Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


samedi 2 mai 2009

Malaise dans la civilisation : l'exposition "Our Body"


Cette couverture de l'Officiel des Spectacles, redoublée par l'intense campagne d'affichage faite à Paris en février dernier, m'a fait frémir, sachant que l'exposition en question mettait en scène macabre de vrais cadavres humains en affirmant bien haut un alibi scientifico-éducatif.

Mais l'éducation a-t-elle besoin de cadavres humains pour se faire ? Et pourquoi tous les lieux d'exposition à vocation scientifique ont-ils refusé d'accueillir l'exposition ? Qu'est-ce que cette exposition apprend donc qu'on ne pourrait voir sur des modèles anatomiques que l'on sait depuis longtemps parfaitement reproduire ?

Cette exposition crée le malaise à n'en pas douter : malaise moral, malaise anthropologique... Qu'elle soit initiée par la Chine laisse à penser : et s'il s'agissait d'envoyer un signal à l'occident ? Voyez, la vie humaine n'est pas si précieuse, pour qu'on puisse ainsi exhiber la mort de l'être humain.

L'insistance des organisateurs sur le fait qu'il s'agit de vrais corps est d'ailleurs fort suspecte de tendre à éveiller une curiosité malsaine qui coute d'ailleurs assez cher : 15,50 €, qui dit mieux !

Et, pour finir, accepterions nous que le corps de nos parents, nos grand-parents, nos proches, soient ainsi exhibés ? Et pourquoi exposer des êtres chinois mais néanmoins humains serait-il moins problématique ? N'y-aurait-il pas un peu de racisme à le penser ?

A défaut d'avoir pu justifier la provenance des corps, les organisateurs ont du fermer l'exposition. Tant mieux.

jeudi 30 avril 2009

Encore un nouveau Parot !


Le blog avait présenté Jean-François Parot il y a un an à peu près. Par surprise, une nouvelle livraison est déjà là avec Le noyé du grand canal. Les amateurs de la série, dont je suis un fan maintenant, apprécieront : encore mieux que dans les précédents à mon avis, on trouve reconstituée l'atmosphère, les us et coutumes - en prime, encore quelques belles recettes de cuisine - de la fin de la monarchie entre Paris et Versailles. Nous sommes cette fois une vingtaine d'années avant la Révolution.

L'intrigue est cette fois aussi un peu plus élaborée que pour le Cadavre anglais, au risque de paraitre décousue, tant les épisodes du début - une bataille navale au large de Brest contre les Anglais vue de l'intérieur, rien que ça ! - semblent former digression.

Mais ne boudons pas notre plaisir : bien écrit, le récit s'efface devant sa matière, dense, historiquement impeccable, riches en personnages intéressants dont les cheminements de pensée et les relations donnent une bonne mesure à la fois de la proximité et de la distance qui nous en séparent. Un bon et beau voyage (en malle-poste évidemment) sur les routes de l'ancien régime.

jeudi 23 avril 2009

Buzz asiatique

Figure de Guan Yin, Jiuhuashan, Chine, Province de Anhui

Guan Yin est une figure prépondérante du panthéon bouddhique représentée dans son avatar chinois par une femme aux bras multiples, comme on l'avait présenté sur le blog suite à la visite du Musée Guimet, mais dans une version coréenne. Le Guan Yin, ou Avalokitesvara en sanskrit, est la figure d'une des deux qualités majeures du Bouddha : la compassion - l'autre étant l'Amour.

Le clip ci-dessous, qui fait un buzz, comme on dit, sur l'internet anglophone est d'origine chinoise et reprend cette figure dans une composition ahurissante que je vous laisse apprécier.

On notera qu'un extrait de ce spectacle fut présenté à la cérémonie de cloture des jeux paralympiques en 2004 à Athènes pour annoncer les jeux de 2008 à Pékin. Dans l'indifférence générale.

Cette performance n'a pas été présentée là par hasard : les 21 danseuses forment un groupe animé par l'association des artistes handicapés de Chine. Elles sont en effet toutes sourdes, et ne peuvent même pas entendre la musique sur laquelle elles se produisent.

