Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


Affichage des articles dont le libellé est musique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est musique. Afficher tous les articles

samedi 31 juillet 2021

Sur la Playlist de juillet : les frères Sammartini, inconnus du bataillon

On sait que la période baroque est assez longue, du moins telle que les historiens de la musique la caractérise : du début du XVII° jusqu'au milieu du siècle suivant, soit environ 150 ans.

Pendant cette période, on en finit pas d'énumérer tous les compositeurs qui ont laissé une trace de leur musique, sur papier et sur disque. Sans doute plusieurs centaines, d'autant que le baroque s'est répandu dans tous les pays d'Europe et en Amérique latine, comme on l'a vu récemment. 

Par ailleurs, le besoin de musique était immense pour la petite et grande aristocratie, avide de distinction et de distractions, mais aussi avide de ses deniers car on connait peu de compositeurs baroques ayant fait fortune.

Il est sans doute donc pas trop étonnant que l'on tombe sur des compositeurs jamais encore entendus, jamais encore rencontrés, malgré toutes ces dizaines d'années passées à écouter la musique de l'époque.

Avec honte, il faut aujourd'hui consacrer ce message à Guiseppe et Giovanni Sammartini, inconnus au bataillon jusqu'ici.

Guiseppe est l'aîné, né en 1695, et Giovanni est né 5 ans après. Guiseppe a fait sa carrière pour l'essentiel à Londres, où il est mort en 1750, alors que Giovanni est resté toute sa vie à Milan jusqu'à sa mort, à 75 ans... Il reste à savoir si les deux frères ont pu se rencontrer ou correspondre facilement pendant leurs carrières respectives, qui furent très denses des deux côtés.

Le père - Alexis de Saint Martin - était français et hautboïste, établi et italianisé à Milan. Les frontières n'existaient vraiment pas pour ces artistes, dont la mobilité était essentielle pour la plupart d'entre eux. Il fallait bien vivre.

On trouve dans chacune de leur biographie de nombreuses rencontres et coopérations avec les sommités musicales de l'époque, symptômes de leur grande renommée et de la reconnaissance de leur talent : Haendel, Porpora, Bononcini, Farinelli pour Guiseppe, et Glück, Jean-Chrétien Bach, Boccherini pour Giovanni.  L'article de l'Encyclopedia Universalis sur Giovanni indique qu'il a même traité le jeune Haydn de barbouilleur. Toujours aimables, les artistes entre eux.

Il est encore difficile de différencier les oeuvres de l'un et de l'autre : une petite recherche montre vite que certaines sont attribuées soit à l'un, soit à l'autre, de manière indifférenciée. 

Giovanni fut plus prolifique, surtout dans le genre de la Symphonie : on en atteste environ 70 ! Guiseppe quant à lui a composé essentiellement de la musique de chambre : sonates et concertos., toujours en quantité.

Des deux côtés, il reste une musique bien construite, très harmonique et très fluide - et on y entend souvent les tonalités de Haendel et de Haydn selon que l'on entend Guiseppe ou Giovanni. 

De quoi écouter pour le reste de l'été - au moins.




dimanche 6 juin 2021

Sur la Playlist de juin : Zipoli et Hanacpachap cussicuinin

Le blog a déjà fait état de la musique baroque des Andes, produite par les jésuites dans les colonies guaranis comme par un repli étonnant de l'espace et du temps.

C'est ainsi qu'on trouve des formations musicales baroques en Bolivie, au Paraguay et en Argentine, perpétuant cette histoire jusqu'à nos jours.

Et les musiques jésuites missionnaires ne finissent pas d'étonner par leurs couleurs, leurs sonorités, leur singularité : il se passe rarement une saison sans avoir écouté ou réécouté les productions existantes, et il reste encore beaucoup à explorer en la matière.

On peut se mettre dans l'oreille un extrait de la Messe San Ignacio de Domenico Zipoli avec la première vidéo. Ce jésuite toscan, né en 1688, est mort de tuberculose à 37 ans près de Cordoba, dans l'actuelle Argentine, par les hasards de sa mission.

Certains de ses manuscrits ont été retrouvés à Chiquitos en Bolivie actuelle en 1957. 

Il est assez stupéfiant que la musique de ce jeune homme ait pu être diffusée si largement au cœur de l'Amérique de sud, bien après sa disparition.

