivre. Ci-dessous, quelques morceaux des deux premiers coffrets des musiques sacrées missionnaires, encore en vente au rayon classique (ou ce qu'il en reste) chez les vendeurs de musique ou chez les majors de la vente de musique par internet. On signalera aussi que la musique est interprétée par l'ensemble de référence en la matière, Elyma.






mardi 30 septembre 2008

Pêcheur de perles musicales (12) : Teddy Bears Picnic


En effet, cela ressemble à un canular : que vient faire Teddy Bears' Picnic dans un cycle dédié au chant classique ?

D'abord, un peu de fantaisie est permis pour ce douzième air.

Ensuite Teddy Bears' Picnic est un immense classique de la chanson pour enfant anglo-saxonne, enregistré dans les années 20 : qui dit mieux ? La chanson est parfaitement inconnue en France et je n'en connais aucune traduction ni adaptation française. Elle se rattache à tout un ensemble de traditions enfantines anglo-saxonnes : le "pique nique des ours en peluche" est bien connu des petits anglais, comme pratique ludique et festive proposée dans les familles ou les institutions éducatives pour les tous petits.

Teddy Bears' Picnic est l'exemple même du fossé qui sépare l'univers culturel francophone de l'univers culturel anglophone. Ce fossé m'avait frappé quand j'ai commencé à fréquenter de manière approfondie les univers anglo-saxons : tout un ensemble de références populaires, traditionnelles, socioculturelles, ne sont jamais passé dans notre monde, côté francophone.



Pour ma part, la chanson fut découverte par un des films fétiches qu'elle illustre sombrement : le très très déjanté film ZOO (A Zed and two Noughts, 1985) de Peter Greenaway.



Enfin, Teddy Bears picnic est adorable en tant que pièce musicale. Voici quelques versions, la plus authentique étant celle de Henry Hall.


The Teddy Bear's Picnic

If you go down to the woods today, You're sure of a big surprise
If you go down to the woods today, You'd better go in disguise.

For ev'ry bear that ever there was, Will gather there for certain, because
Today's the day the Teddy Bears have their picnic.

Ev'ry Teddy Bear who's been good, Is sure of a treat today.
There's lots of marvellous things to eat, And wonderful games to play

Beneath the trees where nobody sees, They'll hide and seek as long as they please
'Cause that's the way the Teddy Bears have their picnic

If you go down to the woods today, You'd better not go alone
It's lovely down in the woods today, But safer to stay at home.

For ev'ry bear that ever there was, Will gather there for certain, because
Today's the day the Teddy Bears have their picnic.

Picnic time for Teddy Bears, The little Teddy Bears are having a lovely time today
Watch them, catch them unawares, And see them picnic on their holiday.

See them gaily gad about, They love to play and shout;
They never have any cares;
At six o'clock their Mummies and Daddies, Will take them home to bed,
Because they're tired little Teddy Bears.







Teddy Bears' Picnic


jeudi 4 septembre 2008

Pêcheur de perles musicales (11) : Kindertotenlieder

Pendant l'été 1901, Alma Mahler n'était pas contente du tout de voir son mari travailler sur ces "chants pour des enfants morts" après qu'il eut joué innocemment avec ses deux filles, comme si de rien n'était. Elle ne pouvait pas savoir que, quelques années plus tard, le sort donnerait foi à ce sombre pressentiment en lui enlevant l'une d'entre elles.



Les Kindertotenlieder sont pour moi parmi les pages les plus déchirantes de la musique. On a choisi le quatrième sur les cinq. Perle musicale très noire pour continuer ce cycle après une interruption estivale.

Il est très difficile pour l'instant de trouver à son goût d'autres versions que celles des monstres sacrés du lyrique qui les ont interprétées avec tant d'émotion et de maîtrise vocale. Il n'est sans doute pas aisé de faire mieux ou autrement pour des chanteurs plus contemporains : cette musique déborde de tant de force lyrique et d'authenticité qu'il faut pouvoir la contenir tout en la restituant. Notre époque factice et légère, qui a relegué la mort aux oubliettes, ne s'y prête plus guère. Il faudra chercher quand même.

