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dimanche 27 mars 2022

Les séries de l'hiver (2) : Succession, El Cid, Dopesick, Smother, The Tourist, Ridley Road


 L'événement-série de cet hiver fut les trois saisons de Succession libellée HBO, souvent synonyme de qualité et de gros moyens. C'est manifestement le cas. Mais évidemment, on ne traite pas des hyper-riches avec trois bouchons de liège et deux bouts de ficelle.

Nous sommes promenés de bureau à bureau, mais aussi et surtout transportés (en jet privé) vers les prestigieuses propriétés un peu partout dans le monde appartenant au groupe de médias dont il s'agit.

Mais cela se corse quand on sait que ce groupe est semi-familial, entre le patriarche, ses trois enfants et son épouse, qui n'est pas leur mère. 

Chacune des individualités constituant ce noyau de personnages est particulièrement bien soigné du point de vue du scénario et du fil narratif. C'est du beau et du grand travail. Idem, la performance des acteurs concernés est magnifique.

Pour le reste, on retrouve au fil des épisodes la trahison, l'impossibilité de faire confiance, la permanente contradiction entre la logique des affaires et les affres de la famille. Mais nous sommes bien au delà de la simple cupidité. Intéressant.

On attend avec impatience la quatrième saison, annoncée cette année.


El Cid faisait partie de ces séries pas trop remarquées par le public, et faute d'actualité, elle avait été laissée de côté. On se méfie toujours un peu en matière de série historique : on trouve le meilleur et le pire, et souvent le pire.

Par ailleurs, l'acteur principal (Jaime Lorente López) était juste sorti de la Casa del Papel.

Au final, c'est une bonne surprise : pas anachronismes repérés, paysages et décors recherchés, comportements des personnages crédibles, fil historique à peu près respecté, bel espagnol en prime pour ceux qui préfèrent la VOSTF (Version originale avec sous-titres français, en langue de série).

Avec, en sus, une belle tranche de l'histoire de l'Espagne du X° siècle à explorer : antagonismes entre les royaumes et forte présence musulmane jusque dans le Nord de la péninsule. Le récit a lieu en Castille et Leon principalement.

 El Cid peut faire penser à Game of Thrones : guerres incessantes, jeux familiaux de pouvoir, tournage dans des extérieurs historiques bien valorisés.

Hélas, on ne trouve que deux saisons, chacune de 5 épisodes.


Dopesick, mini-série de huit épisodes produite par Hulu - filiale adulte de Disney - dénonce les stratégies de l'entreprise pharmaceutique produisant à grande échelle un antidouleur opiacé (L'oxycodone) en sous-estimant gravement ses effets addictifs pour évidemment en vendre autant que possible. Il s'agit donc d'une série à messagen voire militante.

La crise des opioïdes est encore récente dans l'histoire sanitaire des Etats Unis : ses effets sont encore largement ressentis, et ses enjeux restent énormes en terme de santé publique. 

Cette crise met en lumière un système sanitaire dominé par les hyper-profits financiers, rendus possibles par une éthique ultralibérale : chacun est responsable totalement et irrémédiablement de sa propre santé, ce qui rend illégitime et inutile toute politique de santé publique, par définition collective.

C'est ce même mécanisme qui explique cette obésité omniprésente aux Etats Unis : chacun est totalement responsable de son alimentation, même si on va la chercher au fast food tous les jours.

Dopesick montre que cette mentalité ultralibérale ne résiste pas dès que l'on trompe le public et les professionnels de la santé. Un bel exercice d'autoflagellation, comme les américains savent administrer à eux-mêmes.

On pense aussi aux combats énormes et retentissants contre l'industrie du tabac dans les années 1990, toujours aux Etats Unis.

Comme souvent sur Hulu, les moyens et les compétences sont là et la série présente une grande qualité, tant dans sa narration que dans ses acteurs. 

Le récit est situé en Virginie du Sud, pays minier, mais on y trouve les accents ouvriers des séries récentes situées non loin, en Pennsylvanie, comme Mare of Easttown et Rusted America dont il a été déjà question ici. 


Trois autres séries méritent une attention particulière.

- Smother, série irlandaise de deux saisons de 5 épisodes chacune, produite par la BBC et diffusée par la télévision irlandaise. Ce thriller familial est remarquable tant par la complexité des personnages que par la grande qualité des acteurs. Et nous sommes, totalement, dans la magnifique et sauvage campagne irlandaise.


- The Tourist, mini-série de 6 épisodes, notamment produite par l'Australie. Nous sommes toujours sur un thriller, mais il s'agit cette fois d'un road-trip au milieu des immensités d'Australie méridionale (South-Australia). On trouve aussi dans les producteurs de la série la BBC, HBO et la ZDF (la deuxième chaîne allemande, toujours exigeante). Aucune d'entre eux n'aurait mis de l'argent dans un navet : on peut faire confiance à ces trois parrains, surtout quand ils agissent ensemble.



- Enfin, Ridley Road,  mini-série de quatre épisodes produite par la première chaîne de la BBC, dont l'argument est saisissant. Il relate les activités du parti néo-nazi britannique dans les années 1960. On avait oublié à quel point le fascisme et le nazisme avaient suscité au Royaume Uni tant de mouvements politiques, souvent violents, et jusque maintenant. Petite piqure de rappel : Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde.

mercredi 19 janvier 2022

Les séries de l'hiver (1) : American Rust, Mytho, Shtisel, Le serviteur du peuple

Cette première sélection de l'hiver est plutôt éclectique, puisqu'elle ne traite que d'une seule série US, à côté d'une série française, israélienne et ukrainienne, et qu'elles sont toutes différentes dans leur genre.

A propos d'American Rust, on ne peut pas penser à Mare of Easttown, citée au printemps 2021 : même ambiance, même type de narration, même genre (thriller), et même secteur géographique : la Pennsylvanie ouvrière, dont fait partie la ceinture de rouille, Belt Rust. La Belt Rust désigne cette énorme région industrielle autour des Grands Lacs, au nord-ouest des Etats Unis. On lui doit son énorme richesse, hélas passée. En effet, nous sommes très éloignés des Etats du soleil qui maintenant attirent tant de capitaux, laissant ailleurs le chômage, le déclin social et économique, les maux de la vie quotidienne.

On n'entrera pas dans les intrigues de la mini-série, à base de drogue cheap, de corruption miteuse et de vraie désespérance. Ce sont bien les personnages, tous tragiques, essayant de survivre dans un environnement si corrosif, qui fascinent. Et du coup, aussi, les magnifiques acteurs qui les incarnent.

C'est peut-être dans cette comédie humaine affligeante, totalement oubliée de la modernité, que l'on trouve peut-être une des clefs essentielles du trumpisme triomphant, qui prépare en ce moment ces futures victoires, réelles comme virtuelles.

C'est là aussi que l'on voit là le plus clairement l'empreinte cynique d'un capitalisme dévastateur, n'ayant laissé qu'un peu de rouille aux populations restées sur place par la force des choses.

American Rust se découpe en neuf épisodes et une deuxième saison n'est pas attendue.  La série est issue d'un roman signé Philipp Meyer, l’un des plus grands auteurs américains contemporains. Ceci peut sans aucun doute expliquer sa grande qualité et sa pertinence dans les Etats Unis d'aujourd'hui.