La deuxième vidéo live et brute perpétue le souvenir de la musique baroque du XVIII° siècle en Amérique du Sud, avec ce commentaire de l'éditeur de la vidéo :

L'Ensemble Moxos est issu de l'école de musique du village de San Ignacio de Moxos, une ancienne mission jésuite de l'Amazonie bolivienne qui a gardé jusqu'à aujourd'hui la tradition culturelle et religieuse léguée par les jésuites depuis sa fondation en 1689. Les flûtes de Pan géantes typiques de la région sont appelées bajones en espagnol.

Après leur expulsion en 1767, les jésuites sont revenus à San Ignacio de Moxos en 1984, l'ancienne église missionnaire a été restaurée et un Musée Archéologique et Religieux conservant plus de 5 000 partitions d'époque a été construit 

La grande fête annuelle du village, la Ichapekene Piesta, a été inscrite sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité en 2012.

L'Ensemble Moxos a été créé en 2005. 

Direction musicale: Raquel Maldonado Villafuerte

Concert donné à l'UNESCO Paris le 23 octobre 2013 et retransmis en direct sur Bolivia TV.

Enfin, la troisième video reprend le morceau Hanacpachap cussicuinin, issu du rituel catholique péruvien du XVII° siècle. Il constitue la première polyphonie publiée en langue quechua, date attestée de 1631... 

Quel mix musical, à peine sorti de la Renaissance européenne et mâtiné de musique andine !




vendredi 23 avril 2021

Sur la Playlist du printemps : Boccherini, dernier compositeur baroque

Luigi Boccherini est un géant de la musique de chambre - on compte environ 250 oeuvres dans son catalogue. Peut-être est-il le dernier des compositeurs baroques ? Mort au XIX° siècle, en 1805 exactement, son dernier mécène était quand même Lucien Bonaparte, Prince italien à l'époque à l'époque, deuxième frère brouillé de Napoléon.

Né dans une République disparue comme lui, en 1805 - la République de Lucques - Boccherini a beaucoup voyagé entre Italie, Autriche, Espagne, France, dans une Europe en total bouleversement, au diapason de la Révolution française, puis à celui des conquêtes napoléoniennes. Il n'était sans doute pas facile du tout de jouer de la musique dans un tel capharnaüm.

La musique de Boccherini est riche et haute en couleur - les tonalités espagnoles y étant particulièrement notables. Mais surtout, elle est singulière. Est-ce donc l'époque particulière qui la rend si reconnaissable ? Peut-être, car la musique de Boccherini tombe immédiatement dans l'oreille.

Cette musique est inséparable du film Master and Commander, un chef d'oeuvre dédié à la marine de guerre à la voile. Ironie du temps, ce sont les officiers anglais du bord, à la poursuite des Français, qui jouent la musique de Boccherini lors des longues soirées des traversées. On notera que l'action du film se tient en 1805 aussi, l'année de la mort de Boccherini, alors sa musique était déjà célèbre.

Enfin, pour l'anecdote, le corps de Boccherini fut étudié de manière approfondie par une équipe médicale à la fin du XX° siècle. On sait tout de ses petits et gros bobos, mais aussi de la malformation acquise de sa main gauche liée sa pratique intense de la viole de gambe. 

Après ces deux clips du film, on trouvera, de manière plus substantiellement, plus de trois heures de musique de Boccherini.





dimanche 31 janvier 2021

Sur la Playlist de février : Elisabetta, Barbara, Francesca, Settimania, Elisabeth, Isabelle et Antonia

Grand merci à la nouvelle chaine de radio internet créée à l'été dernier par France Musique, La Baroque,  qui met à l'honneur des compositeurs moins connus mais toujours notables.

Parmi eux, plusieurs femmes. Il y avait donc bien des compositrices à l'époque baroque.

En voici quelques unes.

Les deux sœurs Francesca et Settimia Caccini, nées à la fin du XVI° siècle, doivent leur talent de compositrices à leur éducation familiale - leurs deux parents se sont dédiés à la musique à la cour des Médicis.


Barbara Strozzi est vénitienne, fille de servante mais très éduquée. Elle a pu, au beau milieu du XVII° siècle, mener une carrière de cantatrice et de compositrice pour les principales familles régnantes des pays germaniques et pour le Doge de Venise.

Élisabeth Jacquet de La Guerre est plus connue en France. Louis XIV l'a écoutée en 1670 quand elle avait cinq ans. Née dans une famille de musiciens depuis plusieurs générations, son père, musicien mais aussi facteur de clavecins, lui a donné une solide culture musicale. Le grand Couperin était un cousin.