On trouvera pour l'heure successivement en audio les interprétations de DietrichFischer-Dieskau et celle de Christa Lugwig, et en vidéo celle de Kathleen Ferrier. La qualité somptueuse de l'orchestration qui accompagne chacun d'entre eux - essentielle - compte aussi beaucoup peut-être dans ces choix.


Souvent, je me dis qu'ils sont juste sortis !
Qu'ils vont bientôt rentrer à la maison !
Il fait beau !
Ne t'en fais pas !
Ils font juste un grand tour !
Mais oui, ils sont juste sortis,
ils vont rentrer tout de suite !
Ne t'en fais pas !
Il fait si beau !
Ils sont partis se promener là-haut !
Ils sont juste partis avant nous,
ils ne réclameront plus la maison !
Nous irons les chercher
sur ces hauteurs !
Par un soleil éclatant !
Il fait si beau
là-haut !


Oft denk' ich, sie sind nur ausgegangen!
Bald werden sie wieder nach Hause gelangen!
Der Tag ist schön! O sei nicht bang!
Sie machen nur einen weiten Gang!

Jawohl, sie sind nur ausgegangen
Und werden jetzt nach Hause gelangen!
O, sei nicht bang, der Tag is schön!
Sie machen nur den Gang zu jenen Höh'n!

Sie sind uns nur vorausgegangen
Und werden nicht wieder nach Hause verlangen!
Wir holen sie ein auf jenen Höh'n
Im Sonnenschein!
Der Tag is schön auf jenen Höh'n!




Oft denk'ich







mercredi 23 juillet 2008

Pêcheur de perles musicales (10) : Belle nuit, Oh nuit d'amour


Ca, c'est de la mélodie : trois notes, trois mouvements, et nous voilà bercés par le duo des voix féminines (encore un duo féminin) de la barcarolle des Contes d'Hoffmann d'Offenbach.

On épiloguera pas : nous sommes dans le léger parfaitement assumé, qui ne se prend pas un seul instant au sérieux, parfait en son genre : l'Opéra-bouffe.

Deux belles versions : d'abord par deux monstres sacré(e)s, Thérésa Berganza et Monserrat Caballé. Ouf ! Et puis une version plus récente impeccable de la très sérieuse suédoise Ann-Sofie Van Otter, accompagnée de la française Stéphanie d'Oustrac.

Belle nuit
Oh nuit d'amour
Souris à nos ivresses
Nuit plus douce que le jour
Oh belle nuit d'amour
Le temps fuit et sans retour
Emporte nos tendresses
Loin de cet heureux séjour
Le temps fuit sans retour
Zéphyrs embrasés
Bercez-nous de vos caresses
Zéphyrs embrasés
Bercez-nous de vos caresses
Donnez-nous vos baisers
Bercez-nous
De vos baisers
Bercez-nous
De vos baisers
Belle nuit
Oh nuit d'amour
Souris à nos ivresses
Nuit plus douce que le jour
Oh belle nuit d'amour
Oh belle nuit d'amour
Souris à nos ivresses
Souris à nos ivresses
Nuit d'amour
Belle nuit
Oh belle nuit d'amour






mardi 8 juillet 2008

Pêcheur de perles musicales (9) : le Miserere d'Allegri


Le Miserere de Gregorio Allegri a connu une histoire bien particulière : composé au début du XVII° siècle pour les besoins du Vatican, chanté entièrement a capella, sa texture musicale est héritée du chant polyphonique religieux de la Renaissance. Longtemps la papauté en a interdit la transcription pour le conserver pour elle, jusqu'à ce que, dit-on, le jeune Mozart lors d'un voyage à Rome le décode après quelques écoutes 140 ans plus tard. Cela ne fût sans doute pas très difficile malgré tout pour le jeune prodige...