Mytho est une série produite par Arte pour deux saisons pour l'instant et ce fut un succès tant auprès du public qu'auprès des critiques. Il est largement mérité. 

La performance de l'actrice  Marina Hands et de l'auteur de la série est remarquable : en effet, il n'est pas facile d'intéresser à la vie de tout le monde en banlieue pavillonnaire, entre vie scolaire, vie conjugale et supermarché. 

Le personnage d'Elvira est la clef de voûte de la série : à la fois mère de famille un peu décalée, assaillie par le quotidien, épouse dépréciée et agent d'assurance pourtant plutôt douée mais exploitée. Dans les trois cas, rien ne va plus et tout craque. Les deux saisons détaillent le méga-pétage de plomb.

Marina Hands est sociétaire de la Comédie française : en l'occurrence, cela signifie quelque chose pour la série. Bravo.


Il n'est pas possible de trouver série plus israélienne que Shtisel, côté comédie. Car côté dramatique, on trouve Unorthodox, série dont il a été question en septembre dernier, et dont une actrice, personnage féminin principal dans les deux cas, est partagée entre les deux séries (Shira Haas)

L'ensemble des 33 épisodes, répartis sur trois saisons, tourne autour d'une famille juive ultra-orthodoxe de Jérusalem. 

L'objectif de la série semble être avant tout de rendre sympathique cette population tout à fait spécifique, que l'on trouve d'abord à Jerusalem, mais aussi à New York et dans quelques autres grandes villes européennes. On la reconnaît immédiatement : hommes en habits noirs, avec papillotes - à partir de l'âge de trois ans, tête toujours couverte, et femmes aux talons plats et aux cheveux cachés en totalité, soit par un bonnet ample, soit par une perruque. 

Mais ces caractéristiques ne sont qu'une infime partie visible des interdits et prescriptions religieuses qui règlent la vie entière de ces familles, et jusque dans les moindres détails.

Il est d'ailleurs étonnant que la série ne présente pas plus clairement l'ensemble des interdits en présence. Sans doute à dessein, car il est si rare dans les sociétés occidentales d'avoir affaire à une population aussi soumise en permanence à des rites millénaires que le spectateur moderne peu croyant pourrait évidemment en serait fortement incommodé.

S'agissant d'une comédie, les traits les plus risibles sont accentués : mariages arrangés - d'où des quiproquos, conflits entre générations, conflits entre vie moderne et observance religieuse... 

On sourit aussi facilement quand les personnages - pourtant pieux par définition - mentent effrontément en cherchant en permanence une bonne raison de le faire, évidemment compatible avec les prescriptions religieuses.

La "bulle" ultra-orthodoxe reconstituée par la série protège la narration des problèmes importants d'Israël, notamment l'occupation des territoires palestiniens et la coexistence problématique avec les autres communautés non juives.

On notera quand même au passage le traditionnel et paradoxal anti-sionisme viscéral des ultra-orthodoxes, de même que leur antipathie toute aussi foncière vis à vis des séfarades bien trop libéraux de mœurs - juifs originaires de la méditerranée, par opposition aux ashkénazes, originaires de l'Europe centrale. A chaque communauté ses détracteurs.

Les acteurs - tous excellents - sont israéliens, mais non ultra-orthodoxes évidemment. On retrouvera notamment Michael Aloni dans le personnage principal, un des acteurs les plus connus en Israël, dont le jeu est parfait, entre respect de la tradition et ouverture à la modernité, ce qui correspond d'ailleurs à sa filmographie extrêmement diversifiée.

Shtisel est une série singulière et intéressante, mais à la condition de ne pas oublier que les extrêmes de toute religion confinent vite à la violence, contre les individus et contre les communautés. 

Dans la vraie vie, on essayera par exemple de ne pas traverser en voiture les quartiers orthodoxes un jour du shabbat, sauf à retrouver une pierre sur son pare-brise.


Serviteur du peuple, série diffusée par une des principales chaînes ukrainiennes, est proposée en ce moment par Arte et elle présente une singularité exceptionnelle. 

Non pas pour sa forme, qui est plutôt traditionnelle, et même un peu répétitive au bout des 23 épisodes de la première saison, les autres saisons n'étant pas encore disponibles en France.

C'est que Volodymyr Zelensky, ci-devant acteur et humoriste, principal acteur de la série, est bien devenu entre temps le vrai Président de l'Ukraine en date du 20 mai 2019. Quelle affaire !

Encore mieux : le parti politique qui l'a propulsé à la tête de l'Ukraine a pris le même nom que la série : Слуга народу (Serviteur du peuple).

La première saison de la série raconte l'accession d'un modeste professeur d'histoire à la tête du pays, à la faveur de la corruption et de la médiocrité du personnel politique en place.

Dans la vraie vie,  Volodymyr Zelensky l’a emporté de manière inattendue face au chef de l'État sortant, Petro Porochenko, avec 73,2 % des voix au second tour. élu sur un programme anti-corruption, pro-européen, atlantiste et populiste, tout comme son alter ego fictionnel.

Qu'en penser, alors que la réalité est préfigurée par la fiction ? 

Faut-il considérer que la série, genre désormais et apparemment noble, est capable de prévoir l'avenir avec tant de justesse ? Ou faut-il considérer que la vie politique en Europe soit si avilie qu'un scénario de série puisse lui tenir lieu de programme politique dans la vraie vie ?

Dans les deux cas, l'affaire est un peu effrayante. D'autant qu'une partie du pays est déjà sous domination russe et que la menace armée est parfaitement crédible aux frontières. On ajoutera que la série a été interrompue en Russie après le troisième épisode, ce qui n'est pas anodin bien sûr.

Attention aussi à ceux qui s'intéressent à la politique de l'Europe de l'Est : une fois la série regardée, on est toujours un peu perplexe de voir l'humoriste ukrainien jouer le rôle de Président. J'espère que ses interlocuteurs internationaux, avant de lui parler, peuvent se défaire rapidement de cette représentation un peu risible, car la situation du pays ne l'est pas du tout.

lundi 8 novembre 2021

Les séries de l'automne : The Americans, Mrs America, Opération Roméo, Après

 

On s'était gardé cette série sous le coude pendant un bon moment, en se disant que l'actualité des grandes séries finira bien un jour. Ce moment est arrivé en octobre. Alors on est passé à l'assaut des six saisons de The Americans, diffusées entre 2013 et 2018 (75 épisodes d'une quarantaine de minutes)

On savait qu'il s'agissait d'espionnage et d'une série US, pas beaucoup plus, pour ménager un minimum de suspens.

Ce fut une bonne surprise. On pourrait pu tout aussi avoir été déçu : ce ne serait pas la première fois que l'on aurait survendu un produit médiocre dans cet univers industriel et artificiel des séries, compte tenu des sommes impressionnantes qu'ils faut investir dans ces divertissements éphémères.

Mais quelle belle série que The Americans ! Le titre nous prend à rebours : il s'agit plutôt de Russes,  ce couple américain, placé sous couverture par le KGB, ni vu ni connu : agents de voyage en journée, espions de l'URSS en soirée et surtout la nuit.