Le chorégraphe résume l'esprit de la performance en ces quelques mots, qui traduisent sa forte inspiration religieuse bouddhique :

Aussi longtemps que tu es aimable et que tu as de l'amour dans le coeur
Un millier de mains te viendront en aide
Aussi longtemps que tu es aimable et que tu as de l'amour dans le coeur
Tu tendras un millier de mains pour aider les autres



dimanche 19 avril 2009

Un image inversée du pouvoir

Image tirée de l'actualité de ce mois d'avril : le samedi 4, pendant que les grands de ce monde conversaient à Strasbourg au sommet de l'OTAN, que faisaient leur épouses ?

Voici la réponse en image...


... elles visitaient donc la cathédrale en compagnie des ambassadeurs du Tout Puissant sur terre.

Cherchez l'erreur : le monsieur à cravate en quatrième position à partir de la gauche est Monsieur Joachim Sauer, universitaire allemand de renom et grand chimiste de son état. Mais que fait donc Monsieur Sauer sur cette photo ?

Et oui, il est aussi accessoirement le deuxième époux d'Angela Kasner, qui épousa en premières noces Monsieur Ulrich Merkel dont elle garda le nom de famille après son divorce.

Ce qui n'empêcha pas notre Président - heureusement absent de la photo, compte tenu de la taille des sujets photographiés - d'appeler Joachim Sauer "Monsieur Merkel" lors d'une manifestation tout ce qu'il y a de plus officiel :


Passons, il n'est plus à une gaffe près, qui dénote quand même une méconnaissance grave de ses interlocuteurs - mais au moins il pourrait les réserver aux Français sans en incommoder les Allemands, qui n'ont rien fait pour cela, eux.

Nous voici en tout cas en présence d'une espèce d'image inversée du pouvoir, certes impossible il y a un siècle, mais les progrès de la parité paraissent si lents, quand on sait que la première femme premier ministre de l'ère contemporaine est arrivée au pouvoir le 20 juillet 1960.

Revenons au 4 avril à Strasbourg. Et que faisaient les journalistes ? Dans l'impossibilité d'entrer dans le périmètre sacré des excellences, ils prenaient quelques clichés dans les rues avoisinantes... Une autre image inversée du pouvoir, en somme.


Et sinon, quelques autres aperçus de l'actualité de la semaine suivante, respectivement de Thaïlande, Moldavie, Grande-Bretagne et Madagascar (toutes photos AFP) ...


Une semaine ordinaire dans le monde, somme toute...

vendredi 17 avril 2009

Pêcheur de perles musicales (16) : la 3° Leçon de Ténèbres


Le grand François Couperin, musicien de Louis XV, reste plutôt méconnu. Il s'est illustré en son temps surtout comme grand maître du clavecin, mais sa musique vocale vaut plus qu'un détour, et notamment ses leçons de ténèbres, composées en 1714.

Les leçons de ténèbres, curieuse et belle appellation, désignaient une liturgie spéciale, aujourd'hui disparue je crois, qui était celle des offices religieux catholiques qui se déroulait les trois derniers jours de la semaine sainte, d'abord la nuit, puis le soir, et au cours duquel on éteignait une à une toutes les lumières de l'église pour figurer l'annonce de la disparition du Christ et le retour de l'humanité à l'obscurité. Le texte biblique utilisé en support est celui des Lamentations de Jérémie, qui raconte la chute de Jérusalem livrée aux oppresseurs du peuple juif.

Manum suam misit hostis
ad omnia desiderabilia ejus,
quia vidit gentes ingressas sanctuarium suum, de quibus præceperas ne intrarent in ecclesiam tuam

L’oppresseur a étendu la main
sur tout ce qu’elle avait de précieux ;
elle a vu pénétrer dans son sanctuaire les nations
auxquelles tu avais défendu d’entrer dans ton assemblée.

La troisième leçon est spécialement belle, dépouillée, aérienne. En voici deux extraits, comme à l'habitude dans des versions chantées par des hommes et par des femmes. En extrait audio, on trouvera les hommes : la version incontournable d'Alfred Deller et de Philip Todd, puis celle de René Jacobs et Vincent Darras.