Plus techniquement, le morceau comporte un "do" aigu que les voix mâles habituelles, même très hautes, ne peuvent pas atteindre : il fallait être castrat ou enfant pour y arriver, dit-on encore.



Le Miserere d'Allegri est donc un morceau de légende, écrit pour être chanté sous les sublimes fresques de la Chapelle Sixtine les mercredis et vendredis de la semaine sainte...

Les versions en circulation sont toutes excellentes, avec une surreprésentation des formations anglaises : sans doute une tradition culturelle britannique précise de choeurs d'enfants. Elles se distinguent surtout par leur durée : de 9 minutes et demi à plus de 14 minutes. J'ai choisi ci-dessous une version plutôt lente, que je préfère : le Vatican, ses fresques et ses ors, ont devant eux l'éternité divine, alors, on peut prendre son temps...





vendredi 27 juin 2008

Pêcheur de perles musicales (8) : Schubert, Winterreise


Il faut mériter les Lieder de Schubert : dépasser le caractère aride de la voix, de la langue allemande et du piano seul les accompagnant, garder l'esprit et l'oreille disponible, aller le plus loin possible dans l'écoute... Mais, quelle récompense esthétique au final, même si on y arrive pas du premier coup, car il faut un peu de temps pour dégager l'oreille des orchestrations richissimes auxquelles elle est habituée.



J'aime me laisser aller au fil des 24 pièces du "voyage d'hiver" (Winterreise), que j'écoute en général de bout en bout sans pouvoir faire autre chose, ou en voiture. Oui, je sais : on a les plaisirs qu'on peut.

Il y a pour moi chez Schubert - mort à trente et un ans, cela a son importance, une année après cette composition - une charge émotionnelle immense que je retrouve dans toute sa musique, et pourtant, je n'ai pas le goût romantique ! Schubert traduit le côté le plus sombre et le plus tragique de l'âme humaine : l'absurde désespoir d'être au monde sans savoir pourquoi, l'absurde et sombre plaisir aussi. Winterreise, le voyage d'hiver, est comme la quintessence de ce Schubert là.

Des sites entiers sont consacrés à ce cycle, et des analyses par pages entières. L'économie des moyens rapporté à la richesse des sentiments évoqués est absolument fascinante. A ce titre, l'interprétation de ces morceaux est d'une technicité et d'une exigence impitoyable : il faut tout maîtriser de l'intonation, du tempo, du timbre, pour l'ajuster en permanence aux textes mis en musique, écrits par un contemporain de Schubert, Wilhelm Müller, mort l'année même de l'écriture du Winterreise, une année avant Schubert, et à peine plus âgé que lui. Ces deux là auront beaucoup donné à la culture humaine au court de leurs brèves existences.



Pour illustrer cela, d'abord le premier Lieder du cycle, Gute Nacht, chanté par son interprète de prédilection, Dietrich Fischer Dieskau, ici filmé dans les années 80. Incontournable, même si je préfère la version suivante, moins altière, plus humaine et, pour tout dire, plus moderne, de Cristoph Pregardien (accompagnement : Andreas Staier), à la voix précise, claire, bien timbrée, dans une version de 1999.

Enfin, pour se laisser aller, les douze premiers Lieder par Randall Scarlatta, disponibles gratuitement sur le site internet de l'exceptionnel musée Isabella Sewart Gartner de Boston, qui propose de nombreux concerts en plus de la visite de ses collections et de son bâtiment exceptionnel, et qui vaut, pour tout cela, vraiment une visite, virtuelle ou réelle.

Gute Nacht

Fremd bin ich eingezogen,
Fremd zieh' ich wieder aus.
Der Mai war mir gewogen
Mit manchem Blumenstrauß.
Das Mädchen sprach von Liebe,
Die Mutter gar von Eh', -
Nun ist die Welt so trübe,
Der Weg gehüllt in Schnee.

Ich kann zu meiner Reisen
Nicht wählen mit der Zeit,
Muß selbst den Weg mir weisen
In dieser Dunkelheit.
Es zieht ein Mondenschatten
Als mein Gefährte mit,
Und auf den weißen Matten
Such' ich des Wildes Tritt.