Les six saisons permettent de suivre leurs aventures selon l'évolution de la politique soviétique dans ses dernières années - la dernière saison s'achève juste avant la fin de l'URSS.

Miracle aussi des séries au long cours, on peut suivre l'évolution des deux enfants - qui, eux, sont bien à 100% américains. De quoi provoquer nombre de rebondissements, familiaux ou non.

Point important : la série a été créée par un ex-agent de la CIA ayant participé au démantèlement des réseaux de clandestins russes qui agissaient aux Etats unis jusqu'en 2010. C'est dire que le récit paraît bien crédible, et jusque dans les détails, malgré son apparence fantasque.

Oui, il existait de ces Américains, russes à l'origine, devenus américains par la grâce du KGB. La série s'inspire d'un couple soviétique ayant vécu 30 ans aux Etats Unis. Dans la vraie vie, leurs enfants ont même écrit un livre sur leurs parents.

Sur le fond, les motifs et les ressorts de la loyauté des principaux personnages peuvent intéresser. Qui plus est, le spectateur s'identifie à eux par la force des choses, qui mettent tant d'énergie à faire triompher leur patrie mourante - mais ils ne le savent pas.

On sait ce qu'il en restera quelques années après, mais il est piquant d'imaginer que les très nombreux spectateurs américains de la série - et elle a eu du succès - aient endossé la promotion des idéaux de l'URSS en s'identifier aux personnages principaux... Quel retournement de narration !

Enfin, les principaux acteurs - multirécompensés - sont excellents.

A ce titre, The Americans figure parmi les 100 meilleures séries depuis le début du siècle, selon le classement que vient de publier la BBC. Et en 8ème place, quand même.

Tout comme The Americans, on avait laissé de côté Mrs America et ses neuf épisodes. Compte tenu des louanges adressés à la mini-série, on se méfiait, même si Hulu, réseau de diffusion et Cate Blanchett, principal personnage, inspiraient confiance.

On se méfiait aussi de l'actualité américaine - la série a été visionnée pendant la campagne présidentielle des Etats Unis, au printemps 2020. Or, les questions posées par la série dans les années 70 faisaient écho directement à l'actualité trumpienne.

Il est question de deux conceptions totalement opposées du statut et du rôle de la femme. D'un côté, épouse et mère d'abord dans une conception plutôt républicaine - surtout dans les années 1970, de l'autre côté, une image portée par les mouvements de libération de la femme de l'époque.

La mini-série s'inspire directement de Phyllis Schlafly, femme politique américaine conservatrice, qui devient la figure de proue du mouvement antiféministe contre la ratification de l'Equal Rights Amendment (ERA), visant à inscrire l'égalité des droits entre les sexes dans la Constitution des États-Unis, et qui a suscité de vives réactions dans l'opinion.

Pour mémoire, l'ERA n'a toujours pas force de loi aux Etats Unis : il fallait 38 Etats pour le rendre constitutionnel et la Virginie - 38° Etat à le ratifier - est arrivée en 2020... Mais, entre temps, cinq Etats l'avaient révoqué.

C'est dire si Mrs America est encore dans l'actualité. 

Un des intérêts de la mini-série est qu'il endosse le point de vue des conservateurs/conservatrices, et qu'elle expose les arguments surannés correspondants. Et Mrs America se réfute elle-même : elle se bat pour une conception de la femme qu'elle n'incarne pas, puisqu'elle est femme politique... Drôle de paradoxe, mais intéressant.

Pour le spectateur de 2021, cela parait surréaliste. Et pourtant, rien n'est vraiment gagné. De quoi réfléchir sur l'inertie et l'irrationalité de l'histoire des mentalités.


Der gleiche Himmel (le même ciel) est le vrai titre de cette mini-série allemande de 2017, rediffusée récemment sur Arte. Quelle idée de rebaptiser la série Opération Roméo en français ?

Le titre allemand - repris en anglais : The same sky - insiste sur la proximité géographique des deux Allemagnes, pourtant si éloignées par leur régime politique et par leur référence idéologique mais aussi par leur mode de vie. La série reconstitue minutieusement d'ailleurs la vie quotidienne dans les dernières années de la RDA.

Quant à lui, le titre français Opération Roméo, insiste plutôt sur les activités d'espionnage de l'Est à l'Ouest, et, parmi elles, celles qui frappaient sous la ceinture. L'Allemagne de l'Est reculait devant peu de choses pour faire avancer la cause du socialisme réel.

Le format de la série est atypique : trois épisodes de 92 mn, puis scindés lors des diffusions ultérieures, soit six épisodes - seulement. On en redemanderait évidemment, mais on voit dans la série que les jours de la RDA étaient comptés. 

Le sentiment de fin de règne donne d'ailleurs à la série un sel tout particulier : faire comme si de rien n'était, en évitant de penser à la grande catastrophe, mais en y penser quand même...

On a dans l'esprit bien sûr aussi la série Deutschland 89, mais il fallait au moins deux séries pour décrire cette période incroyable, où le mur paraissant le plus solide d'Europe s'est effondré en une seule nuit. 

Rien à dire sur les acteurs, sur la narration, sur les décors et tant mieux, car l'ensemble doit être à la hauteur de l'Histoire qui est en train de s'écrire.


On signalera pour finir cette fois la très belle série Après, diffusée sur Arte aussi, mais produite par la télévision québécoise. Quelque part dans les Laurentides, une fusillade éclate dans le petit supermarché du bourg. Il ne s'agit pas de terrorisme - nous sommes loin de tout - mais d'une habitante bien connue, qui déjante et qui décide de tuer tout le monde. Alors qu'elle connaît tout le monde.

Connaissant un peu les types de relation très spécifiques, très proches, que l'on trouve spontanément entre personnes au Québec, on a été intéressé par le traitement de cet Après. De la belle fiction, mais si proche de l'authentique réalité humaine.

mardi 24 août 2021

Les séries de l'été : The Mosquito Coast, La Gifle et quelques autres...

The Mosquito Coast est une belle série américaine produite par Apple TV+, qui a mis les moyens pour tenter de continuer de prendre pied dans le monde des fictions. D'autres séries intéressantes a priori sont annoncées pour asseoir la plate-forme, qui reste la moins chère, signe d'un catalogue encore un peu rachitique.

Format étrange pour cette série dont on attend pas forcément une deuxième saison : 7 épisodes de 42 à 57 minutes, sans que cette disparité ne s'explique. Néanmoins une suite est programmée, signe du succès de la première.

Nous suivons la poursuite d'une famille américaine selon le roman de Paul Theroux, romancier américain bien connu, publié en 1981.

Tout tourne autour du personnage du père, Allie Fox, personnalité au moins ambiguë : inventeur raté, en rupture de tout sans que le spectateur sache exactement pourquoi : escroquerie(s), surendettement, délits multiples ? Comme les deux enfants du couple, on n'en sait rien car toute tentative d'explication est toujours ajournée.

Les sept épisodes relatent la dernière fuite de la famille, particulièrement mouvementée et très dangereuse : elle l'amène à rejoindre le Mexique, sans aucun titre officiel, dans une espèce d'émigration à rebours à une époque où les frontières sont devenues si difficiles à franchir.