Fait exceptionnel, elle a pu mener une vie de musicienne professionnelle, en composant au passage une cinquantaine d'oeuvres - dont un opéra.


Née à Novare - entre Turin et Milan - Isabella Leonarda est entrée au couvent à 16 ans, c'est là qu'elle a appris la musique. Elle y a composé environ 200 oeuvres. Devenue Mère supérieure du couvent, elle est morte à 83 ans en 1704.

Née à Venise, Antonia Bembo est partie en France pour fuir un mari violent. Louis XIV l'a encouragée, compte tenu de son talent lyrique. Elle fut accueillie dans une communauté religieuse qui lui a permis de se dédier à ses compositions musicales, dans divers genres de l'époque : opéra, cantates sacrées et profanes et motets.

Enfin, au XVIII° siècle, on note Elisabetta de Gambarini, anglaise malgré son nom qui fut cantatrice, organiste, claveciniste et même chef d'orchestre. Elle est morte à 33 ans en 1765.


 
Malgré la qualité de leurs compositions, ces compositrices sont maintenant peu connues, mais comme tant d'autres compositeurs de l'époque baroque. 

Toutefois, il faut reconnaître sans peine que le caractère et la personnalité de chacune devaient être exceptionnels !

dimanche 13 décembre 2020

Sur la Playlist : Gottfried Finger, ou Godfrey Finger




Finger est quasi-inconnu en France, même s'il s'agit d'un authentique européen à la sauce du XVIII° siècle. On est toujours frappant par les voyages et séjours différents de ces musiciens de l'époque baroque parcourant l'Europe dans tous les sens, à l'époque où seuls le cheval ou le bateau pouvaient transporter les voyageurs.

Ainsi de Finger, né en Moravie - actuellement République tchèque : on trouve sa trace ensuite à Munich, Londres, Breslau - l'actuelle Wroclaw en Pologne - Vienne, Berlin, Innsbruck, Heidelberg, Mannheim, là où il est mort. 

On trouvait dans toutes ces villes assez de Cours royales ou princières à distraire et à cultiver. Finger a été accueilli notamment à celle de Jacques II, roi d'Angleterre, le dernier des Stuart qui dut fuir en France sous l'aile de Louis XIV, mais Finger de l'a pas suivi. Il y avait sans doute beaucoup trop de concurrence autour de Versailles, ou trop de courbettes à présenter au grand et infernal Jean-Baptiste (Lully), chef de la musique en France de l'époque. 

Ces beaux albums récents se trouvent en totalité sur YouTube. Etonnant, mais tant mieux ! La musique de Finger est limpide, instruite et altière mais toute aussi légère et gaie. Rien à voir avec les lourdeurs et solennelles pompes lullistes. 

Un régal pour l'oreille et l'esprit, si loin des horreurs et de la morosité de l'époque... au final, celles de toutes les époques. Parfait pour une sortie de confinement.



jeudi 1 octobre 2020

Sur la Playlist de ces jours-ci : les Variations Goldberg, de Bach


Les Variations Goldberg font partie de ces oeuvres qui accompagnent une vie complète. Elles durent une heure, à quelques secondes de plus ou de moins selon les versions. On les trouve interprétées au piano ou au clavecin.

C'est une oeuvre tardive de Bach, au moment où ses mécènes lui laissaient un plus de temps que préparer la messe du dimanche suivant, les cantates dominicales étant son fardeau,  malheureusement pour lui, heureusement pour nous. On en a retrouvé pas moins de 230, mais c'est une autre histoire.

Goldberg est un élève de Bach, musicien de l'entourage du Comte Herman Karl von Keyserling, ambassadeur russe auprès de la Cour de  Saxe, à Dresde, un des si nombreux Etats allemands de l'époque. C'est lui qui a donné son nom à l'oeuvre, dont elle fut sans doute le premier interprète.

Les Variations Goldberg sont inséparables du sommeil : on raconte qu'elles ont servi à endormir le Comte Keyserling, son commanditaire insomniaque. Et à les écouter, on veut bien y croire. 

Oui, on a le droit de s'endormir en écouter les Variations Goldberg : toutes en douceur, en finesse et en harmonie, elles donnent l'impression que les idées et les émotions de la journée passée se rangent dans l'esprit d'elles-mêmes, à leur juste place et proportion.