En version vidéo, on trouvera les femmes : la version des Arts Florissants chantée par les sopranos Patricia Petibon et Sophie Daneman, puis une curieuse version concert tournée en amateur en 2007 en l'Eglise Saint Nicolas d'Amsterdam, dont la prise de son restitue bien l'ambiance ecclésiale du morceau, évidemment écrit pour que les sons se réverbèrent sous les hautes voutes des églises, quelques bruits parasites de papier froissé en prime ! Les chanteuses sont Tanja Obalski et Lauren Armishaw.

Puis, pour finir, un bel extrait du film d'Alain Corneau Tous les matins du monde (1991), qui utilise le même morceau, dans une interprétation parfaite du grand Jordi Savall avec Montserrat Figueras et Maria Christina Kiehr





Leçons de ténèbres 3






lundi 13 avril 2009

La Hulotte et consorts : petite revue de presse des publications nature.


La Hulotte reste le dernier magazine périodique auquel je suis abonné. Et le seul que je sois capable encore de lire de bout en bout. Son rythme de parution - tous les six mois seulement - a vite fait de vous ramener brutalement au temps qui passe. Le dernier message du blog sur le sujet, il y a 16 mois, se trouve ici.

La dernière livraison vient d'arriver, déjà lue, et je m'aperçois que je n'avais pas fait état ici de la précédente. Deux numéros qui, comme à l'habitude, pétillent de clins d'oeil et d'humour malicieux tout en s'appuyant sur des données scientifiquement impeccables. Voilà qui est fait :


Et pour les amateurs, je viens de découvrir un équivalent suisse, la Salamandre. De même, je fus un temps abonné à la Garance voyageuse, entièrement consacrée aux végétaux cette fois : deux autres publications très sérieuses tout en se prenant pas au sérieux, et qui n'ont pas attendu la vague écolo pour mobiliser autour de la nature et de l'environnement.

Et puis tant que nous sommes dans les plantes, signalons aussi l'existence de Kokopelli, excellente association dont l'objet est de diffuser semences et graines, de préférence introuvables ailleurs. En voici la liste.

Télécharger un numéro découverte en cliquant sur l'image


Télécharger un numéro découverte en cliquant sur l'image


jeudi 9 avril 2009

Vie du blog : cap 10 000 franchi !


Il y a des choses qui émerveillent toujours : qu'un avion puisse voler, par exemple, surtout quand il s'agit de très gros jets hauts comme des immeubles de 10 étages. Ou encore, qu'un blog tout personnel, sans prétention et comme niché dans un recoin du Web, puisse recevoir 10 000 visites en 18 mois d'existence. Voilà pourtant qui est fait, hier exactement.

10 019 visites plus précisément, venant de 97 pays : petite planète, que celle que nous présente internet. Les zones d'ombres du Web apparaissent parfaitement : pas une seule visite venant de nombreux pays africains, rien d'étonnant, de même pour les républiques d'Asie centrale, véritable fracture numérique entre Europe et Asie. Sur le continent américain, en revanche seule la Bolivie fait exception.



Une écrasante majorité de visites viennent de France, rien d'étonnant non plus. Loin derrière, les USA, le Canada et les pays proches. Mais le Brésil, l'Argentine et les trois pays du Maghreb (francophonie oblige) ne sont pas très éloignés dans le tableau. Coucou, au passage, aux amis dont on peut tracer les visites et les rediffusions de messages en consultant le tableau.



Quant aux contenus visités, hors la page d'accueil (évidemment la plus consultée pour un blog au jour le jour) les cycles musicaux prennent les quatre premières places, et notamment les messages sur l'air des pêcheurs de perles de Bizet, dont on avait déjà remarqué le succès, ainsi que ceux proposés sur les musiques du sud. Caillebotte fait ensuite un tabac... mais aussi, curieusement, le message sur l'étrange maison d'acier texane intitulé Quel est le poids d'une maison ? Apparemment, beaucoup d'internautes sont à la recherche d'une réponse à cette question : je crains que leur arrivée sur ce blog ne leur soit d'aucun secours sur ce point.