Les quelques explications glanées au fil des épisodes pourraient croire à une fuite quasi-philosophique : tenter d'échapper au filet électronique qui identifie en permanence l'individu dans une société moderne. Mais les autres indices déposés ici et là dans la narration portent le spectateur - tout comme les deux enfants - à une cavale bien moins honorable.

De même, que penser de la mère, bien née sous le signe de l'argent, mais qui se fait complice au final de ce sacré Allie, dont on se demande plusieurs fois s'il n'est pas complètement cinglé... On peut regarder The Mosquito Coast, au moins pour avoir affaire à une famille américaine très éloignée des standards US qui peuplent tant de séries américaines.


Autre affaire de famille dans La Gifle/The Slap, mini-série australienne disponible sur le site d'Arte, souvent signe de qualité et d'intérêt.

Narration simple et bien charpentée : chacun des huit épisodes de 51 minutes est dédié à un des principaux personnages, endossant son point de vue et sa place dans le récit, tout en déroulant implacablement un fil chronologique, épisode par épisode, du fait générateur jusqu'au procès final. 

Le spectateur se régale de cette ligne claire, permettant de se concentrer sur le contenu de l'affaire : une gifle, donnée par un des invités lors d'un barbecue familial, à un des enfants présents, évidemment insupportable.

Le dépôt de plainte des parents concernés déclenche toute la suite : aigreurs, récriminations, reproches, griefs, action en justice, chacun prenant son parti en surinvestissant l'affaire selon son passé, l'éducation reçue ou donnée, sa culture familiale, ses affinités etc.

La famille concernée - tout comme l'auteur du roman support - est issue de la communauté grecque, relativement bien représentée en Australie, et notamment dans l'Etat de Victoria, où 3% de la population est d'origine grecque. La série se passe à Melbourne, capitale de l'Etat concerné. 

On peut donc apercevoir par superposition les différentes cultures latines/anglo-saxonnes/autres en présence.

Au delà, ces huit portraits - tout particulièrement celui d'Hector, pivot de l'histoire - sont magnifiquement brossés, encadrés et valorisés par une équipe de réalisation hors pair qu'il faudra sans doute surveiller via les prochaines productions australiennes.

Pour compléter l'été, quelques autres séries peuvent être mentionnées, même si elles n'égalent pas les deux premières.

- A l'intérieur : production franco-française du service public, qui manque sans doute un peu de sous. Hélas, on a l'impression d'avoir déjà vu mille fois une enquête policière en cadre confiné, comme ici une clinique psychiatrique. On a regardé quand même, et, au final, pour une seule chose : Béatrice Dalle en commissaire de police. C'est assez crédible et assez réussi. Bravo.


- Boss, série US déjà ancienne (2011-2012). C'est presque un classique, mais elle est inédite en France. le Boss en question est le Maire de Chicago - poste important s'il en est - qui apprend qu'il est atteint d'une maladie neurodégénérative peu connue mais terrible : la démence à corps de Lewy, dont on apprend beaucoup de choses au fil des 18 épisodes répartis sur deux saisons. 

On apprend aussi beaucoup de choses véridiques et très précises sur le jeu institutionnel entre une grosse collectivité américaine et l'Etat fédéré - en l'occurrence l'Illinois, donc entre un Maire et un Gouverneur. Ce jeu difficile, du coup, aide à comprendre pourquoi il a été si difficile de gérer l'épidémie aux USA.

Par ailleurs, sur le caractère de l'homme du pouvoir en question, on retrouve beaucoup d'éléments communs avec House of Cards, qui date de 2013.

Bref, Boss est le type même de série qu'on pourrait retrouver un jour sur Arte compte tenu de son intérêt politique, culturel et social.


- The White Lotus : c'est la série du moment, donc on se méfiait. Mais le label HBO a permis de forcer son envie. On ne regrette pas trop, car les personnages mis en scène sont intéressants et contrastés dans ce remake de Masters And Servants dans un palace hawaïen. Evidemment, le paradis promis n'existe pas, même à Hawaï, et surtout pas pour les employés du White Lotus, ni même pour ses riches clients.

Hélas, le récit est un peu faiblard et la fin précipitée est totalement bâclée : pourquoi avoir donc limité la série à 6 épisodes ? On annonce une deuxième saison, en espérant qu'elle surmonte les défauts soulignés.


- Enfin, on a repris fin juin avec bonheur la formidable série The Good Fight dans une 5° saison, en collant l'actualité US - comme dans les saisons précédentes - et notamment l'après-Trump et les conséquences de l'assaut du Capitole du 6 janvier 2021... Félicitations à la production et aux scénaristes !

lundi 12 juillet 2021

Les séries de mai et juin : Domina, Messiah, Mare of Easttown, Ramy

 Une belle moisson de séries pour mai et juin.

Cela faisait longtemps qu'on attendait une nouvelle série sur l'Empire romain. La voici sur Sky : Domina propose huit épisodes, tous tournés dans les prestigieux studios de Cinecittà, à Rome évidemment.

Comme son nom l'indique, Domina endosse le point de vue des femmes romaines. Mais attention : pas de n'importe quelles Romaines ! 

On y parle des grandes épouses des hiérarques qui se succèdent après la mort de l'assassinat de Jules César, période troublée, juste entre la République et l'Empire, où l'on pouvait passer en très peu de temps du panthéon aux oubliettes de provinces lointaines, de préférence humides et glaciales.

Comme toujours dans les séries historiques, on traque malgré soi les anachronismes ou les erreurs historiques, et on les repère assez bien. Mais ils n'empêchent pas heureusement de se prendre au jeu des nombreuses intrigues. C'est donc qu'ils ne sont pas si importants.

Il n'a pas été choisi de tourner en latin, mais en anglais. Passons, mais on se souviendra que la série allemande Barbarians/Barbares (2020) faisait parler ses personnages totalement en latin, et c'était plutôt réussi.

On mentionnera au passage Isabella Rossellini en matrone aristocrate. 

Domina se regarde bien, même si les zigzags des intrigues et de l'arbre généalogique des Julio-Claudiens peuvent faire plisser le front. 

Enfin, Livia Drusilla, la principale héroïne, s'inspire d'un personnage féminin qui a eu une réalité historique très importante : elle était au cœur de la famille qui produit les cinq premiers empereurs romains. C'est dire si elle s'y connaît en matière de pouvoir familial et impérial.

Messiah/Le Messie est une série atypique, attachante et courageuse. Son principal ressort narratif est terriblement simple mais terriblement efficace : et si le Messie revenait aujourd'hui. Du coup, le spectateur est ballotté en permanence entre deux réalités : s'agit-il d'un imposteur, mais plutôt doué côté escroquerie et manipulation des foules, ou s'agit-il vraiment d'un personnage prophétique capable de changer la réalité du monde d'aujourd'hui en utilisant les moyens d'aujourd'hui ?

Evidemment, les réseaux sociaux sont parmi les leviers les plus utilisés par le personnage et son entourage.

L'ensemble tient debout malgré la gageure, et les scénaristes ont fait un bon travail d'équilibrage, sans jamais tomber dans la mascarade ni l'outrance.