C'est la récente interprétation du pianiste chinois Lang Lang,  qui ne les avait jamais enregistrées, qui nous vaut cette publication de ce jour.

En voici cinq minutes. Cette interprétation est lente et subtile, et on aime, plutôt que certaines versions qui transforment l'oeuvre en choisissant un tempo bien trop rapide, du coup très éloigné du rythme d'une berceuse et qui, hélas, fracasse la légende. Car on y croit : les Variations sont bien le somnifère le plus chic qui soit - et le plus inoffensif.

Une quarantaine de minutes de l'interprétation de 1955 du grand Glenn Gould suivent, très lente aussi.

Enfin, pour hiérarchiser les très nombreuses versions et si on veut creuser,  on peut se référer à cette page

C'est la version de Zhu Xiao-Mei, d'origine chinoise mais maintenant française, qui est la meilleure selon ce jury. Intéressant : une de ses interprétation intégrale est disponible gratuitement sur internet. Du coup, on l'a ajouté.


 

lundi 31 août 2020

C'est nouveau, c'est formidable, c'est La Baroque

Pour tous les amateurs de baroque et tous les autres, voici la dernière née de France Musique, La Baroque, dont le lancement remonte à début juillet.

La programmation est évidemment baroque, mais curieusement, elle comporte aussi pas mal de musique ancienne (d'avant 1600). Bizarrement, le texte initial de présentation de la chaîne ne l'annonce pas, alors que sa description sur le site de France Musique précise : 

Le baroque faisant partie des musiques anciennes, la radio thématique La Baroque vous propose également une sélection d’œuvres allant de la musique médiévale avec Hildegard von Bingen ou Guillaume de Machaut à la musique de la Renaissance avec Clément Janequin ou William Byrd.

L’ensemble des musiques anciennes (musique médiévale, musique de la Renaissance, musique baroque) n'a jamais été aussi actuel. La radio thématique La Baroque, un voyage musical en streaming, sans publicité et gratuit à déguster à toute heure du jour et de la nuit.

Explication un peu tirée sur les cheveux... On sent un programmateur frustré de n'avoir pas pu imposer une autre chaîne dédiée spécifique à la musique ancienne, ou une bataille de chapelle dont le monde de la culture fourmille.

En attendant, on peut apprécier les larges extraits des oeuvres, voire même des oeuvres longues ou intégrales, comme on aime (quand on aime, on ne compte pas !). Les interprétations proposées sont souvent peu connues ou recherchées : un vrai travail de programmation.

A la différence de Radio Swiss Classic - l'ancêtre des radios classiques de service public, le fil d'écoute n'est jamais interrompu : pas d'annonces, pas d'information et c'est tant mieux. On peut évidemment avoir toutes les références des oeuvres écoutées en regarder le site dédié à la chaîne.

Merci au service public : une raison supplémentaire d'acquitter de bon cœur sa redevance audio-visuelle.

dimanche 16 août 2020

Sur la Playlist du week-end... et de beaucoup d'autres jours : Christina Pluhar

Christina Pluhar est une déesse de la musique, et notamment de la musique baroque. Ses instruments (harpe baroque, théorbe, luth) la prédestinaient sans aucun doute à reconstituer les sons de l'époque. On jubile quand on trouve ces sonorités brutes, rocailleuses, et un peu étranges, l'oreille moderne étant habituée aux timbres produits par les orchestres symphoniques hérités du XIX° siècle, codifiés comme une grammaire française.

L'oreille a de quoi de repaître longtemps dans son immense production avec l'Arpegiatta, l'ensemble qu'elle a créé en 2000.

Ces jours-ci on écoutera la musique baroque italienne de la période précoce, juste au tournant du XVII° siècle, 

On trouve beaucoup de choses sur YouTube : cette très longue vidéo (1 h 30) reprenant un concert de 2016 dans le cadre du festival de musique ancienne d'Utrecht (Pays-Bas) est proposée ci-dessous.

Juste en dessous, un extrait du même concert, qui est surtout une facétie des chanteurs et musiciens, parfaitement dans l'esprit du baroque, qui souvent prête à sourire, voire à rire. Et juste après, la même facétie mais enregistrée à Paris, salle Gaveau, le 31 janvier 2012.