Was soll ich länger weilen,
Daß man mich trieb hinaus ?
Laß irre Hunde heulen
Vor ihres Herren Haus;
Die Liebe liebt das Wandern -
Gott hat sie so gemacht -
Von einem zu dem andern.
Fein Liebchen, gute Nacht !

Will dich im Traum nicht stören,
Wär schad' um deine Ruh'.
Sollst meinen Tritt nicht hören -
Sacht, sacht die Türe zu !
Schreib im Vorübergehen
Ans Tor dir: Gute Nacht,
Damit du mögest sehen,
An dich hab' ich gedacht.

(traduction française ici)








Randall Scarlatta

mercredi 11 juin 2008

Pêcheur de perles musicales (6) : Haendel, Ombra mai fu

"Ombra mai fu", le premier air de l'opéra de Haendel "Xerxès" désigné aussi comme "Serse" est un concentré de baroque absolu.

D'abord, le livret nous transporte, comme souvent chez Haendel - voir Tamerlano, par exemple - dans un monde mythique et révolu que la succession des temps historiques permet de travestir à l'aise. Pour Xerxès, nous sommes censés être au cinquième siècle avant JC dans ces pays à jamais disparus que sont Bactriane, Sogdiane et c°, gouvernés par la dynastie Achéménide défaite en son temps par Alexandre le Grand deux siècles plus tard. Hormis quelques poignées d'initiés, qui possédait quelques connaissances précises sur la chose au milieu du XVII° siècle en Europe occidentale ? Et au XXI° siècle, qui se souvient encore du nom de ces contrées, rediviséesau fil des siècles par les frontières iraniennes, afghanes, irakiennes, pakistanaises et causasiennes ?


Ensuite, ce beau morceau, un larghetto, est une déclaration d'amour... à un arbre, et plus précisément à un platane (platanus orientalis). Belle idée, non : la transfiguration de l'élément naturel après celle de la réalité historique. Nous baignons tout entiers dans l'univers baroque, artificiel, recréé entièrement à partir de matériaux lointains et prétextes, dont la seule utilité est de servir le plus humblement possible la musique du Maître.

Enfin, il s'agit d'un air d'alto, chanté donc soit par des hautes-contre, soit par des voix d'alto féminines. Encore une transfiguration : transfiguration de la voix s'il s'agit d'un rôle tenu par un homme, travestissement s'il s'agit d'un rôle tenu par une femme...

Quelques vidéos pour illustrer le tout, dans l'ordre : une version de David Daniels qui fait référence, une version d'Andréas Scholl que j'aime bien pour sa maîtrise technique et une version féminine que je trouve réussie, celle de Jennifer Larmore. Car l'air est impitoyable par sa lenteur même, qui oblige à tenir les notes, et ne souffre pas - à mon goût - les tremblotements qui émaillent certaines versions, y compris proposées par les plus grand(e)s : j'ai des exemples, je vous les épargne.

En prime et pour finir, une version de Gérard Lesne, que je ne peux me résoudre à écarter notamment à cause de son timbre (peut-être un peu grave...), de sa maturité vocale et de sa maîtrise du morceau.









mardi 20 mai 2008

Pêcheur de perles musicales (5), Lakmé, le Duo des Fleurs

Quel dommage que British Airways ait piqué cet air de Delibes pour en faire sa pub en 1989, mais aussi quelle efficacité : on s'en souvient encore vingt ans après. Mais avant d'être publicitaire, le duo des fleurs de Lakmé était un des airs les plus connus de cet opéra : les deux voix ne finissent plus par n'en faire qu'une seule, irréelle, magique, planant largement au dessus de la partition...

Trois vidéos pour présenter cette perle musicale de la meilleure eau : le clip correspondant de l'opéra imaginaire, chanté par Mady Mesplé et Danielle Millet, puis une version concert de deux monstres sacrés Joan Sutherland et Marylin Horne, et puis le célébrissime spot de pub de British Airways, devenu un grand classique dans son genre et qui vaut tant la vue que l'oreille.