La programmation d'une deuxième saison rencontre évidemment pas mal d'obstacles : la série est américaine et les détracteurs d'un côté ou de l'autre ne manquent pas. A suivre.

Enfin, et pour l'anecdote, le Messie, ou plutôt le magnifique acteur qui l'incarne, Mehdi Dehbi, est né... à Liège ! Ainsi soit-il 😅

Les deux autres séries sélectionnées sont construites autour de deux acteurs formidablement intéressants.

On comprend dans Mare of Easttown que le personnage principal s'appelle en fait Marianne, et que Easttown est le lieu où elle a toujours vit et travaillé, petite ville imaginaire de l'est de Pennsylvanie, même s'il existe vraiment près de Philadelphie un lieu appelé Easttown Township - lieu prédestiné à n'être qu'un non-lieu compte tenu de sa dénomination.

Nous sommes dans l'Amérique US profonde, loin des splendeurs financières et architecturales des grandes villes de la côte Est des Etats Unis. 

Mare est policière, métier pas facile à exercer sur le lieu de son enfance, où l'on connait tout le monde depuis le jardin d'enfants. 

Mais l'intérêt principal de la série est que ses créateurs se sont amusés à y projeter Kate Winslet dans le rôle de Mare. Quelle rencontre entre l'actrice fétiche de plusieurs générations entières et cet environnement grisâtre !

Elle a maintenant 45 ans dans la vraie vie. Sans fard, son jeu est magnifiquement de retenue, de sobriété et de dignité, faisant parfaitement oublier la Rose du Titanic. Elle avait à l'époque 22 ans.

La narration est captivante et solide, ce qui ne gâche rien de la mini-série : sept épisodes de 57 minutes, durée adaptée à une bonne étude des caractères, comme il est souvent nécessaire pour les (bonnes) séries policières. On aime.

Dans Ramy, les passionnés d'études interculturelles se régaleront. Tout au long des deux saisons (10 épisodes chacune), on y retrouve tous les mécanismes bien connus des relations interculturelles : fabrication et utilisation des préjugés, racisme à rebours, comédie des différences, ethnologie de comptoir, folklorisation des cultures en présence etc.

C'est que le créateur de la série en connait un rayon, comme immigré de première génération : il s'agit de Ramy Youssef lui même, né à New York, issu d'une famille égyptienne, acteur, comédien de one man show dans la vraie vie.

Ce Ramy réel est le même qui tient le premier rôle dans la série. C'est tout dire des éléments biographiques retrouvés au fil des épisodes, et tout y passe : religion (musulmane évidemment), sexualité, famille élargie ou non, mariage, amitiés, études, boulot, interdits alimentaires et autres... 

Il en prend tant et tant sur lui, que Ramy force rapidement une immense sympathie face à sa grande ingénuité devant l'en même temps (des deux cultures) qu'il essaie de capter, sans évidemment à y arriver car Ramy est et reste un américain, hélas pour lui !

Mais attention : cette série est sérieuse sous ses aspects de comédie. Comment faire autrement s'agissant d'enjeux contemporains essentiels pour toutes les sociétés, qu'elles soient de départ ou d'accueil ? Ou faut-il préférer la guerre de tous contre tous ?

Enfin, la série est produite et diffusée par Hulu, plate-forme vidéo américaine dont Disney est propriétaire à deux tiers. On peut féliciter Disney de s'ouvrir si largement à l'évolution des mentalités et aux enjeux sociaux contemporains via Hulu, comme en témoigne pas mal de séries produites par Hulu : Mrs America, Love Victor, The Handmaid's Tale/La Servante écarlate, A Teacher, The Path...

Deux mentions particulières à ajouter : The Knick et On the Spectrum.

Série américaine, The Knick - qui désigne l'hôpital Knickerbocker de New York - nous renvoie à la réalité de la médecine au début de XX° siècle. La reconstitution y est impeccable et sérieuse, sur fond de discrimination raciale implacable.

Quant à On the Spectrum, mini-série israélienne proposée par France TV en ce moment, c'est un grand coup de cœur : elle décrit la vie quotidienne décalée de trois jeunes adultes autistes installés ensemble dans un appartement adapté. On y trouve beaucoup de traits comiques, mais aussi beaucoup de douleurs : celles de la maladie mentale lucide sur elle-même, si difficile à dépeindre vue de l'extérieur. Bravo pour ce tour de force.

dimanche 2 mai 2021

Les séries du printemps : Deutschland 83-86-89, For all Mankind, The Plot against America, Staged

Le printemps nous apporte quatre séries d'anthologie apportant au public le meilleur des récits contemporains. Chacune, dans son genre, nous place au cœur de la grande histoire de manière originale, crédible et édifiante.

Chacune des saisons de Deutschland porte l'année de leur récit : 1983, 1986 et 1989, cette dernière année étant cruciale pour l'histoire de l'Allemagne. 

La série nous place en RDA, jusqu'à la disparition du pays, absorbé si vite par la République fédérale.

 Autant dire que celui qui s'intéresse à l'histoire allemande contemporaine n'y perd par une miette : espionnage continu et multiforme de l'Ouest par l'Est, discours idéologique marxiste-léniniste omniprésent dans l'espace public, flicage à grande échelle de la population, pusillanimité des dirigeants, complaisance servile vis à vis de l'URSS etc.

Autant de stigmates qui expliquent qu'il n'était pas possible de sauver quoi que ce soit de ce pays factice. Mais sans doute la série nous engage à ne rien oublier, tout en s'interroger sur ce qu'est une démocratie, ici ou là, entre sécurité, égalité et liberté. Sic transit.

On retrouve dans les intrigues et la vie des personnages tous ces ingrédients, servis par d'excellents acteurs. 

Malheureusement, les trois saisons ont été diffusées de manière un peu erratique, aux Etats Unis (réseau Sundance, puis Amazon Prime), en Allemagne (RTL) et sur Canal Plus, mais de manière quasi-confidentielle. C'est dommage : on pourrait espérer qu'une chaîne comme Arte par exemple puisse lui donner un plus large public en France, car elle le mérite. 

Au passage, on n'oubliera pas la fameuse citation de François Mauriac J’aime tellement l’Allemagne que je suis ravi qu’il y en ait deux (Le Temps d’un regard, 1978, Jacques Chancel). La phrase aurait pu être prononcée par un autre François - Mitterrand - qui ne croyait pas trop à la réunification pour sa part. La série y fait une autre réponse, celle de l'histoire.



For all Mankind est une uchronie formidablement intéressante, notamment pour ceux qui sont passionnés de conquête lunaire. La série part d'une réalité tout à fait plausible : les soviétiques sont arrivés sur la Lune avant les américains à la fin des années soixante.

De là, on pouvait craindre une série centrée sur le sentiment national américain blessé, de qui est le cas dans les premiers épisodes. 

Heureusement, le récit prend de la hauteur et il réécrit complètement l'histoire de la conquête lunaire : envoi d'une femme sur la Lune - toujours le fait des soviétiques -, établissement de bases permanentes sur la Lune (une pour les USA, une pour l'URSS), exploitation des ressources lunaires, recrutement d'astronautes femmes, promotion d'ingénieurs femmes qui finissent d'accéder aux postes les plus hauts de la NASA... On peut rêver, non ?