Dans la suite, on consacrera une autre publication aux interprétations de Christina Pluhar qu'elle a données des musiques baroques du nouveau monde, dont les sonorités, encore une fois, arrêtent longuement l'oreille, évidemment contaminées par les rythmes et timbres amérindiens.

On y avait déjà consacré il y a longtemps déjà une publication sur le blog sur les musiques baroques d'Amérique du Sud.



samedi 11 juillet 2020

Sur la Playlist du week-end : Joseph Bologne de Saint-George



Si l'existence du Chevalier de Saint Georges est indéniable - c'est un des personnages les plus fascinants du XVIII° siècle européen - tant d'interrogations se posent sur son origine, sa filiation, ses premières années et même sur son nom.

C'est très probablement en arrivant dans le Royaume qu'il est devenu homme libre - il avait moins de 10 ans - car Joseph était esclave, né en Guadeloupe, sa mère étant esclave de Guadeloupe. 

Tout esclave arrivant en France devenait de fait homme libre depuis 1315. Il n'était pas possible d'accepter des esclaves sur le sol du Royaume. Ce qui évidemment ne valait pas pour les colonies.

Nous avons cependant quelques certitudes à son propos :  sa peau était noire et ses talents étaient éclatants tant comme violoniste, chef d'orchestre et compositeur que comme sportif, épéiste et militaire.

Le Chevalier fait partie de ces personnes qui ont traversé la Révolution : son côté était celui de la République, même s'il avait ses grandes entrées à Versailles avant le grand chamboulement de 1789, la musique l'ayant rapproché de Marie-Antoinette.

Sa musique instrumentale, régulièrement écoutée, est enjouée, bien composée et solidement construite. Sa musique lyrique est pour l'heure peu connue.

Pour le reste, sa personnalité reste le support d'innombrables supputations retrospectives sur son parcours extraordinaire. Il reste donc sans doute beaucoup de travail pour les historiens à son propos.

Hélas, le Chevalier de Saint Georges est affublé un peu partout du sobriquet de Mozart noir. Quelle idiotie, qui témoigne de tant de préjugés ravageurs sur la couleur de peau des êtres humains ! 




samedi 30 mai 2020

La playlist du jour : Barricades mystérieuses et autres


La musique d'aujourd'hui est une nouveauté de 300 ans. Écouté, réécouté à plusieurs reprises, l'album Barricades est la magnifique parenthèse de ce long week-end.

Il est le fruit d'une coopération entre deux trentenaires super-doués : l'un est claveciniste (Jean Rondeau), l'autre est théorbiste et luthiste (Thomas Dunford). Ce sont déjà des vedettes dans leur genre.

L'album s'ouvre par Les baricades mistérieuses, selon son orthographe ancienne, pièce de Couperin, qui est un tube de la musique baroque et dont le titre est tout autant mystérieux. L'enregistrement video du morceau montre assez le niveau de connivence entre les deux interprètes, et on est frappé de la parfaite synchronisation des deux instruments.

La pièce chantée de Charpentier qui suit est aussi remarquable : archétype de la chanson du XVII° siècle, encore fois parfaitement exécutée par Lea Desandre, encore plus jeune que les deux autres musiciens. Et l'éditeur, en plus, publie un troisième morceau gratuitement, ajouté aussi. La sélection compte vingt plages.

Une heure de parfaite félicité dont émanent un tact, un suavité et une douceur qui détonent dans cette époque rugueuse. A suivre, et très longtemps : que de promesses pour l'avenir de cette musique.




jeudi 21 mai 2020

La playlist du jour : Johannes Hieronymus Kapsberger


Kapsberger est un précurseur. Il avait 20 ans en 1600, ce qui en fait un des premiers musiciens baroques. On sait peut de choses sur sa vie : issu d'une famille allemande, il a vécu en Italie. On trouve aussi son nom dans une forme italienne Giovanni Girolamo Kapsperger.

Joueur de luth et de théorbe, sa musique est un trésor d'intimité bizarre proprement dit extraordinaire : colorée, singulière, quasi mystique... confinant quelquefois même aux cordes pincées des instruments des liturgies bouddhiques.

Son Libro quarto d'intavolatura di chitaronne fut écouté plusieurs fois. On aurait aimé qu'il ne s'arrête jamais, laissant l'esprit vagabonder et se rasséréner à l'envi.