Mais d'abord, avant toute chose, l'interprétation des interprétations, parfaite : celle de l'exceptionnelle Nathalie Dessay, qui chante avec Delphine Haidan accompagnée par l'orchestre du Capitole de Toulouse dans une version de 1998.


Nathalie Dessay




LAKMÉ

(gaiement)

Viens, Malika, les lianes en fleurs
Jettent déjà leur ombre
Sur le ruisseau sacré qui coule, calme et sombre,
Eveillé par le chant des oiseaux tapageurs!

MALIKA

Oh! maîtresse,
C'est l'heure ou je te vois sourire,
L'heure bénie où je puis lire dans le cœur toujours fermé de Lakmé!

LAKMÉ

Dôme épais le jasmin,
A la rose s'assemble,
Rive en fleurs frais matin,
Nous appellent ensemble.
Ah! glissons en suivant
Le courant fuyant:
Dans l'on de frémissante,
D'une main nonchalante,
Gagnons le bord,
Où l'oiseau chante, l'oiseau, l'oiseau chante.
Dôme épais, blanc jasmin,
Nous appellent ensemble!

MALIKA

Sous le dôme épais, où le blanc jasmin
A la rose s'assemble,
Sur la rive en fleurs riant au matin,
Viens, descendons ensemble.
Doucement glissons
De son flot charmant
Suivons le courant fuyant:
Dans l'on de frémissante,
D'une main nonchalante,
Viens, gagnons le bord,
Où la source dort
Et l'oiseau, l'oiseau chante.
Sous le dôme épais,
Sous le blanc jasmin,
Ah! descendons ensemble!

LAKMÉ

Mais, je ne sais quelle crainte subite,
S'empare de moi,
Quand mon père va seul à leur ville maudite;
Je tremble, je tremble d'effroi!

MALIKA

Pourquoi le Dieu Ganeça le protège,
Jusqu'à l'étang où s'ébattent joyeux
Les cygnes aux ailes de neige,
Allons cueillir les lotus bleus.

LAKMÉ

Oui, près des cygnes aux ailes de neige,
Allons cueillir les lotus bleus.

(ENSEMBLE)

LAKME

Dôme épais le jasmin,
A la rose s'assemble,
Rive en fleurs frais matin,
Nous appellent ensemble.
Ah! glissons en suivant
Le courant fuyant:
Dans l'on de frémissante,
D'une main nonchalante,
Gagnons le bord,
Où l'oiseau chante, l'oiseau, l'oiseau chante.
Dôme épais, blanc jasmin,
Nous appellent ensemble!

MALIKA

Sous le dôme épais, où le blanc jasmin
A la rose s'assemble,
Sur la rive en fleurs riant au matin,
Viens, descendons ensemble.
Doucement glissons
De son flot charmant
Suivons le courant fuyant:
Dans l'on de frémissante,
D'une main nonchalante,
Viens, gagnons le bord,
Où la source dort
Et l'oiseau, l'oiseau chante.
Sous le dôme épais,
Sous le blanc jasmin,
Ah! descendons ensemble!











mercredi 7 mai 2008

Pêcheur de perles musicales (4) : O Solitude !

C'est avec "O solitude" que j'ai découvert à la fois le baroque élisabéthain et la technique vocale du haute-contre ou contre-ténor.

Il est bien rare que quelques mois se passent sans réécouter ce magnifique morceau, dont l'interprétation de référence est celle d'Alfred Deller. Elle me va bien.



Mais pour élargir un peu l'horizon (déjà bien ouvert avec Deller), je joins une interprétation de James Bowman et celle de Gérard Lesne, contre ténor français à la personnalité intéressante et bien affirmée. Je constate d'ailleurs que les haute-contre, à propos desquels on reviendra forcément, présentent pour l'essentiel des personnalités originales : peut-être la contrepartie de l'originalité de leur art, si décalé de notre XXI° siècle et si mal vulgarisé par des films comme Farinelli, qu'il faut oublier tout à fait pour avoir une idée de la réalité historique et du vrai personnage dont il s'agit.