Merci à tous de ces visites, même si beaucoup d'entre elles sont fortuites et sans lendemain. Encore une fois, la raison nous commande d'apprécier à sa juste valeur ce petit exercice culturel planétaire qu'est l'acte de tenir un blog, exercice totalement impossible et même inconcevable il y a à peine plus de 10 années.

J'ai expérimenté pour ma part ma première connexion internet en 1996, et j'étais à l'époque, je crois, le seul de la (petite) ville où j'habitais alors. Et je me le demande souvent : mais comment faisait-on avant internet ? Pour chercher des informations et des documents, de la recette de cuisine au code général de ceci ou de cela. Pour regarder à quoi ressemble le style de tel ou tel peintre. Pour chercher un numéro de téléphone hors de son département (ah ! l'annuaire téléphonique ! ah ! le minitel) Pour préparer la visite du château ou du musée lointain. Pour réserver son train, son hôtel.

Décidément, malgré une certaine mode, je n'arrive pas à dénigrer ce formidable instrument qui n'est ni plus ni moins dangereux en soi que l'invention de l'imprimerie : on trouve le meilleur et le pire sur l'internet comme sur le papier. Mais évidemment la facilité d'utilisation et la rapidité d'accès fait une différence de degré qui peut rendre prudent. Pour autant, nous ne vivrons plus jamais comme avant, depuis l'apparition de cet outil... puisse-t-il seulement être accessible, vraiment, à tous.

En route pour les 20 000 !




mercredi 8 avril 2009

Spécial copinage : bravo Sébastien !


J'ai connu Sébastien tout jeune dans une vie antérieure, il avait un bon coup de crayon et une personnalité sensible et humble. Il a fait du chemin depuis, a pris un nom d'artiste et il mérite toujours d'être connu. Voici quelques unes de ses créations. Plutôt visuel non ?

samedi 4 avril 2009

Cycle utopies réelles (3) : la saline royale d'Arc et Senans


La saline royale d'Arc et Senans est un lieu magique, exceptionnel, quasi extra terrestre. Un des rares témoins intact du grand siècle qui ne soit ni un édifice religieux, ni voué à l'habitation, mais au travail.

La Saline royale vue du ciel

Elle fut conçue et construite par Nicolas Ledoux, qui est un compatriote - il est né à Dormans, les quelques recherches faites à l'occasion de ce message me l'apprennent, - architecte de Louis XV, au temps où le sel représentait 6% de la richesse royale et où sa production méritait une attention très particulière. Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, elle vaut un voyage, et de très loin.

Arc et Senans dans son environnement

Les sources documentaires sur la saline royale sont nombreuses et il ne s'agit pas de les plagier. Pour notre propos, on peut voir dans l'architecture de la saline la transposition d'une théorie humaniste de prise en charge globale de l'individu directement issue des Lumières.


Malheureusement, comme souvent, ce fort projet n'a pas été mené jusqu'à terme : le demi-cercle actuel, qui contenait les lieux de travail, devait être complété par un autre, comprenant cette fois les logements des ouvriers. Concurrencée par les marais salants des bords de mer, la saline a rapidement périclité compte tenu des techniques à mettre en œuvre pour récupérer le sel : transport de la saumure dans un saumauduc (la seule occurrence du mot jamais rencontrée jusqu'ici) , du bois de la forêt proche, évaporation lente etc.

Outre de nombreux visiteurs du monde entier, la Saline royale accueille aussi des manifestations culturelles et universitaires, ainsi que des séminaires de travail privés . On peut penser que ceux-ci, dans un tel environnement, sont spécialement productifs, et permettent d'isoler le sel de la science par évaporation du flot des opinions probables qui habituellement le dilue. La métaphore était trop tentante, désolé !

Le projet complet


jeudi 2 avril 2009

Science : quoi de neuf ?


Comme tous les ans, je me délecte de la lecture, article après article, de La Science au Présent, synthèse d'une année de progrès scientifiques compilée par l'Encyclopédie universalis. Je sais, on a les plaisirs qu'on peut, mais je retrouve dans cette lecture les cours de philosophie des sciences, jamais oubliés, qui m'ont tant passionné au fil de mes études.