"À écouter le soir, la nuit, entre le vin et le songe" est écrit dans Diapason (Jean-Philippe Grosperrin). Juste évocation. Nous y sommes, écrivant ces lignes.


dimanche 10 mai 2020

La playlist du jour : Histoires sacrées de Marc Antoine Charpentier

Pour terminer ce confinement musical, il fallut un enchantement : les Histoires Sacrées de Marc Antoine Charpentier, dans une édition récente (avril 2019).

Charpentier est un contemporain du Grand Roi, et il a laissé autour de 500 pièces. Pourquoi ne le connait pas plus, hors le générique des émissions en eurovision, entendu par tout le monde ?

Sans doute parce qu'il n'a pas travaillé pour Louis XIV, mais pour Marie de Guise, dernière de la lignée, dont le père a eu tant de problèmes avec le monarque de l'époque, Louis XIII. La famille n'était donc pas en odeur de sainteté pour le Grand Roi.

Evidemment, Lully, tyrannique maître de la musique officielle, l'a aussi complètement éclipsé jusqu'à sa mort. Il reste donc beaucoup à découvrir dans les opus de Charpentier.

Les Histoires Sacrées sont peu connues, dont le détail de l'enregistrement et de l'argument se trouvent ici. Des recherches scientifiques récentes continuent d'en exploiter les ressources et les fondements.

Ces pièces chantées en latin, accompagnées des instruments usuels de la période baroque, sont colorées, vives, harmoniques, parfois mystiques.






samedi 18 avril 2020

dimanche 27 mars 2016

Allons à l'Opéra !





Une petite série d'images à l'Opéra de Reims, comme pour soi tout seul. Spectacle total, chaque représentation relève d'un travail à temps complet pour en mesurer à chaque fois la complexité et la performance des chanteurs et de tous ceux qui les portent jusque la scène. Pour une fois, la visite fut plus légère : les lieux étaient totalement vides. Mais encore : chaque couloir, chaque escalier, chaque espace résonnaient encore de la séance de Madame Butterfly, donnée la veille, ...et de toutes les autres; Quel lieu !





dimanche 16 novembre 2014

Vienne, visite impériale





Mais que cette ville est photogénique ! C'est qu'elle a été entièrement conçue pour la mise en scène de l'Empire austro-hongrois et des souverains qui l'ont successivement dirigés. L'Empire n'a pas résisté à la première guerre mondiale, mais tant de traces a-t-il laissé...

Et même, la fin du rideau de fer en a revitalisé les racines : c'est qu'à Vienne, on trouve d'abord en quantité toutes les populations de l'ancien Empire et on y entend toutes les langues qui le peuplaient : hongrois, slovène, italien, serbo-croate, roumain, bulgare... en plus bien sûr de l'allemand.

Fins mécènes, artistes accomplis, les souverains ont aussi fait venir à Vienne des richesses incroyables : Brueghel, Rembrand, Goya et tant et tant. Pas étonnant que ce sens de l'esthétique apparaisse partout : architecture, mobilier, statuaire, ornements extérieurs. Jusqu'aux somptueuses terrasses de café, où chaque serveur se doit d'accueillir même le plus humble touriste à l'égal d'un grand de ce monde. Surprenant.

Si l'on ajoute la commodité de ses transports en commun, la courtoisie de ses habitants, la modicité du coût de la vie, on se prend à imaginer passer un jour bien plus que quelques jours dans cette ville qui a rendu l'Empire accessible et aimable malgré sa magnificence.





jeudi 30 octobre 2014

Royaumont la Prestigieuse






Toutes les abbayes, et on en a déjà vu beaucoup, sont naturellement photogéniques. C'est que les moines savaient y faire : implantation bien choisie, entre forêt et eau, constructions en pierre noble faites pour durer quelques dizaines de siècles au moins, plan parfaitement lisible organisant clairement les différents bâtiments selon leur fonction...

Alors, quand on se trouve dans l'une des plus prestigieuse d'entre elle, l’œil et l'esprit sont à la fête. Et on y ajoutera l'oreille, puisque pour cette journée mondiale des orgues, le superbe Cavaillé-Coll réinstallé dans l'Abbatiale avait l'occasion de résonner. Une prestigieuse visite.






dimanche 10 août 2014

Hirson, un des bouts du monde...






On a déjà raconté le goût des frontières, des marches, des zones d'entre deux. A 7 km de la Belgique, occupant le seul petit morceau de frontière entre Picardie et Belgique - qui sait que notre Picardie est frontalière ? - Hirson fait partie de ces "délaissés" du territoire, dont on pressent à la visiter les heures glorieuses passées qui ne reviendront jamais. Hirson fut autrefois une capitale ferroviaire par sa gare de triage immense, désormais désaffectée. Sic transit.