Le texte mis en musique par Purcell perpétue la mémoire de la poétesse Katherine Philips, son auteur.

O solitude, my sweetest choice!
Places devoted to the night,
Remote from tumult and from noise,
How ye my restless thoughts delight!
O solitude, my sweetest choice!
O heav'ns! what content is mine
To see these trees, which have appear'd
From the nativity of time,
And which all ages have rever'd,
To look today as fresh and green
As when their beauties first were seen.
O, how agreeable a sight
These hanging mountains do appear,
Which th' unhappy would invite
To finish all their sorrows here,
When their hard fate makes them endure
Such woes as only death can cure.
O, how I solitude adore!
That element of noblest wit,
Where I have learnt Apollo's lore,
Without the pains to study it.
For thy sake I in love am grown
With what thy fancy does pursue;
But when I think upon my own,
I hate it for that reason too,
Because it needs must hinder me
From seeing and from serving thee.
O solitude, O how I solitude adore!







lundi 14 avril 2008

Les Pêcheurs de perles : quelle version voulez vous ?


(mise en scène présentée à Avignon en 2007)

Le premier message du cycle "perles musicales" qui présentait le fameux air "Je crois entendre encore..." extrait de l'opéra de Bizet "les Pêcheurs de Perles" a eu un certain succès sur le blog : comme si une bonne partie de la blogosphère recherchait cette musique. Il faudrait expliquer cela.



Alors, pour contenter les visiteurs, en voici quelques onze versions différentes. J'ai mis en premier la version de Nicolai Gedda que je cherchais, car elle était réputée la meilleure. Je crois que c'est vrai : il me faut y retourner et l'écouter encore, mais la diction - élément très important surtout en français, langue difficile à prononcer pour un gosier étranger - m'a paru parfaite.


Utiliser le bouton de droite
pour accéder aux onze fichiers

Et puis, au Diable l'avarice, voici pas moins de huit versions revisitées, façon jazz, variété, dance et même yiddish. Je vous laisse juges de la résistance de l'aria à tous ces traitements. J'apprécie modérement, mais s'il y a des amateurs !

Un grand merci à l'internaute anonyme qui a fabriqué ce "super-pack" et l'a mis à disposition sur un coin de serveur non moins anonyme. Il méritait d'être remis en forme et publié dans une forme plus accessible.


Utiliser le bouton de droite
pour accéder aux huit fichiers

dimanche 6 avril 2008

Pêcheur de perles musicales (3) : Nuits d'été, Sur les lagunes

On se reportera au message précédent sur les "Nuits d'été" de Berlioz. Je suis littéralement fou de "Sur les lagunes", un pur joyau du chant classique de la veine romantique - et je le répète, la période romantique n'est pourtant pas ma tasse de thé.





"Sur les lagunes" est un lamento, sur des paroles écrites par Théophile Gauthier, comme les cinq autres morceaux des "Nuits d'été". On trouvera sur ce site internet dédié - un grand merci à son auteur - l'ensemble des procédés musicaux qui peuplent la mélodie et qui sont nombreux en ces quelques minutes de pure émotion esthétique.





On trouvera ci-dessous l'interprétation de Régine Crespin, ma préférée des préférées et insurmontable pour toute autre j'en ai bien peur... mais on ne sait jamais. Ensuite une version chantée par le contre-ténor David Daniels en 2004 (Ensemble orchestral de Paris) qui s'en rapproche.

Et enfin celle de Jessy Norman, plus puissante, que je ne trouve pas si mal que ça. Je vous épargne les autres, mais je ne citerai pas de noms. Alors laissez vous aller... sur la mer !

Ma belle amie est morte,
Je pleurerai toujours;
Sous la tombe elle emporte
Mon âme et mes amours.
Dans le ciel, sans m’attendre
Elle s’en retourna;
L’ange qui l’emmena
Ne voulut pas me prendre.
Que mon sort est amer!
Ah ! sans amour s’en aller sur la mer!