Ce cadre général fournit beaucoup d'histoires et de rebondissements tout au long des deux saisons existantes (10 épisodes par série d'une cinquantaine de minutes), et pourront sans aucun doute produire une troisième, en projet. 

Il permet aussi de laisser passer plus facilement le sentimentalisme familial qui n'échappe jamais à une série US, tout comme le ketchup (Heinz) dégouline dans toute cuisine yankee.

Au Québec, le titre est Pour toute l'humanité, qui est une parfaite traduction : qui doit représenter tout l'humanité dans les étoiles ? Cela ne peut pas être forcément que les Etats-Unis, non ?



Deuxième uchronie de cette sélection : The Plot against America/Le complot contre l'Amérique, adaptation TV du roman de Philip Roth, mais on peut faire confiance à HBO pour produire des contenus télévisuels de bonne qualité, ce qui est le cas.

Cette mini-série de 6 épisodes de 55 minutes mériterait une deuxième saison tant la fin de la première saison est angoissante.

L'argument est simple mais terriblement efficace : Charles Lindbergh - l'aviateur bien connu - remporte l'élection présidentielle de 1940 en battant Roosevelt. Comme militant du mouvement America First Committee - cela rappelle quelque chose de plus récent, il était contre l'implication des Etats Unis dans la deuxième guerre mondiale et germanophile, ce qui à l'époque témoignait de sympathies nazies.

Dans la vraie vie, Lindbergh avait proclamé en public en 1941 : Les trois groupes les plus importants qui ont poussé ce pays-ci à la guerre sont les Britanniques, les Juifs et l'administration Roosevelt

De là, la série décrit les conséquences de l'arrivée d'un tel homme - héros noir - à la Présidence fédérale sur la vie politique et sociale des Etats Unis au travers d'une famille juive, mais aussi bien américaine : persécutions, guerre civile, désordres violents, meurtres politiques, apartheid d'une partie de la population, apparition des "collabos", attaque des institutions politiques en place - cela vous fait penser aussi à quelque chose de plus récent aussi, non ?

On ne peut pas ne pas évoquer les vagues d'intolérance, de racisme, de violence et de délire complotiste que Trump a suscitées pendant son mandat. La fin de la série n'indique pas quel est le vainqueur des élections de 1944 dans cette effrayante réalité parallèle, mais on sait qu'elles seront contestées.

Une série salutaire, providentielle. effarante, en espérant qu'elle ne soit pas prémonitoire de surcroît.


Ouf, beaucoup plus est légère est Staged, série britannique, mais remarquable à plusieurs titres.

Elle est issue du premier confinement du Royaume Uni. Désœuvrés, deux immenses acteurs que sont Michael Sheen et David Tennant décident de jouer leur propre rôle, dans leur propre domicile, avec leur propre famille, en utilisant la visioconférence... et en faisant intervenir d'autres acteurs, dans leur propre rôle.

Nous sommes donc dans un parfait exercice de style, destiné en l'occurrence à la BBC One (On l'aurait parié !), mais à ce niveau, on se laisse embarquer très vite même si le prétexte est mince : préparer la mise en scène de la pièce de Pirandello, Six personnages en quête d'auteur

Tout y passe au cours des deux saisons (14 épisodes au total de 22 minutes) : les reproches voilés mutuels, les petites hypocrisies du métier, les rivalités des deux egos en présence -évidemment immenses- sans oublier le poids du quotidien, essentiel dans une situation de confinement strict.

On rit beaucoup, compte tenu de ce formidable exercice d'autodérision des deux acteurs principaux et de leurs prestigieux invités ou invitées à découvrir.

On connaissait leur talent, bien sûr, mais le mettre au service du public de manière aussi contrainte relève d'une immense compétence professionnelle : divertir intelligemment en s'utilisant soi-même sans lasser ni offusquer. Chapeau bas.

PS : Cadeau bonus pour les anglophones : l'un est gallois (Michael Sheen), l'autre est écossais (David Tennant), les autres sont anglais ou américains... on se régale de tous ces accents.

lundi 22 mars 2021

Les séries du début de l'année : The Wire, Normal people, Servant

Attention, les séries vues au début de l'année sont saisissantes : un grand classique (The Wire) et deux séries plus récentes (Normal People et Servant). L'ensemble est anglophone, mais de plusieurs racines différentes : Etats Unis, Angleterre, Irlande.

Il ne faut pas se tromper, sous ses aspects de série policière typique, The Wire est une série univers - déjà considérée comme un grand classique des séries - même si son action se passe exclusivement à Baltimore, la grand port mal fréquenté de la côte est des Etats Unis : la grande et la petite délinquance y portent les statistiques fédérales très haut dans la vraie réalité.

Baltimore est comme un microcosme, réceptacle de la misère du Monde : drogue, argent, corruption, trafic des êtres humains, inégalités immenses, manque d'éducation, cupidité et tutti quanti

Alors, quel intérêt, alors qu'on a déjà vu mille séries US basées sur le sempiternel jeu des gendarmes et voleurs ? 

The Wire tient son formidable architecture du caractère de ses très nombreux personnages, blancs, latinos, blacks... Immédiatement reconnaissables, très vite définis par l'intrigue, on s'y attache vite, de quelque côté ils se trouvent. 

Sans doute parce que les scénaristes ont bien travaillé : en quasi totalité, ce sont des héros tragiques. Leur condition, leur histoire, leur place dans le microcosme les prédestinent à leur rôle mais de manière lucide, comme ironiques devant l'indigente poignée de cartes que le sort leur a jetée.

Au passage, The Wire est aussi une réflexion expresse, vivante et concrète sur les différentes théories de la lutte contre la délinquance mises à l'oeuvre dans les sociétés modernes.

Le titre français est bien traduit : Sur écoute, mais les techniques d'enquête mises en scène sont bien moins cruciales que le jeu du facteur humain.

Pour le reste, les intrigues sont fouillées et intéressantes tout au long des cinq saisons, qui compte 60 épisodes d'une heure. On en redemanderait.

Attention, nous sommes au sommet du genre avec Normal People. Peut-être avons-nous affaire à une des meilleures séries jamais tournée sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte de ces dernières années ?

Produite par la BBC 3, tournée en Irlande, la série est magnifiquement mise en scène, mise en photo et jouée avec une immense sensibilité, pleine de nuances et d'expressivité retenue.

Cette qualité - souvent constatée dans les séries britanniques - est quasi-bluffante, mise au service d'un récit clair, parfaitement maîtrisé, emportant le spectateur sur 12 épisodes d'environ 30 mn, aucune autre saison n'étant attendue.

On n'a pas envie de paraphraser médiocrement le propos de cette équipe hors pair. On peut donc voir ce travail sans perdre pas son temps - l'accent irlandais en plus.

Servant est une authentique série fantastique, au sens technique : en permanence ballotés entre les explications rationnelles et le recours à l'irrationnel, les personnages tentent de comprendre la disparition du bébé de la maison, et d'agir en conséquence. Et le spectateur suit.