L'Eglise Sainte Thérèse de l'enfant Jésus - toute en style art déco - attire le regard... et l'on découvre qu'elle vient d’être rachetée par Kit Amstrong, un adorable et tout jeune pianiste américain de renommée internationale pour en faire un lieu d'écoute et de formation musicale. Faut-il qu'il soit exceptionnel pour choisir de s'installer à Hirson, entre tous les lieux de la terre qu'il avait à sa disposition !

Kit Amstrong y a donné son concert inaugural le 3 juin dernier. 






vendredi 6 janvier 2012

Feria 2011


Elles étaient précieusement gardées au frais en attendant leur exploitation : voici les photos de la Feria 2011, évènement fréquenté de longue date, à bien des égards passionnant. Leçon d'ethno-anthropologie à ciel ouvert et en grandeur nature. La fête en plus.

Le commentaire sur la Feria 2011 et les images sont ici

Pour mémoire, voici les liens 
vers les images de la Feria 2007 et 2009





dimanche 10 octobre 2010

Opéras marrants : soyons hilares en attendant le lundi matin



L'opéra est un spectacle total, exigeant, épuisant pour l'artiste et quelquefois pour le spectateur, car il oblige a combiner une grande technicité avec l'expression des sentiments les plus débridés. Une grande partie de sa valeur réside sans doute là. Une partie de sa difficulté d'approche aussi : aller à l'opéra, c'est un travail à plein temps pendant quelques jours - ne serait-ce que pour potasser un peu le livret - et ainsi en tirer le meilleur parti.

Ce cocktail d'exigence technique et de d'expression libérée peut aussi donner des choses assez marrantes, un peu décalées, borderline ou un peu déjantées, comme on voudra dire en bon français. Et quand le baroque ou la bouffonnerie s'en mêlent, alors il est permis d'être hilare, même en fin de week-end !

En voici quelques illustrations, conservées à toutes fins utiles dans un coin du disque dur.

D'une part, un extrait des Indes galantes, telles que mises en scène à l'Opéra de Paris en 2005, grande version de référence dirigée par le grand William Christie. C'est Patricia Petibon que l'on voit principalement dans l'extrait. D'autre part deux extraits de la Belle Hélène d'Offenbach, monté au théâtre du Châtelet en 2001 associant notamment Marc Minkowski et Felicity Lott, grands parmi les grands dans les professionnels du lyrique.

En prime, quelques versions de l'air d'Olympia des Contes d'Hoffmann du même Jacques Offenbach, dont le caractère mutin et coquin prête quoi qu'il en soit à la rigolade : une version par Sumi Jo de 2006 chantée à Séoul et deux versions par Nathalie Dessaye : aux Chorégies d'Orange en 2000, mise en scène par Jérôme Savary et la très célèbre version de 2001 à l'Opéra Bastille. Et la version de J'aime les Militaires, extrait de la Grande Duchesse de Gérolstein, par Felicity Lott également, qui s'y connaît en interprétations faussement futiles, dirigée encore par Marc Minkowski.

Alors soyons gais, l'opéra le veut !





samedi 19 juin 2010

Pêcheur de perles musicales (23) : Mozart, le Benedictus du Requiem


Pas plus qu'une soirée à l'opéra, un grand concert ne se refuse. C'était hier : le Requiem de Mozart, dans une des plus anciennes et plus prestigieuse basilique de la vieille France.

Interprétation impeccable à tout égard - orchestre, solistes, choeurs, mais comment s'en étonner, vu la qualité de l'affiche ?

Interprétation subtile, toute en nuances et en rondeurs, alors que nombre de de versions forcent un peu sur les cuivres et les effets, compte tenu du caractère tragique du morceau. La vidéo du concert n'est pas disponible encore, on la référencera dès que possible.

Pour l'heure, on pourra trouver ci-dessous quelques versions de référence du beau Benedictus, que l'on peut évidemment, à l'occasion et tout de go, élever à la dignité d'une perle musicale.

(Solistes)
Benedictus qui venit in nomine Domini.
(Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur)
(Chœur)
Osanna in excelsis

(Hosanna au plus haut des cieux)








"Ne le prends pas sur ce ton avec moi !"