La blanche créature
Est couchée au cercueil.
Comme dans la nature
Tout me paraît en deuil!
La colombe oubliée
Pleure et songe à l’absent;
Mon âme pleure et sent
Qu’elle est dépareillée.
Que mon sort est amer!
Ah ! sans amour s’en aller sur la mer!

Sur moi la nuit immense
S’étend comme un linceul.
Je chante ma romance
Que le ciel entend seul.
Ah ! comme elle était belle,
Et comme je l’aimais!
Je n’aimerai jamais
Une femme autant qu’elle.
Que mon sort est amer!
Ah ! sans amour s’en aller sur la mer!




Crespin (1963) et Daniels (2004)






samedi 29 mars 2008

Pêcheur de Perles musicales (2) : Nuits d'été, Le spectre de la rose


Berlioz n'est vraiment pas ma tasse de thé : beaucoup trop moderne pour moi, et j'ai peu de goût pour le romantisme. On le dit mal connu et mal reconnu des Français.

Cela dit, les six mélodies regroupées sous le titre "les nuits d'été" qu'il a écrites sont de pures merveilles, écoutées en boucle jusqu'à se faire mal à l'âme dès que le CD me retombe dans les mains. Deux d'entre elles méritent incontestablement le titre de "perles musicales" : "sur les lagunes" et "le spectre de la rose".


L'interprétation de référence est celle de Régine Crespin, dont on présente ici d'abord le "spectre de la rose"en vidéo (en public) et audio (en studio d'enregistrement). Les deux documents datent du début des années soixante. L'enregistrement audio a ma préférence : il dénote une parfaite maîtrise de l'oeuvre, dans absolument tous ses aspects, sans les interférences liées à la présence physique du public et surtout à la nécessité de faire porter la voix vers la salle. La version studio de ce fait est beaucoup plus chaleureuse, intimiste, onirique, ce qui paraît plus adapté à l'argument : parfaite, pour tout dire !

Pour comparer, on a ajouté la version de Janet Baker (1972) et celle de Jessye Norman (1987).

Le spectre de la rose

Soulève ta paupière close
Qu'effleure un songe virginal ;
Je suis le spectre d'une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encore emperlée
Des pleurs d'argent de l'arrosoir,
Et parmi la fête étoilée
Tu me promenas tout le soir.

Ô toi qui de ma mort fus cause,
Sans que tu puisses le chasser
Toute la nuit mon spectre rose
A ton chevet viendra danser.
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe, ni De Profundis ;
Ce léger parfum est mon âme
Et j'arrive du paradis.

Mon destin fut digne d'envie :
Pour avoir un trépas si beau,
Plus d'un aurait donné sa vie,
Car j'ai ta gorge pour tombeau,
Et sur l'albâtre où je repose
Un poète avec un baiser
Ecrivit : Ci-gît une rose
Que tous les rois vont jalouser

Régine Crespin est morte il y a moins d'un an, le 5 juillet 2007 à 80 ans. J'aime beaucoup son timbre de voix et sa diction parfaite. La rose représentée dans ce message, créée par Georges Delbard, porte son nom.



Le spectre de la rose, Régine Crespin,
1963









samedi 8 mars 2008

Pêcheur de Perles musicales (1) : je crois entendre encore...

Compte tenu de la place qu'occupe la musique dans la vie de l'auteur de ces lignes, il parait indispensable d'y revenir plus souvent, après le cycle musique du sud et Tosca.

Alors pourquoi pas un cycle "bel canto", où l'on trouvera les airs entendus, puis réentendus mille fois au fil du temps, et qui sont comme des balises reconnues entre mille, écoutées toutes affaires cessantes quand par hasard, ici ou là, la mélodie est reconnue.