Nous sommes dans un beau quartier de Philadelphie, mais on ne sort pas de la belle maison du beau couple concerné, le reste du monde n'étant aperçu par le téléviseur. 

Curieusement, les deux acteurs masculins principaux sont anglais - de même que le créateur de la série : sur ce plan là aussi, nous sommes encore dans l'indétermination, car la série est quand même américaine.

Deux saisons, comportant au total 20 épisodes courts (30 mn environ), créent une ambiance captivante, dans une relative sobriété de moyens.

Les sériephiles seront contents de retrouver l'actrice jouant les personnage de Claire - la plus jeune de la famille Fisher- dans Six Foot Under... vingt ans après (Lauren Ambrose) . Et les vieux fans d'Harry Potter retrouveront de leur côté Rupert Grint, qui jouait Ron Weasley - le petit roux - dans tous les films d'Harry Potter.

samedi 16 janvier 2021

Les séries de la fin d'année 2020 : The Crown, Hutafim, La Valla, Unbelievable


Si la série espagnole - la Valla (L'Autre Côté) - est une nouveauté, les trois autres séries de la fin d'année 2020 relèvent de la liste de course trainée de mois en mois, puis enfin mises sur l'agenda réel.

The Crown a occupé l'actualité récente pour la sortie de sa saison quatre, d'où il est question principalement des affaires de cœur de Charles. Evidemment, c'est la saison la moins intéressante, car les trois premières sont assez captivantes de manière surprenante.

On attendait une chronique de l'actualité heureuse ou malheureuse des têtes couronnées, à lâcher dès le premier épisode si l'on s'y occupait essentiellement de la vie sentimentale les membres de la famille royale britannique. 

Or, The Crown s'alimente en fait des grandes affaires historiques du Royaume-Uni : dislocation de l'Empire, abdication d'Edward VIII - autant pour cause de mauvais mariage que de sympathies nazies -, décrépitude de Churchill, situation particulière du Pays de Galles, crise de Suez, relations complexes avec les Kennedy, grandes grèves des mineurs des années 70, personnalité des Premiers Ministres successifs etc. On ajoutera la curiosité à regarder comment fonctionne le couple monarque/premier ministre aux yeux français et très républicains.

Ces éléments authentiques permettent de supporter assez bien l'autre versant de la série, c'est à dire les historiettes des membres de la famille royale. Malheureusement, cet équilibre est rompu pour la quatrième saison, complètement déstabilisée par l'arrivée de Diana. Ceci correspond peut-être à une partie de la réalité, mais elle est parfaitement anecdotique au regard de l'histoire récente du Royaume-Uni. Dommage, et on s'ennuie, forcément, car on sait comment cela se termine.

Par ailleurs, sur l'ensemble des épisodes, on trouve très peu d'éléments sur les relations avec l'Irlande (Sud et Nord) et aucun sur l'Ecosse en dehors des paysages entourant Balmoral. Etonnant, non ?

Le reste est parfait : les gros moyens disponibles permettent de reconstituer les différentes époques avec beaucoup de minutie, les acteurs sont formidables (nous sommes en Angleterre, la patrie du théâtre !)... 

En pleine conclusion du Brexit, la série devient une espère d'hommage à l'attention de la perfide Albion.

Hutafim nous renvoie en Israël, les autres séries israéliennes vues récemment - Fauda, When Heroes Fly et Our Boys - ayant attiré l'intérêt. Ce fut encore le cas cette fois, avec les mêmes ingrédients : exiguïté des territoires, proximité des conflits armés, société occidentale confrontée à la violence armée extrême.

Le ressort essentiel d'Hutafim ("les kidnappés") est simple : que se passe-t-il quand des soldats d'Israël sortent d'une détention de 17 ans en Syrie. Les deux saisons explorent de manière quasi-systématique les conséquences psychologiques, familiales, politiques du kidnapping et ses corollaires, notamment l'échange de prisonniers qui est à l'origine de l'intrigue, très contesté. 

Nous avons affaire à de passionnants tableaux psychologiques, très fouillés et servis par les meilleurs acteurs. Nous avons aussi affaire à une chronique très réaliste de la vie quotidienne en Israël, qui, par sa complexité géopolitique, suffit sans doute à nourrir bien d'autres séries de qualité à l'avenir.  

Une précision : ces évènements n'ont pas existé, mais des faits réels peuvent les rendre crédibles sans problème au regard du spectateur.


La Valla (L'Autre Côté), série espagnole, accumule d'énormes défauts : jeu d'acteurs approximatif, récit bancal, intrigue remplie d'invraisemblances, au point de gêner le spectateur de manière récurrente. Mais l'intérêt de la série est ailleurs. 

Nous nous trouvons dans une Espagne future et dystopique, gouvernée par une dictature impitoyable. Tout au long des treize épisodes d'une première saison, on ne peut pas ne pas penser à ce qui se passait dans le pays entre 1936 et 1975. A ce titre, on retiendra le souci oppressant et meurtrier du détail engendré par toute utopie, au final toujours despotique.

Pour finir, on note Unbelievable, une mini-série américaine de huit épisodes retraçant une enquête réelle de police contre un violeur en série : c'est le meilleur de la fiction télévisuelle US, servie par de formidables actrices. Ne pas manquer.

dimanche 25 octobre 2020

Les séries d'octobre : The Killing, Hinterland, Rebellion

Trois belles séries européennes bien enracinées dans leur terroir européen et produites dans les trois cas par le service public de télévision respectif de chaque pays concerné - est-ce un hasard ? - pour octobre : Copenhague, Dublin et le Pays de Galles.

Produite par DR1première chaîne danoiseThe Killing (Forbrydelsen, littéralement « le crime », en danois) présente 40 épisodes sur 3 saisons, la première comportant 20 épisodes de 55 minutes, pas moins. 

Cela laisse le temps de fouiller l'intrigue, de présenter les personnages principaux et d'enraciner la narration dans une réalité crédible, celle de la société sociale et politique du Danemark actuel. L'ensemble est réussi, et les spectateurs danois, anglais et français ont adhéré à cette série pourtant sans effets extraordinaires : près de 600 000 spectateurs en aout 2012 sur Arte lors de sa première diffusion. Pas mal.

On ne détaillera pas les récits, car il s'agit d'une série policière dont il importe de ne pas entamer le suspens. 

Mais un peu souligner deux points principaux au moins pour expliquer le succès : l'actrice principale (Sofie Gråbøl) et l'aller et retour permanent entre le milieu politique et les avancées des enquêtes.

Principal personnage, Sarah Lund, porte sur ses épaules les enquêtes quoi qu'il en coûte et tout y passe : vie familiale (mais c'est très souvent dans les thrillers), amitiés professionnelles et personnelles, promotion professionnelle et même garde-robe et coiffeur... C'est le cas pour d'autres personnages d'autres séries, comme par exemple le Capitaine Laure Berthaud (Caroline Proust) dans Engrenages.

Mais nous sommes au Danemark et non en France ni aux Etats Unis : l'héroïne est taiseuse et souvent impénétrable. Les mots ne l'aident pas : elle préfère agir, imperturbablement, laissant souvent en plan ses collègues, ses interlocuteurs, ses chefs.. entrainant avec elle le spectateur dans son monde et celui-ci la suit, d'autant que ses intuitions sont évidemment les bonnes. On aime.