Alors quoi de neuf cette année ? Et bien infiniment de choses : la science va vite. On notera par exemple la vaste entreprise qui consiste à interconnecter toutes les bases de données astronomiques du monde, de très grandes découvertes sur les civilisations précolombiennes, deux ou trois nouvelles races de dinosaures, les premiers développements d'un vaccin anti-tabac, des lasers qui déclenchent la foudre, l'influence du changement climatique sur la migration des oiseaux...

Mais je vous passe la démonstration du lemme fondamental pour les algèbres de Lie ou l'histoire du séquençage du génome mitocondrial des néandertaliens. Il faut savoir en laisser pour les autres, quand même !

PS : Je m'aperçois que le volume est vendu au prix public de 110 €, ce qui fait beaucoup,, nonobstant la grande qualité de la publication, alors que les souscripteurs de l'Universalis l'ont à moitié prix. A réclamer donc gentiment à sa bibliothécaire préférée le cas échéant...

dimanche 29 mars 2009

Afrique : quoi de neuf ?

"Dans la lutte pour la liberté", affiche tchèque, 2° moitié du XX° siècle

Un remarquable travail radiophonique donne aujourd'hui l'envie de parler de l'Afrique. Point de discours généraliste dégoulinant de bons sentiments, mais, enfin, une dissection par le menu des pratiques et intérêts de la société Bolloré au Cameroun, via ses filiales.

Bien sûr, on y retrouve hélas tous les éléments du pillage post-colonial encore en cours. Mais on y trouve aussi des interviews de responsables camerounais d'une lucidité et d'une intelligence rare, qui valent l'audition de ce reportage et donnent, au final, quelques espoirs dans cette nouvelle génération de dirigeants africains.

Au cœur de l'émission, les chemins de fer camerounais, concédés en janvier 1996 à Camrail, filiale du groupe Bolloré à laquelle participe également Total :

Un vrai succès pour les Camerounais, comme on peut le voir sur ce graphique tout ce qu'il y a de plus officiel :

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Pour écouter le reportage, cliquer ici pour télécharger le fichier mp3 correspondant ou utiliser le lecteur ci-dessous :





mercredi 25 mars 2009

Rencontre des cultures : الشاب نجيم

Il faudra bien un jour que la société française arrive à apprécier sa proximité avec les cultures arabes à sa juste valeur. Qu'on le veuille ou non, cette proximité fait désormais partie intégrante du patrimoine culturel national hérité de l'histoire, de la géographie, des mouvements de population entre les deux rives de la Méditerranée.

En effet, dans un monde mondialisé, la familiarité avec d'autres cultures, très différentes à la base, est un bien précieux, et le cadre strictement européen bien étroit, pour une France traditionnellement monolingue et ethnocentrique.




Illustration de cette proximité, voici un clip à l'eau de rose de Cheb Najim/الشاب نجيم, un bébé franco-algérien de 24 ans. Mais qu'on ne s'y trompe pas, il est musicalement très bien entouré, sa voix est intéressante, son expérience musicale est déjà immense et il est en passe un jour de renouveler le genre raï. Le côté kitsch de l'imagerie utilisée est particulièrement attachant : tourné dans un Paris de cartes postales, il évoque à s'en amuser tous les standards du comportement amoureux en pays arabe. ريماس الفنان الفنانة




J'ai personnellement éprouvé cette proximité culturelle lors d'un séjour de découverte du travail social et éducatif aux Pays-Bas. Pendant ce séjour, les collègues néerlandais qui nous accueillaient ont amené la petite délégation française que nous formions dans une maison de quartier fréquentée pour l'essentiel par des ressortissants marocains. Les Marocains arrivaient alors en masse aux Pays-Bas, compte tenu de la fermeture progressive des frontières de tous les autres pays européens.

Au bout de quelques minutes à peine, nous nous sommes brusquement trouvés à parler français, échanger, rire, manipulant les mêmes références et les mêmes codes culturels, avec les Marocains présents, pendant que nos accompagnateurs néerlandais, manifestement ahuris, en étaient réduits à observer passivement cette scène de retrouvailles méditerranéennes que visiblement ils n'avaient pas anticipée - et nous non plus. Bref, nous étions sur la même longueur d'onde spontanément, avec des Marocains que pourtant nous n'avions jamais rencontrés, alors que nos amis bataves ne présentaient le visage que de tristes nordiques.