Pour commencer, quoi que mieux de l'air de Nadir de l'opéra Pêcheurs de Perles (Acte I, scène 4) de Georges Bizet. Histoire abracadabrante, orientalisme de pacotille, évidemment. Mais qu'est-ce que c'est beau ! Un blog entier est consacré à cet opéra peu connu au total, joué en France à Avignon l'an dernier, mais recréé pour 2008 et 2009 en de nombreux endroits dans le monde : Sydney, Washington, Chicago, Seattle, Miami, Trieste, San Diego !

Une vraie pêche miraculeuse. Sans doute évidemment l'effet des 170 ans de Bizet cette année. Carmen a-t-elle fini par fatiguer ?



Quatre versions sont proposées ci-dessous : une récente et plutôt tonitruante, chantée par Placido Domingo, uniquement audio, mais que je ne déteste pas.

Puis trois vidéos : la vidéo de la partition, accompagnée cette fois par la version chantée avec grande qualité par Alain Vanzo.

Puis deux pièces historiques émouvantes : une de 1925, chantée par Beniamino Gigli dans le style de l'époque, un peu maniérée pour le goût moderne, mais remarquable techniquement, et une de 1938, de Richard Crooks, en italien, toute en douceur et plus lente, ce qui respecte mieux à mon goût le caractère onirique de la scène, moyennant une minute de plus que les autres versions quand même. Mais j'aime bien ce parti pris de langueur.

Je recherche une version de Nicolai Gedda, l'immense ténor suédois, qui paraît-il serait le meilleur a avoir chanté cet air. Si d'aventure un amateur passe par là, surtout qu'il me fasse signe.

PS : j'ai finalement trouvé un super pack sur internet avec une vingtaine de versions différentes, dont celle de Nicolai Gedda, qui est en effet une des meilleures. J'ai tout mis en ligne dans ce message .

Le livret complet de l'opéra se trouve ici.

Je crois entendre encore,
Caché sous les palmiers,
Sa voix tendre et sonore
Comme un chant de ramier!
O nuit enchanteresse!
Divin ravissement!
O souvenir charmant!
Folle ivresse! doux rêve!

Aux clartés des étoiles,
Je crois encore la voir,
Entr'ouvrir ses longs voiles
Aux vents tièdes du soir!
O nuit enchanteresse! etc
Charmant souvenir!















dimanche 20 janvier 2008

Un pur moment de bonheur

Jour d'opéra aujourd'hui : Tosca. Un pur moment de bonheur dans tous les instants. Comme souvent, l'argument est mince mais fort et sombre. Il n'échappe pas à la tragédie romantique et verserait vite dans l'excès de pathos et au final dans le ridicule s'il n'était servi par une musique subtile, légère, vive, intelligente, en l'occurrence magnifiquement interprétée. Et pourtant, l'opéra italien du XIX° n'est pas vraiment ma tasse de thé. Mais manifestement, Puccini n'est pas Verdi : on le savait, mais qu'on se le (re)dise. Et en prime, une belle fable contre le totalitarisme, la réaction, la violence du pouvoir.


Quant aux chanteurs : impeccable technique, formidable présence sur scène. Je ne peux faire mieux que de les citer pour leur performance :

Le meilleur de l'art lyrique, heureusement consacrée par une salle pleine et attentive. C'était ce qu'il fallait pour reléguer définitivement au dernier rang les contrariétés du temps.

Ci-dessous quelques airs, dont deux des plus connus de Tosca, ici repris d'un enregistrement de La Callas qui remonte à 1953. Le premier extrait vidéo présente l'air "E lucevan le stelle" chanté par le même ténor urugayen que tout à l'heure, mais dans une autre mise en scène. Le deuxième clip vidéo comprend le film d'animation sur le même air illustrant la scène en question et issu de la série opéra imaginaire produite par France télévisions en 1993.




Enfin, le début 2008 sera celui de l'opéra : programmés en mars, à la faveur d'une petite semaine à Munich, "Tarmelan" de Haendel et "la Traviata", tous les deux à l'opéra de Bavière... et puis en avril Don Juan peut-être. Le blog ne manquera pas d'en rendre compte évidemment.