D'autre part, les enquêtes croisent vite les gouvernants de la capitale danoise et ceux du pays - c'est un petit pays. et nous retrouvons le jeu compliqué des coalitions politiques des différents partis politiques qui forment un gouvernement, municipal ou national, parfaitement inconnu en monarchie élective comme est bien la France. Sur ce plan, on pense inévitablement à Borgen.

Il est pourtant presque étonnant de trouver dans cette démocratie exemplaire le mensonge, la dissimulation, la trahison, le souci de bien communiquer comme partout où les êtres humains exercent un pouvoir sur les autres. Une démonstration de Realpolitik au passage. On en demandait pas autant, mais on accepte le divertissement. 

Produite par la BBC Cymru WalesHinterland/Y Gwyll partage beaucoup de points communs avec The Killing : principaux personnages taciturnes, narrations très élaborées issues souvent d'un passé humain douloureux individuel ou collectif, pressions hiérarchiques sur les enquêtes... 

Mais nous sommes cette fois à la campagne XXL : les magnifiques paysages côtiers et venteux du Comté de Ceredigion au Pays de Galles ne peuvent pas en cacher l'extrême dénuement, territoire vidé d'habitants, de services, d'économie, d'avenir.

Mais au moins une culture millénaire est-elle présente : la langue galloise - cousine du breton, pour dire vite - est partout. Elle est utilisée encore par 20% de la population, et les acteurs de la série - gallois - savent prononcer justement les noms de lieu ou de personnes, si étrangers aux oreilles des locuteurs des langues latines ou anglo-saxonnes. 

Cet environnement compte beaucoup dans l'intérêt de la série, qui a d'ailleurs été diffusée en son temps par toutes les chaînes TV locales en Bretagne et... en breton.

Attention, nous sommes sur un format inhabituel : 1 h 30 par épisode. La série en compte 13 épisodes répartis en 3 saisons. Tout comme The Killing, le format permet de fouiller partout dans tous les aspects des enquêtes, même si on en sait beaucoup moins sur la vie des policiers que sur leurs suspects, même si des éléments arrivent au fil des saisons.

Les deux inspecteurs, principaux personnages, forment un couple étonnant - Tom Mathias (Richard Harrington) et Mared Rhys (Mali Harries)  dont le jeu est tout en non-dit, chacun essayant d'apprivoiser l'autre, même si les enquêtes l'emportent toujours au final.

Produite par le service public de radiodiffusion et télévision en Irlande, RTE, Rebellion nous fait traverser la mer d'Irlande. La Rebellion, c'est en fait la guerre d'indépendance de l'Irlande, si mal connue ici. 

Comme dans la vraie histoire, la première saison met en scène la grande insurrection de Pâques 1916début de cette vraie guerre de libération, alors que l'Europe est évidemment occupée à d'autres choses sur le continent.

La mini-série - deux saisons de 5 épisodes - endosse évidemment le point de vue irlandais, et dépeint assez les horreurs d'une guerre anticolonialiste et multiséculaire en étant apparemment fidèle aux faits et aux mentalités de l'époque, et la reconstitution historique est réussie. 

Un personnage de la série, anglais, déclare Vous allez donner un pays qui était le nôtre depuis 1014 à un instituteur ? L'Irlande était rattachée à la couronne britannique depuis cette date : c'est dire le ressentiment, l'animosité, les rancœurs accumulés à surmonter.

C'est l'occasion de se donner en effet quelques repères sur l'histoire de l'Irlande, qui ne fut certainement pas un long fleuve tranquille, l'Angleterre remplissant parfaitement son rôle de superpuissance hégémonique et impitoyable.

Et, dès qu'on prend pied dans cette histoire, on est submergé par une énorme admiration : les personnages qui ont guidé la guerre jusqu'à l'indépendance étaient remarquables - dont certains sont morts dans les années 70 du XX° siècle - ce n'est pas si loin dans le temps. Ils ont préparé et organisé cette révolution clandestinement, comme en territoire ennemi - qui était pourtant le leur. La série leur donne visage et hommage. Elle permet aussi de se poser concrètement une question pratique et importante : comment construire secrètement un nouveau pays à partir de zéro tout en préparant une guerre ? Bon courage.

Pour finir, on signale la tout nouvelle série allemande Barbares, qui traite de l'occupation romaine en Germanie, et notamment de la bataille de Teutobourg qui fut un désastre pour les légions, et qui a marqué l'arrêt de la conquête romaine au nord de l'Allemagne actuelle. 

Compte tenu de l'époque lointaine, on s'attendait à une série folklorisante et remplie d'anachronismes : mais que nenni ! Les Romains y parlent vraiment un beau latin, la reconstitution de l'époque est convaincante et les personnages semblent crédibles dans leur rôle. A suivre.

dimanche 30 août 2020

La série d'août : Suits

Il fallait au moins neuf saisons et une canicule pour y venir au bout. Nous sommes à New York et dans le monde des avocats et cabinets d'affaires. 

On n'y comprend pas tout mais on sent assez vite que nous sommes dans l'univers impitoyable de l'argent - bien ou mal acquis, où toutes les amitiés, les relations professionnelles ou personnelles se monnayent comme une deuxième nature.

Mais de fait, les affaires évoquées ne sont que le support - voire même l'alibi - pour que les personnages agissent et interagissent.

L'arrivée de l'imposteur, faux avocat, faux étudiant d'Harvard - mais vrai surdoué - est le point de déséquilibre de la mécanique compliquée des affaires, car malgré tout, celles-ci ont toujours besoin de confiance pour se conclure.

Les neuf saisons permettent de fouiller à l'envi les vies et les caractéristiques de chaque personnage principal et de laisser apparaître les personnages secondaires. Les qualités des acteurs permettent ensuite d'ajouter cette dimension indispensable qui créé une série de qualité et captivante.

On ne peut pas ne pas penser à l'autre série judiciaire américaine The Good Wife et à sa dérivée The Good Right, où l'on retrouve les mêmes caractéristiques surprenantes de la justice américaine, nourrie de transactions souvent bancales, arrachées à coup de millions de dollars et souvent éloignées de la réalité des faits, pourvu que l'on trouve un coupable quelque part et surtout assez d'argent.

Mais dans Suits la dimension politique, sociale et culturelle des procès est volontiers reléguée au second ou au troisième plan pour toujours laisser cours au jeu des personnages.

Il reste au final pas mal de plaisir, notamment pour compter les innombrables conséquences - souvent graves - de la trahison originelle, dans un milieu où les diplômes des grandes universités sont le levier essentiel pour l'élite US de se reproduire elle-même.

Les titres en français sont Suits : Avocats sur mesure en France et Suits: Les deux font la paire au Québec, mais ils n'apportent pas grand chose et sont un peu mièvres compte tenu du contenu de la série.

On en restera donc au jeu de mot en anglais Suits, qui désigne le costume des hommes d'affaires, mais aussi les poursuites judiciaires... Et il est vrai que la série nous permet de croiser une quantité incroyable de délinquants, mais en col blanc 😕