Nous étions ce jour là infiniment plus proches des Marocains que nous ne l'étions de n'importe quel peuple de l'union européenne... à l'exception notable des mes amis belges francophones au moins.


samedi 21 mars 2009

Une belle semaine à la mer


Des images ensoleillées de bord de mer, de falaise, d'oiseaux marins... ajoutées ce jour à la sélection 2009 après une semaine de déconnexion complète et salutaire. Et quelques belles promenades par dessus le marché - à dénivelés non négligeables pour certaines, côte d'albâtre oblige.



dimanche 8 mars 2009

Cycle utopies réelles (2) : l'Unité d'habitation du Corbusier


Ayant un peu de goût pour l'architecture, la découverte, à Briey (Meurthe et Moselle) , des Unités d'habitation du Corbusier fut une révélation. J'ai infiniment d'admiration pour lui, au nom même de ce qui préside à ce cycle de messages : il a su, il a pu, par son architecture, et sa vision personnelle de son travail, modifier la vie des êtres humains.


Les cinq unités d'habitation qu'il a construites sur les mêmes principes dans les années 50 et 60, à Marseille, Briey, Berlin, Firminy et Rezé, regorgent d'innovations, d'inventions, de trouvailles, qui, a tous les niveaux, de la conception architecturale jusqu'au détail des appartements, en font des lieux à vivre exceptionnels. Elles sont l'illustration même du fait qu'habitat collectif ne signifie pas automatiquement habitat dévalorisé, difficile à vivre, dégradé.

Conçues comme de véritables villages verticaux, organisées autour de rues, offrant différents services, favorisant la rencontre et le contact entre ses habitants, les unités d'habitations sont fascinantes d'inventivité. Et les intentions de leur concepteur sont encore vivantes, même si seule celle de Marseille a pu aller jusqu'au bout de son projet, offrant encore aujourd'hui un hôtel-restaurant intégré, une supérette, un marchand de journaux, quelques autres commerces, un toit terrasse aménagé accessible à tous, dont la vue est évidemment superbe, une école maternelle figure sur la terrasse également.

L'unité de Berlin propose un petit bistrot à l'entrée, des espaces sportifs sur la terrasse, mais aussi une vaste buanderie collective (nous sommes en Europe du Nord). Rezé a gardé également l'école maternelle, c'est là le seul service collectif. Briey abrite depuis peu un snack en rez de chaussée, les appartements de la première rue sont habités en grande partie par des associations de toute nature, et une aile complète du bâtiment, isolée du reste, est dédié à une école de soins infirmiers.

Les Unités d'habitation sont restées de vastes copropriétés bien vivantes.

L'ironie est que celle de Briey était promise à la démolition et que seul le coût des travaux de sa destruction a fait reculer les satrapes qui ne lui voyaient aucun avenir. Elle est en cours de rénovation, enfin.

Appartements montant (en rouge) et descendant (en bleu)
accessibles par la rue (en jaune)


Les unités d'habitation ont des tailles et nombre d'appartement différents, mais leur conception est la même : des modules d'habitation, insérés dans des cases de béton isolées les unes des autres comme dans un casier à bouteilles - la qualité acoustique est donc remarquable. Les appartements sont accessibles à partir de "rues" qui desservent tout l'immeuble dans sa longueur, un étage sur deux. L'étage entre les deux est réservé aux appartements, qui sont traversant à ce niveau là et prennent donc la lumière des deux cotés. Les appartements sont tous sur deux niveaux, soit "montants" (en rouge), soit "descendants" (en bleu). Génial, non ?

Les appartements sont, dans toutes les unités d'habitation, orientés Est/Ouest.





Photos personnelles : cliquer sur les liens suivants
Marseille - Rezé - Briey - Berlin... et bientôt Firminy.


Liens Google Earth pour situer chacune des unités d'habitation :
Marseille - Rezé - Briey - Berlin - Firminy